Histoire du Mali
Publié le 21/11/2018
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L'HÉRITIER DES GRANDS EMPIRES
Situé au cœur de l'Afrique de l'Ouest, le Mali est peuplé depuis le paléolithique. Dominé par les Berbères au ive siècle, c'est le berceau du premier empire d'Afrique noire, l'empire du Ghana. Sur ses ruines, Soundiata Keita fonde l'empire du Mali au xiii' siècle, qui maintient sa domination pendant près de trois siècles. Plusieurs empires se succèdent ensuite jusqu'à la conquête française à la fin du xixe siècle. Soumis à deux régimes dictatoriaux après son indépendance en 1960, le pays s'exerce à la démocratie depuis 1991.
DES PREMIERS HOMMES À L'ANTIQUITÉ
Les origines
• Il y a dix mille ans, le Mali actuel était une région humide, verte et peuplée : de nombreux ossements et outillages de pierre taillée ou polie signalent la présence d'hommes dès le paléolithique. Découvert par le naturaliste Théodore Monod (1902-2000) dans la vallée du Tilemsi (nord-est) en 1927, l'homme d'Asselar a été considéré, à cette époque, comme notre plus vieil ancêtre et le plus ancien représentant des populations noires de l'ouest africain.
• Un autre squelette exhumé à Ibaloghem, près de Ménaka, ainsi que de nombreux autres restes humains trouvés à Kobadi, dans le Méma, témoignent d'une implantation humaine ancienne dans cette partie de l'Afrique.
• Aujourd'hui, la présence humaine est avérée un peu partout : les grottes du point G à Bamako montrent un bel art rupestre ; les ateliers de Magnambougou, qui remontent à 4 500 ans avant notre ère, offrent une étendue de 1 km! jonchée d'éclats de pierre taillée ; les décors des cavernes de Fanfanyé Gêné illustrent eux aussi la richesse de la préhistoire malienne.
La PÉRIODE ANTIQUE
• La période antique est encore mal connue. Les pierres dites « de Gao », provenant de tombes violées par les nomades du Sahara, sont peut-être d'origine méditerranéenne : elles témoigneraient de l'ancienneté des échanges entre le Mali et l'Afrique du Nord.
Empire du Ghana Royaume Empire du Mali Empire songhaï Empire toucouleur Achèvement Proclamation Régime de Amadou Toumani
de Sosso de la conquête de la république Moussa Traoré Touré président
française du Mali
• Au xve siècle, l'empire du Mali décline : ruiné par les guerres de succession, les révoltes de palais et l'émancipation des provinces vassales, il s'écroule devant les attaques répétées des Mossi, des Touareg et des Songhaï, jusqu'à se réduire à ses frontières d'origine vers le xvT siècle.
L'empire songhaï
• Fondé par les Berbères, le royaume Songhaï remonte au vu' siècle.
• Au xie siècle, ses rois se convertissent à l'islam.
• Après sa soumission à l'empire du Mali au xiiie siècle, le royaume Songhaï retrouve son autonomie au xve siècle grâce à l'action de Sonni Ali Ber - Ali le Grand -(1464-1492) et de son successeur Mohammed Touré (1493-1528), qui fonde la dynastie musulmane des Askia et diffuse l'islam dans toute la région.
• L'empire songhaï, qui a pour capitale Gao, s'étend alors sur la plus grande partie des Mali, Niger et Sénégal actuels.
• Vaincu en 1591 par les puissantes troupes du pacha marocain Ahmed al-Mansur, l'empire songhai éclate, à partir du xvu' siècle, en une mosaïque de petits États guerriers et théocratiques, parfois éphémères, dont les principaux sont le royaume touareg de la boucle du Niger, les royaumes bambaras de Ségou et du Kaarta, l'empire peul du Macina, l'empire toucouleur et le royaume du Kénédougou.

«
•
Au sein de l'empire, la domination
des Toucouleur rencontre peu à peu
une forte résistance chez les peuples
vaincus, en particulier chez des Peuls
du Macina qui renversent
El-Hadj Omar en 1864.
· Fils d'Omar, Amadou reprend
le flambeau de son père, mais
sa mésentente avec ses frères
ne lui permet pas de maintenir
l'unité de l'empire.
• Allié aux Français contre l'empire
Diou la, il est trahi par ceux-ci
en 1890, qui, jouant de la rivalité
des deux empires, l'emportent
successivement sur les Toucouleur
et les Dioula.
LA VICTOIRE SUR LES DIOULA
• Vers 1870, 1'almany Samory Touré
(1830-1900), un chef de guerre
malinké, se taille, sur les ruines de
l'empire du Mali, un nouvel État qui
s'étend sur une grande partie du pays
malinké dans le Haut-Niger -Guinée
et Mali actuel -jusqu'aux zones
forestières de Sierra Leone et du Liberia.
JI combat vaillamment les Français.
• La conquête de la région par ces
derniers
• En 1898,
Samory Touré
est vaincu et
fait prisonnier
à Guèlemou
(Côte d'Ivoire)
par les troupes
françaises
du capitaine
Gouraud.
• La même année, la capitale du
royaume, Sikasso, tombe entre les
mains des Français.
La voie est libre
pour la colonisation française.
LA COLONISATION
DU SOUDAN FRANÇAIS
• En 1895, 1e Mali, sous le nom
de Soudan français, devient une colonie
intégrée à l'Afrique-Occidentale
française (AOF).
·La colonie est d'abord dirigée depuis
la ville de Kayes puis, à partir de 1908,
depuis Bamako, qui en devient alors
la nouvelle capitale.
• Divisé en cercles et en subdivisions,
le Mali est administré par des
fonctionnaires français épaulés
par des auxiliaires soudanais.
• En vue de sortir la colonie de
l'isolement, les Français développent
les moyens de communication :
la ligne de chemin de fer Kayes-Niger
est inaugurée en 1904 après
vingt-trois ans de travaux.
• Ils se lancent aussi dans l'aménagement
du territoire en créant en 1932 1'0ffice
du Niger, destiné à développer la
culture du riz et surtout du coton
dans la vallée du fleuve Niger-cette
aventure n'a pas pourtant les résultats
économiques escomptés.
•
Durant toute la période de la
colonisation, l'économie du pays
demeure entièrement dépendante
de la métropole : le commerce
est aux mains de grandes sociétés
françaises et de quelques Syro-Libanais
venus faire fortune.
• La France mène une importante
campagne sanitaire dans tout le pays :
elle s'engage très tôt dans la lutte
contre la variole, le paludisme et
toutes sortes d'infections qui déciment
la population soudanaise.
• À partir de 1920, elle ouvre
des écoles sanitaires dans tout le pays,
mais ces infrastructures restent
insuffisantes jusqu'à l'indépendance.
• L:action éducative de la France est
encore plus limitée : les écoles ouvertes
par Gallieni en 1886 pour les fils de
chefs et de notables ne parviennent pas
à former suffisamment de cadres ;
aucune politique éducative réelle ne
vient ensuite la relayer, à tel point que
le taux de scolarisation de la population
n'est seulement que de 8% à
l'indépendance.
• Cette domination suscite divers heurts
et agitations populaires : les plus
célèbres révoltes sont celle d'lbissa
dans le Poi Yoo Dogon en janvier 1910,
celle du Batwun dirigée par Banzani,
Diassana et Adama Dembélé en 1913
et 1916, celle de Firhun et de Ulimenden
en 1914 et celle du Bélédugu menée
par Diosse Traoré en 1915.
• Durant les deux guerres mondiales,
••r•••• le Soudan
participe
activement à l'effort de
guerre et
compte de
lourdes pertes
dans les rangs
-�J-.llil��:;E1t:!J des tirailleurs
__ .._ ___ __, sénégalais,
pour la plupart originaires du Mali.
• Cette dette de guerre et de sang
n'est pas sans effet sur les velléités
émancipatrices d'après-guerre.
Vns L'INDÉPENDANCE
• Suite à la conférence de Brazzaville
en 1944, la vie politique s'organise au
Soudan comme dans toutes les colonies
africaines sous domination française.
• Deux partis politiques se forment
au lendemain de la guerre : le Parti
progressiste soudanais (PSP) de Fily
Dabo Sissoko, soutenu par
l'administration coloniale, représente les chefs coutumiers et les paysans ;
le Rassemblement démocratique
africain (RDA) de Mamadou Konaté
et Modibo Keita, partisan de
l'indépendance immédiate de l'Afrique
française, regroupe notamment
de jeunes intellectuels.
• Au fil du temps, le RDA consolide
son assise électorale jusqu'à remporter
les élections de janvier 1956, rendues
possible par la promulgation de
la loi-cadre de juin 1956 qui accorde
une large autonomie aux territoires
de I'AOF et de I'AEF.
• En décembre de la même année,
Modibo Keita remporte également
les élections municipales à Bamako
et devient maire de la ville.
• Dès lors, le Soudan dispose d'une
assemblée élue au suffrage universel
et d'un conseil de gouvernement présidé par
le gouverneur - la vice-présidence
est confiée à Jean-Marie Koné.
• Après le référendum relatif à
la communauté franco-africaine
de septembre 1959, massivement
adoptée par les populations du Soudan,
les leaders politiques soudanais
projettent la création d'une fédération
avec les autres territoires de l'ex-AOF.
Après de longues négociations, seul
le Sénégal acceptera finalement
de rejoindre le Soudan pour former,
en janvier 1959,la Fédération du Mali.
• L:octroi de l'indépendance à cette
Fédération, le 20 juin 1960, accroit
les dissensions entre les deux États
qui se séparent deux mois plus tard.
• Le 22 septembre 1960, le Soudan
proclame son indépendance et devient
la république du Mali.
LA RÉPUBLIQUE SOCIALISTE
DE MODIBO KEITA
• Sous la conduite de Modibo Keita,
qui est désigné président le 17 janvier
1959, la première république malienne
se lance dans une transformation brutale
de la société en instaurant un régime
socialiste et en défendant le non
alignement, ce qui clôt définitivement
la période coloniale.
• Toutefois, sans rompre ses relations
avec la France, le pays se rapproche
peu à peu des poys du bloc de l'Est
avec lesquels Bamako tisse des liens
de coopération technique et culturelle.
• Le secteur agricole est le premier
touché par les réformes, mais les
tentatives de collectivisation soulèvent
l'opposition des paysans qui voient
d'un mauvais œil l'obligation de vendre
leur récolte aux organismes d'État.
• Sur le plan commercial, le
gouvernement crée en octobre 1960
la Société malienne d'importation
et d'exportation (Somiex) qui détient
le monopole des échanges
commerciaux extérieurs.
• Cette politique se solde très vite
par un échec : la situation commerciale
catastrophique oblige le gouvernement
à instaurer le franc malien en 1962,
en remplacement du franc CFA,
institué dans les colonies françaises
en 1945.
L:inflation est énorme et
seuls quelques privilégiés profitent
des bénéfices dégagés.
• L:aide accordée par le bloc de l'Est
ne suffit pas à pallier le déséquilibre
croissant de la balance commerciale.
• Au fil des années, malgré le prestige
énorme de Modibo Keita auprès
des nationalistes africains, le régime
malien rencontre de plus en plus
d'opposition à l'intérieur même du pays.
En
1961, les commerçants se révoltent ;
en 1963, c'est au tour des Touareg.
• En réaction, le gouvernement
accentue sa politique de répression
effectuant des purges jusqu'au sein
du parti et de l'administration.
L:Assemblée nationale est dissoute
en janvier 1968, suivie du bureau
politique de l'US-RDA en septembre
de la même année.
• C'est dans ce climat d'instabilité
que, le 19 novembre 1968, une junte
de quatorze officiers dirigée par
le lieutenant Moussa Traoré met fin
au régime socialiste.
LE RÉGIME MILITAIRE OE MOUSSA TRAORÉ
• Le jour même du coup d'État, le
président Modibo Keita et les membres
de son gouvernement sont arrêtés,
puis incarcérés dans le nord du pays.
• Un Comité militaire de libération
nationale (CMLN) dirigé par Moussa
Traoré, un sous-lieutenant de 32 ans,
prend les rênes du pays.
• Les militaires renoncent au socialisme,
mais, en l'absence de programme
alternatif, ils maintiennent en place
les sociétés d'État.
• Le nouveau régime oublie vite
ses promesses démocratiques
pour mener à son tour une politique
répressive à l'encontre des
mouvements d'opposition qui naissent
au sein même du CMLN, provoquant
de multiples tentatives de coup d'État.
• Toutefois, sous la pression de
la France, le Mali libéralise peu à peu
son régime.
En 1974, le 3 • congrès
de l'Union nationale des travailleurs
du Mali (UNTM) décide l'organisation
d'un référendum pour l'adoption
d'une nouvelle Constitution.
La tentative
d'ouverture politique fait long feu.
• Sur le plan économique, le pays
rencontre d'énormes problèmes :
le gouvernement se tourne vers l'aide
financière extérieure.
notamment
celle de la France qui demande en vain,
en contrepartie, la liquidation des
sociétés d'État, lourdement endettées.
• En 1977, l'annonce de la mort
inexpliquée de l'ex-président Modibo
Keita, la veille de sa libération
de prison, provoque des émeutes
populaires qui sont réprimées
dans le sang.
• À partir de cette date, les dissensions
au sein du CMLN s'exacerben�
partageant ses membres en deux
factions : d'un côté, les « faucons ,
dirigés par Tiécoro Bagayoko, Kissima
,..
•• Dukara,
Karim Dembélé
et Charles
Samba Sissoko ;
de l'autre, les
«colombes»
menées par
le président
Moussa Traoré.
• En février 1978, les« faucons»
sont arrêtés et jugés pour complot
contre le régime.
•
Libéré de son opposition interne,
Moussa Traoré marque le renouveau
de son pouvoir en créant l'Union
démocratique du peuple malien,
mais ce nouveau régime sombre
à son tour dans l'autoritarisme.
Le pouvoir régit toute la vie sociale,
sans pour autant résoudre la crise
économique que traverse le pays.
• Durant cette période, le régime
entre en conflit avec le Burkina-Faso
au sujet de la région frontalière
d'Agacher.
Le différend mène
à une guerre coûteuse en 1985.
En 1990, le régime affronte une
nouvelle rébellion des Touareg.
• À la fin de l'année 1990, les
revendications démocratiques
deviennent de plus en plus pesantes,
avec la création de l'Alliance pour
la démocratie au Mali (Adéma),
le Comité national d'initiative
démocratique (CNID) et l'Association
des élèves et étudiants du Mali (AEEM).
• En mars 1991, l'arrestation du secrétaire
de I'AEEM conduit à des journées
d'émeutes réprimées dans le sang.
• L:opposition démocratique
ne cesse de prendre de l'ampleur,
s'exprimant sous forme de meeting
et de marches pacifiques.
Moussa
Traoré est finalement renversé le
26 mars 1991 par un Comité militaire
de réconciliation nationale.
VERS LA DÉMOCRATIE
• Leader de ce comité, le lieutenant
Amadou Toumani Touré-dit« An, -
devient le nouveau chef d'État.
• JI engage aussitôt le dialogue
avec les leaders
de l'opposition
et crée le
Comité de
transition pour
le salut du
peuple (GSP), composé
de civils et
de militaires.
• Le nouveau gouvernement provisoire
est dirigé par Soumana Sacko -dit
« Zorro » -.
ex-ministre de l'Économie
du précédent régime.
• Une active politique de purge
de l'administration et des sociétés
d'État est alors entreprise.
• Durant l'été 1991 sont élaborés un
nouveau code électoral et une nouvelle
Constitution qui est approuvée
le 12 janvier 1992.
• Toutes les élections organisées
depuis lors voient la victoire de I'Adéma
sur l'ancien US-RDA et le CNID.
· Alpha Oumar Konaré est élu
nouveau président de la République.
• En février 1993, Moussa Traoré
est condamné à mort, puis gracié
en 1997.
• Alpha Konaré est réélu avec 80 Ofo
des suffrages exprimés en mai 1997.
• En mai 2002 le général Amadou
Toumani Touré, candidat de
l'opposition, est élu au second tour
président de la République..
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