L Égypte moderne : De Méhémet-Ali à Hosni Moubarak
Publié le 21/11/2018
Extrait du document
UN ROYAUME SOUS TUTELLE BRITANNIQUE
Le mouvement de renaissance
• L'autorité de l'État échappe au vice-roi et échoit au consul général de Grande-Bretagne, lord Cromer. Ce dernier s'affirme comme le véritable maître du pays, en dépit de la résistance que tente de lui opposer le khédive Abbas Hilmi II (1892-1914), petit-fils de Méhémet-
Ali et neveu d'ibrahim Pacha.
• Les Britanniques parviennent ainsi à réduire l'influence française et à s'assurer le contrôle du canal de Suez.
• L'occupation britannique fait naître un mouvement de réforme religieuse et de renaissance culturelle (nohda) de nature nationaliste qui nourrira le mouvement national pour l'indépendance.
• L'une des figures de proue de cette renaissance égyptienne est Muhammad Abduh, le mufti de la mosquée al-Azhar, qui préconise une ouverture du monde musulman à la science moderne, à la fois pour contrecarrer la domination européenne et relever le défi de la modernité.
• Une autre figure charismatique de ce mouvement est Mustapha Kamil, avocat formé en France, qui fonde en 1899 le Parti national égyptien.
INDÉPENDANCE ET PANARABISME
C'est à l'ambitieux Méhémet-Ali, qui règne sur l'Égypte dans la première moitié du xixe siècle, que l'on attribue la création de l'Égypte moderne. Tout en se taillant un empire, il réforme le pays et fonde une dynastie héréditaire qui règne jusqu'à la révolution de 1952. En 1954 s'ouvre pour la jeune république d'Égypte l'ère nassérienne du panarabisme, prélude à un rapprochement avec l'URSS auquel le successeur de Nasser, Sadate, met fin en 1976. L'assassinat de ce dernier en 1981, après la signature de la paix avec Israël, porte au pouvoir l'actuel président, Hosni Moubarak.
DE BONAPARTE À MÉHÉMET-ALI
L'occupation française
• En juillet 1798, Bonaparte débarque à Alexandrie avec 38 000 hommes et de nombreux savants.
• Il vise la maîtrise de la route des Indes et la conquête d'un empire oriental. Trente-huit mois plus tard, les Français sont évincés par une coalition anglo-ottomane.
• Les Britanniques partis, mamelouks et Ottomans se disputent le pays.
La conquête du pouvoir par MéhEmet-Ali
• Le pouvoir échoit finalement à Méhémet-Ali (1769-1849), un général ottoman d'origine albanaise.
• En 1805, soutenu par les ulémas, les docteurs de la foi, Méhémet-Ali est confirmé dans ses fonctions de vice-roi et nommé pacha d'Égypte par le sultan ottoman.
• Il asseoit définitivement son autorité en 1811 après avoir fait massacrer les membres de la milice des mamelouks jugés gênants.
• Durant les trente-sept ans qui suivent cet événement, ce monarque tout puissant ne rencontre aucune opposition à son pouvoir absolu.
• Les mains libres, il entreprend son grand œuvre : moderniser l'Égypte.
LE PÈRE DE L'ÉGYPTE MODERNE
BATIR UN EMPIRE
• Après avoir modernisé l'armée égyptienne avec l'aide de conseillers militaires français, Méhémet-Ali s’engage dans une série de conquêtes qui contribuent à bâtir sa légende.
• Une première campagne militaire est engagée dès 1811, à la demande du sultan Mahmoud II, contre les wahhabites d'Arabie, une secte musulmane intégriste qui menace l'autorité de la Sublime Porte.
• En 1812, les troupes de Méhémet-Ali occupent La Mecque et Médine, villes saintes de l'islam.
• En 1816, elles pénètrent au Nedj, berceau des Wahhabites ; deux ans plus tard, la province du Hedjaz est aux mains des Égyptiens.
• Méhémet-Ali entreprend ensuite une expédition au Soudan, cette fois pour son compte, afin de se rendre maître des richesses minérales et du trafic d'esclaves qui alimentent le très profitable commerce caravanier avec l’intérieur du continent africain. De son côté, la Grande-Bretagne s'inquiète de voir l'Égypte contrôler la route des Indes.
• Aussi, lorsque Méhémet-Ali envoie, à la demande du sultan, une armée dirigée par son fils Ibrahim Pacha en vue de réprimer le soulèvement patriotique national grec, celle-ci
se heurte à une coalition européenne venue secourir la Grèce : en 1827, la flotte turco-égyptienne est coulée à Navarin.
«
•
Elle interdit les activités nationalistes,
dépose le khédive Abbas Hilmi Il et
déclare l'Égypte sous« protectorat»,
officialisant ainsi la mainmise dont elle
dispose sur le pays.
• Les paysans égyptiens payent un
lourd tribu à la guerre : ils sont enrôlés
de force pour creuser des tranchées et
leur bétail, unique source de subsistance,
est réquisitionné par l'armée.
• À la fin du conflit, le mécontentement
suscité par la présence britannique,
plus fort que jamais, débouche
sur la recomposition du mouvement
nationaliste qui reprend ses activités.
• Dès 1919, l'avocat Zarhlul Pacha
conduit une délégation (wafd) auprès
du haut-commissaire britannique afin
de réclamer l'indépendance de son
pays.
Il est arrêté et exilé.
• En 1922, toutefois, sous la pression
conjointe des nationalistes et de
la population, la Grande-Bretagne
reconnaît la souveraineté de l'Égypte.
• Ahmad Fouad, fils d'lsma·11 Pacha,
qui a succédé
à son frère
Hussein Kamil
à la tête du pays
en 1917, devient
le premier roi
d'Égypte en
mars 1923
sous le nom
de Fouad 1�.
• Une Constitution inspirée de celle
en vigueur en Belgique est adoptée
la même année.
• Toutefois, la souveraineté proclamée
de l'Égypte demeure toute relative :
les Britanniques se réservent le contrôle
de la Défense et des Affaires étrangères
et conservent le droit d'entretenir
des troupes sur le territoire égyptien
et d'intervenir militairement si
leurs intérêts se trouvent menacés.
LE ROYAUME D'ÉGYPTE
• La monarchie constitutionnelle
du roi Fouad n'est guère populaire.
• Le Wafd, parti politique de masse,
victorieux aux élections législatives
de janvier 1924, qui domine la vie
politique, rivalise à ce titre avec le roi
pour le contrôle du pouvoir effectif.
• Cette rivalité est habilement exploitée
par la Grande-Bretagne qui, soutenant
tour à tour le Wafd et le monarque,
conserve les rênes du pays.
• En août 1936, après un nouveau
triomphe du Wafd aux élections,
la Grande-Bretagne et l'Égypte signent
le traité de Londres.
Celui-ci confirme
la déclaration d'indépendance de 1922
et fixe les derniers points litigieux
relatifs aux conditions de la présence
militaire britannique et à la défense
du canal de Suez.
• Les troupes britanniques se retirent
de la presque-totalité du territoire
égyptien, mais demeurent stationnées
dans la zone du canal.
• Les accords de Montreux, en 1937,
abolissent les privilèges dont jouissaient
les étrangers en Égypte.
• La même
année, alors
que Farouk
succède à
Fouad sur le
trône, l'Égypte
est admise
au sein
de la Société
des Nations.
•
Après le déclenchement de la
Seconde Guerre mondiale, l'Égypte
ne s'engage pas aux côtés des Alliés,
mais leur sert de base militaire.
• Pour éviter tout rapprochement
du pays avec les forces de l'Axe,
les Britanniques, en 1942, imposent
Nahhas Pacha, chef du Wafd,
comme Premier ministre.
Celui-ci est toutefois limogé dès 1944,
tandis que le Wafd est affaibli
par des conflits internes.
• La défaite militaire infligée
en 1949 aux troupes arabes par
le tout nouvel État juif d'Israël révèle
la faiblesse du régime et discrédite
le pouvoir en place.
Elle profite
aux Frères musulmans, un nouveau
parti politique islamiste
et anti-impérialiste.
• Les difficultés économiques
contribuent à exacerber le
mécontentement populaire, qui ne
cesse de croître.
Des troubles éclatent.
• En 1950, le roi Farouk, dépassé,
rappelle Nahhas Pacha pour
rétablir la situation.
• Après un « Samedi noir»,
fin janvier 1952, Le Caire s'enflamme
à nouveau en juin à la suite d'incidents
avec les troupes britanniques.
• Ni le Palais ni le vieux parti Wafd
ne peuvent venir à bout de ces troubles
alimentés par les Frères musulmans.
• Convaincus que l'Égypte
est désormais ingouvernable,
les Britanniques acceptent comme
un fait accompli le coup d'État commis
le 23 juillet
1952 par
l'organisation
clandestine
des « officiers
�-rlf.:r"ll libres »
dirigée par
le général
Mohammad
Néguib.
• Trois jours plus tard, le roi Farouk,
déposé, quitte le sol égyptien.
LA PRISE DU POUVOIR
• La république est proclamée
le 18 juin 1953.
Néguib en assure
la présidence.
• En février 1954, Néguib est démis
de ses fonctions et remplacé
par le lieutenant-colonel Gama/
Abdel Nasser.
·À l'issue des élections de 1956,
Nasser est confirmé au poste de
président.
Il est soutenu par la petite
bourgeoisie civile et militaire.
•
La grande majorité des Égyptiens
se rallie aux idéaux de Nasser :
égalité, authenticité culturelle,
modernisation sur le plan intérieur ;
nationalisme, tiers-mondisme
et arabisme sur le plan extérieur.
• Sa politique est par ailleurs
suffisamment pro-occidentale
pour entraîner rapidement la fin
de l'occupation britannique :
les dernières troupes étrangères
quittent le territoire en octobre 1954,
deux ans plus tôt que prévu.
LE NON·AL IGNEMENT
• En avril 1955, à la conférence de
Bandung, Nasser, qui vient de refuser
d'adhérer au pacte proaméricain
de Bagdad, joue un rôle essentiel dans
la naissance du mouvement des pays
non alignés, aux côtés du Yougoslave
Tito et de l'Indonésien Sukarno.
• Les Occidentaux refusant
de vendre à l'Égypte des armes
principalement destinées à poursuivre
le combat contre Israël, Le Caire rompt
avec le non-alignement et se tourne
vers le bloc soviétique.
• Les Américains refusent de financer
la construction du barrage d'Assouan,
projet cher à Nasser.
Ce dernier
réagit en décrétant, en juillet 1956,
la nationalisation de la Compagnie
du canal de Suez dont la concession
ne venait à échéance qu'en 1968.
• En représailles, Israël attaque
l'Égypte le 29 octobre 1956, rejoint
par la France et la Grande-Bretagne,
principaux actionnaires de la
Compagnie du canal de Suez,
qui envoient des troupes
pour occuper la zone.
• Malgré la guerre froide,
les États-Unis et l'URSS tombent
d'accord pour exiger, par le biais
de l'ONU, un cessez-le-feu
qui est signé le 7 novembre.
• Israël, la France et la Grande-Bretagne
achèvent leur retrait militaire
le 22 décembre.
• La crise de Suez confère à Nasser
un prestige immense au sein du monde
arabe qu'il entend fédérer derrière
l'Égypte, se faisant le champion
du panarabisme.
LE CHAMPION DE LA LIGUE ARABE
• Le 1 • février 1958, l'Égypte
et la Syrie forment la République
arabe unie (RAU) à laquelle le Yémen
adhère le 8 mars.
Cette union
éclate en 1961.
• Le projet de fédération entre
l'Égypte, la Syrie et l'Irak, en 1963,
connaît le même échec.
• Cependant, l'Égypte prend,
au sein de la Ligue arabe, la direction
du combat contre Israël, autre moyen
pour Nasser de faire avancer
l'unité arabe.
• Il encourage ainsi fortement
la création de l'Organisation
de libération de la Palestine (OLP).
de
la décision de Nasser de fermer
le détroit de Tiran qui donne accès
au golfe d'Aqaba.
• En six jours, l'Égypte, dont l'aviation
a été détruite au sol, est battue
et Israël occupe la péninsule du Sinaï.
• Cette défaite entame le prestige de
Nasser qui meurt en septembre 1970.
• Anouar al-Sadate, compagnon
d'armes effacé du raïs, lui succède.
LA PRÉSIDENCE DE SADATE
UN REVIREMENT POLITIQUE
• Dès les premières années de sa
présidence, Sadate
modifie profondément
la conduite
de l'État
mise en place
par Nasser.
Il réoriente
totalement
les politiques intérieure et extérieure
de l'Égypte, libéralisant l'économie,
rompant avec le clan socialiste et
se tournant résolument vers l'Occident.
• Le second président égyptien libère
en outre les prisonniers politiques
condamnés sous son prédécesseur
et assouplit quelque peu la censure
qui muselait la presse.
SADATE ET ISRA(L
• Dans un premier temps, sa politique
à l'égard d'Israël semble s'inscrire
dans la continuité de celle de Nasser.
• Ainsi, Sadate surprend le monde
entier lorsqu'il engage une offensive
contre l'État hébreu en octobre 1973,
au moment de la fête du Kippour.
• Son demi-succès permet à Sadate
d'ouvrir des pourparlers de paix
avec Israël.
• En novembre 1977, il est le premier
chef d'État arabe à se rendre en Israël.
• Après de longues négociations
qui se déroulent à Camp David dans
le Maryland, sous l'égide du président
américain Jimmy Carter, Le Caire et Tel
Aviv s'entendent sur le protocole d'un
règlement du conflit israélo-égyptien.
• Le traité de paix qui en découle
est signé à Washington le 26 mars 1979.
• Ces accords apportent aux Égyptiens
la restitution du Sinaï -qui sera effective
en 1982 -et le retrait des troupes
israéliennes de la zone de Suez,
sans compter la promesse d'une aide
économique américaine substantielle.
•
La signature de la paix est fatale
au président Sadate qui est assassiné
par des extrémistes appartenant
au mouvement des Frères musulmans
le 6 octobre 1981, au cours
d'une parade militaire.
L'ÉGYPTE DE MOUBARAK
·Le vice
président
Hosni
Moubarak
succède
à Sadate.
• Dépourvu
du charisme
et du panache
de ses
prédécesseurs, il présente néanmoins
le mérite de mener une politique
équilibrée tant en Égypte qu'à l'étranger.
• Sans remettre en question ses relations
avec Israël et les États-Unis, Moubarak
parvient à renouer des liens avec
les autres pays arabes qui, à la suite
de la signature de la paix israélo
égyptienne, avaient évincé Le Caire
de la Ligue arabe, transférant le siège
de l'organisation à Tunis.
• L'Égypte normalise ainsi peu à peu
ses relations avec le monde arabe,
notamment en condamnant l'occupation
israélienne de la Cisjordanie, en recevant
Yasser Arafat en 1984, ou encore
en apportant son soutien à l'Irak
en 1987 dans sa guerre contre l'Iran.
• L'Égypte réintègre la Ligue arabe
en mai 1989 et renoue des relations
diplomatiques avec la plupart des pays
arabes.
L'année suivante, Le Caire
redevient le siège de la Ligue arabe.
• En 1991, la participation de l'Égypte
à la coalition anti-irakienne lors de
la guerre du Golfe confirme les bonnes
relations de celle-ci avec les États-Unis,
tandis que son rôle diplomatique
dans le conflit israélo-arabe est
reconnu à l'occasion de la conférence
internationale de Madrid sur le sujet.
• Dès lors, le pays est régulièrement
l'hôte ou l'initiateur de nombreux
sommets de dimension régionale
et internationale.
LA POLITIQUE INTÉRIEURE
• L'Egypte continue de jouir d'un régime
politique stable.
Élu par référendum
sur proposition de l'Assemblée,
le chef de l'État dispose d'une majorité
parlementaire écrasante.
L'opposition
légale demeure très minoritaire et seuls
quelques indépendants représentent
l'organisation des Frères musulmans,
toujours active mais très contrôlée.
• Moubarak contient durant près de
dix ans la menace islamiste qui refait
son apparition dans les années 1990,
dans le sillage de la crise économique.
• Le système politique égyptien ne
se prêtant guère à la représentation
d'une opposition, les intégristes
islamistes recourent aux attentats.
• Le président et plusieurs ministres
échappent à des tentatives d'assassinats.
• En novembre 1997, un commando
de la Jamaa islamiya prend pour cible
des touristes qui visitent le site de Louxor,
tuant cinquante-sept d'entre eux
et provoquant une crise de l'industrie
touristique, vitale pour l'économie.
• La riposte ferme des autorités
permettra de neutraliser
le terrorisme islamique..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'Egypte moderne ; De Méhémet-Ali à Hosni Moubarak (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE & CIVILISATION)
- Mehmed 'Al? o u Méhémet Ali, e n arabe Muhammad 'Al?, 1 769-1849, né à Cavalla (Macédoine), pacha d'Égypte.
- Méhémet Ali par Dominique Chevallier Maître de recherches au CNRS.
- Moubarak, Hosni - biographie.
- Les missions scolaires de Méhémet Ali