Histoire du Sénégal : Le premier établissement français d'Afrique
Publié le 19/11/2018
Extrait du document
• Dès l’origine, l'empereur ouolof vend aux Portugais, puis aux Européens, des esclaves raflés dans l'intérieur du continent ainsi que de l'or, des épices, de la gomme et de l'ivoire. En contrepartie, les souverains africains achètent des chevaux, du fer et des armes ainsi que du vin et des produits tels que miroirs, étoffes, clous, papier...
Les rivalités européennes
• Dès les premières découvertes, le Portugal prétend conserver à son profit exclusif les avantages du commerce avec ces nouveaux territoires. En 1455, il parvient à obtenir de l'autorité pontificale la reconnaissance de ce droit.
• Cette exclusivité leur est toutefois contestée par les Espagnols. En 1479, le traité d'AIcàçovas met fin à cette rivalité en confirmant le monopole portugais sur la région.
• À leur tour, des vaisseaux français qui font escale sur la côte sénégalaise remettent en cause cette prépondérance, affrontant souvent des vaisseaux portugais.
• Au milieu du xvie siècle, les commerçants anglais font leur apparition, suivis un peu plus tard des Hollandais. Au début du xviie siècle, les comptoirs marchands établis par les Européens se multiplient le long des côtes sénégalaises. Ceux-ci ne cherchent pas à pénétrer à l'intérieur du pays. Tout juste accompagnent-ils leurs pratiques commerciales d'une activité messianique.
• En 1659, les Français débarquent sur l'île de Ndar et y construisent un poste de défense qui sera peu à peu fortifié. Llle est rebaptisée Saint-Louis-du-Fort en hommage au jeune roi Louis XIV. Au cours du siècle, d'autres comptoirs français sont implantés sur la côte du Sénégal, notamment sur IHe de Gorée en 1677.
• Toutefois, les rivalités demeurent vives entre les puissances européennes qui se disputent la maîtrise des côtes. En 1814, le traité de Paris reconnaît à la France le contrôle de la région.
Le PAYS DE LÉOPOLD SEDAR SENgHOR
Au cœur des empires médiévaux de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal devient une terre d’échanges commerciaux - et notamment de traite d’esclaves - puis de conquête coloniale pour les puissances européennes. Cette ancienne colonie française se distingue depuis son indépendance en 1960 par une relative stabilité politique et économique.
LE SÉNÉGAL DANS LES GRANDS EMPIRES
L'empire du Ghana
• L'empire du Ghana qui, dans son extension maximale, comprenait l’ensemble des territoires séparant le fleuve Sénégal du fleuve Niger, est considéré comme la première formation étatique structurée de l’Afrique de l’Ouest.
• Ses origines sont mal connues. Toutefois, historiens et ethnologues s'accordent pour situer sa naissance autour du ve siècle apr. J.-C.
• L'empire du Ghana tire ses richesses du commerce, notamment en direction de l’Afrique du Nord.
Ses caravanes chargées de sel, de cuivre, d'ivoire et d'étoffes traversent régulièrement le Sahara. L'empire contrôle également les gisements d'or de Guinée. Dès le vin' siècle, les récits des voyageurs arabes décrivent un royaume très prospère, pourvu d'une armée de dizaines de milliers d'archers.
• Au début du xie siècle, des conseillers musulmans siègent à la cour du Ghana. Des commerçants arabes vivent également dans la capitale.
À la fin du xie siècle, toutefois, les Almoravides, une confrérie de guerriers musulmans d'origine saharienne menés par Abou Bakr, lancent la guerre sainte - le djihad -contre l'empire du Ghana. Ils atteignent le fleuve Sénégal en 1076 et prennent le contrôle de l’empire dont ils convertissent la population à l'islam.
«
{1818-1889},
officier du génie, marque
le début d'une politique de conquête de
l'arrière-pays.
Nommé gouverneur en
1854, celui-ci fonde Dakar en 1857.
Des
postes militaires sont ensuite créés
jusqu'en Casamance.
• À partir de la fin des années 1850,
dans l'est du Sénégal, Faidherbe
repousse tout d'abord les Toucouleurs
qui, sous la conduite d'Al Hadj Omar,
sont en pleine expansion territoriale.
Puis il chasse les Maures du nord
du pays et annexe le pays ouolof.
l'annexion du Cayor, entreprise
au début des années 1860, permet
d'ouvrir la route reliant Saint-Louis
à la péninsule du Cap-Vert.
En 1885
LES nRAJWUIS StNtGALAIS
• En 1857, sous l'impulsion du général
louis
Faidherbe, gouverneur
du Sénégal,
Napoléon Ill
crée le corps
des
tll'tiHiellrS
séHphlls.
À cette date,
de nombreux esclaves, récemment
affranchis, fournissent le gros
des effectifs.
Ces derniers seront
progressivement renforcés par
des prisonniers de guerre.
• les tirailleurs sénégalais participent
aux conquêtes territoriales de l'Empire.
À la fin du XIX ' siècle, des membres
des classes dirigeantes traditionnelles
africaines intègrent les régiments
comme sous-officiers.
A cette époque,
le besoin de maitriser l'immense
territoire africain et les problèmes
d'insécurité liés à des révoltes
sporadiques poussent l'armée
française à s'appuyer largement
sur ces unités.
_..,, la France met à contribution
sa colonie du Sénégal sur le plan
économique, mais aussi et surtout
militaire : environ 100 000 soldats
indigènes sont envoyés sur le front
en Europe.
les pertes sont énormes.
Lors de la Seconde Guerre mondiale,
le Sénégal participe de nouveau à l'effort
de guerre.
Quelque 178 000 Africains
au total sont appelés entre 1939
et 1940, dont 21 500 seront tués.
est
inauguré le chemin de fer reliant
Saint-louis à Dakar.
• la résistance à la conquête coloniale
se développe parallèlement.
Chassé
par les Français, le souverain du Cayor,
lat-Dior Diop, reconquiert le pouvoir
en 1878 et s'oppose aux Français.
li
mènera une guerre sans relache contre
l'expansion française, particulièrement
entre 1882 et 1884, avant d'être tué en
1886 au cours de la bataille de Dékhelé.
• En 1890, les Français s'attaquent au
Dyolof et chassent son roi, Al boury
Ndiaye, qui apporte aussitôt son soutien
à Ahmadou, fils et successeur d'Al Hadj
Omar.
le chef de guerre soninké
Mamadou lamine Dramé prend
aussi part à la résistance sénégalaise.
Cette dernière s'appuie sur l'islam,
alors en pleine expansion.
• Entre 1876 et 1891, les dernières
résistances contre l'occupation coloniale
sont successivement défaites au Cayor,
dans le Haut-Sénégal et en Casamance et
la JHICification s'achève.
Parallèlement,
dans les années 1880, Faidherbe lance
une politique scolaire destinée à intégrer
les fils des chefs africains.
l'établissement
que fréquentent ces derniers est
surnommée « l'école des otages ».
l'AFRIQUE DE L'OUEST FRANÇAISE
• Créée par un décret du 16 juin 1895,
placée sous la direction d'un gouverneur
général.
l'Afrique-Occidentale française
(AOF) répond à la nécessité de
coordonner sous une autorité unique
l'administration des possessions
africaines.
l'AOF regroupe les territoires
du Sénégal, de la Côte-d'Ivoire, de
la Guinée et du Soudan occidental.
• Dès l'origine, le Sénégal est doté
d'un statut privilégié.
le gouvernement
général de I'AOF est d'abord fixé à
Saint-louis, puis transféré en 1902
à Dakar.
le pays est progressivement
équipé d'un grand réseau routier
et d'installations portuaires modernes.
Des industries sont implantées dans
la capitale.
Une université y est fondée.
• Sur le plan politique, les habitants
des quatre « communes », Dakar, Saint
louis, Gorée et Rufisque, jouissent de
la citoyenneté française à partir de 1916,
tandis que la colonie est représentée
à l'Assemblée
nationale par
un député.
Bl11ise Di11gne
(1872-1934), natif de 111e
de Gorée,
est le premier
homme
politique noir à
entrer au Parlement français.
Il sera nommé sous-secrétaire d'État
aux Colonies en 1931.
les successeurs
de Blaise Diagne, Galandou Diouf.
lamine Guèye et léopold Sédar
Senghor seront les chefs de file
de la lutte contre les abus de
la colonisation puis de la marche
vers l'indépendance.
VERS L'INDÙ'ENDANCE
• le mouvement nationaliste africain
naît dans les années 1930.
Entre 1932
et 1934, le Sénégalais léopold Sédar
Senghor, le Martiniquais Aimé Césaire
et le Guyanais léon-Gontran Damas
forgent le concept de « négritude ».
les revendications nationalistes
s'Intensifieront après la Seconde
Guerre mondiale.
• En 1944, le général Charles de Gaulle,
chef de la France libre, réunit une
conférence à Brauaville pour fixer
la nouvelle politique coloniale de la
France.
Il évoque pour la première fois
l'indépendance des colonies françaises.
Les réformes se succèdent La
Constitution française de 1946 substitue
à la notion d'« Empire français » celle
d'« Union française ».
les colonies
deviennent des « départements
et territoires d'outre-mer ».
• En 1948, L�oJHI/d Séd11r Senghor
(1906-2001) fonde le Bloc démocratique
sénégalais (BDS), parti politique qui
veut répondre aux aspirations des
srnrg•l•ls,; 1'/ndr�ndtlncr .
Aux élections législatives de 1951, il bat
son principal rival, lamine Guèye.
• Les années 1950 marquent un
tournant dans la lutte anticoloniale.
La guerre d'Indochine, les débuts
de la guerre d'Algérie, l'indépendance
des anciens protectorats du Maghreb
et les efforts de décolonisation des
Britanniques en Afrique occidentale
tendent le climat.
À partir de 1955, les
partis politiques sénégalais durcissent
leurs positions.
En 1956, une loi-cadre
dote les territoires d'outre-mer
d'une nouvelle personnalité juridique,
étape vers leur autonomie et leur
indépendance.
• En 1958, le Sénégal acquiert le statut
de République autonome au sein de
la Communauté française -appellation
de l'Union française dans la Constitution
de la V' République -dont le général de
G11ulle
vient défendre
le principe
à Dakar.
Une nouvelle
histoire commence.
Elle conduit,
deux ans plus
tard, le 4 avril
1960, à l'indépendance du Sénégal.
LE StNtGAL INDBtENDANT
Du PAm DOMINANT
AU PLURAUSME POUTIQUE
• En septembre 1960, Léopold Sédar
Senghor est élu
président de
la République
du Sénégal
indépendant.
Il nomme
M11mtldou Dili
(né en 1910)
Premier
��.:1•111 ministre.
Toutefois, de profonds désaccords
opposent bientôt les deux hommes.
En
décembre 1962, Mamadou Dia, accusé
d'avoir fomenté un coup d'État, est arrêté.
· Après les élections générales de 1963,
qui donnent lieu à de graves incidents,
Senghor, réélu, instaure un régime
présidentiel fort.
En 1966, il impose
le système du parti unique.
les
formations politiques se regroupent
aü sein de l'Union progressiste
sénégalaise (UPS).
Plus aucune
opposition officielle ne se manifeste.
• En février 1970, Senghor nomme
Abdou Diouf Premier ministre.
En août
1974, un an après sa réélection pour
un quatrième mandat, il autorise le
multipartisme.
Ce multipartisme est
limité à trois composantes : socialiste,
communiste et libérale.
Apparaissent
alors le Parti socialiste, nouvelle
appellation pour I'UPS, le Parti
démocratique sénégalais, la formation
d'orientation libérale de l'opposant
Abdoulaye Wade, et le Parti africain
de l'indépendance, de tendance
marxiste-léniniste.
• Fi n décembre 1980, Senghor
démissionne.
Il est remplacé
par son
dauphin,
AbdouDJouf
(né en 1935).
Ce dernier
supprime toute limitation
au nombre
de partis politiques, établissant une
démocratie totalement pluraliste.
la conséquence de cette réforme est
l'apparition d'une multitude de petits
partis aux élections de février 1983.
D'AIDOU DIOUF À AIDOULAYE WADE
• Le président Diouf est reconduit dans
ses fonctions lors des scrutins de 1983,
1988 et 1993.
Au lendemain des
élections de février 1988, Abdou Diouf
fait arrêter et condamner Abdoulaye
Wade (né en 1926), son principal
opposan� qu'il rend responsable des
violences survenues au cours du scrutin.
• À la tête de l'État, Abdou Diouf
travaille à la libéralisation progressive
de l'économie et à la décentralisation
politique.
Il contribue également
à faire entendre la voix du Sénégal dans
le monde, à travers la
participation à de très nombreux
sommets internationaux, et lutte
pour une plus grande unité africaine.
• En janvier 1994, la dévaluation
du franc CFA attise les tensions sociales.
De violentes manifestations éclatent
à Dakar le mois suivant à l'issue
d'un meeting organisé par le Parti
démocratique sénégalais d'Abdoulaye
Wade.
Six policiers et deux manifestants
sont tués.
Les dirigeants de l'opposition,
parmi lesquels Abdoulaye Wade,
sont arrêtés pour « atteinte à la sûreté
de l'État ».
Ils seront relachés en mai.
• En mai 1998, le Parti socialiste
d'Abdou Diouf remporte encore
les élections législatives, mais en
mars 2000,
Abdou/11ye W11dt
remporte
l'élection
présidentielle,
devant le
président Diouf
qui reconnaît
sa défaite.
LA QU ESTION DE LA CASAMANCE
• Comme la plupart des États africains
issus de la décolonisation, le Sénégal
est confronté à la question de l'unité
nationale.
Au cours des années de lutte
anticoloniale, le pays ne faisait qu'un
derrière les leaders nationalistes.
l'indépendance une lois acquise,
cette unité de circonstance, ébranlée
par les diverses revendications
séparatistes, vole en éclat
• Celles-ci sont particulièrement vives
en Casamance, région située dans
le sud du pays et séparée du territoire
du nord par la Gambie.
Senghor n'en
fait aucun cas, réaffirmant l'intangibilité
des frontières.
La mise en place d'un
parti unique est le premier moyen
pour empêcher l'expression des
particularismes ethniques ou tribaux.
Mais les tensions se confirment
en Casamance.
La création de
la Sénégambie -union du Sénégal et de
la Gambie -, en décembre 1981,
a pour objectif de désenclaver la
province irrédentiste.
Mais la divergence
des intérêts des deux pays a vite raison
de cette construction artificielle
qui disparaît en septembre 1989.
• Cependan� dés 1981, certains
membres de l'ethnie diola, majoritaire
en Casamance, sont en état de
rébellion.
Depuis lors, manifestations,
émeutes et affrontements se succédent
dans la province, entrecoupés de
périodes de calme consécutives
à des accords de cessez�e-feu qui
ne sont jamais longtemps respectés.
En avril 1995, quatre touristes français
disparaissent en Casamance.
En mars
2001, les négociations engagées en
décembre 1999 par le gouvernement et
le Mouvement des forces démocratiques
de la
Casamance
de l'.wé
....., "'-«oae
aboutissent
à la conclusion
d'un cessez
le-feu.
La situation
demeure toutefois trés conflictuelle..
»
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