La classe ouvrière européenne
Publié le 08/04/2019
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Âge d'or des mouvements ouvriers. Au-delà de toutes les crises, les mouvements ouvriers européens connaissent un dernier âge d'or dans les années 20. Les syndicats encadrent la vie des ouvriers \" du berceau au tombeau \" : ils organisent des associations pour garder les enfants, pour les loisirs ou les sports. Ils s'intéressent aussi à la prévoyance sociale ouvrière, certains allant même jusqu'à prendre en charge les obsèques. Ces associations procurent aux ouvriers le sentiment d'appartenir à une collectivité stable et consolident la ligne de séparation entre la classe ouvrière et la \" société bourgeoise \". Mais l'effet de masse n'est pas aussi vaste que le laissent supposer les grandes manifestations populaires de l'époque. Une enquête à la fin des années 20 révèle que, malgré dix ans d'éducation socialiste, les ouvriers ne se sentent pas toujours solidaires. Il n'est qu'à considérer le problème de l'émancipation de la femme : les mouvements ouvriers se prononcent pour une totale égalité, alors que la majorité des hommes interrogés préfère que les femme restent au foyer et s'occupent des enfants.
«
représentants de l’ordre ancien par crainte d’une révolution
lancée par les conseils d’ouvriers et de soldats.
De nombreux ouvriers sont déçus par la tournure que prennent
les choses.
Une étincelle met de nouveau le feu aux poudres
dans ce climat révolutionnaire : il s’agit du coup d’État
d’extrême-droite organisé par Kapp et Lüttwitz le 13 mars
1920.
Une grève générale des ouvriers, des employés et des
fonctionnaires, chasse les putschistes au bout de cinq jours.
Pour mener enfin à bien la révolution, le mouvement ouvrier
entre dans l’offensive et appelle à l’insurrection sur le Rhin
et la Ruhr.
Jusqu’au 22 mars, l’armée rouge de la Ruhr prend
en main toute la région.
Une grève de plus de 330 000 mineurs
atteste la force du " plus grand mouvement prolétarien "
d’Allemagne, selon l’historien Heinrich August Winkler.
Il est
finalement réprimé par les troupes du Reich.
Sur la défensive.
En Europe, compte tenu de la crise
économique et du chômage, le mouvement ouvrier est sur la
défensive depuis le début des années 20.
Les chefs
d’entreprise réagissent aux difficultés économiques par des
baisses de salaire, des licenciements ou des intimidations.
Des conflits politiques au sein des syndicats affaiblissent
encore le mouvement ouvrier.
Il doit en conséquence
s’accommoder d’importants revers.
En Allemagne, le
gouvernement bourgeois de Wilhelm Marx supprime la journée de
huit heures sur la pression des patrons d’industries lourdes
rassemblés autour de Hugo Stinnes.
En plus, l’hyperinflation
de 1923 dégrade les revenus, si bien que les ouvriers gagnent
en moyenne 70 % du revenu de 1913.
L’argent manquant pour les
cotisations et les adhérents ayant perdu confiance dans les
associations, les syndicats sont désertés.
En 1924, 4 millions
d’ouvriers et d’employés sont encore affiliés à l’ADGB
(fédération des syndicats allemands, 1919-1933), à peine la
moitié moins que deux ans auparavant.
Pour tenter de maintenir
les salaires, les syndicats doivent composer avec l’État.
Celui-ci empêche par un arrangement imposé à propos des
conflits du travail que le déséquilibre entre les partenaires
salariaux s’agrandisse.
En Grande-Bretagne, le nombre des syndiqués passe de 8
millions en 1919 à 5,5 millions en 1924.
Cette chute
s’accompagne de l’échec spectaculaire de la grève des mineurs
qui, malgré une action de six mois menée par 1,1 million
d’entre eux, ne parviennent pas à faire revenir le patronat
sur les réductions de salaire et l’allongement du temps de
travail de sept à huit heures par jour.
En Belgique, en France
et aux Pays-Bas, la plupart des employeurs refusent de signer
des conventions collectives avec les syndicats.
En Italie et
au Portugal, les dictateurs Benito Mussolini et António de
Oliveira Salazar interdisent les représentations ouvrières.
Protection des chômeurs.
Le mouvement ouvrier n’est capable
d’assurer la défense de ses adhérents que dans quelques pays
industrialisés.
Avant la Première Guerre mondiale, seule la
Grande-Bretagne propose une loi sur le soutien aux chômeurs.
Les frais en sont supportés par les salariés, les employeurs
et l’État à parts égales.
Lorsqu’après la guerre, le Bureau
international du travail recommande cette disposition,
quelques États mettent en place une assurance nationale
obligatoire : l’Italie, l’Autriche, la Pologne, la Bulgarie,
2.
»
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