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La campagne de France De la trouée des Ardennes à l'armistice

Publié le 11/11/2018

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LA DÉBÂCLE

 

Après plus de huit mois de «drôle de guerre» s'ouvre le 10 mai 1940, sur initiative allemande, ce que l'on désigne sous le nom de campagne de France, mais qui mériterait plus justement celui de «campagne de l'Ouest», qui inclut les opérations en Belgique et aux Pays-Bas, indissociables de la manœuvre allemande dont l'objectif final est la destruction des forces armées françaises. Un mois plus tard, le haut commandement allemand a tout lieu de se féliciter d'avoir atteint cet objectif au détriment de l'armée française pourtant tenue par les Britanniques comme la meilleure du monde. En moins de six semaines, la Wehrmacht a mis hors de combat 8 divisions hollandaises, 22 belges et 94 françaises, ce qui lui permet d'occuper une façade maritime ininterrompue de la Frise à l’Espagne. Un succès foudroyant qui tient moins à une quelconque supériorité matérielle des forces allemandes qu'à des conceptions tactiques innovantes, notamment l'emploi du couple char-avion et l'engagement des blindés dans le cadre de divisions homogènes. Arc-bouté sur des conceptions héritées de la Grande Guerre - primat au tout-défensif -, le commandement français n'a rien pu opposer de sérieux à la guerre éclair.

LES PLANS DE CAMPAGNE

Depuis le 9 octobre 1939, le commandement suprême de l’armée (OKH) élabore le plan jaune. Dans sa mouture initiale, il s'agit de détruire la plus grande partie des forces françaises et alliées et de s'assurer un vaste territoire en Hollande, en Belgique et au nord de la France afin de disposer d'une base favorable à une future attaque contre l'Angleterre et d'un glacis capable de protéger la Ruhr.

Sur la proposition du général Erich von Manstein, chef d'état-major du groupe d'armées A (GA A), ce plan est appelé à subir quelques modifications. Ainsi, l'effort principal, prévu dans un premier temps dans la région de Gand et confié au groupe d'armées B, est transféré au débouché des Ardennes. Le GA A doit alors rompre les défenses de la Meuse entre Sedan et Dinant, puis pousser vers Abbeville et la mer. Il s'agit ainsi d'isoler toutes les forces que les Alliés auront engagées en Belgique, ces derniers étant convaincus que la menace principale vient de l'aile droite allemande (GA B). Quant au GA C, au sud, il lui incombe de fixer les armées de la ligne Maginot et du Rhin. Ce plan implique que le GA A, auquel est dévolue la majorité des unités blindées, prenne le risque de couvrir, dans sa marche à la mer, quelque 300 km à flanc découvert Non sans hésitations, l'OKH décide de s'en tenir à ce qui restera dans l'histoire sous le nom de « plan Manstein ».

10 mai 1940 13 mai 1940 14 mai 1940 18 mai 1940 19 mai 1940 28 mai 1940 3 juin 1940 5 juin 1940 9 juin 1940 14 juin 1940 22 juin 1940

Déclenchement de l'offensive allemande Percée allemande à Sedan Reddition hollandaise Chute d'Anvers Remplacement de Gamelin par Weygand Reddition belge Fin du rembarquement de Dunkerque Offensive allemande sur la Somme Offensive allemande sur l'Aisne Entrée des Allemands dans Paris Signature de l'armistice

• Les chances de réussite de ce plan reposent sur la nécessité de disposer d'un délai de cinq jours pour installer toutes les forces impliquées. Mais il faut surtout que l'effort principal des Allemands s'exerce bien en Belgique, à l'aile droite. A posteriori, il est facile de voir que ce plan consistant à opérer la jonction avec les armées belge et néerlandaise ne répond que trop bien aux espérances les plus optimistes de Hitler et du général von Manstein.

L'APPLICATION DU PLAN MANSTEIN : 10 MAI-3 JUIN

Les opérations en Belgique et aux Pays-Bas

Le 10 mai, à l'aube, l'aviation allemande effectue des bombardements sur les terrains d'atterrissage belges et hollandais et sur les aérodromes français de la région du nord et de l'est ainsi que sur les voies ferrées, les gares et les camps militaires. Parallèlement une puissante armée blindée placée sous le commandement du général Ewald von Kleist se dirige vers les Ardennes. Ces forces, qui comprennent notamment les trois divisions du corps d'élite du général Heinz Guderian, ont pour objectif, conformément au plan élaboré par Manstein, de faire sauter le «verrou» de Sedan.

À 6 h 30, après que le gouvernement belge a demandé l'aide des Français, le général Gamelin donne l'ordre d'engager les forces françaises. À 7 h 15, les éléments de reconnaissance mécaniques du corps de cavalerie et des armées passent la frontière belge. De leur côté, les Britanniques, sous le commandement de lord John Gort, marchent à partir de 10 h 30 sur Bruxelles en vue d'établir un front de Louvain à Wavre.

« • le 14 mai au soir, l'état-major allemand peut considérer que la percée est réussie sur la partie la plus difficile du front allié : la voie est libre pour réaliser des opérations de grande envergure dans l'arrière-pays.

En elfe� face à l'enveloppement des deux tiers de son Iron� le général français André Corap a dO donner l'ordre de repli sur la position frontière.

Ainsi découverte, la 1" armée française est contrainte d'abandonner la trouée de Gembloux et de se replier vers l'Escaut.

• En Belgique également la campagne se déroule au détriment des Alliés.

Anvers tombe aux mains des Allemands le 18 mai.

la position alliée sur la Dyle résiste mal aux assauts répétés des � bliiHihs de la Wehrmacht L'éventualité d'une attaque française contre le flanc sud inquiète toutefois les chefs militaires allemands.

Cependan� l'offensive redoutée n'a pas lieu.

Seule la 11' armée française tente, sans succès, d'enfoncer le front ennemi prés de Montrnédy et de Sedan.

De même, l'aviation alliée échoue à détruire les passages allemands sur la Meuse.

le 15 mai, londres s'oppose à un engagement accru de la Royal Air Force.

Churchill, qui a pris la tête du gouvernement le 10 mai, pense qu'il est temps de renforcer la défense des nes Britanniques.

·Alors qu'en Belgique les troupes commencent à évacuer le terrain, à Paris, le président du Conseil Paul Reynaud prononce un discours radiodiffusé qui informe les Français des graves revers subis par l'armée.

To� désormais, semble concourir à une débacle de grand style.

Ainsi, le 19 mai, le général Gamelin est remplacé à son poste par le général Maxime Weygand, rappelé de Syrie.

Cette rupture du commandement intervient au plus mauvais momen� reportant une décision d'attaque sus ciitée par la situation exposée de la tête du GA A.

coupée de ses arrières.

• De retour à Paris, le général Weygand entend faire exécuter son plan consistant à lancer un groupement franco-britannique le 23 mai -jour où Gand tombe aux mains des Allemands - depuis Arras-Cambrai jusqu'à Bapaume, objectif également fixé à la VIl' armée depuis la Somme.

Ce plan implique toutefois une nouvelle retraite de l'armée belge pour couvrir efficacement cette action.

le roi léopold consent à abandonner la solide position de l'Escaut pour se reporter sur l'Yser.

Ma isles mauvaises liaisons du commandemen� l'encombrement des routes dO à l'action de l'aviation allemande et au flot des réfugiés ont pour effet de retarder les concentrations de troupes indispensables pour lancer la contre­ attaque.

Certes, deux divisions britanniques parviennent à retenir la 7' division de panzers (7' PZO) prés d'Arras le 21 mai, mais la reprise de l'offensive du XIX' corps blindé allemand, cette fois plein nord vers Boulogne, rend la position anglaise à Arras intenable et menace le corps expéditionnaire britannique (BEF) d'encerclement LE IEMIIMQUEMENT DE DUNKEIQUE • le 25 mai, lord Gort décide de replier tout le BEF sur Dunkerque.

De son côté, le général Weygand se résout à ordonner au 1" groupe d'armées de sauver ce qui peut l'être en se repliant également sur Dunkerque.

• les Anglais parviennent à Dunkerque avant les Allemands car, le 24 mai, Hitler a ordonné à la 1" PZD et au XLI' CA de stopper leur avance pour laisser à la seule luftwaffe le soin de détruire les armées encerclées.

lorsqu'il annule cet ordre, le 26 mai, il est trop tard : la tête de pont de DtnlkH'tlft est solidement tenue.

Alors que les IV' et V' corps français luttent dans lille, le Ill' CA et les restes du corps de cavalerie parviennent jusqu'à Dunkerque.

Du 28 mai à l'aube jusqu'au 3 juin, plus de 220 000 Anglais et 100 000 Français peuvent embarquer grace à l'action efficace et les sacrifices des deux marines et du Fighter Command qui réussit localement à récupérer la maîtrise de l'air.

Alors que s'effectue le rembarquemen� l'armée belge, littéralement accablée, capitule avec son roi (28 mai).

1------------..i...----------___, • Pour les Alliés, cette première phase des combats il l' ouest est un véritable LA I'AU1E AUX CHAIS AUEIIIANDS PlUS NOMIIEUI l • De nombreux auteurs se sont penchés sur la comparaison des forces en présence en mai 1940.

Il ressort que, globalement la France et l'Allemagne alignent des effectifs sensiblement égaux.

Mais le débat s'est surtout cristallisé sur la question des blindés plutOI que sur le nombre et la valeur des divisions.

• A lire les commentaires de l'époque, les chars français étaient de conception anàenne, les modèles plus récenls tenant lieu de spécimens eu égard il leur faible nombre.

Que la défaite ait finalement tenu ilia supériorité des panzers.

la thèse avait de quoi séduire le gouvernem ent de Vichy.

Mais comme le souligne le général Gamelin, le mythe est commode mais bien peu solide : •la thèse du gouvernement de Vichy, qui a si profondément intoxiqué l'opinion française, fut que les Allemands avaient, en mai 1940, une écrasante supériorité en chars de combat• Dès le 10 mai, des évaluations fantaisistes circulent faisant état de 7 000 il 7 500 chars allemands.

• Concernant le nombre exact de blindés allemands.

les éludes les plus fouillées aboutissent à des chiffres très proches de ceux fournis en 1944 par l'Inspection générale des panzers, soit environ 2 600 chars.

Pour la France, les rœmes auteurs s'accordent sur un chiffre compris entre 2 400 et 3 000 blindés.

Si l'on tient la supériorité numérique pour une aimable fiction, que nous enseigne la comparaison qualitative? Ou cOté allemand, on regarde les chars français avec circonspection, il l'Instar du général Walter Goerlitz pour qui ces derniers sont • plus nombreux, plus sérieusement construits et beaucoup plus fortement blindés que les chars allemands•.

• la répartition des engins blindés souligne l'ablme qui sépare les conceptions de leur emploi allemande et française : les 2 600 panzers disponibles sont en totalité affectés aux 10 PZO, alors que les 50 bataillons de chars français son� pour les deux tiers, disséminés dans les armées.

désastre : le matériel de 18 divisions franco-anglaises abandonné dans les Flandres, près de 1 million de prisonniers français, anglais, belges et néerlandais témoignent que jamais le commandement français n'a pu se remettre de la surprise provoquée par la concentration des forces allemandes au débouché des Ardennes.

LA MARCHE VERS LE SUD : 5 ·24J UIN • Dès le 29 mai, Hitler a décidé de retirer troupes blindées et motorisées des forces d'investissement de Dunkerque afin d'agir rapidement vers le sud et ainsi d'anéantir l'armée française.

En quelques jours, I'OKH réussit à effectuer un redéploiement complet de son dispositif.

• le commandement suprême des forces choisit de répartir de manière égale ses moyens entre GA B et GA A.

le GA C (von leeb) devant être déployé face à la ligne Maginot le GA B (von Bock) est chargé de faire porter son effort sur la Basse Seine et sur Paris.

Au GA A incombe l'exécution de l'opération principale, c'est-à-dire une offensive enveloppante vers sur les routes de l'exode offrent une cible de choix à la luftwaffe.

• Dès le 10 juin, alors que le gouvernement français quitte Paris pour Tours, Weygand est conscient que la partie est jouée.

Certes le groupe d'armées 11, qui tient la ligne Magino� forme encore un ensemble cohéren� mais les prélèvements successifs qu'il a subis au profit du champ de bataille l'ont fortement dégarni.

lA CDNQutn DU HIIJTOIIE • le 13 juin, alors que Weygand affirme au Conseil des ministres que la cessation des hostilités s'Impose, le groupement von Klei� qui a débordé Paris à l'� s'empare des ponts de Nogent et de Romilly-sur-Seine.

L'armée de Paris abandonne la position autour de la capitale qui est déclarée r-_'-l. ...._ ___ ...�...

__ --1 ville ouverte.

le 14 juin, les premiers soldats allemands sont il ,.ris.

OlfensiY. »

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