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Histoire de La Réunion: De la première mention de l'île à l'élection du premier conseil régional

Publié le 21/11/2018

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L'ÎLE BOURBON

 

Découverte par les Arabes, l'île de la Réunion n'a véritablement fait son entrée dans l'histoire que lorsque les navigateurs portugais y ont débarqué au début du xvie siècle, en même temps que dans les îles voisines. Située au large des côtes orientales de Madagascar, elle devient dès lors l'enjeu de luttes d'influence entre les puissances européennes qui jettent les fondations d'empires coloniaux entre Afrique et Asie. Escale sur la route des Indes, elle voit passer les Hollandais et les Anglais avant que les Français ne s'en emparent en 1638, au nom du roi de France à qui elle devra son nom, «île Bourbon». Colonisée par les Français, elle doit d'abord sa prospérité aux corsaires et pirates, dont elle est le port d'attache pour leurs attaques contre les navires britanniques de la Compagnie des Indes, et surtout aux esclaves africains qui y sont introduits pour travailler dans les plantations.

LES PREMIERS COLONISATEURS ARABES ET PORTUGAIS

Un peuplement récent

• Si elle affiche aujourd'hui une densité de population très élevée - près de 300 hab. au km2 -, la Réunion n'est peuplée que depuis cinq cents ans. Avant que les navigateurs portugais n’y jettent l'ancre, au début du xvt' siècle, cette île accueillante à la végétation luxuriante était en effet déserte.

Une escale pour

LES COMMERÇANTS ARABES

Pourtant, comme ses voisines Maurice et Rodrigues, la Réunion était connue des commerçants arabes qui sillonnaient l'océan Indien et dont l'île de Zanzibar constituait un poste avancé sur le littoral sud de l'Afrique, notamment pour le commerce des esclaves.

Malgré ses difficultés d'accès, dues à ses côtes escarpées, la Réunion avait été repérée par les navigateurs arabes ou swahilis venus de la côte africaine. Ils y faisaient escale pour se ravitailler en eau fraîche et en nourriture mais ils ne cherchèrent jamais à l’exploiter.

C'est sous le nom arabe de Dina Margabin que la Réunion figure pour la première fois sur une carte, celle dressée en 1153 par le géographe arabe Al-Sharif el-ldrissi.

Une découverte portugaise

La légende, justifiée par l'audace et le goût de l'aventure des marins portugais de l'époque lancés sur la route des Indes, leur attribue la découverte de la Réunion. Ce serait Jacques Lopez de Sequeira qui y aurait jeté l'ancre le premier le 9 février 1507, jour de la Sainte-Apolline, ce qui valut à l'île d'être rebaptisée Santa Apolonia.

Une autre hypothèse attribue la découverte de l'île à Pedro de Mascarenhas, vers 1512, alors qu'il se rendait au comptoir portugais de Goa, sur la côte occidentale de l'Inde. En atteste le nom d'archipel des Mascareignes sous lequel la Réunion, Maurice et Rodrigues figurent sur les cartes en 1520.

Toujours est-il que la Réunion servait alors déjà d'escale aux navigateurs portugais qui se rendaient en Inde sur la route des épices ; seuls quelques cochons et chèvres, implantés sur l'île par Mascarenhas à partir de 1545 pour assurer l'alimentation des équipages qui y jetaient l'ancre, témoignent de l'intérêt - tout relatif - que l'on porte alors à l'île.

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Le rythme s'accélère ensuite, mais l'île Bourbon, accessible après 4 à 6 mois de voyage, n'est pas encore considérée comme une terre de peuplement.

 

Ainsi, en 1667, 200 malades sont débarqués sur l'île, accompagnés

 

de cinq jeunes femmes et d'un prêtre. Les premiers mariages peuvent donc être célébrés ; mais tandis qu'un nouveau groupe de treize colons accompagnés de quelques esclaves noirs arrive de Madagascar en 1671, la pénurie de femmes françaises se fait cruellement sentir, la plupart des colons «ayant été contraints d'épouser des négresses, leurs esclaves».

 

Dans les années suivantes, des femmes jugées «aptes pour les isles» sont donc dépêchées de France et d’Inde dans l'île Bourbon, où elle prennent époux et sont à l'origine d’une centaine de naissances réunionnaises.

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« • À partir de 1723, le Code noir est adapté sur ordre de louis� à 111e Bourbon, ce qui a pour effet d'encourager l'Implantation d'un grand nombre d'esclaves venus de Madagascar et d'Afrique orientale pour y cultiver le café et les plantes à épices.

• Mais les abus des exploitants favorisent un phénomène répandu dans toutes les colonies, le «marron nage» (la fuite des esclaves), qui prendra un tour particulièrement important à Bourbon à partir du milieu du XVIII' siècle, au moment où les esclaves noirs cherchent à se libérer.

UN ESSOI kONOMIQUE SOUS LE SIGNE DU CAR MAHt DE LA BOURDONNAIS, BIENFAITIUR DE L' AGRICUIJURE • Depuis 1715, la culture du café bat son plein à Bourbon qui ambitionne alors d'être le premier fournisseur de l'Europe.

• De nouveaux immigrants arriven� mais cette prospérité est précaire, en raison de la concurrence du café d'Arabie, de meilleure qualité, et de celui des Antilles.

D'autres cultures tropicales sont tentées alors, sans succès.

• l'ile Bourbon est en phase de déclin quand y débarque M11hédeL11 Bourtlonn11is en 1735, avec le titre de gouverneur général des nes de l'océan Indien.

Pendant les dix années où il gouverne, le navigateur malouin va changer les destinées de l'ile, dont il entend faire, avec l'ile de France (aujourd'hui Maurice), une base navale nouvelle dans le conflit opposant les Français aux Anglais pour le contrôle des mers du Sud.

· Dans cette stratégie, 171e de France, où il établ it son quartier général, à Port-Louis, se voit attribuer le premier rôle.

• Bourbon devient dès lors le « grenier » de l'ile de France et de la flotte française croisant dans les mers du Sud ; son agriculture ainsi que ses infrastructures se développent considérablement • Après le départ de Mahé de la Bourdonnais en 1745, la politique commerciale de la Compagnie des Indes orientales provoque un nouveau déclin économique.

• En 1764, le duc de Choiseul, ministre de louis�.

lui rachète ses possessions et poursuit la politique de développement de Mahé de la Bourdonnais.

LA DIVERSIFICAnON DES CUIJURES • À partir de 1767, sous la direction de Pierre Poivre, intendant général des nes de France et de Bourbon, l'archipel des Mascareignes devient une colonie prospère et structurée.

• Elle attire de nouveaux immigrants français et fait venir des Noirs d'Afrique et des Comores.

la condition de ces derniers tend à s'améliorer quelque peu.

le grenier à blé diversifie sa production et se lance dans la culture des épices (muscade, cannelle, poiw'e, gingembre, clou de girofle et safran).

LA RtvOLUTION FRANÇAISE ET LA RtUNION • le développement économique exigeant une main-d'œuvre accrue, l'acheminement de la population servile en provenance d'Afrique dans 171e s'accélère, ce qui entraîne la modification brutale de la composition ethnique de Ille au profit des esclaves noirs.

• lorsque la Révolution française éclate en 1789, on compte à Bourbon 61300 habitants, dont 10 000 Blancs, 12 00 affranchis ou domestiques et 50 000 esclaves.

la Révolution n'a que peu d'incidence sur la vie de 171e, où s'est constituée une opulente classe de colons, lesquels habitent de belles villas créoles et mènent grand train.

• En 1793, l'ile est rebaptisée la Réunion, en souvenir de la réunion des Marseillais et de la Garde nationale lors de l'assaut contre les Tuileries le 10 11oiit 1192.

l'interdiction de la traite en 1793, puis de l'esclavage en 1794 par la Convention à Paris est condamnée par l'assemblée coloniale de 111e, dominée par les colons pour lesquels aucun dédommagement n'est prévu.

• N'ayant pas obtenu satisfaction de la Convention concernant le retrait de ce décre� les Réunionnais refusent de l'appliquer et l'esdtlvtlge continue à être pratiqué.

LES DURES HEURES DE i.'tPOQUE NAPOUONIENNE • Napoléon ayant rétabli l'esclavage en 1802, 171e Bourbon, rebaptisée en 1806 ne Bonaparte, n'est plus dans l'illégalité.

Mais outre une série de cyclones, l'ile subit le contre-coup des guerres napoléoniennes ; après lui avoir imposé un long blocus, les Anglais occupent la Réunion de 1810 à 1815, une période sombre qui est marquée par une grande révolte d'esclaves au cours de laquelle de nombreux Blancs sont tués.

LA MONOCUIJURE DU SUCRE • En 1815, c'est d'une colonie sinistrée que la France reprend possession en vertu du traité de Paris, qui laisse l'Île de France et Rodrigues aux Anglais.

• Privée de nombre de ses territoires, la France manque alors de sucre, et la Réunion, qui a retrouvé son nom .--------., de Bourbon des autres cultures.

Restauration, développe de manière intensive la culture de la c11nne ô sucre, au détriment • les grands propriétaires s'enrichissen� tandis que le reste de la population s'appauvri� y compris les petits producteurs blancs.

Pour sa subsistance alimentaire, 171e doit même importer du riz de Madagascar.

Aiiiü fMOUTION DE L'ESCLAVAGE LIBtRAnON DES ESCLAVES ET NOUVELLES MIGRAnONS •l'appau­ vrissement d'une partie de la population blanche, dont le sort est à peine plus enviable que celui des esclaves, crée un terrain social propice à l'abolition de la traite.

Celle-ci � décrétée par Louis XVIII en 1815.

LA DtCOUVEm DE LA VANIW • C'est à un jeune esclave noir, Edmond Albi us, que l'on doit en 1841 - il n'a alors que 12 ans­ la découverte de la culture de la ....

une orchidée ou plante parasite originaire du Mexique.

C'est Albius qui, volontairement ou involontairemen� perce le mystère de la reproduction de cette plante, assurée dans sa terre d'origine par l'oiseau-mouche.

• S'ils s'adaptent à la Réunion, les pieds de vanille ne peuvent y fructifier.

la lègende veut • L'ile, qui comptait 70 ooo esclaves pour 16 400 Blancs et 496 affranchis en 1818, cesse d'importer des esclaves même si l'esclavage se poursuit dans les faits jusqu'à son abolition par la Il' République le 27 avril 1848.

Cette même année, l'ile récupère définitivement son nom de Réunion.

• les conditions ont cependant changé.

les Noirs •marrons• fuient les cirques de l'intérieur de l'ile où ils avaient trouvé refuge pour louer leurs services sur la côte, tandis que les «petits Blancs • entendent vivre pauvres, mais libres dans la solitude des cirques et des vallées qu'ils défrichent • la résistance des esclaves noirs, qui refusent les conditions de travail trop dures imposées par les grands planteurs, entraîne leur remplacement progressif, f-------------1 à partir de 1830, par une nouvelle main- d'œuvre venue d'Inde et de Chine.

fABOunON DE L'ESCLAVAGE •l'abolition de l'esclavage est effective avec le décret du 27 avril 1848 du sous­ secrétaire d'État à la Marine chargé des colonies, l'Alsacien IIJdw Sdlelcller.

Membre du gouvernement provisoire, il nomme le receveur _ général des finances, Joseph-Napoléon Sarda-Garriga, au poste de commissaire général de la République à l'ile Bourbon.

Ce dernier prépare l'abolition de l'esclavage dès son arrivée en octobre 1848, sans attendre la fin de la campagne sucrière comme le demande l'assemblée coloniale, la date de l'émancipation des esclaves étant fixée au 20 décembre.

Sur 108 829 habitants, 60 318 recotMent alors la liberté dans l'ile rebaptisée entre-temps Réunion.

• l'abolition de l'esclavage, qui s'accompagne d'une libéralisation des mariages interraciaux, oLMe la voie au métissage de la population, déjà soudée par la langue créole, matinée ici de malgache, et par l'Église catholique, qui n'accepte les Noirs dans son giron qu'à partir de 1840.

Pourtan� le Code de l'lndigénat (1887-1946) maintiendra certaines pratiques discriminatoires, les Blancs continuant à jouir de privilèges considérables.

• Cette dernière, à peine mieux traitée que les esclaves, contribue à modifier de nouveau la composition ethnique et démographique de la Réunion.

Ce mouvement migratoire, auquel s'ajoutent les «l'Arabes», Indiens musulmans, est assez important pour que le nombre de ces Asiatiques atteigne 118000 en 1885.

DES DISPARrrtS SOCWIS PERSISTANTES ·Toutefois, la prospérité économique de la Réunion, dont Stllnt· De•ise� de loin, le centre d'activitès principal, n'est qu'une façade car elle est soumise aux aléas du climat et des maladies.

• la monoculture du sucre accroit la dépendance de l'ile et réduit à la misère la plus grande partie de la population, singulièrement les «ouvriers de couleur», dans les rangs desquels l'alcoolisme fait des ravages.

• l'ouverture du canal de Suez, en 1870, rejette la Réunion à l'écart de la route des Indes, tandis que la France la délaisse au profrt de Madagascar.

• Malgré quelques grands travaux d'infrastructure, la colonie vivote jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Durant celle-ci, la Réunion se rallie au régime de Vichy, ce qui lui vaut un blocus drastique de la part des Anglais.

que l'adolescent ait piqué la fleur avec une épine de citronnier, comme l'oiseau-mouche le faisait avec son bec.

permetta nt ainsi au pollen d'entrer en contact avec les stigmates.

Cette fécondation fortuite et artificielle aurait donné ses premiers fruits.

• Bien qu'elle ait été modernisée, la technique de reproduction n'a pas fondamentalement évolué depuis l'origine, et la vanille constitue toujours une ressource importante de l'ile qui était pourtant engagée dans la monoculture lors de la découverte d'Albi us.

Ce dernier meurt dans la misère, l'élite réunionnaise n'ayant pas souhaité reconnaltre, par mépris et par racisme, qu'elle lui devait la mise au point de cette technique.

• le sucre est délaissé au profit de cultures vivrières.

En 1945, la Réunion est ruinée et l'état sanitaire de ses habitants catastrophique.

Ce contexte social sinistré favorise les luttes syndicales qui renforcent l'influence du parti communiste réunionnais.

LA RÉ UNION , DEPARTEMENT D 'OUTR E-MER UN DtpARTEMENT FIANÇAIS ET UNE ltGION EUROPtENNE •le 19 mars 1946, l'Assemblée nationale, par la loi dite de «l'assimilation», accorde le statut de département français d'outre-mer (DOM) à la Réunion.

Saint-Denis devient le chef-lieu d'un département réunionnais comprenant 24 communes et 49 cantons, reprèsenté par 5 députès et 3 sénateurs au Parlement français.

Elle est dirigée par un préfet et dotée d'un conseil général.

d'une chambre de commerce et d'Instances judiciaires.

• la Réunion fait aussi partie de l'Union européenne depuis le traité de Rome (1957).

Tandis que Maurice obtient son indépendance du Royaume-Uni en 1968, la Réunion partage le statut de «région ultrapériphérique » avec les autres DOM, Madère et les Açores (Portugal) et les Canaries (Espagne).

Elle bénéficie depuis 1975 de plusieurs fonds européens de développement Depuis que la France a intégré en 1986 la Commission de l'océan Indien au nom du département et de la région Réunion, l'ile est devenue un acteur majeur de la coopération régionale avec les archipels voisins.

UN NIVEAU DE VIE ENCORE FAilLE • Mais si les lois françaises et européennes s'étendent à l'ile, son niveau de vie est loin d'égaler celui de la métropole.

En 2004, le chômage touchait 33 % de la population active et un Réunionnais sur quatre est couvert par le RMI.

• Début 2006, la Réunion est confrontée à une crise sanitaire exceptionnelle, la pandémie de chikungunya, une maladie virale transmise par les moustiques, qui frappe les habitants de 111e par dizaines de milliers.

la maladie a de fortes conséquences économiques, tout d'abord sur le tourisme, mais aussi sur l'ensemble des secteurs, en raison du rale ntisse ment de l'activité des entreprises.. »

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