La fin des colonies françaises
Publié le 10/04/2019
Extrait du document
En différents points relativement à découvert, nous effectuâmes une contre-offensive. Pour que nous puissions maintenir nos troupes, il fallait que l'adversaire divise les siennes. Nous créâmes donc des conditions favorables pour l'attaque sur Diên Biên Phu, la plus puissante place forte d'Indochine, considérée comme imprenable par l'état-major franco-américain. Nous étions certains d'y porter le coup décisif. Nos unités de combat y étaient rassemblées, nos forces et nos renforts prêts pour nous garantir la victoire. Au bout de 55 jours et nuits de combat, l'armée populaire vietnamienne obtint le succès le plus important de toute la guerre de libération, la destruction de la garnison de Diên Biên Phu...»
Le 7 mai 1954, la garnison française doit capituler après de terribles combats. La défaite de Diên Biên Phu, bien qu'elle n'ait pas entraîné l'anéantissement des forces françaises, a eu cependant un immense retentissement. Dans une opinion métropolitaine lasse d'une «guerre sale», coûteuse et lointaine, la négociation semble pour beaucoup la seule issue possible.
La paix de Genève.
Avant la chute de la place forte française, une conférence sur l'Indochine s'ouvre à Genève le 26 avril 1954 en présence de la République populaire de Chine, convoquée par les ministres des Affaires étrangères de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Union soviétique et des États-Unis, et représentée par Zhou Enlai, qui participe pour la première fois à ce type de négociations. Pour la France, le résultat est décevant: le nouveau Premier ministre, Pierre Mendès-France, négocie un retrait honorable et impose jusqu'aux élections qui doivent avoir lieu en juin 1956, un partage provisoire du pays le long du 17e parallèle ainsi qu'une limitation du pouvoir communiste au nord. Mais lle communiqué final ne laisse aucun doute sur la fin de la domination de la France en Indochine, tous les participants s'obligeant «à respecter la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale dans leurs rapports avec le Cambodge, le Laos et le Vietnam, et à se garder de toute ingérence dans leurs affaires intérieures». Ce résultat est dû en grande partie à la présence de l'Union soviétique et de la Chine qui font pression sur Ho Chi Minh pour qu'il renonce à réclamer un Vietnam uni sous contrôle communiste. La Chine et l'URSS ne poursuivent aucunement des objectifs désintéressés: toutes deux ont changé d'avis sur une politique de coexistence pacifique et espèrent une détente de leurs rapports avec les États-Unis. Le retrait de la France d'Indochine et la disparition de l'Union française, morte avant d'être née, mettent fin à l'ère coloniale dans la région.
Mais on est encore pourtant loin de la paix. Contrairement à la France, les États-Unis n'acceptent pas les résolutions de Genève. Il en est de même pour Ngo Dinh Diem, qu'ils soutiennent, et qui s'est emparé du pouvoir à Saïgon le 16 juin 1954, après l'abdication de Bao Dai. Avec une collaboration militaire accrue entre le gouvernement de Diem et Washington, et le traité de Manille du 8 août 1954, qui prévoit une intégration du Sud-Vietnam dans le système de
«
plus tard le contenu: «La teneur de cet accord prévoit le
stationnement restreint des gros contingents de troupes
françaises en des points définis du Nord-Vietnam.
Leur mission
est de forcer le retrait des troupes de Tchang Kai-chek en
collaboration avec l'armée vietnamienne.
En contrepartie, le
gouvernement français garantit la reconnaissance du Nord-
Vietnam en tant qu'État libre, devant disposer d'un
gouvernement, d'une assemblée nationale, d'une armée et d'une
administration financière.
Les Français s'engagent à retirer
leurs troupes en l'espace de cinq ans.»
La guerre.
L'arrangement ne dure pourtant pas, car des partisans d'une
solution militaire s'imposent rapidement en France.
Le 23
novembre 1946, des avions français bombardent par surprise le
port de Haïphong, et peu après, en février 1947, des troupes
aéroportées occupent Hanoï.
La guerre d'Indochine a commencé.
Alors que les troupes françaises contrôlent en relativement
peu de temps les villes et les points stratégiques les plus
importants, les unités du Vietminh se retirent dans le nord du
pays entraînant les Français dans une guérilla difficile.
Parallèlement à ses efforts militaires, la France tente de
bâtir au Vietnam une élite anticommuniste prenant appui sur
les forces locales.
Contrairement à la Grande-Bretagne et aux
Pays-Bas, qui s'efforcent de diviser la résistance anti-
coloniale en exploitant les divergences ethniques, la France
compte sur l'initiative citoyenne.
Le gouvernement provisoire
du Vietnam, dont le siège est à Saïgon, est convoqué le 27 mai
1948.
L'ancien empereur Bao Dai en prend la direction le 13
septembre 1949.
Pourtant, cette stratégie échoue.
D'une part, le gouvernement de Bao Dai, qui n'est pas
suffisamment soutenu par Paris, ne parvient pas à mettre au
point une alternative nationale séduisante, et à mener les
combats avec ses propres troupes de façon décisive, et d'autre
part, l'armée française ne réussit pas à réduire les unités du
Vietminh dirigées par le général Giap.
Après la victoire de
Mao Zedong en Chine, le Vietminh est de plus en plus soutenu
par les communistes chinois qui envoient sur place des
conseillers, ce qui est d'une importance stratégique décisive.
Après des premiers succès français, l'initiative revient
bientôt au Vietminh qui dispose en la personne du général Giap
d'un éminent chef militaire.
En 1953, il contrôle déjà une
grande partie du Tonkin, du haut pays central et du Laos.
La victoire du général Giap.
En février 1954, le combat entre dans une phase décisive.
Le
commandant français, le général Navarre, a concentré ses
troupes dans le camp fortifié de Diên Biên Phu situé à l'ouest
du Tonkin près de la frontière laotienne, afin d'empêcher les
troupes du vietminh de gagner Hanoï.
Armées de canons anti-
aériens pour contrecarrer la supériorité aérienne française,
formées par les conseiller chinois et bien approvisionnées en
munitions, les troupes de Giap possèdent un avantage
stratégique comme le remarque ce dernier: «L'ennemi voulait
concentrer ses forces de combat.
Nous l'obligeâmes à les
2.
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