Italie de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 16/01/2019
Extrait du document

La crise du système politique italien Déjà fortement ébranlé, le modèle politique et économique italien né après la Seconde Guerre mondiale connaît une crise sans précédent, due à deux facteurs extérieurs : la fin de la guerre froide et l’accélération de la construction européenne. La chute du communisme en Europe de l’Est conduit en effet le Parti communiste italien (PCI) à hâter sa transformation en un parti social-démocrate. Après avoir renoncé à l’idéologie communiste, le PCI devient, en février 1991, le Parti démocratique de la gauche (PDS), entraînant le départ des communistes orthodoxes. Cette évolution prive la coalition au pouvoir, et surtout la Démocratie chrétienne et le Parti socialiste, alliés depuis 1963, de leur principale raison d’être : celle de représenter la seule alternative au communisme. Le système ne laisse plus alors apparaître que ses failles : absence d'alternance, clientélisme et, surtout, omniprésence des partis dans toutes les institutions du pays, en particulier dans le secteur économique (lottizzazione). En second
lieu, mettant au jour l'impuissance du gouvernement Andreotti à mener les réformes nécessaires pour que l’Italie puisse être acceptée au sein de l’Union économique et monétaire, le traité de Maastricht aggrave la crise du régime. Pour pouvoir s’intégrer dans la nouvelle Europe, l’Italie doit notamment résorber son énorme déficit public, qui apparaît désormais comme un handicap économique. C’est dans ce contexte que le système politique italien s’écroule sous les coups de l’opération « Mains propres ».
L’opération « Mains propres »
Initiée par les magistrats de Milan le 17 février 1992, l'opération « Mani pulite » s'étend peu à peu à toute l’Italie et met en lumière les rouages du système très structuré d’entente financière entre le monde des affaires et le monde politique. En quelques mois, 10 % des parlementaires, plusieurs ministres, ainsi que des grands chefs d'entreprise (Gardini, Cagliari), sont inculpés. Ce dévoilement de la corruption favorise l'essor de forces politiques en rupture avec les partis traditionnels. Outre le
mouvement référendaire de Mario Segni, un ancien membre de la Démocratie chrétienne (DC), la Ligue lombarde d’Umberto Bossi fait son entrée sur la scène politique. Réclamant la création d'un État fédéral afin de mettre un terme au gaspillage des ressources du pays, en particulier des régions les plus dynamiques du Nord, la Ligue rencontre une audience croissante. Ce mouvement obtient ainsi 8,7 % des voix (dont plus de 17 % en Italie septentrionale et 25 % dans certaines parties de la Lombardie) aux élections législatives d’avril 1992. Ce scrutin est surtout marqué par un recul non seulement de la DC et, dans une moindre mesure, du PSI, mais également du PCI. L’échec électoral des partis au pouvoir apparaît d'autant plus grave qu’il intervient dans un climat marqué par les déclarations de plusieurs « repentis » mafieux qui révèlent l'existence de liens entre les dirigeants politiques et la Mafia. Les assassinats en mai et en juillet 1992 des deux principaux magistrats responsables de la lutte anti-Mafia, Giovanni Falcone et Paolo Borsellino,

«
Malgré
les arrentaiS er
les assassinars, les Siciliens
commencent d se mobiliser
conrre la Mafia, qui subir de
cuisanrs échecs.
Ci-dessus : les
funérailles des gardes du corps
du juge Paolo Borsellino, éliminé
tn 1992.
©Franco Origlia • Sygma
La victoire dt Silvia Berluscon�
à la rê re de Forza lralia, esr une
importanre rupture dans l'histoire
politique de l'ltalie, mais
le nouveau Premier ministre
devra affronter la fromle de son
alliée, la Ligr1e du Nord, er
finalement démissionner.
©Franco Origlia • Sygma soulignent
la puissance de
l'organisation criminelle, mais suscitent
une forte mobilisation populaire, qui
permet à Oscar Luigi Scalfaro, connu
pour sa rigueur morale, d'être élu, le
25 mai 1992, président de la
République par un Parlement
jusqu'alors incapable de désigner un
successeur à Francesco Cossiga.
En
juin, le socialiste Giuliano Amato
forme (avec le soutien des partis de la
majorité, à l'exception du Parti
républicain) un nouveau
gouvernement, qui s'attache à réduire
le déficit budgétaire, lance les
premières privatisations et obtient la
suppression de fait de l'échelle mobile
des salaires.
En outre, la dévaluation
de la lire, qui sort du SME en
septembre 1992, favorise les
exportations.
Mais, s'il réussit à jeter
les bases d'un redressement de
l'économie, ce gouvernement échoue à
réformer les institutions.
Un projet
d'amnistie des personnes impliquées
dans les enquêtes sur le financement
des partis apparaît aux yeux de
l'opinion comme une tentative de
sauver le régime, alors même que les
« avis d'ouverture d'enquête" se
multiplient.
touchant des ministres du
gouvernement et des personnalités de
premier plan, tels le socialiste Bettino
Craxi et le démocrate-chrétien Giulio
Andreotti, accusés de coUusion avec la
Mafia.
C'est ainsi que le projet de loi
proposé par Mario Segni, qui introduit
le scrutin majoritaire dans l'élection
des sénateurs, et celui sur la limitation
du financement public des partis
politiques sont approuvés par
référendum en avril l993 par plus de
80 'Yo des électeurs.
Exprimant
clairement une volonté de rompre avec
le passé, ce vote entraîne la démission
du cabinet Amato, qui est remplacé
par un gouvernement de transition
formé par Carlo Azeglio Ciampi sans
consulter les partis.
Fort du soutien de
l'opinion, choquée par les attentats
commis contre le Musée des Offices à
Florence en mai et contre l'église
Saint-Jean-de-Latran à Rome en
juillet, tous deux attribués à la Mafia,
Ciampi achève la réforme de la loi électorale
en l'étendant à l'élection des
députés et poursuit l'effort
d'assainissement budgétaire.
Tirant les
leçons des référendums de 1993 et de la
déroute de la Démocratie chrétienne et
du Parti socialiste aux élections
municipales partieUes de juin
décembre 1993, il démissionne en
janvier 1994, et les deux Chambres
sont dissoutes.
La victoire de Silvio Bertusconi
L'écroulement du régime des partis
donne lieu à une profonde
recomposition du paysage politique.
Les inculpations et les revers
électoraux entraînent ainsi
l'éclatement du Parti socialiste et de la
Démocratie chrétienne, qui disparaît
en 1993, victime des divisions entre ses
différentes tendances.
La plus
importante d'entre eUes fonde le Parti
populaire italien (PPI), reprenant le
nom du premier parti catholique créé
après la Première Guerre mondiale par
Luigi Sturzo.
Rendues nécessaires par
le nouveau mode de scrutin, des
alliances se nouent en vue des
législatives des 27-28 mars 1994.
À
gauche, un pôle progressiste se forme
autour du PDS.
Le centre rassemble le
PPI et les partisans de Segni.
À droite,
l'homme d'affaires Silvio Berlusconi
crée son propre mouvement, Forza ltalia,
de tendance ultralibéralc, et
s'allie à la Ligue du Nord et à
l'Alliance nationale, dominée par les
néofascistes du Mouvement social
italien (MSI) de Gianfranco Fini, qui a
réussi une percée spectaculaire lors des
municipales de 1993.
Au terme d'une
campagne empreinte d'une certaine
démagogie et orchestrée par les trois
chaînes de télévision de Berlusconi,
cette coalition remporte les élections
avec 42,9 % des voix.
Silvio Berlusconi
forme alors un gouvernement
comprenant cinq ministres
néofascistes, ce qui soulève
l'inquiétude des voisins européens et
suscite une sévère mise en garde du
président Scalfaro.
Mais le président du Conseil commet
plusieurs maladresses.
Ainsi,
l'adoption par le gouvernement d'un
décret imposant des limites plus
strictes à la détention préventive, qui
entraîne notamment la libération de
centaines de suspects, apparaît comme
une volonté de limiter le pouvoir des
juges de l'opération «Mains propres "
et provoque des dissensions avec son
allié de la Ligue du Nord.
Bien qu'il ait
finalement été retiré, ce décret marque
la première étape d'un conflit
grandissant entre Berlusconi et les
magistrats, qui reprennent peu après
l'enquête sur son propre groupe, la
Fininvest, ce qui relance le débat sur la
séparation entre intérêts financiers et
responsabilités politiques.
Plusieurs
dirigeants de la Fininvest, dont le frère
de Berlusconi, sont ainsi arrêtés en
juillet, au sujet d'une affaire de pots
de-vin versés à la brigade financière,
tandis que le président du Conseil
lui-même, qui fait l'objet d'une
instruction judiciaire en novembre, est
entendu par les juges milanais.
Ce bras
de fer avec la justice, qui aboutit à la
démission du juge Di Pietro en
DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES
ET ÉCONOMIQUES 1990
1991 1992 1993
Nombre d'habitants (en millions)
51,6
57,7 57�
57.8
Produit national brut (en doUars US/habitant) 16950
18540 20460
19620
PIB en volume (en % de variation par ra pport à
l'année précédente) 2,1 1,2 0,7 -0,7
Part du PIB réalisée (en%) par
l 'a g ric ultu re -
-
3 -
l 'i n d us trie -
-
32 -
l es se rvi œs -
-
65 -
Solde de la balanœ commerciale (en millia rds de
dollars) 1,2
-0,2
3,1 32,5
Solde financier des administrations publiques
(excédent ou déficit en% du Pffi) -10,9 -
10,2
-9,5 -9,6
Prix à la consomma tio n (en % de variation par
rapport à l'année précédente) 6,1 6,5
5,3 4,2
Taux de chômage (en% de la pop ulation active) 11,5
11,0
11,6 10,4
Taux d'i nt érê t à
co urt te rme 10,3
9,6 10,3
8,6
long tenne 13,5
13,1 1
3 ,7 11.3
Sources : Banque mondiale; OCDE..
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