Jeanne d'Arc à Chinon : une rencontre décisive avec le dauphin Charles
Publié le 05/09/2013
Extrait du document
Jeanne a eu raison de tenir tê-te à Baudricourt. Son escorte est réduite mais loyale et dé-vouée. Elle est composée de Jean de Metz et de Bertrand de Poulangy, de leurs servi¬teurs respectifs Jean de Hon¬necourt et Julien. Mais égale¬ment de Colet de Vienne, qui doit s'en retourner à Chinon et va leur servir de guide pour traverser des terres infestées d'Anglais. En compagnie de ces hommes, qui, jureront-ils, n'ont à aucun moment « éprou¬vé pour elle de désir charnel «, Jeanne se met en route. Vêtue d'habits d'hommes, elle che-vauche comme si elle avait fait cela toute sa vie. Pendant les onze jours que dure leur voya-ge, rien n'entrave leur marche, qu'ils effectuent la nuit. A deux reprises même, Jeanne brave le danger pour assister à la messe ! Lorsqu'ils arrivent enfin à Chinon, par la porte de Verdun, on semble les at-tendre.
«
d'entrer dans la ville.
Nous
sommes le vendredi 6 mars
1429
et midi vient de sonner.
La petite troupe, fourbue et
éreintée, s'installe dans une
auberge.
Malgré la fatigue,
Jeanne est impatiente de ren
contrer Charles.
Mais n'est pas
reçu
par le roi qui veut !
Dès le lendemain, on les in
terroge.
Jeanne déclare qu'el
le est venue annoncer au roi
les
deux missions dont elle va
s'acquitter, à savoir lever le
siège d 'Orléans, prise par les
Anglais, et conduire le dau
phin jusqu ' à Reims afin qu'il y
soit couronné roi de France.
Rien
que cela !
Une ruse déjouée
et un secret partagé
Intrigué, le dimanche suivant,
Charles de Ponthieu accorde
audience à Jeanne .
Elle ne le
connaît point.
Ne l'a jamais vu.
Saura-t-elle,
elle qui se dit en
voyée de Dieu, le reconnaître ?
Pour en avoir le cœur net,
Charles attend Jeanne mêlé à
un
groupe de seigneurs, riche
ment vêtus, dans la grande sal
le du château.
li est environ 19
heures, le soleil se couche.
Quelque trois cents chevaliers
escortent Jeanne jusqu'au dau
phin et une cinquantaine de
torches les éclairent.
Le comte
de Vendôme conduit la jeune
fille jusqu'au futur roi.
Un hom
me prend alors la parole.
C'est
le comte de Clermont.
li a pour
mission de se faire passer pour
Charles .
Déjouant sans hésita
tion la ruse, Jeanne s' agenouille
devant un homme, plus pauvre
ment vêtu que les autres, et
dit :« Voilà le roi ! En nom Dieu,
gentil prince, c'est vous et non
un autre .
» Selon le récit de son
confesseur, frère Pasquerel ,
elle
poursuit : « Je te dis de la part
du Messire, tu es vrai héritier
de France et fils de roi, et li m'a
envoyé à toi pour te conduire à
Reims,
pour que tu re çoives ton
couronnement et ta consécra
tion , si tu le veux.
» Charles est
interloqué .
Et si elle disait
vrai ? S'il avait enfin une chance
de coiffer la couronne dont il
est privé depuis sept ans , de
puis la mort de son dernier frè
re aîné? li sent renaître l'espoir.
Prenant Jeanne par le bras, il
l'attire un peu à l'écart, dans
l '
encoignure d 'une fenêtre.
Pendant près d'une heure , tous
deux parlent à voix basse.
Nul
ne sait ce
qu'ils se dirent.
Après
leur entretien, Charles a les
yeux
embués de larmes.
Jean-
LA FRANCE EN 1429
Une grande partie du royaume de France est alors
sous domination
anglo-bourguignonne.
Le nord de la Loire, de Nantes à Orléans, Auxerre,
Nevers et Mâcon, ainsi que
l'enclave constituée par
Bordeaux et l'Aquitaine,
sont sous le contrôle d'Henry VI d'Angleterre,
roi de France par le traité
de Troyes de 1420.
Dauphin
sans couronne, le futur
Charles VII règne sur un royaume réduit à une peau
de chagrin .
Après un long exil à Bourges , il s 'est installé à
Chinon, en Anjou.
Il exerce
son autorité sur les comtés
du Poitou, d 'Angoulême,
d'Armagnac , de Toulouse , de Valentinois et de Gévaudan
ainsi que sur les duchés de
Touraine, de Berry, de
Bourbonnais et d'Auvergne.
ne , précise-t-il a l'assistance , lui
a confié « un certain secret que
personne ne savait et ne pou
vait savoir, si ce n'est Dieu .
»
Un secret qui concerne vrai
semblablement la légitimité de
sa filiation avec son père
Charles VI que sa mère, Isabeau
de Bavière, a longtemps été
suspecte d'avoir trompé .
Après un
« procès » de trois se
maines à Poitiers, au cours du
quel prélats et théologiens in
terrogent inlassablement Jean
ne afin d'être sûrs qu'elle n'est
pas
une envoyée du Diable,
Charles lui accorde enfin sa
confiance .
A la tête d'une trou
pe et d'un convoi de ravitaille
ment, la Pucelle part pour
Orléans.
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