Iran de 1980 à 1989 : Histoire
Publié le 01/12/2018
Extrait du document
La lutte des partisans de Khomeiny
L'élection d'Abdul Hassan Bani Sadr à la présidence de la République islamique le 25 janvier 1980 donne lieu au premier conflit politique depuis la révolution en 1979. Conformément au système mis en place, c'est au candidat du parti républicain islamique (PRI) qu'aurait dû revenir le poste de chef de l’État. Or le candidat présenté par le PRI a été écarté quelques jours avant le scrutin, parce qu'il n'était pas d'origine iranienne comme l’exige la Constitution. De plus, à peine élu. le président s'empresse de dénoncer l'ingérence du haut clergé dans les affaires de l'État et la multiplicité des centres de pouvoir, unanimes quant à la nécessité de se débarrasser d’une personnalité dérangeante. Tous les éléments radicaux de l'appareil étatique vont conjuguer leurs efforts pour pousser le président à prendre en charge la périlleuse affaire des otages américains. Depuis le 4 novembre 1979, des étudiants islamiques occupent l’ambassade américaine, retenant en otages 70 personnes dont 63 Américains. Ils exigent, en échange de leur libération, l'extradition de l'ancien chah d'Iran. Toutes les propositions de négociation se heurtent à l'opposition des étudiants islamiques et du PRL Acculé à durcir ses positions face à l’intransigeance des ravisseurs, le président s'engage progressivement à la tête de la tendance modérée réformiste, taxée de contre-révolutionnaire et pro-occidentale par l’aile radicale du PRL Discrédité par une fraction grandissante des forces révolutionnaires iraniennes, le «Front politique des amis du président de la République» essuie une sévère défaite aux élections législatives de mars 1980, au profit du PRI. La rupture, le 7 avril 1980, des relations diplomatiques entre Washington et Téhéran, puis l’échec essuyé le 25 avril par un commando héliporté américain à Tabas, qui tentait de libérer les otages, achèvent de jeter le discrédit sur le président Bani Sadr qui, depuis le début, exigeait des États-Unis une promesse de non-ingérence dans les affaires iraniennes. Tandis que dans le pays une épuration conduite par le PRI élimine tous les éléments de gauche dans les administrations et les universités, l’ayatollah Behechti, chef du PRI, se voit confier la direction de la Cour suprême et, en août, Mohammed Ali Radjaï prend la direction du gouvernement, alors que le président cherchait depuis son entrée en fonctions à confier ce poste à un modéré.
Cette lutte pour le pouvoir se traduit au sein de la population par de violents affrontements entre les partisans les plus radicaux de l’imam et les combattants (progressistes) qui, d'obédience marxiste, ont participé au renversement du chah. La nécessité pour Téhéran de disposer des avoirs gelés aux États-Unis pour financer la guerre que lui a déclarée l'Irak en septembre 1980 accélère le processus de libération des otages, libérés en janvier 1981. En suscitant un regain de nationalisme, la guerre renforce les assises des dirigeants islamiques qui achèvent de déposséder le président de tout pouvoir. Critiquant l’accord conclu à Alger en janvier 1981 entre Téhéran et Washington au sujet des otages et la brutalité du régime, le président Bani Sadr exige la tenue d’un référendum afin de régler le différend qui l’oppose au chef du gouvernement, dont les prérogatives n’ont cessé de croître. Mais en vain. L'imam Khomeiny, après l’avoir menacé à plusieurs reprises de le traduire en justice, lui retire, le 10 juin 1981, le commandement des forces armées. Le 12, il quitte la résidence officielle, dénonçant le coup d’État dont il est victime. Le 21, il est destitué par un vote du Parlement.
Répression
Accusés par l’imam Khomeiny d’être responsables de l’attentat qui a causé la mort de soixante-douze dignitaires du régime lors d’une réunion extraordinaire du comité directeur du
«
Manifestation
de soutien
à l'ayatollalz Khomeiny
en novembre 1982.
© Alfred -Gamma PRI,
le 28 juin 1981, les «moudjahidin
du peuple>> sont l'objet d'une
répression impitoyable.
Les tribunaux
révolutionnaires, invités pourtant par
Khomeiny à la modération, multiplient
les exécutions sommaires.
Amne sty
International dénonce la torture -
devenue pratique courante dans les
prisons, où désormais s'entassent par
milliers les opposants à la ligne
khomeiniste.
Décimés, privés de leur
chef Massoud Radjavi, qui s'est réfugié
en France, puis de leur chef militaire
Moussa Khiabani, assassiné le 8 février
1982, les moudjahidin cessent bientôt
tout acte de résistance.
L'élimination
des éléments de gauche s'achève avec
l'arrestation en février 1983 du chef du
parti communiste (le Toudeh),
Nourredine Kianouri.
Dès lors, le
Toudeh rejoint dans la clandestinité les
nombreux partis déclarés illégaux par
le régime.
L'épuration atteint
également des membres du «sérail »
iranien, tel l'ayatollah Chari at Madari
qui, par ses appels à la modération,
avait osé remettre en cause l'autorité
de Khomeiny.
L'un des plus proches
lieutenants de l'imam, Sadegh
Gotbzadeh, ancien ministre des
Affaires étrangères du président Bani
Sadr, est exécuté le 15 septembre 1982
pour avoir participé à un complot
contre l'imam.
Contrairement aux
principes constitutionnels de
Wilayaltal-faqih, qui fait de l'imam le
garant de la loi islamique sans
l'autoriser à gouverner, l'imam
Khomeiny intervient de plus en plus
dans la vie politique.
De théocratie
constitutionnelle dotée d'un législatif
fort, la République islamique évolue
vers une dictature où le pouvoir
n'émane plus que du seul cercle des
proches fidèles de l'imam.
Seuls les
religieux accrédités par le PRI sont
déclarés éligibles aux élections
législatives d'avrill984.
Les luttes de clans
L'élimination de toute opposition
n'empêche pas la persistance des luttes
de clans qui menacent la cohésion du régime.
Si l'éviction, le 5 février 1985,
de l'ayatollah Hadjevardi (procureur
des tribunaux révolutionnaires de
Téhéran), que l'on avait coutume
d'appeler le «boucher de Téhéran»,
constitue une première victoire des
modérés, les brutalités subies le
7 février 1985 par le chef de l'unique
parti d'opposition (le Mouvement de
libération de l'Iran), Mehdi Bazargan,
atteste les hésitations du régime, qui
oscille entre le radicalisme et la
modération.
À partir de 1986, le
régime, préoccupé de la question de la
succession de l'imam Khomeiny et
désireux de rompre avec l'isolement
international, tente de calmer les
excès.
Ainsi, l'armée retrouve quelque
peu son rôle traditionnel.
Le pouvoir
des comités et des tribunaux
révolutionnaires est réduit au profit de
l'administration et de procédures
judiciaires civiles tandis que certains
extrémistes religieux comme Hossein
Ali Mountazeri, maître d'œuvre des
réseaux internationaux du Hezbollah
au Liban et en Afghanistan, sont
éliminés.
C'est par le maintien des
mêmes hommes à la tête des instances
politiques que le régime réussit à
maintenir une certaine continuité.
Réélu le 16 août 1985, le président Ali
Khameneï reconduit dans ses fonctions
de Premier ministre Hossain Moussavi.
La violence de la guerre de succession
qui s'engage à l'approche de la mon de
l'imam témoigne néanmoins de la
fragilité d'un régime miné par la lutte
de clans.
Désigné comme successeur
de l'imam le 24 novembre 1985,
l'ayatollah Mountazeri, dont les
allocutions en faveur d'une
libéralisation du régime ont suscité les
foudres de l'imam, doit renoncer à ses
fonctions en mars 1989.
L'ultime
tentative de l'imam Khomeiny pour
raviver la ferveur révolutionnaire du
peuple iranien et inciter ce dernier à
faire cause commune en annoncant le
14 février 19891a sentence (jarwa)
condamnant à mort Salman Rushdie,
auteur des Versets sataniques,
considérés comme un blasphème à l'égard
du prophète Mahomet, n'a pas
les effets escomptés.
Non seulement la
réaction de la rue est assez faible, mais
la lutte pour le pouvoir perdure.
La mort de l'imam Khomeiny
La mort de l'imam, le 3 juin 1989, pose
en de nouveaux termes la question de
l'équilibre des pouvoirs entre l'imam et
le président de la République.
Désigné
successeur provisoire de l'imam dès le
4 juin, le président de la République,
Ali Khameneï, est loin d'incarner le
rôle qu'a joué dix ans durant
l'ayatollah Khomeiny.
En revanche, le
candidat à l'élection présidentielle, Ali
Akbar Hachemi Rafsandjani, s'affirme
d'emblée comme l'homme fort.
Il est
une des rares personnalités du régime à
avoir échappé aux multiples épurations
en raison du double langage qu'il n'a
cessé de tenir.
Partisan d'une
ouverture économique sur l'Occident,
il avait étonné par la violence de ses
appels au meurtre lancés en mai 1989.
Résolument pragmatique,
Rafsandjani, qui dispose, depuis la
réforme constitutionnelle approuvée le
jour même de son élection, le 28 juillet,
de pouvoirs élargis, sait apaiser
quelque peu la crainte des puissa!lces
occidentales, et notamment des Etats
Unis, auxquels il offre son aide pour
régler la question des otages
américains détenus au Liban.
Malgré
toutes les pressions de la fraction
radicale de l'élite iranienne, son
gouvernement, investi par le
Parlement (Majlis) le 29 août 1989, ne
comprend aucun élément radical.
La guerre sainte
Mise à profit pour mobiliser le pays
face aux dissidences qui risquaient
d'ébranler le régime, la guerre contre
l'Irak doit servir la dimension
messianique de la révolution
islamique, briser le nationalisme arabe
et renverser Sa.ddam Hussein, qui avait
conduit une sévère épuration parmi les
organisations chiites irakiennes.
D'emblée, l'issue de la guerre semble
incertaine; en effet, l'armée iranienne,
bien que deux fois plus importante que
l'armée irakienne, a été très affaiblie
par la révolution et par le départ des
techniciens américains.
De plus, dès le
début du conflit, l'Iran est très isolé; il
ne dispose que de l'appui des alliés de
l'Union soviétique: Syrie, Libye et
Corée du Nord.
En septembre 1981,
pourtant, les forces iraniennes
(auxquelles se sont joints de nombreux
volontaires engagés par conviction
religieuse) parviennent à reprendre
une partie des régions conquises par les
Irakiens.
En juillet 1982, le mot
d'ordre «En avant sur Bagdad» de
l'imam Khomeiny, qui venait de
rejeter un appel du Conseil de sécurité
de l'ONU invitant au cessez-le-feu,
engendre un afflux de soldats iraniens
sur le Chatt el-Arab.
Mais le.
»
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