La France de 1815 à 1870
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Le peuple des villes, surtout celui de Paris, a des opinions politiques confuses mais ardentes : il lit les journaux,écoute les propagandes.
Il déteste le drapeau blanc (la réapparition des trois couleurs symbolise la révolution de1830), l'étranger, l'Anglais.
Louis-Philippe ne sera pas plus populaire que ses prédécesseurs.
Bref, les régimes n'ontpas d'assise nationale.
Pour manifester son indifférence ou son hostilité, le peuple a un cri tout prêt : "Vive Napoléon!" Par contraste, l'Empereur est devenu le seul souvenir national, concurrencé par la République dans quelquesrégions.
Dès que la force de répression de l'État, d'ailleurs limitée, faiblit lors d'une crise politique, le peuple débordeses cadres comme une inondation.
Les crises de subsistances, les crises économiques favorisent ces catastrophes.Les révolutions, à leur tour, prolongent le marasme économique.
Dans un climat de détresse et de violence, lesbarricades s'élèvent et le sang coule : 1827-1834, 1839-1840, 1848-1851.
Des sociétés secrètes aux fédérations àciel ouvert, on prépare l'armement populaire.
L'opposition parlementaire reçoit le renfort des élémentsrévolutionnaires.
En 1830, les insurgés crient : "Vive la Charte !" et en 1848 "Vive la Réforme !".
Conjonction fragile,mais temporairement toute-puissante.
Puisque les insurgés avaient pour principal souci de ne pas recommencer 1830, que d'ailleurs la Chambre étaitdiscréditée (à la différence de ce qui s'était produit sous Charles X), il était logique que la révolution de février 1848aboutît à la proclamation de la République et à sa conséquence, le suffrage universel masculin.
Il ne s'agissait pasd'un effet sans cause comme se plurent ensuite à le dire les conservateurs : néanmoins, la transition était brusque.Le peuple de Paris, une minorité, pesait sur les républicains brusquement portés au pouvoir.
Sans se préoccuper despaysans, avec une économie paralysée, les ouvriers demandaient l'intervention de l'État pour changer le statut dutravail et même, dans une certaine mesure, celui de la propriété.
Ce programme supposait une dictature de Paris surla nation, au moment où le suffrage universel faisait dépendre la décision des paysans.
Le résultat fut la guerrecivile dans Paris et la défaite des ouvriers qui avaient fait la République.
Il en sortait une inquiétude généralisée, l'exigence d'un pouvoir fort, beaucoup plus fort que celui des roisprécédents, parce qu'il s'appuierait sur le suffrage universel.
Ce président élu de la nation, on le voulait étranger auxrégimes passés et aussi au personnel républicain dépopularisé en quelques mois.
Napoléon III bénéficia ainsi d'unpremier plébiscite : le suffrage universel élisait un Premier Consul.
Nouveau venu dans le personnel politique français, le président devait utiliser les hommes du parti de l'ordre.
Ilsavait qu'il n'était pas des leurs et qu'il ne leur devait pas sa popularité.
Son dessein était de maintenir autour de sapersonne la majorité électorale dégagée en décembre 1848, de suivre une voie moyenne entre les blancs et lesrouges, d'utiliser l'armée pour réduire les minorités extrémistes.
Le coup d'État de décembre 1851, les plébiscites quile suivirent définissent une démocratie plébiscitaire, résumée dans l'héritier de la tradition napoléonienne.
Le nouvel empire était fondé sur un postulat : l'accord de "l'élu de neuf millions de suffrages" avec le suffrageuniversel.
Les "anciens partis" étaient considérés comme le reste de factions néfastes, destinées à disparaître avecl'épanouissement du régime moderne convenant à la France issue de 1789.
La politique intérieure se trouvait ainsimise en vacances avec un suffrage dirigé ; l'empereur seul l'assumait.
En fait, la République, malgré son échec, avaitlaissé une tradition qui devenait une religion.
Et le parti de l'ordre, avec ses éléments blancs et catholiques, risquaitde parler trop fort, puisqu'il avait seul la parole.
Napoléon III s'efforça de tenir la balance égale entre la gauche et ladroite.
Son régime néanmoins représentait le triomphe de la "réaction" parce que les républicains étaient sesadversaires les plus redoutables.
A chaque élection s'affirmait leur emprise croissante sur Paris et les grandes villes.
Régime autoritaire imposant silence à la politique, l'empire s'est voulu le régime de la prospérité et du progrèséconomique.
Retardés par la révolution de 1830, la modernisation de l'économie, la construction des voies ferrées, laconstitution d'une industrie lourde, l'essor du bâtiment et la rénovation de l'urbanisme avaient démarré vers 1836.
Lacrise de 1846, puis la révolution de février avaient tout arrêté.
L'avènement de l'Empire coïncidait avec l'afflux de l'orcalifornien et australien.
Résolument, le régime fait exploiter cette conjoncture favorable : dépenser, emprunter pourréaliser des équipements productifs et prestigieux, faire appel à la confiance de l'épargne, telle fut sa politique.Favoriser le capital en s'efforçant de le contrôler, faire ainsi de la France l'émule de l'Angleterre victorienne, assurerl'accès de la nation au niveau d'une économie moderne.
La construction du réseau ferroviaire, la disparition desdisettes, la rénovation de Paris et des villes, la croissance du revenu national, la fin après 1860 de la protectiondouanière, tels sont les traits significatifs d'une ère nouvelle.
L'Europe accourt à Paris en 1855 et 1867, à l'occasiondes expositions universelles, ces foires du libre-échange.
La ville apparaît comme la capitale modèle d'un empireprogressiste.
Dans tous les domaines, l'empereur s'est proposé de réaliser l'essentiel du programme démocratique sans lesrévolutionnaires, et contre eux.
Pour éviter une révolution européenne contre les traités de 1815, Napoléon III avoulu susciter une Europe des nationalités sous l'égide de monarchies modernes, disciples de l'Empire français.L'alliance anglaise lui a permis de neutraliser la Russie après sa défaite de Crimée.
Il a voulu ensuite éliminerl'Autriche de l'Italie et créer dans la Péninsule une confédération d'États, dirigée par Victor-Emmanuel, roi de l'Italiedu Nord, et Pie IX, souverain de Rome et de ses environs.
L'empereur songeait aussi à rendre aux Polonais uneexistence nationale.
Il surveillait enfin l'évolution de l'Allemagne.
Il y favorisait la Prusse pour faire contrepoids àl'Autriche et réaliser dans le monde germanique un dualisme qui constituerait la France en arbitre.
Outre-mer, plusqu'une activité prolongeant en Asie et en Afrique la renaissance maritime de la monarchie de Juillet, on retiendra la"grande pensée" d'un Empire mexicain, catholique et latin, satellite de la France et destiné à faire équilibre auxÉtats-Unis, diminués par la guerre de Sécession des Sudistes.
Ces visées ambitieuses tenaient compte des exigences de l'époque.
Mais ni la force militaire de la France, ni l'état.
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