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La division de l'Allemagne: Un des enjeux majeurs des relations Est-Ouest durant près d'un demi-siècle

Publié le 10/11/2018

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DE LA DIVISION A LA REUNIFICATION

La division qu'a connue l'Allemagne de 1945 à 1990 est le produit conjugué de la défaite du nazisme et de la guerre froide opposant les Alliés vainqueurs. Après 1945, l'Allemagne devient un enjeu entre les deux Grands dans la transformation du monde en deux blocs idéologiquement rivaux. Alors qu’au milieu des années 1980 la division allemande semble être un fait acquis, la décomposition rapide du bloc communiste permet la réunification du pays, un processus que les Allemands réalisent eux-mêmes en 1989-1990.

L'ALLEMAGNE OCCUPÉE ET DIVISÉE (1945-1946)

Les projets des Alliés

À mesure que les positions allemandes s'affaiblissent sur le front de l'Est, les Alliés préparent l'avenir. En 1943, les États-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne créent, à Moscou, un Conseil de contrôle allié en vue de réorganiser l'Europe après la guerre.

 

En 1944, le Conseil tient sa première session à Londres, au cours de laquelle il délimite les futures zones d'occupation en Allemagne et définit le statut de Berlin. Placée dans la zone attribuée aux Soviétiques, la capitale du Reich sera divisée en trois zones d'occupation et gérée sous la responsabilité commune des Alliés, sous l'égide du Conseil.

Les décisions de Yalta

Du 4 au 11 février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline règlent le sort de l'Europe et du monde à Yalta (Crimée). Plusieurs décisions du Conseil sont avalisées : la France obtient une zone d'occupation en Allemagne et à Berlin ; le partage est provisoire, jusqu'à la signature d’un traité de paix.

L'occupation du pays par les Alliés

• Le 2 mai, les troupes soviétiques occupent Berlin. La capitulation allemande est signée le 8 mai, à Reims, et le 9 mai, à Berlin.

Les Soviétiques nomment seize conseillers municipaux, chargés de l'administration de Berlin.

Les troupes d'occupation se livrent au pillage. Près des deux tiers de l'appareil industriel berlinois sont démontés et transportés en URSS.

En juillet les troupes occidentales occupent leurs zones respectives. Le problème des voies d'accès terrestres à Berlin, à travers la zone d'occupation soviétique, est laissé en suspens.

La Kommandatura militaire alliée qui administre la ville avalise les nominations municipales effectuées par les Soviétiques.

1945 1948 1948-1949 1949 1953 1961 1972

1989

1990

Partage de l'Allemagne en quatre zones Unification des zones occidentales Blocus de Berlin Création de la RFA et de la RDA Révolte à Berlin-Est Construction du mur de Berlin Signature du traité Chute du mur Réunification

Dans la zone contrôlée par les Soviétiques, le Parti social-démocrate (SPD) et le parti communiste fusionnent pour former le Parti socialiste unifié (SED). Le SPD de Berlin refuse cette fusion. À l'est, les partis qualifiés de « bourgeois » comme l'Union chrétienne-démocrate (CDU) sont intégrés dans un Front national antifasciste.

En juin 1946, les Anglo-Saxons, qui souhaitent accélérer la reconstruction du pays, regroupent leurs zones d'occupation au sein d'une bizone anglo-américaine.

La France, de son côté, applique la politique de réparations, démonte les usines et s'approprie les brevets industriels. Elle réalise l'union économique et monétaire avec la Sarre et contrôle les houillères.

En octobre, le SPD remporte les élections à Berlin. Le social-démocrate Ernst Reutert, profondément anticommuniste, devient maire.

Le tribunal de Nuremberg condamne à mort pour crimes contre l'humanité, douze des vingt-quatre accusés nazis.

La rupture Est-Ouest

En 1947, les Soviétiques entravent la libre circulation des personnes en établissant des barrages frontaliers.

Le 11 mars, le président américain Truman expose sa doctrine de l'endiguement du communisme par l'arme économique. En juin, le plan Marshall propose une aide pour la reconstruction de l'Europe. Seize pays d'Europe occidentale l'acceptent ; l'URSS et ses satellites la rejettent En réaction, Moscou crée, en octobre, le Kominform, chargé de coordonner l'activité des partis communistes contre l'impérialisme américain.

En avril 1948, lors de la conférence de Londres, les Occidentaux fusionnent les trois zones, leur appliquent le plan Marshall et convoquent l'élection d'une assemblée constituante.

En juin commence à circuler une nouvelle monnaie, le Deutsche Mark.

Les Soviétiques quittent le Conseil de contrôle allié et la Kommandatura. C'est la fin de l’administration commune de Berlin.

Le blocus de Berun

Le 12 juin, l'Armée rouge ferme l'autoroute qui relie Berlin aux zones occidentales, pour « travaux ».

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« • En 1953 , les Soviétiques ferment certains passages entre Berlin-Ouest et Berlin-Est et limitent la circulation entre Berlin-Ouest et la RDA.

• En aoû~ des émrutes éclatent à Berlin-Est et dans plusieurs villes de RDA , demandant le départ des soldats russes , des élections libres et l'amélioration du niveau de vie.

La répression, très violente , est menée par les Soviétiques .

• En 1954 ,1'URSS reconnaît la RDA.

mais l'Armée rouge est maintenue «pour des raisons de sécurité».

Les Occidentaux ne reconnaissent pas la RDA .

• L'échec de la CED , à la suite du refus de la France de ratifier le traité , nécessite la signature d 'un nouve l accord.

La RFA adhère au Pacte atlantique .

Les effectifs de l'armée fédérale sont fixés à 495 000 hommes placés sous l'autorité du commandant en chef de l'OTAN.

La RFA est déclarée souveraine.

• En juin 1955, le sommet de Genève réunit les États-Unis, l 'URSS, la France et la Grande-Bretagne avec, en signe de détente , des observateurs de RDA et RFA.

• Adenauer , en visite offic ielle à Moscou , établit des relations diplomatiques avec l'URSS.

Celle-ci , de son côté , signe un traité d 'amitié avec la RDA et lui accorde sa souveraineté.

Elle met fin aux prélèvements, diminue les frais d'occupation, mais lui impose des tarifs commerciaux favorables à Moscou .

• La RFA, qui affirme représenter seule la nation allemande, refuse de noue r des relations diplomatiq ues avec les pays qui reconnaissent la R D A .

Seuls les pays du bloc communiste échangent des ambassades avec la RDA.

• En 1956 , la RDA adhère au pacte de Varsovie créé un an plus tôt.

Pour éviter que les révoltes que connaissent la Pologne et la Hongrie ne s'étendent à la RDA, les Allemands de l'Est obtiennent des concessions.

Le gouvernement baisse les prix, donne la priorité à la construction de logements et crée un semblant de cogestion dans les usines.

• En 1957 , après un référendum, la Sarre est réunie à la RFA.

À Berli n ­ Ouest, le social-démocrate Willy Brandt est élu maire .

Les Soviétiques proposent aux Américains un sommet pour mettre fin à la guerre froide , arrêter la course aux armements et entrer sur la voie d 'une coexistence pacifique.

La proposition est rejetée par Eisenhower.

VERS LA RUPTURE COMPLÈTE (1958-1961) LA DEUXIlME CRISE DE BERLIN • En mai 1958 , les autorités est­ allemandes déclarent qu e la présence des Alliés à Berlin -Ouest est illégale .

En novembre , Khrouchtc hev lance un ultimatum aux trois gouvernements alliés leur demandant de mettre un terme à l'occupation de Berlin qu'il veut transforme r en ville libre et démilitarisée.

En cas de refus , il les menace de signer un traité de paix séparé avec la RDA et de lui céder tous les contrôles des voies d'accès à Berlin-Ouest.

Khrouchtchev cherche à obtenir des Alliés la reconnaissance de la RDA .

• En 1960 , Khro u chtchev réitère sa menace de signer un traité de paix séparé avec la RDA quand éclate l'affaire de I'U2,1'avion espion américain abattu par la chasse soviétique alors qu'il survolait l'URSS .

• La RDA déclare non valide les passeports ouest-allemands et refuse l'entrée sur son territoire aux diplomates accrédités par Bonn.

• La RFA résilie les accords commerciaux qu'elle vient de signer avec la RDA, avant de les rétablir à la fin de l 'année .

LA CONSTRUCTION DU MUR • En juin 1961 , lors d'une rencontre à Vienne , Khrouchtchev remet à Kennedy un mémorandum demandant la tenue d 'une conférence de paix , l'ouverture de négociations entre les deux Allemagnes et la transformation de Berlin en ville libre .

• Le flot de réfugiés est-allemands ne cesse d 'affluer à Berlin-Ouest.

En juille~ Kennedy rejette la proposition soviétique e~ dans un discours à la nation allemande , déclare avec fermeté que la présence militaire américaine sera maintenue à Berlin-Ouest et que la liberté de circu lation des Berlinois sera sauvegardée .

• Ulbricht fait pression sur les Soviétiques pour obtenir l'autorisation de clôturer la frontière.

Dans la nuit du 12 au 13 aoû~ les passages entre les deux parties de Berlin sont fermés avec des barbelés .

En quelques semaines, la RDA érige un mur , constitué de barrages électr ifiés, de blockhaus et de miradors , qui coupe Berlin-Ouest de l 'Allemagne de l'Est.

Les Alliés dénoncent cette violation du statut quadripartite de Berlin , mais ne font rien , car elle ne remet pas en cause leur présence dans la ville ni la libre circulation entre Berlin -Ouest et l a RFA.

L'APAISEMENT DES TENSIONS • En juin 1963 , Kennedy , en visite à Berlin-Ouest, assure les Berlino is d u soutien des États-Unis en terminant ·Ludwig Erllard (1897-1977), nouveau c hance lier après la démission d'Ade nauer , accé l è re la coopé ration économique avec la RDA .

Un accord est s igné entre Berlin-Ouest et la RDA a utorisant les Berlinois de l'Ouest à passer à l 'Est pour des visites privées .

La frontière retrouve une certai n e perméabi lité dans le sens ouest-est .

• En 1965 , la fin de l'hémorragie humaine permet à l'économie est-allemande de décoller.

La RDA se renforce et peut envisager d 'entamer des négociations avec sa puissante sœur ennemie.

Le mur, en stabilisant les zones d'influence , favorise la détente .

• En 1968 , la RDA adopte une nouvelle Constitution qui fait d 'elle un « État socialiste de nation allemande ».

Le rôle dirigeant du SEO est juridiquement affirmé .

• En aoû~ la RDA participe, avec les troupes du pacte de Varsovie, à l'écrasement du Printemps de Prague .

OSTPOLIT I K ET RECONNAISSANCE MUTUELLE (1969 -1973 ) • En 1969, Willy Brandt (1913 -1992) nouveau chancelier de la RFA, forme un gouvernement de coalition avec le FPD, dont le ciment est l'ouverture à l'Es~ l'• Ostpolitik » :approfondir les liens avec la RDA pour préserver une c hance de réunification et rassu re r l 'URSS.

La RFA signe l e traité sur la non-p r o lifération des armes nucléai res.

• En 1970 , en visite officielle en RDA , Willy Brandt reçoit un accue il très chaleureux de la part des Allemands de l'Est.

C'est le début de négociations longues et difficiles qui aboutissent à la signature des traités de Moscou (août) et de Varsovie (décembre ).

La RFA reconnaît la ligne Oder-Neisse comme frontière occidentale de la Pologne .

La frontière intera llema nde est déclarée inviolable et les trois pays s'engagent à ne jamais utiliser la force pou r régle r l e urs différends.

• Ces traités sont l'objet d'une très forte opposition de la part de l a COU et des associations de réfugiés qui les accusent de trahir les intérêts nationaux.

• En 1971 , Ulbrich~ hostile au rapprochement avec la RFA.

est remplacé par Erich sur Berlin : Berlin-Ouest ne fait pas partie intégrante de la RFA et la circulation entre les deux ville s est réglementée .

LA RECONNAISSANCE MUTUEW • L e 21 décembre 1972 , la RFA et la R D A signent le traité fondamental , instituant leur reconnaissance réciproque.

Celui-ci règle la coexistence entre les deux pays et donne un esso r aux écha nges commerciaux.

La R FA devient le deuxième partenaire commercial de la RDA , derrière l'U R SS.

Les relations téléphoniques sont rétablies et les personnes agées sont auto risées à se rendre à l'Ouest .

• E n 1973, les deux Allemagnes sont admises à l'ONU et développent leurs relations avec les pays du camp opposé.

• En 1974 , les relations interallemandes restent empoisonnées par les activités d 'espionnage et de déstabilisation de la R DA.

L'affaire Günther Guillaume -le secrétaire du chancelier est un espion est-a llemand -contraint Willy Brandt à démissionner .

LE RETOUR DE LA GUERRE FROIDE (1975-1987) DtSTABILISATION ET CRISE DES MISSILES EN RFA • En 1977, la RDA apporte son soutien aux manifestations pacifistes et antinucléaires qui secouent la RFA depuis l'année précédente.

Elle protège les militants des groupes armés de la Fraction armée rouge (RAF) .

·En 1979, le remp lacement de vieux missiles nucléaires soviétiques par des SS 20, en Europe centra l e , relance la g uerre froide.

L'OTAN décide d 'installer des missiles Pershing Il et Cruise sur le territoire ouest-allemand .

• En 1981 , des centaines de m illiers de pacifistes manifestent contre 11nstallation des missiles nucléaires américains .

LA COOPh ATION INTER ALLEMANDE • De 1974 à 1982 , le chancelier social­ démocrate Helmut Schmidt (né en 1918) poursuit la politique de rapprochement avec la RDA.

• À partir de 1982 ,1e chancelier Helmut Kohl (né en 1930 ), à la tête d'une coalition CDU-F PD , poursuit l'Ostpolitik malgré la repr ise des tensions Est-Ouest.

• En 1983, en dépit des manifestations pacifistes , le Bundestag approuve le stationnement des Pershing et des Cruise, qui sont installés en 1984 .

LA RÉUNIFICATION (1988-1990) • En 1987 , Gorbatchev abandonne le concept de «souverai neté limitée des démocraties populaires» défin i par B rejnev en 1968, q u'il remplace par celui de « non-i ngére nce dans les affaires intérieures des pays frères» .

H onecker se rend en visite à Bonn .

Reagan et Gorbatchev signent les accords de Washington sur la destruction des euromissiles.

• E n mai 1989 , des milliers d 'Allemands de l'Est profitent d 'une brèche dans le rideau de fer, l'ouverture des frontières entre la Hong rie et l'Autriche , pour émigrer en RFA.

• Kohl et Gorbatchev signent une déclaration commune affirmant «le droit des peup les et des États de décider librement de leur destin >>.

• Le 7 octobre, la RDA célèbre son 40' anniversaire à Berlin, en présence de Gorbatchev .

C'est la dernière g rande manifestation de masse du régime.

LA RÉVOL UTION DE NOVEMBRE • Quelques jours pl us tard, Honecker est remplacé par Egon Krentz , un -- -n réfo rmateur.

Des manlfrstation s de masse se multiplient à Leipzig.

puis à Berlin-Est , pour réclamer des réformes et la liberté.

• Le 9 novembre , le SEO annonce la réouverture des points de passage vers l'Ouest .

Quelques heures plus tard, des milliers de Berlinois de l 'Est affluent vers le mur et commencent à le détruin au marteau et au burin .

Le lende main, près d'un demi-million de perso nnes retrouvent leurs compatri otes dans une atmosphère d 'allégre sse et d'intense émotion.

LE VERDI CT DES URNES • En 1990, les premières élections libres en RDA accordent la majorité absolue à la coalition CDU-FDP.

• Les négociations interallemandes menées par Koh l et le prés ident du gouvernement de transition est-allemand , Lothar de Maizièn , about issent en vigueur le 3 octobre , qui devient jour de fête nationale.

la RDA, transformée en cinq Lander , est absorbée par la RFA.

• Le 12 septembre, les pays concernés signent.

à Moscou , le traité 2 (RFA-RDA ) + 4 (États -Unis-URSS-Grande-Bretagne­ France), véritable traité de paix .

les quatr e puissances mettent fin à leurs droits et leurs responsabilités concernant l'Allemagne .

En décembre , les Allem ands élisent le premier Bundesta g de l'Allemagne réunifiée .

Kohl est réélu chance lier.

• E n 1991 , Berlin redevient la capitale de l'Allemagne -le gouvernement fédéral s'y installe en 2000.

UNE RtUNIFICATION co()JEUSE • Un office fédéral , la Treuhand, restructur e 11ndustrie est-allemande : la production chute et le chômage croit.

• En 1992 est adopté un programme de financement de grands trava u x destinés à placer les infrastructures de l'Est au niveau de celles de l'Ouest.

·le choc économique et social à l'Est et le coût financier à l'Ouest créent un fossé entre Ossis -ceux de l'Est- et Wessis -ceux de l'Ouest .

• le pays recouvre toute sa souveraineté avec le départ en 1994 des dernières troupes d'occ upation .. »

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