Histoire des relations internationales - La Chine et l'Afrique de 1949 à nos jours
Publié le 07/06/2012
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Ce manque apparent de scrupules de la part de la Chine et les contestations des bénéfices de la politique du « gagnant-gagnant « par les africains eux-mêmes soulèvent de nombreuses critiques à l'encontre de cette chinafrique. L'offensive chinoise en Afrique a, depuis ses débuts, fait naître autant d'espoirs que de désillusions. En effet, la coopération sino-africaine est une réelle aubaine pour le continent Africain qui n'aurait sans doute pas connu le développement qu'il a connu depuis les années 1950 et la croissance du PIB d'environ 5% par an sans l'aide de la Chine. L'apport de la Chine a été bénéfique dans de nombreux secteurs indispensables au développement : agriculture, épuration des eaux, hygiène, santé, construction d'infrastructures.. De manière générale, les dirigeants Africains affichent leur satisfaction concernant la collaboration sino-africaine et ne reviennent pas sur les prétendus points positifs de la politique du gagnant-gagnant. Ceux qui s'estiment perdants, ce sont bien les populations qui multiplient les critiques à l'égard de l'invasion chinoise. L'arrivée massive de la main d'oeuvre envoyée par les entreprises chinoises est à l'origine d'une concurrence destructrice. En effet les africains déplorent la mort dans l'oeuf de l'industrie africaine naissante dont le marché est noyé par les produits « made in china « aux prix défiant toute concurrence. Le sentiment chinois, sous-jacent depuis le début de la collaboration, s'est largement développé au cours des dernières années. L'explosion en 2005 d'une usine d'explosifs à Chambishi en Zambie, provoquant ainsi la mort d'une cinquantaine d'ouvriers africains n'a fait que le raviver. La Zambie, autrefois le pays symbole de la bonne coopération entre la Chine et l'Afrique, connaît aujourd'hui les critiques les plus vives contre la présence de la Chine au sein du continent.
«
indépendance en 1958, qui est le premier allié de Pékin, le chef d'État africain s'y rend d'ailleurs dès 1960 afin derencontrer Mao Tsé-Toung et Zhou Enlai.
Cette rencontre donne lieu à la signature d'un traité d'amitié et à unaccord de coopération technique et commercial allié à un prêt de 25 millions de dollars à destination de la Guinée.Nkrumah, président du Ghana (indépendance proclamée en 1957) est ensuite reçu et connaît lui aussi le protocoledésormais classique de tout dirigeant africain se rendant en Afrique : signature d'un traité d'amitié, accordcommercial et technique et octroi d'un prêt d'une vingtaine de millions de dollars.
La République populaire s'evertue àreconnaître officiellement tous les pays africains nouvellement indépendants et d'établir des liens avec ceux-ci.
À cetitre, la RPC reconnaît , dans les années 1960, le Dahomey, le Burundi, le Congo-Brazaville, l'Ouganda, le Kenya, leSénégal, la Tanzanie, la Mauritanie, le Nigeria, la Zambie et le Soudan.
Il faut tout de même noter que lacoopération sino-africaine ne va pas toujours de soi et cela principalement en Afrique francophone.
En effet àl'instar du Cameroun en 1964, du Niger, de la Côte d'Ivoire ou encore du Burkina Fasso, plusieurs pays refusentd'emblée l'établissement de relations malgré l'offre d'aides commerciales et techniques très intéressantes.
Certainspays souhaitent même une rupture définitive avec la RPC, en janvier 1965 au Burundi, l'ambassadeur de Chine et sonpersonnel sont renvoyés, quelques mois plus tard, le renversement du président Dacko en République centre-africaine entraîne aussi la rupture avec Pékin.
De même, la Turquie , qui s'était pourtant rapprochée de la RPC audébut des années 1960, ne tarde pas à s'en méfier et dénonce « les ambitions démesurées de la Chine enAfrique »3.
Malgré l'envenimement des relations sino-africaines dans certains pays, l'Empire du Milieu parvient àconserver de bons rapports et à établir une relation durable avec de nombreux pays comme la Tanzanie, la Zambie,le Soudan ou encore la Guinée qui maintiennent leur soutien à la RPC, permettant ainsi le développement departenariats économiques de plus en plus importants.Le développement de ces relations économiques entre les deux continents alimente l'inquiétude des occidentaux etde l'Union soviétique qui tentent tant bien que mal de maintenir leur hégémonie malgré un contexte qui leur est trèsdéfavorable.
L'Empire du Milieu n'est pas le seul à se rendre compte de l'immensité des possibilités non exploitées del'Afrique.
Les États-Unis manifestent en effet un intérêt de plus en plus marqué envers le Continent noir et ymultiplie ses investissements qui augmentent considérablement en dix ans (de 104 millions de dollars à 834 millionsde dollars).
La France, confrontée à la vague d'indépendances de ces anciennes colonies africaines, veut trouver lemoyen de conserver une certaine domination et ses relations économiques avec le continent par le biais de l'Unionfrançaise.
Toutefois ses nouvelles formes de domination sont très mal perçues par le continent Africain.
L'attitudehypocrite des États-Unis , qui jouent tant sur le front de la défense des anciennes colonies contre l'impérialismeeuropéen (par le biais de l'ONU notamment) que sur la mise en place d'une emprise économique sur l'Afrique, déplaîtfortement.
Une des autres variables qui explique l'implication croissante de la RPC en Afrique est la rupture sino-soviétique qui s'opère dès la fin des années 1950.
La RPC entre alors dans une compétition idéologique avec l'URSSqui manifeste le désir de porter « l'étendard rouge sur le continent noir4 ».
Aux alentours des années 1980, onobserve le départ des pays du Nord et de l'URSS de l'Afrique tandis que la RPC maintient des liens de plus en plusforts.
Plusieurs éléments expliquent le succès de la République populaire de la Chine dans l'évincement des grands dece monde.
Premièrement, la volonté du continent Africain de s'émanciper, par tous les moyens, de la tutelle de sesanciens colons.
Ensuite, la RPC présente l'avantage de ne pas avoir de velléités impérialistes.
Officiellement ellecontribue à la libération des anciennes colonies africaines car elle est « l'amie des peuples opprimés »5.Officieusement elle désire coûte que coûte son siège à l'ONU (que seule la Chine de Tchan kai Tchek exilée à Taïwana) et a besoin, pour cela, des voix du plus grand nombre de pays membres et compte ainsi sur celle de cesanciennes colonies ayant rejoint l'ONU à leur indépendance.Par son idéologie et ses valeurs proches des pays d'Afrique, la République populaire de Chine réussit progressivementà infiltrer le continent noir et à évincer les anciennes puissances coloniales ainsi que l'impérialisme des nouveauxgrands, l'URSS et les États-Unis.
Aucun pays n'est ignoré, y compris ceux qui ne présentent, à premières vue,aucune ressources ou richesses intéressantes.
La RPC atteint son but premier en 1971 lorsqu'elle obtient le siège dela République de Chine à l'ONU en grande partie grâce aux votes des pays africains.
Les années 1970 marquent untournant dans la politique extérieure chinoise.
Jusqu'à alors uniquement préoccupée par l'affirmation de sa présencepolitique sur la scène internationale, la Chine s'était évertuée à s'assurer le soutien de « non-alignés » et à mettreen place une politique de solidarité avec l'Afrique.
Politique qui se caractérise par l'envoi d'environ 15000 médecinset d'autant d'ingénieurs, par des accords commerciaux et des prêts avantageux pour l'Afrique, le soutien matérielaux mouvements indépendantistes et aux insurrections (...).
L'un des chantier les plus symboliques de cette périodeest la construction de la voie ferrées liant la Tanzanie à la Zambie, le « Tanzam ».
Les années 1970 sont marquéespar le début d'investissements chinois considérables sur le continent Africain.
La Chine qui connaît alors undéveloppement rapide a désormais besoin d'affirmer son assise économique par rapport aux autres puissancesmondiales.
Le continent Africain, bien que convoité pour toutes les richesses de son sol mais très peu exploité,semble dès lors être l'opportunité parfaite.
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De 1955 à 1977, la République populaire de Chine vend 142 millions de dollars de matériel militaire à l'Afrique, en1977 la valeur des échanges commerciaux de toutes sortes entre la RPC et le l'Afrique atteint le montant record de817 millions de dollars.
Bien que toujours influencée par l'esprit tiers-mondiste et anti-impérialise insufflé par Mao etZhou Enlai, la politique extérieure chinoise évolue selon contexte international et des objectifs différents.
La fractureest-ouest a laissé place à une fracture nord-sud, renforçant ainsi la position de la Chine par rapport à l'Afrique.D'une coopération idéologique, la politique extérieure de la RPC s'oriente alors vers un pragmatisme économique.La Chine parvient alors à s'affirmer progressivement sur le continent africain allant jusqu'à supplanter la« françafrique » établissant ainsi une relation sino-africaine ambiguë partagée entre espoirs, satisfactions etcontestations..
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