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La Bourgogne: Le duché qui menaça le royaume

Publié le 12/11/2018

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DES BURGONDES AUX BOURGUIGNONS

La Bourgogne, qui doit son nom à un peuple germanique, les Burgondes, est la province française qui aura constitué la plus grande menace pour le royaume en formation.

Le duché de Bourgogne est issu de la Lotharingie, l'un des trois anciens royaumes nés du partage de l'empire carolingien par le traité de Verdun en 843. Durant plus d’un siècle, de 1364 à 1477, Dijon a tenté de devenir la capitale du royaume.

LA BOURGOGNE PRÉHISTORIQUE

LES PREMIERS HOMMES

Le site le plus ancien est celui d'Arcy-sur-Cure, un ensemble de onze grottes creusées par la Cure, un affluent de la Loire, qui constitue la grotte ornée (mains en négatif, motifs animaliers, etc.) la plus septentrionale de France.

La présence de l'homme est aussi attestée grâce à la découverte d'outils en os datant de la dernière période glaciaire (entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère).

• Le site de Solutré, célèbre pour son rocher au pied duquel ont été retrouvés des milliers d'ossements de chevaux, a donné son nom à une période géologique (21 00018 000 ans av. J.-C.). À cette époque, l’Homo sapiens sapiens développe des activités lithiques complexes (bifaces en forme de feuilles de laurier, puis de saule).

Néolithique et Age du fer

Comme dans d’autres régions, au néolithique, les hommes édifient des tumulus dans lesquels ils enterrent leurs morts (Chalonnais et Dijonnais), dont il reste quelques mégalithes.

Vers 2300 av. J.-C., la maîtrise du fer, importée du sud, commence à se répandre. Les populations qui produisent ou utilisent la poterie campaniforme (en forme de cloche) acquièrent également la maîtrise du cuivre puis celle du bronze.

Siège d'Alésia par Jules César Installation des Burgondes Traité de Verdun : division de la Bourgogne Règne de Philippe le Hardi Règne de Philippe le Bon Règne de Charles le Téméraire Reconnaissance de l'appartenance du duché à la France Annexion du comté de Bourgogne à la France Départementalisation

LA GÉOGRAPHIE DE L'HISTOIRE

 

Située à la jonction entre plusieurs entités géographiques marquées comme le Bassin parisien au nord-ouest, la vallée de la Loire à l'ouest, le verrou lyonnais au sud et les massifs montagneux du Jura et des Vosges à l'est, la Bourgogne s'organise de part et d'autre de la Saône, avec Dijon comme capitale, qui a remplacé Autun, florissante jusqu'aux grandes invasions du ve siècle.

 

En remontant le cours de la Saône, la Bourgogne s'est étendue en direction du nord au Moyen Âge, pour connaître son âge d'or. Puis, définitivement maîtrisée, elle s'est fondue dans l'ensemble français à partir du xvie siècle pour contribuer à son rayonnement grâce à son savoir-faire agricole (élevage bovin et viticulture) puis industriel (mines et activités sidérurgiques au Creusot) aux xixe et xxe siècles.

« LA IOUIGOGNE MBtÉVALE BouRGUIGNONS ET CAPÉTIENS • À la fin du IX' siècle, le royaume est provisoirement rétabli (878) sous la houlette de Boson, qui reçoit aussi la Provence.

À sa mort, son frère puîné lui succède sur la partie nord du royaume.

• Richard, qui réussit à vaincre les Normands, acquiert par mariage le Nivernais et l'Auxerrois.

Il s'attribue d'autorité le titre de duc des Bourguignons.

Il règne en maître sur ses terres qu'il organise à la manière d'un souverain jusqu'à sa mort en 921.

Le duc de Bourgogne est alors le plus puissant vassal du roi de France.

Aussi les grands élisent-ils le duc Raoul roi de France en 923.

• Deux grandes familles dominent alors la Francie occidentale : les Bosonides et les Robertiens d'Hugues le Grand qui convoite la Bourgogne (il est déjà duc de France et d'Aquitaine).

En 936, les raids hongrois ravagent le duché, qui périclite au début du Xl' siècle à la suite d'une crise dynastique : le fils d'Hugues Capet, Robert le Pieux, neveu du duc de Bourgogne Henri mort en 1002, revendique le territoire au prétexte que le duc est mort sans enfant de son lit -il a adopté le fils de sa dernière femme.

Pour des raisons d'alliances familiales, la lutte s'étend bientôt à l'Église: l'évêque de Langres.

lié aux grandes familles régnantes, intervient contre Robert et résiste jusqu'à sa mort en 1016.

À cette date.

la Bourgogne passe dans le domaine royal, le duc se faisant le fidèle vassal du roi.

UN FOYER MONASTIQUE • La Bourgogne devient, à partir du x'siècle, un des principaux foyers monastiques d'Europe.

• Trois grandes abbayes voient le jour.

Bâtie en 910, celle de Cluny devient rapidement le centre d'un large réseau de monastères qui observent la règle de saint Benoît -d'où leur nom de Bénédictins.

Oteaux est créé en 1098, en pleine mobilisation des chrétiens d'Occident pour la libération des Lieux saints.

Achevée en 1118, Fontenay, une abbaye sœur de la précédente, témoigne de l'essor du mouvement lancé par le futur saint Bernard.

Jeune noble de la région de Dijon, Bernard de Fontaine passera à la postérité sous le nom de Bernard de Clairvaux, du nom d'une autre abbaye qu'il fonde en 1115.

· Aux Xli' et Xlii' siècles, le duché de Bourgogne connaît une embellie tant au niveau économique que politique (apparition du statut communal dans les grandes villes, Dijon en 1187) et culturel (apparition du style gothique sur les chantiers des cathédrales de Sens et d'Autun ; création de la chanson de Girart de Roussillon et du conte de la Châtelaine de Vergy).

Ce mouvement est brusquement interrompu en 1348 par l'épidémie de peste noire.

LE DUCHÉ DE BOURGOGNE s' AUTONOMISE • La peste et les débuts dramatiques de la guerre de Cent Ans affaiblissent le pouvoir royal.

Trente ans plus tôt, la Bourgogne a été réunie, en 1318, sous l'autorité du duc Eudes IV qui a épousé Jeanne, l'héritière du comté.

Malgré l'appui du roi apporté aux nobles du comté, qui se révoltent contre le duc, les deux Bourgognes restent réunies, mais sous l'autorité de Jean Ille Bon qui exerce la régence à partir de 1349.

• Durant ces heures noires pour la France émerge la personnalité de Philippe le Hardi, plus jeune fils du roi Jean le Bon.

Après plusieurs années de captivité en Angleterre à l'issue de la défaite de Poitiers en 1356, le prince devient duc de Bourgogne en 1364.

Il inaugure le siècle d'or bourguignon.

L'ÂGE D'OR DE LA BOURGOGNE PHILIPPE LE HARDI • Après la mort sans héritier du duc Philippe de Rouvres, en 1361, le plus jeune fils de Jean Il, prénommé Philippe, est nommé en 1364 duc de Bourgogne par les grands du duché.

Ce choix se fait au détriment de Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui présentait pourtant l'avantage d'être l'arrière-petit-fils de Robert Il.

Les Bourguignons préfèrent un Capétien Valois à un allié du roi d'Angleterre.

Par le traité de Oteaux (1362), la Bourgogne s'unit au royaume.

• Philippe est un jeune homme � qui tient son ...ru .• t.

son surnom -«le Hnrdi"- de son attitude courageuse lors de la bataille de Poitiers.

Fidèle •n-...w•�;::'J.I aux rois de France successifs, il défend les intérêts de son duché avec sagesse et ténacité.

Par son mariage avec Marguerite de Merle en 1369, Philippe hérite des terres de Flandre, son beau-père étant mort en 1384 sans autre postérité.

En réunissant les duchés de Flandre et de Bourgogne, Philippe devient le plus puissant vassal du roi de France.

Devenu chef des armées royales, il négocie en 1396 avec les Anglais une trêve qui durera vingt-huit ans.

• Son fils Jean de Nevers, né en 1371, des Orléans-Armagnacs.

lui succède.

Ses faits d'armes lors de la croisade de 1396 lui valent le surnom de « leon sonsPrur"­ Ambitieux, il aspire à la couronne de France et entre en rivalité avec la famille • Sa décision de faire assassiner Louis d'Orléans.

en 1407, plonge la France dans une guerre civile dont les Anglais tirent parti, reprenant ce que Charles V leur avait enlevé.

Après avoir fait alliance avec Henri V d'Angleterre.

Jean sans Peur est assassiné en 1419 avec l'accord tacite du dauphin de Bourges.

Charles VIl.

• Avec son successeur, Philippe le Bon (1396-1467), la Bourgogne atteint l'apogée de son dévelop­ pement Allié de l'Angleterre, le duc ne se réconcilie avec le roi Charles Vil qu'en 1435, en signant la paix d'Arras.

Assisté de brillants légistes comme le chancelier Nicolas Roi in, il fait élaborer un « code civil » (1459).

Le duché connaît un essor commercial : Beaune devient une capitale viticole.

Philippe le Bon fonde également un ordre de chevalerie : l'ordre de la Toison d'or (1429).

• Le fils de Philippe le Bon, Charles du Charolais, bientôt connu sous le nom de Charles «le Timérnire "• est d'un naturel volontaire.

En 1465, quelque temps avant la mort de son père, il obtient le gouvernement de tout le pays.

Il soutient la révolte des Grands contre Louis Xl, connue sous le nom de «guerre du Bien public », et acquiert la Picardie.

Ses démêlés avec le roi de France ne l'empêche pas de conquérir la Lorraine en 1476 aux dépens du jeune duc René de Lorraine.

Un an plus tard, Charles meurt au cours d'un engagement lors du siège de Nancy.

• Charles le Téméraire laisse une fille, Marguerite, qui refuse de céder aux ambitions françaises et décide de se marier, selon les intentions de son père, avec le fils de l'empereur, Maximilien de Habsbourg.

La disparition accidentelle de Marguerite en 1482 fait passer la totalité de ses terres à son mari.

Toute la frontière nord de la France passe alors aux mains des Habsbourg.

LA BOURGOGNE FRANÇAISE • Ce qui est vrai pour le comté ne l'est pas pour le duché dont la capitale, Dijon, est récupérée par Louis Xl dès la mort de Charles le Téméraire.

La division de la Bourgogne est reconnue par le traité de Senlis (1493) qui attribue la Comté à l'Empire.

En contrepartie, les Habsbourg reconnaissent que le duché appartient à la couronne de France.

Durant tous les conflits du XVI' siècle, la Bourgogne se montre fidèle aux rois de France.

·Au cours de cette période, la Bourgogne est peu touchée par la Réforme, même si un des grands réformateurs français, Théodore de Bèze, en est originaire.

La Saint-Barthélemy ne donne lieu à aucune exaction.

Longtemps ligueuse.

la Bourgogne se rallie à Henri IV en 1595.

• En 1601, 1e traité de Lyon rattache au duché la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex.

LA BOURGOGNE CONTRE LE POUVOIR ÉTATIQUE • En 1630, la population de Dijon se révolte contre un édit royal adopté en 1629, qui abolit les États de Bourgogne.

Elle dénonce le pouvoir royal et s'en prend aux hauts fonctionnaires.

Cette révolte dite « du Lanturlu » est réprimée par l'armée et la décision maintenue.

• La province ne pâtit pas trop de la décision de son gouverneur.

le prince de Condé, d'animer la fronde des princes contre le pouvoir.

• Sous Louis XIV, en 1678, la Comté plusieurs fois passée entre les mains espagnoles et françaises depuis 1668 devient la Franche-Comté.

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE sous L'ANCIEN RÉGIME • A la fin du XVI' siècle, Nevers développe la faïencerie grâce aux Italiens.

• D' importants aménagements facilitent l'essor de la province :le cnnnl de Briare reliant la Loire à la Seine (1604- 1642), puis les canaux de Bourgogne et du Charolais (XVIII' siècle).

·À la fin du XVII' siècle commence l'élevage d'embouche dans le Charolais.

• En 1785, le Lorrain François de Wendel finance la construction d'une fonderie au Creusot sur le modèle anglais -le charbon y est extrait depuis 1507.

LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL • En 1723, Louis XV crée l'université de Bourgogne.

La région participe au mouvement des Lumières.

En 1740, le Parlement de Dijon officialise la formation d'une Académie qui, en 1750, couronne Jean-Jacques Rousseau.

LA BOURGOGNE EN RÉVOLUTION • La Bourgogne envoie aux états généraux, parmi les représentants du clergé, l'évêque d'Autun, Talleyrand.

• En juillet 1789, Autun puis Dijon sont le théâtre d'émeutes.

À partir du 24, lors de la Grande Peur, les campagnes se révoltent : des châteaux sont pillés.

• En 1790, la départementalisation suscite d'autres mécontentements : Clamecy jalouse Nevers, Chalon et Mâcon doivent composer pour se fondre dans la Saône-et-Loire.

Quelques pays non bourguignons sont intégrés à l'Yonne, comme la Côte-d'Or qui échange des villages avec l'Aube et la Haute-Marne.

LA BOURGOGNE AU XIX' SIÈCLE • L'essor économique de la Bourgogne au XIX' siècle repose sur ses exportations.

notamment viticoles.

L'inauguration du canal de Bourgogne en 1833 assure la croissance des échanges avec Paris.

• Les établissements du Creusot, foyer régional de la révolution industrielle, sont rachetés en 1836 par Eugène Schneider, qui fait construire en 1841 le premier morteau-pilon au monde, œuvre de l'ingénieur François Bourdon.

• Une classe ouvrière nombreuse formée de paysans sans terre se développe.

• Dès la fin du Second Empire, les usines Schneider rivalisent avec leurs rivales britanniques.

En 1898, les usines sont électrifiées.

Au xx• siècle, elles appliquent des technologies de pointe (acier chromé et acier inoxydable).

• Le poids du prolétariat rural et urbain dans les départements de la Nièvre et de la Saône-et-Loire soutient l'essor des idées socialistes et républicaines.

• Le développement de la région est touché de plein fouet par la crise économique de 1870, puis par la guerre de 187ü-1871.

À Dijon, Garibaldi, qui combat aux côtés de la France, résiste aux Prussiens.

La Bourgogne sera toutefois occupée jusqu'en octobre 1871.

Une nouvelle crise survient en 1878 avec l'attaque du vignoble par le phylloxéra, après l'oïdium en 1850.

LA BOURGOGNE AU XX' SIÈCLE • Bien qu'elle n'ait pas connu de combats, la Bourgogne paye un lourd tribut en hommes à la Grande Guerre : • Après la guerre, la Bourgogne renforce son image de gronde région viticole et de défense d'une certaine tradition agricole de qualité.

Les bœufs du Charolais sont labellisés en 1920, les confréries vineuses dans les années 1920.

la moutarde Amora en 1934.

LA SECO NDE CiUERRE MONDIAU • En 1940, Ies conditions d'armistice conduisent à l'occupation de la région.

Seule la partie méridionale de la Saône-et-Loire demeure en zone libre.

• À partir de 1943, des maquis se mettent en place dans les forêts de la région.

• En 1944, la guerre entre résistants et collaborateurs se déchaîne : trente­ quatre villages de Bourgogne sont le théâtre d'atrocités nazies et vichystes.

• Dijon est libérée le 11 septembre 1944.

• Le 12, 1a 2' DB de Leclerc et la 1" DB de De Lattre font leur jonction près de Châtillon-sur-Seine.

LA BOURGOGNE CONTEMPORAINE • La figure politique de la Bourgogne du xx• siècle reste le chanoine Félix Kir (1876-1967), qui rallie une partie de la gauche et de la droite dijonnaise.

• Les personnalités politiques de la région dans les dernières décennies sont l'ancien président François Mitterrand, installé dans la Nièvre depuis 1946, élu de Château-Chinon et pèlerin de la roche de Solutré jusqu'à sa mort en 1996, et Jean-Pierre Soissons.

premier président de la région élu en 1986.

· Traditionnellement de droite depuis 1945, la Bourgogne consensuelle est tiraillée par la présence d'un fort courant d'extrême droite, qui facilite le passage graduel à gauche de sa capitale, Dijon, en 2001, puis de l'exécutif régional en 2004.. »

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