La Commune de Paris - Soixante-douze jours qui ont profondément marqué le mouvement ouvrier
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
«
LES
tlECTJONS
• Les élections se préparent dans
un climat de vive tension entre Paris
et Versailles.
Le comité central affirme
aux Parisiens : « Les hommes qui vous
suivront le mieux sont ceux que vous
choisirez parmi vous, vivant de votre
vie, souffrant des mêmes maux »,
pendant que depuis Versailles, on
fustige les « criminels » qui ont pris
Paris en main.
Dans le même temps,
une« délégation de Paris», composée
des maires et de leurs adjoints ainsi
que des députés de la capitale, propose,
sous l'impulsion
de Geor ges
Cle menceGu,
d'engager des
négociations
avec Thiers,
notamment
en vue de faire
reconnaître
par l'Assemblée
un statut particulier pour la capitale.
LA COMMUNE
A L'
ÉPREUVE
DU POUVOIR
LA PROCLAMATION DE LA COMMUNE
• Les élections municipales se déroulent
le 26 mars.
Quelque 230 000 électeurs
sur les 485 000 inscrits y participent.
L'abstention est due pour une bonne
part au fait que de nombreux Parisiens
ont quitté la capitale à l'occasion du
siège puis des émeutes.
La participation
est plus forte dans les faubourgs ouvriers
que dans les « beaux quartiers • de
l'ouest parisien.
Thiers commente:
« Les élections ont été désertées
par les c�oyens amis de l'ordre.
»
• Les résu�ats sont proclamés le 28 mars
devant 200 000
Parisiens
rassemblés
devant l'Hôtel
de Ville.
Une
fois proclamé
le nom des
élus, Gabriel
Ranvier s'écrie :
«Au nom
du peuple.
l11
c-mune est
procltlmée.
))
Les membres
du comité
central
remettent alors
leur pouvoir
aux nouveDux
élus.
LEs MEMBRES DE LA COMMUNE
• Le conseil de la Commune de Paris
apparaît bientôt comme un groupe
hétérogène traversé de courants contradictoires.
Les petits bourgeois
républicains qui s'y trouvent en majorité
y côtoient des ouvriers, pour la plupart
affiliés à l'Internationale et dont les
préoccupations sont d'un autre ordre.
Les courants idéologiques y reflètent
les prises de position politiques
antérieures.
La majorité regroupe des
blanquistes- bien qu'incarcéré, Blanqui
a obtenu
de nombreux
suffrages-,
des jacobins
comme ChDrles
parmi lesquels
leD n-Bt�ptlste ····�li�
Clément ou G Jules Vallês,
inspirés
des théories
de Proudhon.
En revanche,
ni Marx ni
Bakounine
n'ont influencé
�2ii!!::I·E� le mouvement.
• D'autres républicains, comme Jules
Ferry, abandonneront rapidement
la Commune.
L'absence de cohérence
politique de l'institution amènera
nombre d'élus à s'abstenir de siéger.
Lors des élections complémentaires
organisées le 16 avril pour pourvoir
trente et un sièges vacants, l'abstention
est massive, preuve du désintérêt
ou de la lassitude des électeurs.
LES MESURES OE LA COMMUNE
• Après avoir pris quelques mesures
symboliques, dont la plus spectaculaire
est l'adoption du drapeau rouge, la
Commune s'organise en dix commissions
correspondant aux ministères dont
le comité central avait pris la direction.
• C'est sous l'impulsion de la commission
du Travail.
de l'Industrie et des Échanges
que sont prises les mesures les plus
significatives : prorogation du moratoire
sur le paiement des loyers -supprimé
par Thiers -, réquisition de logements
vacants, réorganisation du Mont-de
Piété afin d'aider les moins favorisés ...
• Parallèlement des décisions de principe
sont proclamées ou envisagées,
sans être toujours mises en pratique,
comme l'abolition du travail de nuit
ou la suppression des bureaux
de placement et de bienfaisance.
• La politique scolaire relève de
la commission de l'Enseignement
dirigée par Édouard Vaillant, qui incarne
le courant anticlérical de la Commune.
Le 2 avril, le Conseil prononce ainsi
1--------------l la
séparation de l'Église et de l'État et
LES AUTRES • COMMUNES •
DE lm
• Paris n'est pas la seule ville à réagir
à la cap�ulation face aux Prussiens et
aux décisions du gouvernement Thiers.
En mars 1871, plusieurs grandes villes
- Lyon, Marseille, Toulouse -ainsi que
des villes industrielles -Saint-Étienne,
Le Creusot- se soulèvent et
s'organisent en « Communes ».
Mais ces mouvements insurrectionnels
sont maîtrisés en quelques jours.
sauf à Marseille où la résistance
au gouvernement est plus longue.
supprime
le budget des cultes, affirmant
que « le clergé a été complice des crimes
de la monarchie contre la liberté ».
• Sur le plan financier, la Commune,
qui pourrait s'emparer des titres et
du numéraire entreposés au ministère
des Finances et à la Banque de France,
fait preuve d'une prudence notable,
se contenant d'emprunter à cette
dernière les moyens de sa subsistance.
LA « DtCLARATION AU PEUPLE FIANÇAIS »
• Enfin, sur un plan plus général,
la Commune élabore, dans une
« déclaration au peuple français » publiée
le 19 avril, un schéma politique
national suggérant un modèle fortement
décentralisé, selon lequel la République
résulterait de la fédération de toutes les
communes de France.
Dans ce schéma,
celles-ci seraient dotées d'un certain
nombre de pouvoirs -vote du budget
communal, organisation de la
magistrature, de la police, de
l'enseignement, recrutement de tous les
fonctionnaires par élection ou concours,
administration des biens appartenant
à la commune -, tout en étant garantes
d'un certain nombre de droits
fondamentaux -liberté individuelle,
liberté du commerce, liberté du travail.
intervention permanente des citoyens
dans les affaires de la commune,
organisation de la garde nationale
par l'élection de ses chefs.
UNE ORGANISAnON INCERTAINE
LES ERREURS DE LA GARDE NATIONALE
• Le sort de la Commune est rapidement
scellé par la volonté du gouvernement
de Versailles de mettre fin à l'insurrection.
Parallèlement des erreurs d'organisation
et d'appréciation la fragilisent.
• En raison de la menace permanente
que font peser les troupes régulières
au service de Versailles, le comité
central de la garde nationale a conservé
la responsabilité du maintien de l'ordre
et des opérations militaires.
font particulièrement violents.
Le 2 avril,
Ptlris est bombordé tandis que les
généraux Gallifet et Vinoy s'emparent
de Courbevoie.
Le lendemain, les chefs
de la garde nationale, sans en référer à
la Commune, entreprennent de marcher
sur Versailles.
Leur opération tourne
au désastre .
Gustave Flourens, figure
emblématique de la Commune, est tué.
L E « DtCRET DES OTAGES li
• Dans le même temps, face à l'intensité
des combats, la Commune prend une
décision maladroite, le « décret des
otages », qui établit que tout suspect de
complicité avec Versailles sera arrêté et
gardé comme otage.
Thiers explo�e cette
disposition pour convaincre l'opinion
nationale et les élus de l'Assemblée
du caractère brutal de la Commune.
Dans les faits, cent vingt personnes,
parmi lesquelles plusieurs personnalités
comme Mgr Georges Darboy,
archevêque de Paris, ou le président
de la Cour de cassation, Louis Bernard
Bonjean, seront mises en prison.
Cinquante-deux d'entre elles, dont
Mg r Dllrboy, seront exécutées
au cours de la « semaine sanglante ».
LA"
SEMAINE SANGLANTE »
L'ASSAUT DE PARIS
• Le 10 mai, aussitôt signé le traité
de paix avec l'Allemagne, Thiers obtient
la libération
anticipée de plusieurs
milliers de soldats.
Une fois
ses forces
réorganisées,
il lance une
armée de
130 000 hommes à l'assaut de Paris,
sous le commandement du maréchal
de MDC-MIIhon.
• Le 21 mai, les troupes versaillaises
entrent dans la capitale par la Porte de
Saint-Cloud.
Durant les sept jours de la
« semaine sanglante », la capitale sera
le théatre d'une véritable guérilla urbaine.
Père-Lachaise, contre un mur appelé
depuis lors « mur des fédérés ».
LE BILAN DES COMBATS
• Il est difficile d'établir un bilan des
victimes des la Commune.
Si 877 morts
sont dénombrés dans les troupes
régulières, les pertes dans les rangs des
fédérés sont estimées à 30 000 morts.
• À l'issue de la semaine sanglante,
quelque 35 000 personnes sont arrêtées,
dont un grand nombre de femmes et
une ma)orité d'ouvriers.
Les tribunaux
militaires prononceront 13 450
condamnations, dont 268 à la peine de
mort et des centaines d'autres
aux travaux forcés ou à la déportation,
notamment en Nouvelle-Calédonie.
Des milliers de Communards sont
contraints de s'exiler en Belgique,
en Suisse ou en Angleterre.
LA PORTÉE HISTORIQUE
DE LA COMMUNE
• Sur le plan politique, la Commune
se caractérise avant tout par son idéal
égalitaire.
Celui-ci a été fortement
revendiqué par la pensée communiste :
Marx, dans la Guerre civile en France,
parue à Londres en mai 1871, laisse
percer son admiration pour le « Paris
ouvrier[ ...
] pionnier d'une société
nouvelle », tandis que Lénine en fera
un modèle d'insurrection du prolétariat
contre l'oppression bourgeoise.
Le
mouvement anarchiste y puise aussi
une légitimité fondatrice, incarnée
par les héros du mouvement comme
Charles Delescluze ou Louise Michel.
• Plus généralement, la Commune
apparaît comme le symbole du
soulèvement ouvrier et populaire
soutenu et accompagné par
des bourgeois éclairés.
• Sur le plan historique, les apports
fondamentaux de la Commune
préfigurent ceux de la Troisième
République.
Ses dirigeants se sont
en effet attachés dês les premières
heures à appliquer les point forts du
« programme de Belleville », symboles
de l'idéal républicain, qui seront mis
en œuvre au cours des trente années
suivantes : liberté de la presse (1881),
instruction gratuite et obligatoire (1882),
liberté d'association (1901), séparation
de l'Église et de l'État (1905).
• Ce sont ces avancées, ainsi que
son caractère utopiste et romantique,
qui font de la Commune un élément
incontournable de la mémoire
collective de l'histoire de France.
• Dans la nuit du 18 au 19 mars 1871,
,_.,._ Mldlel
monte à
l'assaut
de la butte
Montmartre
à la tête
du com�é
de vigilance
républicain
du XVIII'
arrondissement qu'elle préside, afin
de défendre les canons de la garde
nationale.
Durant la Commune,
cette institutrice se fait ambulancière,
et anime le dub de la Révolution.
Appartenant à la frange la plus radicale
des Communards -elle proposera
d'aller elle-même assassiner Thiers
à Versailles -, elle gagne le surnom
de « louve rouge ».
• Arrêtée à la fin de la Commune, elle
réclame la peine de mort, mais y
échappe en tant que femme.
Son
attitude inspire à Victor Hugo le poème
Viro major- • Tu faisais ce que font les
grandes ames folles 1 Et lasse de lutter,
de rêver de souffrir, 1 Tu disais : • j'ai
tué ! " car tu voulais mourir.
»
Déportée en Nouvelle-Calédonie d'où
elle revient en 1880, Louise Michel se
voue à la cause anarchiste, continuant
jusqu'à sa mort de braver l'ordre êtabli..
»
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