Histoire de L'Autriche
Publié le 18/11/2018
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A LA RECHERCHE D'UNE IDENTITE NATIONALE
Constituée le 1er octobre 1920 sur les ruines de l'Empire austro-hongrois, démantelé par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, la République d'Autriche, pays de langue et de culture allemandes, va se chercher une identité nationale à travers le XXe siède. Après que le pays eut été absorbé dans le Reich hitlérien, de 1938 à 1945, le sentiment national autrichien a émergé, au cours des décennies suivantes, à la faveur d'une neutralité imposée et d'une politique d'ouverture choisie, tant sur les démocraties libérales de l'Ouest que sur les pays communistes de l'Est La dislocation du bloc communiste, au début des années 1990, a ébranlé la société autrichienne : en même temps que ressurgissaient les démons pangermanistes et xénophobes, les Autrichiens faisaient le choix de l'Union européenne, dont l'Autriche est devenue membre en 1995.
LES ORIGINES
La culture de Hallstatt
Occupé par l'homme dès le paléolithique inférieur, le territoire actuel de l'Autriche voit s'épanouir, entre 1000 et 450 avant notre ère, une nouvelle société dirigée par des princes celtes, cavaliers aux longues épées qui érigent des citadelles et fondent leur domination sur le contrôle des mines de fer et la maîtrise de la métallurgie du fer. Le site de Hallstatt, isolé dans le massif du Salzkammergut, a donné son nom au premier âge du fer en Europe occidentale.
La «marche de l'Est»
Occupée par les Romains vers 15 av. J.-C, l'Autriche voit ce succéder, au Ve siècle de notre ère, les invasions des Huns, des Ostrogoths, des Lombards et des Avars, lesquels vont dominer le territoire autrichien. Au vie siècle, des principautés slaves sont établies en Basse-Autriche, en Styrie et en Carinthie. En 796, Charlemagne vainc les Avars et crée une marche de l’Est, l'Ostmark, au sein de l'Empire carolingien. Soumise aux ducs de Bavière, ravagée par les Hongrois, l’Ostmark est rétablie dans le Saint Empire romain germanique après la victoire d’Otton le Grand sur les Hongrois, en 955.
Le duché d'Autriche
En 976, la maison de Babenberg hérite de l'Ostmark. Le nom d'Osterreich (Royaume de l'Est) est mentionné pour la première fois en 996 sur un document signé par Otton III En 1156, l'empereur germanique Frédéric Ier accorde à Henri II Babenberg la transformation de la marche en duché héréditaire, lequel va s'accroître de la Styrie (1192) et d'une partie de la Carniole. En 1246, la famille des Babenberg s'éteint; le roi de Bohème Ottokar II s'empare de l’Autriche; il acquiert la Carinthie en 1269.
SOUS LES HABSBOURG
La victoire des Habsbourc
Petit seigneur de la Suisse alémanique, Rodolphe I\", élu empereur en 1273, écrase Ottokar II au Marchfeld en 1278. Il fait de l’Autriche, de la Carinthie et de la Styrie des possessions héréditaires, qui, à sa mort, en 1282, échoient à son fils, Albert. Les Habsbourg perdent l'Empire en 1306 mais agrandissent leur duché de la Carniole (1335), du Tyrol (1363), d’une partie de l'Istrie (1374) et de Trieste (1382). À l'ouest, le duché intègre le Brisgau (1368), le Vorarlberg alémanique (1375) et le Sundgau.
Culture de La marche Duché Albert II de Traités de Paix de Paix de Autriche- Autriche Anschluss Indépendance Constitution Entrée dans
Hallstatt de l'Est d'Autriche Habsbourg Westphalie Karlowitz Passarowitz Hongrie indépendante l'Union
européenne
Pour l'Anschluss
Ayant choisi d'affaiblir durablement l'Allemagne, les Alliés ont, par le traité de Saint-Germain, refusé aux Autrichiens le droit de disposer d'eux-mêmes. Ledit traité interdit l'union de l'Allemagne et de l'Autriche, l'Anschluss, sauf consentement unanime - improbable - de la Société des Nations (SDN). Le 12 novembre 1918, les députés du parlement de Vienne, réunis en Assemblée constituante provisoire (dominée par les sociaux-démocrates), avaient pourtant opté pour le rattachement à l'Allemagne sous le nom de République allemande d'Autriche, estimant que l'Autriche redessinée par les Alliés n'était pas viable. En 1921, des plébiscites sont organisés au Tyrol

«
sociaux,
parti des paysans et de la
bourgeoisie conservatrice, la gouvernent
sans discontinuer jusqu'en 1938.
Sous
la direction de
Mgr lg1111z Seipel
{1876-1932), chancelier
entre 1922 et 1929,
l'Autriche entreprend
un difficile
redressement
économique, avec l'aide de la SDN et
au prix d'un dur conflit avec les sociaux
démocrates, majoritaires chez les
ouvriers de la capitale.
En juillet 1927,
l'antagonisme politique et social
engendre à Vienne des émeutes
ouvrières, durement réprimées.
Le Parti
social-démocrate est de fado hors-la-loi
et le gouvernement va désormais
s'appuyer, pour maintenir l'ordre, sur
la milice fasciste des Heimwehren.
!:ÉTAT AUTORITAIRE
La crise économique de 1929 frappe de
plein fouet l'Autriche.
La propagande
nazie, orchestrée par le nouveau parti
national-socialiste autrichien, trouve un
écho de plus en plus favorable dans la
population, tandis que se durcit la lutte
entre Heimwehren et milices ouvrières
(Schutzbund).
Le gouvernement se
raid� : en décembre 1929, une réforme
de la Con�ution renforce l'exécutif,
préludant à la mise
en place du régime
autoritaire et
corporatiste
du chancelier
Engelbet1
Dolfuss {1892-
1934).
Un an après
sa venue au
pouvoir, en 1932,
celui-ci suspend le régime parlementaire.
En 1934, il fa� incarcérer les chefs
socialistes.
Mais son attachement à
l'Indépendance de l'État l'oppose
également aux nazis, qui l'assassinent la
même année.
poursuit cette
..
politique
d'Indépendance et tente, en vain, de se
rapprocher des socialistes.
Il se trouve
isolé face à Adolf Hitler lorsqu'en 1937
Benito Mussolini renonce ouvertement
à protéger l'Autriche face aux ambitions
de son allié allemand.
!:ANSCHLUSS
Dès 1925, Berlin avait entrepris une
politique de pénétration économique
de l'Autriche, noyautant notamment les
chambres de commerce.
En l'absence
d'un sentiment national autrichien, la
propagande nazie, jouant du sentiment
pangermaniste des Autrichiens et d'un
antisémitisme décuplé par les difficultés
économiques, réussit à imposer sans
mal l'Idée d'un Anschl uss.
Le 14 mars
1938, des troupes allemandes pénètrent
en Autriche, Hitler fait une entrée triomphale
à Vienne.
Le 10 avril 1938,
99.73% des électeurs autrichiens se
prononcent en faveur du rattachement
au Ill' Reich.
Le 11 juillet 1938 est signé
un accord austro-allemand par lequel
l'Autriche se déclare cc second État
allemand» et accepte de tenir compte
des intérêts du Ill• Reich dans sa
politique.
En avril 1939, les structures
fédérales de I'Ostmark sont liquidées :
l'Autriche se dissout dans le Reich nazi.
Enrôlés dans les structures
d'encadrement du parti nazi, les
Autrichiens vont aussi participer
activement aux campagnes militaires
de la Wehrmach� notamment en
Yougoslavie.
IWtJuti !:INDÉPENDANCE RECOUVRÉE
Dès le 1" novembre 1943, les Alliés,
par la déclaration de Moscou,
annulent l'annexion de l'Autriche par
l'Allemagne, ce qui signifie à la fois,
au regard du droit international,
que l'Autriche a été neutre dans la
Seconde Guerre mondiale et qu'elle
doit recouvrer son indépendance au
lendemain de celle-ci.
La restauration
de l'État autrichien sera
le fait du
provisoire constitué en
avril 1945 par le
dirigeant socialiste
Renner {187(}-1950),
réunissant sociaux
démocrates, communistes et populistes
(chrétiens-sociaux).
Il proclame le
27 avril 1945 l'indépendance de
l'Autriche, dont il devient le président
élu en décembre 1945 Gusqu'en 1950).
LA NEUTRALITÉ IMPOSÉE
La guerre froide aidan� il faudra dix ans
pour que l'Autriche, partagée en quatre
zones d'occupation, puisse signer avec
les Alliés un traité de paix, le 15 mai
1955.
Celui-ci, qui a valeur de traité
d'Éta� car ses clauses sont inscrites dans
la Constitution autrichienne, adoptée le
26 octobre 1955, proscrit explicitement
un nouvel Anschluss, prohibe toute
restauration des Habsbourg e� surtout
prévoit la neutralité de l'Autriche.
Cette
condition imposée par l'Union
soviétique va véritablement fonder
l'identité nationale autrichienne, en
offrant au pays un destin particulier,
celui de pont entre Europe de l'Est et
Europe de l'Ouest
LA RECONSTRUCTION
De 1945 à 1966, l'Autriche est
gouvernée par une coalition du Parti
socialiste (Sozialistische Partei
Osterreichs, SPO) et du Parti populiste
(Osterreichische Vo/kspartei, OVP),
successeur des chrétiens-sociaux.
Après
la rupture de la coalition, en 1966,
I'OVP forme un gouvernement présidé
par Josef Klaus.
Durant ces années,
l'Autriche, grâce au plan Marshall
d'aide à la reconstruction, connaît une
importante expansion économique qui
jette les bases de sa prospérité actuelle,
fondée sur le tourisme et les industries
d'exportation (papier, machines,
chimie ...
).
Elle met en place également
le cc partenariat social», institution
typiquement autrichienne dans le cadre
de laquelle s'effectue la consultation,
sur des sujets économiques et
politiques, des syndicats et des
principales associations.
LA
QUESTION DU SUD-TYROL
En faisant du Brenner la frontière entre
l'Autriche et l'Italie, le traité de Saint
Germain attribue à l'Italie le Sud-Tyr ol.
région alpine peuplée en majorité de
germanophones.
Leur sort va
durablement empoisonner les relations
entre les deux pays.
En 1946, un accord
promet l'autonomie aux Tyroliens du
Sud : la région du Haut-Adige est
constituée deux ans plus tard; elle est
peuplée de 110 000 Italiens de souche
et de 220 000 germanophones, dont
l'irrédentisme va se radicaliser à partir
des années 1950.
Tandis que le
Südtyroler Volkspartei demande le
rattachement à l'Autriche et que celle-ci
se déclare cc puissance protectrice»
des germanophones sud-tyroliens, des
attentats sont perpétrés dans la région
de Bolzano (Bolzen).
Le retour au
calme n'Intervient qu'après la signature
d'un nouvel accord, en 1969, qui élargit
l'autonomie du Haut-Adige et reconnaît
l'allemand comme deuxième langue
officielle dans cette région.
Balkans
durant la Seconde Guerre
mondiale en tant qu'officier de la
Wehrmach� ce qui n'empêchera pas
son élection à la présidence de la
République, le 8 juin 1986.
Cette élection affaiblit le prestige
international de l'Autriche acquis sous
le gouvernement de Kreisky, provoque
dans le pays un douloureux débat
sur la participation autrichienne aux
atrocités nazies en même temps
qu'elle libère les démons antisémites
et pangermanistes : à l'automne 1986,
Jiirg Ht1ider, qui affiche une idéologie
national-populiste, prend le pouvoir
au sein du FPO.
Le chancelier socialiste
f--------------l Frantz Vranitsky, successeur de
LE GOUVERNEMENT KREISKY
En mars 1970, I'OVP, après une défaite
électorale sévère, cède la place à un
gouvernement socialiste dirigé par
Bruno Kreisky -1990).
étrangères
1959 à 1966,
mène une politique de neutralité active,
développant les relations de l'Autriche
avec les pays du bloc communiste tout
en ancrant son pays dans l'Europe :
membre de l'Association européenne
de libre-échange depuis 1960,
l'Autriche ne cesse de développer ses
échanges avec le Marché commun.
La
politique intérieure de Kreisky fait de
l'Autriche une démocratie moderne
(réformes des systèmes électoral,
éducatif et judiciaire, libéralisation de la
radio-télévision, de I'IVG ...
).
Bien que
l'Autriche ait mieux résisté que d'autres
pays européens à la crise économique
engendrée par les chocs pétroliers,
c'est en grande partie sur ses résultats
économiques -et sa politique sociale
favorable aux salariés -que le
gouvernement Kreisky est battu aux
élections du 24 avril 1983.
LE CHOC WALDHEIM
Après les élections de 1983, les
socialistes forment, sous la direction
du chancelier Fred Sinowatz, un
gouvernement de coalition avec les
libéraux du FPO (Freiheitliche Partei
Osterreichs), parti de la droite non
catholique fondé en 1949.
Tandis que
le déficit colossal de l'Industrie
nationalisée après la guerre -un tiers
de l'économie du pays -discrédite les
socialistes, la stabilité politique et la
cohésion nationale sont ébranlées par
le scandale suscité par les accusations
portées à l'encontre
du candidat
populiste Kurt
Waldheim (né en
1918), ancien
i général
{1971 -
), concernant
rôle dans les Sinowatz,
dénonce la coalition avec
le FPO : les élections du 26 novembre
1986 voient le FPO doubler son
audience, avec 9,72% des voix et
18 députés.
Les socialistes forment alors
une nouvelle grande coalition avec les
populistes de I'OVP, qui se maintient
après les élections de 1990.
APRÈS LA RÉUNIFICATION ALLEMANDE
Après la tempête Waldheim, l'Autriche
doit affronter les bouleversements
géopolitiques provoqués par
l'effondrement du bloc communiste.
Celui-ci remet en cause l'identité
moderne de l'Autriche, difficilement
construite sur la neutralité, tandis que
l'afflux d'immigrants slaves-dans
un contexte de dégradation de l'État-
DIFFICILE COHABITATION
EN CARINTHIE
Le découpage {1920) de la Carinthie
entre Yougoslavie et Autriche a laissé
au sein de la République autrichienne
une minorité slovène estimée à
environ 20 000 personnes.
Le traité
d'État de 1955 consacrait son article 7
aux droits de cette minorité slovène,
prévoyant que le slovène serait admis
comme langue administrative dans le
Land de Ct1rln tlllt.
Mais les autorités,
si elles ont mis en place un
enseignement bilingue à l'école
primaire, n'ont pas donné une pleine
concrétisation à ces engagements.
En
1972, la mise en place de panneaux
indicateurs bilingues dans les zones
mixtes de Carinthie déclenche une
violente campagne de xénophobie
antislave, qui contribue à la prise de
pouvoir, au sein du FPO, de Jorg
Haïder, originaire de Carinthie.
Il
subsiste par ailleurs une minorité
croate au Burgenland, également
protégée par le traité de 1955.
providence
autrichien -favorise un
repli sur les racines germaniques.
La montée continue du FPO, au
discours xénophobe et pangermaniste,
et ses succès auprès d'un public jeune,
témoignent de cet ébranlement : en
1990, le FPO obtient près de 17% des
voix et 33 sièges.
Avec la progression
- moindre -des Verts autrichiens,
le système politique se recompose,
l'Autriche s'Installant dans un système
quadripartite.
Le 24 mai 1992, Kurt
Waldheim ayant renoncé à faire
renouveler son mandat, Thomtls
Klestil, candidat de I'OVP, est élu chef
de l'État.
DANS !."EUROPE
Les socialistes avaient constamment
exclu l'Intégration de l'Autriche à la
Communauté européenne, au motif que
cela nuirait à la position équilibrée de
l'Autriche entre Est et Ouest En 1986,
les socialistes abandonnent les Affaires
étrangères au populiste Alais Mock.
vice
chancelier.
Celui-.
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