HISTOIRE & GEOGRAPHIE: L'ALGÉRIE AU XXe SIÈCLE
Publié le 22/02/2012
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Une classe politique instrumentalisée et marginalisée.
Avec l'insurrection du 1er novembre 1954 et la décision du FLN de marginaliser la classe politique formée depuis ledébut du siècle tout en l'instrumentalisant, l'Algérie connaît, pour la seconde fois de son histoire, undésencadrement massif, la France ayant la première détruit les élites précoloniales militairement ou en lescondamnant à l'exil dans les pays islamiques.
Les nouvelles élites politiques, recrutées dans le monde rural, sontparties d'un niveau très bas.
On va dès lors assister à la genèse de nouvelles formes politiques où le factionnalismemilitaire, le clientélisme et le népotisme jouent un rôle déterminant.
Le FLN et son centre, l'ALN (Armée de libérationnationale), connaissent une crise chronique.
L'intransigeance des Européens et de l'armée coloniale se conjugueavec ce phénomène pour prolonger pendant près de huit ans la guerre d'indépendance.
Les accords d'Évian ymettent fin par un cessez-le-feu le 19 mars 1962.
Le 3 juillet, l'Algérie accède finalement à l'indépendance après leréférendum d'autodétermination du 1er juillet dont le général de Gaulle avait accepté le principe le 16 septembre1959.
La France, qui a échappé de peu au déchirement après la chute de la IVe République consécutive à la révolte deson armée (13 mai 1958), peut enfin panser ses plaies.
Mais, l'Algérie, elle, a vécu entre mars et septembre 1962,une crise grave qui prend fin avec l'éclatement du FLN et l'accession, avec la caution de l'armée, d'Ahmed Ben Bellaau pouvoir.
Du FLN, il ne reste que des factions.
Celle qui s'empare du pouvoir en gardera le nom.
La société, elle,dont près de trois millions d'âmes ont subi les camps de regroupement, de réfugiés, d'internement ou les prisons,connaît un nivellement sans précédent.
Sous l'impact de la guerre, le déchaînement des forces de désintégration aaccompli son œuvre.
Facteur aggravant, l'élite intellectuelle « rase les murs » et a perdu tout sens de l'autonomie.L'anti-intellectualisme, illustré par les purges sanglantes dont francophones et arabophones unis dans le malheur ontété victimes au cours de la guerre, a eu raison de leur esprit critique.
Ce vide bénéficie à l'armée.
L'appareil dirigeantde la guerre ne pouvait pas s'ériger sans délai en couche sociale dominante.
Il dut composer avec les tendances quianimaient les travailleurs et s'appuyer sur eux en décrétant l'autogestion des domaines agricoles et des entreprisesvacantes.
De Ben Bella à Boumediène.
De 1962 à 1965, A.
Ben Bella fait face aux défis politiques (insurrection en septembre 1963 du FFS - Front desforces socialistes - dirigé par Hocine Aït Ahmed [1926-], démission en 1963 du secrétaire général du FLN MohammedKhider [1912-1967], révolte du colonel Mohammed Chaabani en 1964) remise en marche de l'économie, intégrationdes forces politiques et militaires des wilayas (régions politico-militaires).
Cela aura en quelque sorte balisé le terrainà Houari Boumediène, qui l'écarte du pouvoir par un putsch militaire le 19 juin 1965 et qui aura lui-même raison d'unetentative de putsch, le 1er décembre 1967, sans grand danger, d'un chef d'état-major fictif, le colonel Tahar Zbiri(1930-).
Dès lors, aucune institution, aucun groupe social ne sont en mesure de s'opposer à Boumediène.
Mettantun terme dans les faits à l'autogestion, il situe son projet volontariste de modernisation autoritaire à l'intérieur d'unmouvement plus vaste, celui du tiers monde étatiste.
Le « socialisme algérien » séduit.
Les nationalisations - mines(1966), cimenteries (1968), contrôle à 51 % des parts des sociétés pétrolières (1971) - et la réforme agraire (1971)donnent à un État algérien réorganisé sur des bases bureaucratiques une grande autonomie de décision.
Excessifpour les uns, insuffisant pour les autres, le socialisme laisse à tous un arrière-goût d'inachèvement quandBoumediène meurt en 1978.
Son successeur Bendjedid Chadli (1979-1992), représentant médiocre de l'armée,essaye de corriger, sans y réussir, les mauvais côtés du système.
Affrontement entre l'État et la mouvance islamiste.
Après les émeutes d'octobre 1988, le gouvernement Mouloud Hamrouche (1989-1991), seul espoir de réforme réelle,est contrecarré dans ses projets par les réseaux clientélistes liés aux clans militaires.
L'ouverture au pluralismepolitique, opérée dans une totale improvisation après les émeutes et l'adoption d'une Constitution nouvelle (février1989) permettent l'émergence de deux forces, communautaires dans leur démarche, le culturalisme berbère - avecle FFS et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) - et l'islamisme, avec notamment le Frontislamique du salut (FIS), une force d'opposition frontale au pouvoir qui va donner naissance à des maquis armés.Après l'interruption du processus électoral (janvier 1992), dont les présidents Boudiaf (1992) et Bouteflika (1999,réélu en 2004) vont être appelés à gérer les conséquences, l'affrontement entre l'État et la nébuleuse islamiste aurafait en huit ans près de 100 000 victimes, dont des milliers de disparus.
Et tout cela dans un contexte social qui afait de la majorité des Algériens des marginaux et des pauvres, sur fond d'enrichissement débridé d'une minorité.
Mohammed HARBI.
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