Histoire de La Sicile Des premiers peuplements à l'unité italienne
Publié le 11/11/2018
Extrait du document
Diversité culturelle ET TOLÉRANCE RELIGIEUSE
• La domination musulmane se caractérise par la tolérance dans les régions islamisées et arabisées, où des monastères jouxtent parfois les mosquées. LHe est mise en valeur et la culture grecque est maintenue, ce qui implique la présence de fonctionnaires chrétiens protecteurs de leurs coreligionnaires. En outre, une partie de la Sicile reste soumise à l'influence chétienne.
La Sicile, terrain de guerres
• Sous la férule des Fatimides, qui succèdent aux Aghlabides au xe siècle, la Sicile connaît une islamisation chiite radicale.
• Pour mater les révoltes, la dynastie califale maintient un État fort, qui pousse certains musulmans à chercher refuge auprès des chrétiens. Chargé par le calife al-Mansour de gouverner l'île, Hassan Ibn al-Kalbi bat les Byzantins en 947 en Calabre. Il fonde la dynastie des Kalbites dont les émirs gouverneront la Sicile jusque vers 1030.
DU MYTHE À L'AUTONOMIE
La Sicile, la plus grande île de la Méditerranée, a une histoire scandée par des invasions et des dominations successives qui font du pays une entité composite, l'une des plus métissées du bassin méditerranéen. Sa configuration géographique triangulaire, qui lui valut le surnom de Trinacria - «trois promontoires», en grec -, s'affiche, depuis 2000, au beau milieu du drapeau de la province autonome de Sicile. Elle figure un symbole de circulations et d'échanges qui convient à l'île, lieu de passage dont témoignent l'alternance et la valse incessantes de ses peuples, de ses gouvernants et même de ses langues : avant de devenir une région autonome d’Italie et de se fondre dans son histoire, l'île a connu, avant l'italien, plusieurs langues officielles - le grec, le latin, l'arabe, le franco-normand, le français, l'espagnol -, sans que jamais le sicilien lui-même, la langue du peuple, n'obtienne ce statut.
LES ORIGINES
DU MYTHE À LA RÉALITÉ
• Séparée du continent par les 3 km du détroit de Messine et dominée par la masse volcanique de l'Etna, la Sicile est dotée d'une histoire marquée au sceau de son insularité au cœur de l'espace méditerranéen. Selon la légende, les Cydopes et les Lestrigons auraient peuplé la Sicile.
La domination française
• En 1266, pour ramener la paix sur l’île, le pape Clément IV impose un Français à la tête du royaume de Sicile et d'Italie du Sud.
Charles Ier d'Anjou (1266-1285), frère du roi Saint Louis, mécontente les Siciliens en s'installant à Naples et en distribuant des fiefs à ses hommes, et se rend impopulaire à cause de sa politique de subordination du commerce local aux marchands étrangers.
LES ALÉAS DU ROYAUME DES DEUX-SICILES
LE RATTACHEMENT
• Le royaume des Deux-Siciles est issu de la réunification du royaume de Sicile, divisé depuis les Vêpres siciliennes en 1282, et du royaume de Naples. Œuvre du roi Alphonse V d'Aragon en 1443, il ne survit pas à sa mort en 1458 : le royaume est alors divisé entre son frère Jean II, qui garde la Sicile, et son fils illégitime Ferdinand, qui devient souverain de Naples.
En 1501, Naples est conquise par le roi Ferdinand II d’Aragon qui réunifie les deux entités sous l'autorité de la monarchie espagnole. Jusqu'à la guerre de Succession d'Espagne, tous les rois espagnols portent le titre de « roi de Sicile des deux côtés du détroit ». Le traité d'Utrecht en 1713 et celui de Rastadt (1714) qui mettent fin au conflit décident de l’abandon de la Sicile au duc de Savoie tandis que Naples passe entre les mains de l'empereur Charles VI, qui annexera nie en 1720. En 1738, un royaume des Deux-Siciles est fondé, sous la domination d'une branche des Bourbons d'Espagne qui se maintient jusqu’en 1860. Le débarquement garibaldien signe en 1860 la fin de cet ensemble politique, qui est rattaché à l'Italie.
«
•
En 962-965, son fils, l'émir Ahmed,
vainc de nouveau les Byzantins, appelés
en renfort par les chrétiens de Sicile,
à Messine et à Rametta.
l' APOGÈE DE LA SICILE MUSULMANE
• Après l'échec de la tentative de
reconquête byzantine, un processus
d'arabisation totale du territoire sicilien
s'installe, favorisé par une immigration
en provenance d'Afrique du Nord,
et appuyé sur une politique de
développement économique.
• La conquête musulmane encourage
l'épanouissement culturel.
La prospérité
commerciale fait de la Sicile un relais
entre Égypte et Occident musulman.
La Sicile consomme et exporte des
produits raffinés.
Palerme devient
l'une des plus brillantes cités
du bassin méditerranéen.
l'OFFENSIVE BYZANTINE
• Vers 1030, la légitimité de l'imanat
fatimide est contestée et les Kalbites
sont chassés de l'île.
Les querelles
dynastiques entre émirats rivaux
conduisent à un affaiblissement
politique dont profitent les Byzantins.
• En 1038, avec l'aide d'une faction
musulmane, ils lancent une tentative
de reconquête menée par le général
grec Georges Maniakès.
Après
quelques succès contre les musulmans,
cette tentative échoue en 1040.
• En 1060, l'émir de Syracuse appelle
à la rescousse les chefs normands
pour se débarrasser de ses concurrents.
LA CONQUÊTE NORMANDE
ROGER DE HAUTEVILLE
• Longue et difficile, la conquête
de la Sicile est réalisée entre 1060
et 1090 par le Normand Roger de
Hauteville, duc des Pouilles et de
Calabre, chargé par le pape Nicolas Il
de convertir le pays au catholicisme.
Cette conquête s'explique par la
faiblesse militaire sicilienne, les guerres
intestines, l'habileté politique de Roger,
le soutien des chrétiens grecs et le
découragement des chefs musulmans.
UN ÉTAT COMPOSITt
• Roger Il (1130-1154) veut unifier
la Sicile.
Il introduit le droit féodal
occidental tempéré d'Influences
romaine et byzantine.
Il impose
une paix précaire, contrariée par
des complots féodaux et des conflits
entre musulmans et chrétiens, qui
culmine avec le pogrom antimusulman
de 1160.
Quant à l'art et à la culture,
c'est l'éclectisme combinant les apports
latins, arabes et grecs qui caractérise
la période normande.
LA SUCCESSION
DES DOMINATIONS
LE RÈGNE IMPÈRIAL
DE HENRI VI ET fRÈDÉRIC Il
• La Sicile passe par héritage à la
dynastie souabe des
Hohenstaufen.
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siciliennes
en 1282, et
du royaume
de Naples.
Œuvre du roi
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il ne survit pas à sa mort en 1458 :
le royaume est alors divisé entre
son frère Jean Il, qui garde la Sicile,
et son fils illégitime Ferdinand,
qui devient souverain de Naples.
En 1501, Naples est conquise par le
roi Ferdinand Il d'Aragon qui réunifie
qui règne en Sicile sous le nom de
Frédéric 1", renverse pendant son règne
Gusqu'en 1250} la politique traditionnelle
des Normands alliés de la papauté mais
maintient leurs principes absolutistes et
centralisateurs.
À la mort de Frédéric 1",
ses héritiers se déchirent.
lA DOMINATION FRANÇAISE
• En 1266, pour ramener la paix sur
111e, le pape
Clément IV
impose un
Français à la
tête du royaume
de Sicile et
d'Italie du Sud.
Charl�s 1"
d'Anjou (1266-1285},
frère du roi Saint Louis, mécontente
les Siciliens en s'Installant à Naples et
en distribuant des fiefs à ses hommes,
et se rend impopulaire à cause de sa
politique de subordination du commerce
local aux marchands étrangers.
• Le 30 mars 1282, un lundi de Pâques,
l'émeute- appelée les Vêpns
slcilienn�s- débute pendant une
procession à Palerme puis s'étend
à toute Ille.
Exploitée par Pierre Ill
d'Aragon, qui a épousé Constance
- fille de Manfred, un bâtard légitimé
de Frédéric Il Hohenstaufen -, l'émeute
provoque le massacre des Français
et la fin de la période angevine.
Pierre Ill se fait couronner roi de Sicile.
LA DOMINATION ARAGONAISE,
PUIS ESPAGNOLE
• Après quelques années de paix, la
Sicile affronte de nouvelles épreuves
qui, à la fin du Xlii' siècle, la font
entrer dans une phase de relatif déclin
-crise de l'agriculture, raids musulmans.
En 1298-1302, Frédéric Il, fils de
Pierre Ill, doit lutter à la fois contre
les Angevins et contre les Ara gonais
afin d'asseoir sa souveraineté sur Ille.
• En 1390, celle-ci est reconquise par
les Aragonais.
À partir de 1416, le roi les
deux entités sous l'autorrté de
la monarchie espagnole.
Jusqu'à
la guerre de Succession d'Espagne,
tous les rois espagnols portent le
titre de • roi de Sicile des deux côtés
du détrort ».
le traité d'Utrecht
en 1713 et celui de Rastadt (1714}
qui mettent fin au conflrt décident
de l'abandon de la Sicile au duc
de Savoie tandis que Naples passe
entre les mains de l'empereur
Charles VI, qui annexera 111e
en 1720.
En 1738, un royaume
des Deux-Siciles est fondé, sous
la domination d'une branche
des Bourbons d'Espagne qui
se maintient jusqu'en 1860.
Le
débarquement garibaldien signe
en 1860 la fin de cet ensemble
politique, qui est rattaché à l'Italie.
d'Aragon Alphonse V le Magnanime
fait de la Sicile une base arrière pour
la conquête de Naples, qu'il réalise
en 1443.
La posession de la Sardaigne,
de la Sicile et de l'Italie du Sud lui
donne un vaste empire en Méditerranée
occidentale.
Les royaumes de Naples
et de Sicile sont réunis et fonment
le premier royaume des Deux-Siciles.
À partir de la fin du xv• siècle,
la domination espagnole se fait �
DÉBARQUEMENT DES
TROUPES GARIBALDIENNES
• Héros de la révolution de 1848,
le patriote et révolutionnaire italien
Giuseppe Garibaldi décide de se vouer
au combat pour l'unité italienne.
• En 1858, il se rallie à la maison
de Piémont et à son Premier ministre
Cavour.
!:année suivante, il bat
les Autrichiens en Lombardie, puis,
en 1860, il réunit à Gênes une petite
armée de volontaires (les Mille),
débarque à Marsala en Sicile où
une émeute contre le roi de Naples
François Il vient d'éclater et triomphe
des troupes napolitaines à la bataille
de Calatafimi.
• Grâce à l'appui du ministre piémontais
Cavour, le plébiscite du 12 octobre 1860
donne une large majorité en faveur de
l'annexion au Piémont, même s'il est
contesté car il a lieu sous la menace •
L'unification creuse le fossé entre
nord et sud, en faisant d'une région
prospère et développée le parent
pauvre du nord de plus en plus
urbanisé et industrialisé.
La législation
piémontaise, inadaptée à Ille, est
aussitôt génératrice de troubles.
Une
guérilla populaire de grande ampleur
(le Brigantaggio) fait front contre
les Piémontais et le nouvel État italien.
Dans un pays à densité croissante
où la situation économique et sociale
empire dangereusement, l'armée réagit
par une violente répression qui causera
des milliers de morts, provoquant
une vague d'émigration sans précédent.
À la même époque, prend naissance
en Sicile la mafia, une organisation
criminelle qui ne tarde pas à
s'exporter aux États-Unis.
LA RÉGION AUTONOME
• La Sicile subit de nombreux
bombardements en 1942 et 1943,
U NE LONGUE PÉRIODE DE TROUBLES f------------..,
avant le débarquem�nt des forces
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e -au - angle-américaines le 10 juillet 1943.
de
plus en plus intense.
de
l'armée d'occupation.
En mars 1861,
l'État piémontais devient royaume
d'Italie et la Sicile en est partie intégrante.
xv• siècle : après les ravages de la peste LA
MAFIA
Lucky Luciano, le capo di tutti copi
noire, la population ne cesse de baisser.
de
l'organisation du crime sicilo-
les troubles s'amplifient au début du • !:origine exacte du tenme sicilien américaine Cosa Nostra, alors
XVI' siècle et atteignent leur paroxysme de
•mafia• est inconnue, à l'Image
en prison à New York.
négocia sa
au milieu du XVII', à la suite d'une crise
de la nature occuhe des activités qui libération
anticipée et son exil en Italie
sociale et économique entraînant
la caractérisent Elle prend naissance (en
1945}, contre le soutien de la mafia
famine et épidémies.
dans
la Sicile du XIX' siècle, et est liée
aux forces américaines, à partir du
LA SICILE ÉCARTELÉE
ENTRE LES PUISSANCES EUROPÉENNES
• De 1661 à 1738, la Sicile est l'enjeu
de nombreuses intrigues dues aux
rivalités entre la France, l'Autriche
et l'Espagne.
Le traité d'Utrecht
consacre la défaite espagnole et
la Sicile est attribuée à la maison
de Savoie de 1713 à 1718, qui la cède
aux Habsbourg contre la Sardaigne.
Après le troisième traité de Vienne
en 1738, c'est don Carlos de Bourbon,
despote éclairé, qui monte sur le trône
des Deux-Siciles avant d'accéder
au trône d'Espagne.
LA POLITIQUE RUCTIONNAIRE
DES BouRBONS
• Privé du royaume de Naples entre
1806 et 1815, pendant l'occupation
française, au profit de Joseph
Bonaparte puis de Murat Ferdinand Ill
de Bourbon voit son pouvoir maintenu
dans 111e, puis restauré dans la
péninsule grâce à la protection
anglaise ; des tentatives de réformes
esquissées par la Constitution de 1812
sont abolies par le retour des Bourbons
à Naples.
Les souverains successifs
incarnent la résistance à l'instauration
d'un régime constitutionnel
et au réformisme.
Les révoltes
libérales échouent, tant celle de
1820 (insurrection du général Pepe),
quand les révolutionnaires de Palerme
revendiquent l'autonomie, que
le soulèvement de Naples en 1848.
Elles sont sévèrement réprimées.
à
son histoire sociale : la population
débarquement en Sicile.
Vaincues,
fraternise avec ce puissant contre- les
troupes germano-italiennes battent
pouvoir anarchique, doté de codes en
retraite le 17 août sur la partie
et rrtuels secrets, destiné à résister
péninsulaire de l'Italie.
aux aristocrates et grands propriétaires.
Parallèlemen� la mafia s'oriente vers
le banditisme exercé par des dans
familiaux rivaux.
Quand la Sicile
s'Intègre à l'unrté rtalienne, après
1860, les mafiosi explortent les intérêts
de la grande bourgeoisie contre
les aristocrates terriens.
Vers la fin
du XIX' siècle, les réseaux de crimes
organisés s'Internationalisent
Durant la période fasciste, la mafia
est vivement combattue.
Mais
elle reprend vigueur dans le sillage
de la progression alliée en 1943.
• Dans les années 1980-1990, une
guerre violente oppose les familles
mafieuses et l'État Haut fonctionnaire
(le préfet de police c.rlo AINrlo
IJtdh Cll#esll en 1982} et juges
antimafia (Giovanni Falcone et Paolo
Borsellino en 1992} sont assassinés.
• En 2002, la Sicile a célébré
l'anniversaire des exécutions
dans un climat apaisé - à Palerme,
le nombre d'assassinats est passé en
dix ans de deux cent cinquante à dix.
l'AUTONOMIE
• Après la Libération, la situation évolue
vers la propagation du mouvement
autonomiste dans 111e.
En mai 1946,
le gouvernement italien prenant acte
de la tournure des événements juge
prudent de promulguer par décret le
statut d'autonomie régionale.
L'année
suivante, un parlement sicilien est élu
et le statut d'autonomie devient loi
constitutionnelle en février 1948.
Son histoire se confond avec celle de
l'Italie, au grand dam des mouvements
indépendantistes qui refusent
une Sicile zone sinistrée de la botte,
voire du Mezzogiorno.
LES TENTATIVES DE
REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE
• La Sicile bénéficie de la réforme
agraire votée en décembre 1950 ainsi
que de subsides spéciaux provenant
de la Caisse du Midi (Cassa per il
Meuogiorno), créée en août 1950,
le fonds du gouvernement italien pour
les régions du sud destiné initialement
à l'élaboration d'un programme de
grands travaux.
C'est dans ce cadre
que s'inscrit le projet de pont suspendu
de Messine (5 300 rn) -un projet de
4,6 milliards d'euros encore vivement
contesté -reliant le continent à Ille
auquel le gouvernement Berlusconi
avait donné son feu vert en 2003 ..
»
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