Houari Boumediene

Le 19 juin 1965, par un coup d'État peu sanglant, le colonel Houari Boumediene se place à la tête de la République arabe démocratique et populaire d'Algérie. Pour les non-initiés, ce fut une surprise parce que Ahmed Ben Bella, le Président renversé, était au sommet de sa gloire tant sur le plan national ­ tous ses adversaires ayant été éliminés ­ que sur le plan international, puisque, le 29 juin 1965, devait se tenir à Alger, sous la présidence de Ben Bella, un second Bandoeng qui, dix ans après le premier, devait réunir à Alger l'ensemble du tiers monde. Pourtant, si la prise du pouvoir par Boumediene a eu lieu dans un contexte invraisemblable, une analyse rétrospective de sa carrière démontre que, depuis le début des années 50, il a appliqué avec persévérance une stratégie qui, même si elle le gardait dans l'ombre des "chefs historiques", faisait de lui l'homme fort de l'Algérie. Le colonel Houari Boumediene, dont le vrai nom est Mohammed Boukharouba, est né en 1927 dans une famille modeste de l'Oranais. Il fait des études traditionnelles en passant par l'école coranique, la Grande Mosquée Zitouna de Tunis et finalement l'université d'al-Azhar au Caire. C'est durant son séjour au Caire qu'il découvre la révolution égyptienne de Nasser et qu'il est profondément influencé par le nassérisme.