Histoire LES PLANTAGENÊTS
Publié le 06/02/2019
Extrait du document
▼ Commencée vers 1337, la guerre de Cent Ans était entrecoupée de trêves. Elle s’acheva officiellement par la paix de Picquigny, sous Louis XI, en 1475. La France ne récupéra Calais qu'en 1558.
tion de monarchie parlementaire, qu’il s’empresse de violer. En dernier recours et faute d’autre prétendant, ils font appel à Louis (futur Louis VIII), fils de Philippe Auguste. Jean meurt quelques mois plus tard, laissant un fils de neuf ans, Henri, et un pays en proie à la guerre civile.
Paix extérieure, expansion insulaire
Malgré ces sombres présages, la minorité de Henri III est une période sereine. Son long règne personnel (1216-1272) est marqué par de nouvelles luttes sur le continent, pour reconquérir les provinces perdues par Jean sans Terre. La défaite de Taillebourg (1242) met fin à ces espoirs, mais, par le traité de Paris (1259), Saint Louis restitue à Henri une partie de la Guyenne. Il instaure ainsi une paix durable, mais laisse aux Anglais un pied en France: cadeau dangereux un siècle plus tard.
Premier roi de la maison d’Anjou se considérant comme vraiment anglais, le fils de Henri III, Édouard Ier (1272-1307) poursuit l’œuvre de Henri II, mais libère les structures étatiques du carcan féodal. Il rénove et centralise l’administration, la justice et les finances, et pose les bases du Parlement à deux chambres en reconnaissant à la bourgeoisie et à la petite noblesse rurale un rôle spéci-
MEURTRE A CANTERBURY
Rien ne destine Thomas Becket (v. 1118-1170) à devenir le gardien le plus intransigeant des prérogatives de l'Église romaine. Cet érudit, qui a fait ses études à Oxford et à la Sorbonne, gagne l'estime et l’amitié de Henri II, qui le choisit comme chancelier en 1154. Cherchant à placer un homme sûr à la tête du clergé, le roi le fait nommer archevêque de Canterbury (donc primat d'Angleterre) en 1162. Cette nomination opère une métamorphose : jusque-là fort sensible aux plaisirs du monde, Becket renonce à ses fonctions de chancelier, déclarant incompatibles les pouvoirs temporel et spirituel. Le conflit éclate quand le roi, par les Constitutions de Clarendon (1164), décide de soumettre à la loi civile les membres du clergé, jusque-là jugés par les tribunaux ecclésiastiques. Plutôt que de céder, Becket se réfugie en France, d’où il menace d'excommunication le roi et ses sujets. Le Plantagenêt sollicite la réconciliation. À peine rentré en Angleterre, Becket réitère l'excommunication. Quatre nobles de l'entourage du roi l’assassinent dans la cathédrale de Canterbury le 29 décembre 1170. Henri II nie toute implication et pour apaiser le scandale, fait publiquement acte de contrition. Becket est canonisé deux ans après sa mort, et son tombeau devient un lieu de pèlerinage.
fique. Coupée du continent, l’Angleterre cherche à élargir ses frontières. En 1284, le pays de Galles est annexé. À l’ouest, le rattachement de l’Irlande reste de pure forme ; au nord, la tentative d’Édouard Ier pour être proclamé roi d’Écosse (1297) échoue. Puis, en 1314, Robert Bruce écrase l’armée anglaise à Bannockburn: bien qu’annexée, l’Écosse conservera son indépendance jusqu’au xvie siècle.
Une sombre page de l’histoire d’Angleterre
L’Angleterre connaît des heures noires sous le règne d’Édouard II (1307—1327), roi faible et corrompu, soumis à ses favoris et tombé sous la coupe de son épouse, Isabelle de France. Avec l’aide de son amant, Mortimer, la fille de Philippe le Bel le destitue, puis le fait assassiner. Nommée régente, elle trahit l’Angleterre en soutenant les prétentions de Philippe VI de Valois au trône de France, alors que les droits de son fils Édouard III ne sont plus valables. Telle est la cause première de la guerre de Cent Ans.
Le jeune Édouard III, à qui cette tutelle est pénible, attend ses dix-huit ans pour déposer sa mère et faire tuer Mortimer (1330). Il montre la même patience pour revendiquer la couronne de France, dont il a été spolié. Auparavant, il dote l’Angleterre d’une armée supérieurement équipée et bien entraînée, et d’une flotte. En dix ans, de Crécy (1346) à Poitiers (1356), il met la France aux abois et lui impose la paix de Brétigny (1360), récupérant l’héritage de Henri II et même au-delà. Mais il renonce au trône de France: les Plantagenêts ont un pays, c’est l’Angleterre.
Petit-fils d’Édouard III et fils du Prince Noir, Richard II (1377-1399) tente vainement de restaurer un absolutisme qui n’est plus dans l’esprit anglais et est renversé par ses parents, les Lancastres. Dernier roi de cette lignée anglo-angevine, il meurt sans postérité en 1400.
«
Les
Plantagenêts
de lui arracher leur part d'héritage que de pour
suivre son œuvre, et Aliénor va lutter toute sa vie
pour reconquérir son indépendance, tout en
contribuant à l'éclat de la cour Plantagenêt.
Avec Henri Il meurt le rêve d'une France an
glaise, qui aurait peut-€tre pu exister sans la pugna
cité du nouveau roi capétien, Philippe Auguste.
Richard Cœur de Lion
Les deux aînés de Henri Il étant morts, sa cou
ronne passe à son troisième fils, Richard Ier Cœur
de Lion.
Le quatrième, Jean sans Terre, garde
l'Irlande, et le duché de Bretagne passe à Arthu r, .g
enfant posthume du cadet Geoffroi.
L'Angleterre �
ne voit guère son nouveau roi, qui est bieq plus le "'
fils d'Aliénor que celui du Plantagenêt.
A peine �
couronné, Richard part en croisade avec le roi de re.
France.
Fait prisonnier sur le chemin du retour �
par l'empereur d'Allemagne, il ne revient qu'en
mars 1194, après paiement d'une lourde rançon,
pour un séjour très bref.
Se méfiant de la traîtrise de son frère, il a
confié son royaume à sa mère.
De fait, Jean
cherche à usurper la couronne.
En Angleterre,
Aliénor préserve l'essentiel, mais, en France, il a
un allié dangereux: Philippe Auguste, rentré le
premier de Terre sainte.
En trois ans, il reprend au
Capétien toutes ses terres.
Sa mort au siège de
Châlus, en 1199, remet tout en question.
On a
souvent reproché à Richard ses vues courtes: il a
eu au moins le mérite de signer le traité de Jaffa
en 1192 avec le sultan turc Saladin, ce qui garan
tit pour longtemps la paix en Orient.
Jean sans Terre chassé du continent
Jean se fait reconnaître pour roi par les seigneurs
anglais, mais, en France, l'Anjou, le Maine et la
Normandie choisissent son neveu Arthur de Bre
tagne, contre lequel il entre aussitôt en guerre.
Sous prétexte de jouer les arbitres, Philippe
Auguste s'empare �n 1204 de tous ces fiefs, et
même du Poitou.
Ne se résignant pas, Jean réunit
une coalition qui est battue à Bouvines en 1214.
Ses sujets l'obligent alors à signer en 1215 la
Magna Carta ou Grande Charte, timide préfigura- �
Ris d'Isabelle
de France,
Édouard Ill
(1312-1377) fait
valoir ses prétentions
à la couronne de
France.
C'est
le début de la guerre
de Cent Ans, l'une
des plus désastreuses
que la France ait
jamais connue.
En 1346 Philippe VI
de Valois et la
chevalerie française
sont écrasés à Crécy.
' Commencée vetS
1337, la guerre
de Cent Ans était
entrecoupée de trêves.
Elle s'acheva
officiellement
par la paix
de Picquigny, sous
Louis Xl, en 1475.
La France ne récupéra
Calais qu'en 1558.
tion de monarchie parlementaire, qu'il s'em
presse de violer .
En dernier recours et faute
d'autre prétendant, ils font appel à Louis (futur
Louis VIII), fils de Philippe Auguste.
Jean meurt
quelques mois plus tard, laissant un fils de neuf
ans, Henri, et un pays en proie à la guerre civile.
Paix extérieure, expansion insulaire
Malgré ces sombres présages, la minorité de
Henri III est une période sereine.
Son long règne
personnel (1216-1272) est marqué par de nou
velles luttes sur le continent, pour reconquérir les
provinces perdues par Jean sans Terre.
La défaite
de Taillebourg (1242) met fin à ces espoirs, mais,
par le traité de Paris (1259), Saint Louis restitue à
Henri une partie de la Guyenne.
Il instaure ainsi
une paix durable, mais laisse aux Anglais un pied
en France: cadeau dangereux un siècle plus tard.
Premier roi de la maison d'Anjou se considérant
çomme vraiment anglais, le fils de Henri III,
Edouard Ier (1272-1307) poursuit l'œuvre de
Henri Il, mais libère les structures étatiques du car
can féodal.
Il rénove et centralise l'administration,
la justice et les finances, et pose les bases du Parle
ment à deux chambres en reconnaissant à la bour
geoisie et à la petite noblesse rurale un rôle spéci- '
MEURTRE A
CANTERBURY
Rien ne destine Thomas Becket (v.
1118-1170)
à devenir le gardien le plus intransigeant des pré
rogatives de l'Église romaine.
Cet érudit, qui a
fait ses études à Oxford et à la Sorbonne, gagne
l'estime et l'amitié de Henri Il, qui le choisit
comme chancelier en 1154.
Cherchant à placer
un homme sûr à la tête du clergé, le roi le fait
nommer archevêque de Canterbury (donc primat
d'Angleterre) en 1162.
Cette nomination opère
une métamorphose: jusque-là fort sensible aux
plaisirs du monde, Becket renonce à ses fonc
tions de chancelier, déclarant incompatibles les
pouvoirs temporel et spirituel.
Le conflit éclate
quand le roi, par les Constitutions de Clarendon
(1164), décide de soumettre à la loi civile les
membres du clergé, jusque-là jugés par les tribu
naux ecclésiastiques.
Plutôt que de céder,
Becket se réfugie en France, d'où il menace
d'excommunication le roi et ses sujets.
Le
Plantagenêt sollicite la réconciliation.
À peine
rentré en Angleterre, Becket réitère l'excommuni
cation.
Quatre nobles de l'entourage du roi
l'assassinent dans la cathédrale de Canterbury
le 29 décembre 1170.
Henri Il nie toute impli
cation et pour apaiser le scandale, fait
publiquement acte de contrition.
Becket est
canonisé deux ans après sa mort, et son tom
beau devient un lieu de pèlerinage.
tique.
Coupée du continent, l'Angleterre cherche
à élargir ses _frontières.
En 1284, le pays de Galles
est annexé.
A l'ouest, le rattachement de l'Irlande
re�te de pure forme ; au nord, la te�tative
d'Edouard I•• pour être proclamé roi d'Ecosse
(1297) échoue.
Puis, en 1314, Robert Bruce
écrase l'armée_ anglaise à Bannockburn: bien
qu'annexée, l'Ecosse conservera son indépen
dance jusqu'au xw siècle.
Une sombre page
de l'histoire d'Angleterre
L'AngletE}rre connaît des heures noires sous le
règne d'Edouard Il (1307-1327), roi faible et cor
rompu, soumis à ses favoris et tombé sous la
coupe de son épouse, Isabelle de France.
Avec
l'aide de son amant, Mortimer, la fille de Philippe
le Bel le destitue, puis le fait assass iner.
Nommée
régente, elle trahit l'Angleterre en soutenant les
prétentions de Philippe VI de Valois au trône de
France, alors que les droits de son fils Édouard III
ne sont plus valables.
Telle est la cause première
de la guerre qe Cent Ans.
Le jeune Edouard III, à qui cette tutelle est
pénible, attend ses dix-huit ans pour déposer sa
mère et faire tuer Mortimer (1330).
Il montre la
même patience pour revendiquer la couronne de
France, dont il a été spolié.
Auparavant, il dote
l'Angleterre d'une armée supérieurement équi
pée et bien entraînée, et d'une flotte.
En dix ans,
de Crécy (1346) à Poitiers (1356), il met la France
aux abois et lui impose la paix de Brétigny
(1360), récupérant l'héritage de Henri II et même
au-delà.
Mais il renonce au trône de France: les
Plantagenêts qnt un pays, c'est l'Angleterre.
Pe tit-fils d'Edouard III et fils du Prince Noir,
Richar d II (1377-1399) tente vainement de
restaurer un absolutisme qui n'est plus dans
l'esprit anglais et est renversé par ses parents, les
Lancastres.
Dernier roi de cette lignée angle
angevine, il meurt sans postérité en 1400..
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