La cordillère des Andes
Publié le 24/12/2018
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LA PLUS LONGUE CHAINE DU MONDE
• S'étirant sur 8 000 km en bordure occidentale de l'Amérique du Sud, la cordillère des Andes présente une continuité montagneuse unique sur la planète, qui se traduit par une extension en latitude - sur 66° -tout aussi exceptionnelle.
• Barrière naturelle dressant de nombreux sommets à plus de 6500 m face à l'océan Pacifique, les Andes recoupent pratiquement toutes les zones climatiques.
• Elles offrent en conséquence aux pays sur lesquels elles s'étendent - Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili et Argentine -une grande diversité de ressources naturelles. Elles furent d'ailleurs le plus ancien foyer de peuplement du continent
• Les Andes doivent leur nom à l'andésite, lave solidifiée formant les hauts sommets volcaniques qui rappellent que la chaîne appartient à la ceinture de feu du Pacifique. Elle en est l'une des structures les plus actives.
la chaîne, que l'érosion aplanit et remplit de roches détritiques : c'est notamment le cas de l'Altiplano.
• Pour l'essentiel, le volume de la chaîne andine s'est formé au cours des 12 derniers millions d'années, et de nouveaux massifs continuent de
se soulever, telle la cordillère Blanche, à la latitude de Lima.
L'OROGENÈSE
La distinction entre Andes septentrionales, centrales, méridionales et australes est d'abord géologique.
Un phénomène de subduction
• Les Andes centrales et méridionales, de 2° N à 41° S, se sont édifiées sur une marge continentale active, où
se produit depuis le permien, il y a 250 millions d'années, la subduction de la plaque océanique Nazca, portant la partie orientale du Pacifique, sous la plaque continentale sud-américaine. La subduction, qui se poursuit au rythme de 5 à 6 cm par an, est attestée par la présence de la fosse marine du Pérou-Chili, profonde de plus de 8000 m.
Une orogenèse en deux phases
• Lors d'une première phase de sédimentation, qui dure une centaine de millions d'années, sédimentation marine et continentale, magmatisme et distension se conjuguent pour former des bassins dans des terrains hercyniens et précambriens. Dans ces bassins s'accumulent dépôts d'origine volcanique, calcaires, grès, quartzites et pélites, qui affleurent aujourd'hui dans les Andes centrales.
• Une seconde phase commence au début du crétacé supérieur, il y a environ 100 millions d'années : elle alterne des épisodes courts de compression, donc de plissements, et des épisodes plus longs de distension : aux mouvements verticaux succèdent la création de nouveaux bassins, à l'intérieur de
Pes montagnes de type auin
• La surrection des Andes septentrionales (de 1I°N à 2°N), datant pour l'essentiel de la fin du tertiaire et du quaternaire, ne procède pas directement d'un phénomène de subduction. Elle s'accompagne certes de la mise en place de volcans sur la cordillère centrale mais se caractérise d'abord -par la présence de nappes de charriage et d'ophiolites, évoquant un système montagneux de type alpin. Il en va de même, à l'extrémité sud dans la cordillère de Magellan. Dans cette partie australe, les glaciers, vestiges de la calotte glaciaire qui recouvrait toute la Patagonie au pléistocène, continuent de modeler les reliefs.
LA STRUCTURE
Andes septentrionales
De l'ouest du Venezuela au sud de la Colombie, la cordillère des Andes se divise en trois systèmes montagneux distincts : les cordillères orientale, centrale et occidentale. Celles-ci sont entrecoupées par un ensemble complexe de chaînes moins élevées, de vallées et de bassins d'effondrement.
• La cordillère occidentale, linéaire et relativement basse, se présente davantage comme un alignement de
collines où affleurent des roches sédimentaires, se raccordant aux reliefs de l'Amérique centrale.
• Dominant les plaines, la cordillère orientale, où affleurent les batholites, est ponctuée de cuvettes de plusieurs centaines de kilomètres carrés, remplies de dépôts lacustres, dont la haute plaine de la Sabana de Bogota, en Colombie. Dans les Andes colombiennes, les grandes vallées du Magdalena, du Cauca, du San Juan et de l'Atrato, à des altitudes inférieures à 500 m, sont des secteurs subsidents entre des montagnes qui continuent de s'exhausser.
• Les Andes équatoriennes sont formées de deux axes montagneux couronnés de volcans plio-quaternaires, enserrant une dépression centrale élevée morcelée en une série de bassins. Sur ce haut plateau, baptisé par Alexander von Humboldt «avenue des volcans», se dressent 51 pics volcaniques, dont le Cotopaxi et le Chimborazo.
Andes centrales et méridionales Du Pérou au nord du Chili (30° S), les Andes atteignent ici leur largeur maximale, avoisinant 500 km en Bolivie; elles sont également plus élevées : au sud du 8e parallèle, aucun col n'est à moins de 4000 m.
• Les Andes ne forment plus ici que deux cordillères : la Cordillère occidentale, couronnée de grands volcans, tel le Huascaran (6768 m), et tapissée de laves, borde l'étroite côte. La Cordillère orientale dont les principaux massifs, formés de schistes, de granités et de rhyolites, sont couverts de glaciers au-dessus de 5000 m, est découpée par
les affluents de l’Amazone et flanquée, en bordure de la plaine amazonienne, de chaînons étroits.
• Ces deux cordillères enserrent des plateaux à plus de 4000 m, volcaniques à l'ouest sédimentaires à l'est, encadrant eux-mêmes une haute plaine tapisssée de dépôts lacustres et fluviatiles quaternaires :
Mer des 7 Antilles .
60° ,
Océan
Atlantique
Équateur
[QUMtUR
Chimb°roz? i (6 272 m) 1
Huascor .-(6 768
c'est l'Altiplano, ou Puna, large de 150 km en Bolivie, d'une longueur totale de 2 000 km. VAItiplano est ponctué de lacs - dont le
Titicaca, qui occupe, en ses plus grandes profondeurs, un fossé d'effondrement - et deso/ores, des déserts de sel dont l'évaporation est accélérée par le rayonnement solaire intense à ces altitudes.
Andes australes
Amazç
LA POPULATION
Plus ancien foyer de peuplement du continent sud-américain, les Andes ont vu naître les principales civilisations d'Amérique du Sud : c'est sur les rives du Titicaca qu'émergèrent la culture Huari-Tiahuanaco, qui connut son apogée entre 200 av. J.-C. et 1200 apr. J.-C., puis la petite tribu des Incas, qui allait fonder un immense empire à partir de l'Altiplano. La population d'origine indienne reste aujourd'hui concentrée sur les hauts plateaux, où les conquérants espagnols établirent les villes de Bogota, Quito et La Paz (à 3 658 m d'altitude). Elle est plus ou moins métissée selon les pays :
«
•
Plus au sud, les Andes s'abaissent et se
fragmentent.
le relief est encore
vigoureux, mais les pics granitiques, fins
et acérés, ne s'élèvent plus sur un socle
de plateaux élevés, comme dans les
Andes
centrales : le
Fitz Roy
n'atteint que
33 75 m.
Cette extrémité des
Andes est
surtout dominée par
l'action des
glaciers, qui
ont creusé des lacs, des fjords profonds
et des golfes découpant le littoral chilien
au sud de Puerto Montt.
• Une calotte glaciaire de 20400 km' (la
troisième du monde par la superficie)
couvre les Andes patagonnes et se
découpe en trois sections sur 500 km du
nord au sud : le Hielo Patagonico Norte
(4 400 km'); le Hielo Patagonico Sur
(13 000 km'), dont les glaciers s'avancent
à l'ouest jusque dans les fjords du
Pacifique; et en bordure méridionale
de la Terre de Feu, les champs de glace
de la cordillère Darwin (3 ooo km').
Alimentée par les précipitations
abondantes qu'apportent les vents
d'ouest océaniques, cette calotte abrite
l'un des rares glaciers continentaux en
expansion, le Perito Moreno, dressant
ses 60 rn de hauteur sur un front de
5 km.
I:Upsala, long de 50 km, large de
50 km, est le plus grand des glaciers
patagons.
""1·l!!WI • Expression spectaculaire, avec les
tremblements de terre, de la subduction
de la plaque Nazca sous la plaque sud
américaine, les volcans actifs sont plus
d'une quarantaine, de la Colombie au
cap Horn.
Répartis en trois groupes
principaux, reliés par des volcans éteints,
ils s'élèvent pour la plupart dans les
cordillères occidentales.
• On trouve dans les Andes centrales
et méridionales la plus grande densité
de volcans actifs au monde : à lui seul,
le Chili en compte vingt-deux.
Gullacari,
Lascar, Hudson, Liai ma et Villa rica se
sont manifestés à plusieurs reprises
dans les années 1990.
I:Ojos del Salado,
culminant à 6 893 rn, à la frontière de
l'Argentine et du Chili, est le plus haut
volcan du monde.
• Sur le haut plateau équatorien,
ou «avenue des volcans», le Cotopaxi
détient avec 5 897 rn, le titre de plus
haut volcan actif.
Tout prés, les
fumerolles s'échappant du sommet
enneigé du Chimborazo {6272 rn)
signalent qu'ri est seulement en sommeil
(depuis 1942).
le Sangay (5 313 rn), sur
le même plateau, projette cendres, laves
et glaces presque chaque jour.
• !:altitude des volcans andins contribue
à leur dangerosité : beaucoup se situent
au-delà de la limite des neiges,
et lorsque la chaleur dégagée par
l'éruption fait fondre les glaciers UN
FOYER OE l'AGRICULTURE
Les Andes péruviennes, au-dessous de
3 000 rn, ont été l'un des grands foyers
d'invention de l'agriculture.
C'est là,
que, dès le IX' millénaire, ont été
domestiquées plusieurs variétés de
haricots, puis au VIl' millénaire, la
pomme de terre, le lupin ainsi qu'une
variété de coton (dit aujourd'hui «de
la Barbade») aux libres longues.
Sur la
Puna, les traces du premier camélidé
domestique, l'olp��ga, ont été datées
de 4800 av.
J.-C.; deux mille ans plus
tard, le lama était à son tour
domestiqué.
couvrant leurs pentes, c'est une masse
de boues, de cendres et de glace fondue
extrêment instable et rapide qui dèvale
les flancs du volcan : ces lahars furent à
l'origine de la catastrophe du Nevado
del Ruiz, volcan colombien à glacier
sommital, dont l'éruption en 1985 a fait
21 ooo victimes.
FLEUVES ET RIVIÈRES
• De nombreux fleuves et rivières y
prenant leur source, les Andes
constituent le château d'eau de
l'Amérique du Sud.
Depuis le
Magdalena, qui se jette dans la mer
des Antilles, jusqu'au Bio-Bio, marquant
la limite nord du domaine austral, ces
cours d'eau irriguent les vallées andines
et les plaines côtières.
Néanmoins, dans
les Andes centrales, au sud du Titicaca,
les rfos descendus des Andes viennent
s'évaporer, avant mëme de rejoindre
l'océan, dans les déserts d'altitude, dont
l'Atacama chilien est le plus aride.
• D'autres cours d'eau, et non des
moindres, s'écoulent vers l'est et les
grands bassins de l'intérieur du
continent : l'Amazone prend ainsi sa
source dans les Andes péruviennes,
à la naissance de I'Apurimac au mont
Huagra ou, selon les auteurs, du rio
Hornillos, au mont Misti.
LES LACS
• Si au sud du Bio-Bio, la fonte des
neiges alimente de multiples lacs de
taille relativement petite, les grands lacs
andins sont situés sur I'Aitiplano.
Le
plus vaste est le rmcaca (8 300 km').
Alimenté, à 3 812 rn d'altitude, par de
nombreux torrents et par des pluies
estivales assez irrégulières, il n'est en
réalité qu'un vestige des deux mers
intérieures qui, il y a environ 15000 ans,
alors que s'achevait la dernière
glaciation, occupaient I'Aitiplano :
leur niveau s'élevait à 60 rn au-dessus
du plancher actuel du bassin.
La régression, amorcée avec le
réchauffement climatique, se poursuit
en raison de l'évaporation intense.
la
profondeur du Titicaca n'excède pas
aujourd'hui 300 m.
Une quarantaine
d71es ponctuent le lac, qui a pour
exutoire le rio Desaguadero.
Celui-ci
irrigue sur 300 km I'Aitiplano avant de
déverser ses eaux dans le lac Paop6
(2 500 km'), situé à 3 686 rn sur le
territoire bolivien.
LE CLIMAT
• Du fait de leur extension en latitude,
de n•N à 55• s.
les Andes présentent
la particularité de recouper toutes les
zones climatiques, à l'exception de la
zone polaire.
les situations climatiques
sont d'autant plus variées qu'à cette
zonation en latitude s'ajoutent un
ample étagement en altitude, défini par
Humboldt au tournant du XIX' siècle,
et des facteurs d'exposition selon les
versants.
Ainsi, les versants orientaux,
exposés aux vents venus de l'Atlantique,
sont abondamment arrosés, alors que
les versants occidentaux le sont
beaucoup moins : outre que les Andes
font barrière aux vents de l'Atlantique,
le courant de Humboldt (courant marin
froid) assèche la façade pacifique.
ANDES TROPICALES
ET ÉQUATORIALES HUMIDES
Du Venezuela au nord de la Bolivie, la
façade orientale est chaude et humide;
la façade pacifique est également
abondamment arrosée au nord de
l'équateur, pour devenir aride au sud :
I'Atrato colombien
est l'une des régions
les plus arrosées
au monde, avec
60 00 à 80 00 mm de
précipitations annuelles.
!:humidité
reste importante sur
les hauts plateaux colombiens, la région
proche de Bogota recevant 2 500 mm
de pluie par an.
les gelées sont
réduites, mais les températures
excèdent rarement 10°C.
la limite des
neiges est située au-dessus de 4 800 m.
l'importante pluviosité d'ensemble
n'empêche pas la sécheresse dans les
bassins et vallées sous le vent.
ANDES INTERTROPICALES ET SUBTROPICALES
Du centre de la Bolivie au centre du
Chili, les variations climatiques en
fonction de l'étagement sont
particulièrement marquées.
On distingue ainsi :
• l'étage chaud, de la base à environ
1 000 rn, où les températures annuelles
moyennes sont supérieures à 22 •c;
• l'étage tiède, de 1 000 rn à 1600-
1800 rn, entre 18 et 22•c;
• l'étage tempéré, de 1 600-1 800 rn à
2800 rn, entre 14 et 18°C; •
l'étage frais, de 2 800 rn à 3 600-
3 700 rn, entre 10 et 15 •c;
• l'étage froid, de 3 600-3 700 rn à 4 50o-
4 800 rn, entre 4 et 1 o •c, avec des gelées
fréquentes pendant la saison sèche;
• l'étage cryonival, au-dessus de 4 500-
4 800 rn : température moyenne
annuelle inférieure à 5•c; gel quasi
quotidien.
Dans ces conditions générales,
l'humidité est une autre variable qui
introduit un fort contraste entre les
Andes intertropicales sèches et les Andes
intertropicales humides.
Une bande
sèche, désertique, longe ainsi la côte
pacifique du Pérou et du Chili, traverse
l'ouest et le sud des Andes boliviennes
pour se prolonger jusque dans les
bassins du piémont argentin : le désert
d'Atacama, sur la côte chilienne, est
l'un des plus secs du monde; au Pérou,
le mont Misti est dépourvu de glacier
permanent tant les précipitations sont
faibles et l'air sec.
Sur les plateaux des Andes centrales
prévaut un climat tropical d'altitude : les
températures moyennes varient peu au
cours de l'année; une saison des pluies,
l'« hivernage», de novembre à avril,
succède à une saison sèche, au cours de
laquelle le contraste thermique entre le
jour et la nuit est très marqué.
Il n'y a
pas de couverture neigeuse saisonnière,
et la limite des glaciers s'établit entre
4800 rn et 5200 m.
ANDES FRAICHES ET HUMIDES
• la partie centrale du Chili jouit d'un
climat méditerranéen, avec des pluies
hivernales (350 mm seulement à
Santiago) et une couverture neigeuse
au-dessus de 2 000 m.
La limite des
glaciers s'abaisse à 3 500 m.
• Plus au sud, après une transition
tempérée, les Andes australes, situées
sur la trajectoire des dépressions
polaires, connaissent des températures
annuelles moyennes inférieures à 5 •c.
Les hivers sont neigeux et venteux; les
étés, frais et humides.
Le versant
argentin, plus abrité, connaît des hivers
plus secs (mais plus froids) et des étés
plus chauds.
la limite des glaciers n'est
plus que de 600 à 1 000 m.
LA FLORE ET LA FAUNE
LA FLORE
la diversité des formations végétales
épouse la diversité climatique.
Partout
les terres chaudes sont dominées par
une forêt dense, plus humide sur les
versants orientaux.
Elle monte, dans les
Andes tropicales et équatoriales
humides, jusqu'à 3 000 rn, puis fait place
à la forêt nuageuse (selva nub/ada),
constituée de bambous retombants, de
fougères arborescentes, de lianes et
d'orchidées.
Vers 3600 rn, c'est l'étage
des paramos, prairie humide ponctuée
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hampes florales de fraylejones aux
feuilles duveteuses.
Plus au sud, dans les
Andes sèches, dominent des formations
arbustives adaptées à l'aridité.
Sur les
plateaux des Andes centrales, entre
3800 rn et 4800 rn, la Pun.
»
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- MERMOZ, Jean (1901-1936) Aviateur et ancien pilote militaire, il crée les lignes France-Amérique du Sud et Rio de Janeiro-Santiago du Chili passant au-dessus de la Cordillère des Andes.
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