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Histoire de la guerre de Crimée: De l'invasion des principautés danubiennes par les Russes à la conclusion du traité de Paris

Publié le 10/11/2018

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histoire

ÉCHEC AUX AMBITIONS RUSSES

 

La guerre de Crimée, dont le théâtre d'opérations est la mer Noire, oppose les empires russe et ottoman entre 1853 et 1856. Le tsar Nicolas I\", qui a des visées territoriales sur un Empire ottoman affaibli, cherche à s'assurer un protectorat sur les peuples slaves et chrétiens des Balkans et à annexer Constantinople et les Détroits, ainsi qu'un accès à la Méditerranée. En 1853, une querelle de moines à propos des Lieux saints de Jérusalem sert de prétexte à la déclaration de guerre. La Grande-Bretagne, liée à l'Empire ottoman par d'étroites relations commerciales, intervient en sa faveur et entraîne la France dans un conflit que Napoléon III met à profit pour briser son isolement diplomatique. Débarquant en Crimée, les Alliés triomphent des Russes à l'Alma, puis au port de Sébastopol qui, après un long siège, tombe entre les mains des Français. Mettant un terme à un conflit que l'histoire militaire retiendra pour ses innombrables complications logistiques, la paix signée avec le nouveau tsar Alexandre II à Paris confirme l'intégrité de l'Empire ottoman sous la garantie des Puissances, met fin momentanément aux prétentions russes sur les principautés balkaniques et redore le blason de Napoléon III.

à l'issue d'âpres négociations, celui-ci tranche la discorde en faveur des orthodoxes.

• Mais Nicolas Ier exige des garanties pour l'ensemble des chrétiens orthodoxes vivant dans l'Empire ottoman et non pour les seuls chrétiens de Jérusalem. Ainsi, le 19 avril 1853, la Russie adresse un ultimatum en ce sens au sultan. La Turquie refuse et rompt les relations diplomatiques avec la Russie.

Les intérêts britanniques

• De son côté, l'Angleterre est résolument hostile au démantèlement de l'Empire ottoman, avec lequel ses échanges commerciaux se sont multipliés par quatre en vingt-cinq ans. Inquiète de l'expansionnisme russe vers la Méditerranée et le percevant comme une menace sur la «route des Indes», la Grande-Bretagne se prépare à un conflit pour lequel le soutien de la France lui est assuré.

LE CONTEXTE DU CONFLIT

La querelle des Lieux saints

• Une querelle surgit en 1853 à Bethléem entre chrétiens latins et orthodoxes à propos de la protection des Lieux saints. L'affaire a des origines lointaines : en vertu des Capitulations, conventions entre François I’ et Soliman le Magnifique réglant le statut des populations étrangères, la France a obtenu que la garde du Saint-Sépulcre, du tombeau de la Vierge à Jérusalem et de l’église de la Nativité à Bethléem soit confiée à des moines latins. Mais les initiatives des orthodoxes en Terre sainte au xix* siècle, encouragées par les Russes, sont cause de tensions avec les pères franciscains. Ceux-ci sont protégés par Napoléon III, empereur depuis peu et qui, ayant besoin du soutien de la papauté, se pose en défenseur du catholicisme. Les orthodoxes bénéficient de l'appui des Russes qui accusent le sultan Abdülmecid Ier de privilégier les moines latins ;

Les objectifs de Napoléon III

• Désireux à tout prix de renouer avec la gloire impériale de son oncle, Napoléon III voit dans l'entreprise un triple avantage :

elle lui offrirait la gloire militaire dont le régime a besoin pour se consolider, lui permettrait de briser l'isolement diplomatique qui a suivi la proclamation de l'empire et, accessoirement, d'amoindrir l'influence de l'une des puissances qui garantissent l'ordre restauré en 1815 à l'issue du congrès de Vienne. Puissance coloniale et maritime, à l'instar de l'Angleterre, la France ne peut rester impassible face aux ambitions impériales des Russes.

Ultimatum de la Russie à l’Empire ottoman

Entrée des Russes en Moldavie et en Valachie

Déclaration de guerre de l'Empire ottoman à la Russie

Déclaration de guerre franco-anglaise à la Russie

Bataille de l'Alma

 

Début du siège de Sébastopol

Bataille de Balaklava

Bataille d'Inkerman

Chute de

Sébastopol

Signature du traité de Paris

UN CYCLONE À L'ORIGINE DE LA MÉTÉOROLOGIE

Dans la nuit du 14 novembre 1854, une tempête violente s'abat sur la presqu'île de Crimée. Elle cueille l'armada franco-britannique dans la rade de Sébastopol ; 41 bateaux alliés dont les fleurons de la marine française, le Pluton et le Henri-IV, coulent tandis que 400 marins trouvent la mort.

C'est ce cataclysme climatique qui donne naissance à la météorologie moderne. L'astronome et mathématicien Urbain Le Verrier, successeur de François Arago à la direction de l'observatoire de Paris, est alors chargé par le maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, d’étudier la trajectoire de la tempête.

En février 1855, Le Verrier soumet à Napoléon III le projet d'un réseau de météorologie comprenant la collecte de données, l'étude des similitudes des phénomènes et la transmission des informations qui requiert l'usage du télégraphe.

Dès 1857, l'organisation due au « père de la météorologie synoptique» devient internationale.

histoire

« • Les troupes autrichien nes sont chargées d'occuper les provinces abandonnées par les Russes.

En dépit de ce repli, la Russie demeure sourde aux propositions de paix de la France , de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Prusse.

LES PREMIERS COMBATS : LA BATA ILLE DE 1.' ALMA • Les moyens engagés sont sans précédent.

En deux ans, quelque 220 000 hommes, 14 000 chevaux et un matériel militaire et civil colossal sont acheminés sur quelque 3 000 km par des centaines de navires.

• Le 14 septembre 1854, les combats s'engagent en Crimée où le principal port , Sébastopol, a été pris pour cible dès juillet.

• Le débarquement à 50 kilomètres au nord de la puissante forteresse de Sébastopol, dans la baie d'Eupatoria.

de 28 000 hommes, 1 400 chevaux et 68 canons ne rencontre aucune résistance .

La stratégie consiste à allier attaque terrestre et bombardement par la flotte .

• Le 20 septembre, pour atteindre Sébastopol , les assaillants doivent forcer le passage en surplomb de la rivière de l 'Alma , position défendue par les troupes du maréchal Menchikov .

Les Anglais , qui n'ont pas combattu depuis Waterloo en 1815, sont longs à se déployer et subissent des pertes importantes, mais ils reprennent l'avantage grâce à une manœuvre de la brigade écossaise .

• Les 1 " et 2 • divisions françaises, menées par Canrobert et Bosquet, font montre de combativité, mais leur efficacité se trouve amoindrie par leur impétuosité , comme en témoigne l'action des zouaves qui réussissent , dans des conditions périlleuses, à s'emparer du plateau de I'Aklèse et du pont de l'Alma .

La puissance de feu de l'artillerie a raison des dernières contre­ offensives de Menchikov.

Les troupes russes battent en retraite en direction des fortifications de Sébas topol.

• Mais, vidime du choléra, le maréchal Saint-Arnaud meurt sur le navire Berthollet qui le rapatrie en France, après avoir transmis le commandement au général Canrobert, le 26 septembre.

Cet événement capital explique partiellement l'incapacité à exploiter leur victoire de l'Alma par les alliés qui, perdant du temps , laissent le champ libre aux Russes pour camper leur défense à Sébastopol.

lE SIÈGE DE S ÉBASTOPO L • Le jour de la batai lle de l'Alma, les Russes tentent d'interdire l'accès à la rade de Sébastopol en sabordant sept de leurs navires de guerre.

• Disposant de bases arrière sur la côte méridionale de la Crimée, les alliés décident d'attaquer à partir du sud.

Bien qu'ils disposent de quelque 100 000 hommes, les assiégeants ne parviennent pas à investir la place forte, d'autant que les Russes bénéficient de renforts et de ravitaillement qui leur parvient à travers la baie depuis l'est et le nord.

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~ ,,-.;..,...,.,.~.-.......,.- • Dès le mois d'octobre, la guerre se transforme en siège .

Le 17, une puissante offensive par mer et par terre est lancée contre les défenses russes .

La perte de 2 000 hommes, dont le précieux amiral Kornilov , sur les 38 ooo soldats dont dispose Menchikov , n'affecte pas la capacité de résistance des assiégés .

·Menchikov décide d'organiser une sortie pour repousser les assaillants britanniques .

Le 25 octobre, à Bala klava , les 3 000 cavaliers de l'avant-garde russe se heurtent à la brigade de cavalerie lourde anglaise.

parviennent à contrer l'offensive turque, mais se heurtent aux farouches combattants des Highlanders .

Les pertes sont lourdes de part et d 'autre .

Le siège n'est pas brisé et les positions tenues par les Russes , menés par le colonel Todleben , menacent dangereusement le ravitaillement des alliés .

• C'est encore le secteur britannique, affaibli, qui, le 5 novembre, est la cible des Russes .

Ces derniers déploient près d'In k er man l'essentiel de leur contingent tout en expédiant une armée plus réduite vers le sud, contre le secteur français , en guise de diversion.

Débordés, les Anglais sont secourus par l'intervention des forces du général Bosquet.

Les Russes subissent de plus lourdes pertes que l'ennemi.

• Le 22 février et le 22 mars 1855, la garnison russe, forte encore de 100 000 hommes, fera deux ultimes tent~tives de dégagement sans parvenir à briser le siège de Sébastopol.

L'HÉCAT O M BE D E L'HIVE R 1854·1855 • !:extrême rigueur de l'hiver dans une région désertique et marécageuse, à laquelle s'ajoutent les épidémies (choléra, typhus, dysenterie) , la faim , le scorbut , fait endurer des souffrances effroyables aux soldats mal équipés, dont des convois d'invalides repartent pour Constantinople chaque jour .

Dans la nuit du 14 novembre , un cyclone envoie par le fond 41 bateaux alliés .

!:enfer des combats , le traitement révoltant des blessés sont relatés par les correspondants de presse à une opinion publique qui dénonce cette guerre interminable.

Elle inspire l'Anglais Alfred Tennyson (1809-1892), auteur de la Charge de la brigade légère .

Mais c'est en Léon Tolstoï, qui prit part à la défense de la ville comme en témoignent les Récits de Sébastopol , que cette bataille a trouvé son chroniqueur de génie .

LES SUCCÈS DES OFFENSIVES AUIÉE S ·La fin de l'hiver 1854 s'accompagne d 'un redressement de la coalition .

Ce rétablissement est le fruit des efforts diplomatiques de Napoléon Ill en direction de la reine Victoria et de l'accroissement des effectifs .

En effet, les alliés disposent de nouveaux contingents (légions suisse et allemande) et du soutien de Cavour sous la forme de 15 000 Sardes envoyés du Piémont -Sardaigne .

• Pour la première fois depuis l'ouverture des hostilités , Nicolas 1" accepte de négocier , mais l'ouverture des pourparlers est ajournée en raison de sa mort le 2 mars 1855 .

• De nouvelles pertes frappent les alliés en avril 1855 , tandis qu'une divergence tactique entre Anglais et Français entraîne la démission du général Canrobert, lequel est remplacé par le général Pélissier .

Toutefois , les assiégeants reprennent l'initiative dès le 1 " mai.

Les contre-attaques russes du 17 juin opèrent des ravages dans les rangs alliés, notamment chez les légionnaires français qui combattent aux avant-postes.

L A CHUTE DE S ÉBASTOPOL • En juin, le général Pélissier, secondé par Niel comme commandant du génie, réussit à s'emparer des premières lignes russes lors d'une opération d 'envergure.

Si la guerre se termine à l'avantage des Alliés , le bilan militaire est nuancé.

En effet, le manque de coordination, dont l'incurie logistique n 'est pas le moindre des effets, et les hésitations 1--- -- ------- --i !adiques et politiques des gouvernements LA PARJICIPATION DU PIÉMONT -SARDAIGNE • Président du Consei l du royaume de Piémont-Sardaigne depuis 1852, le libéral comte Cavour, qui prépare l'unification de l'Italie, œuvre au rapprochement entre son roi Vidor-Emmanuelll, Napoléon Ill et la reine Victoria en 1853.

• Cavour convainc le Parlement au printemps 1854 de s'allier à la coalitio n franco-britannique en envoyan t un conflngelll lk Stllfts dans la guerre de Crimée, où ils s'illustrent lors d u siège de Sébastopol.

• L'interventio n piémontaise aura permis à Cavour de poser la question de l'unité italienne devant l'Europe.

des deux camps ont rendu la campagne de Crimée particulièrement meurtrière -240 000 morts.

• La guerre se caractérise également par le fait que le premier fadeur de mortalité, davantage que les combats , est le déferlement des épidémies, dans des conditions d'hygiène déplorables.

Choléra, typhus et dysenterie ont décimé plus encore les Alliés que les Russes.

En juin 1855 , c'est au tour du commandant en chef des troupes britanniques , lord Raglan, d 'être emporté par le choléra .

Ce désastre sanitaire incite une infirmière britannique , Roren ce Nightingale , à organiser de nouvelles méthodes de prise en charge des blessés et à moderniser les soins infirmiers.

• Toutefo is, l'usage tactique du chemin de fer et l'emp loi du télégraphe électrique -qui a facilité les communications, y compri s avec le centre du pouvoir -, nuancent un tableau pour le reste particu lièrement sombre.

DE LA PAIX À UN NOUVEL ORDRE INTERNATIONAL lE TRAIT É DE PARIS (30 MARS 1856 ) • Dès le début de 1856,le successeur de Nicolas 1" , le tsar Alexandr e Il, de la Russie, et les Alliés , forts du soutien diplomatique de l'Autriche , sont prêts à conclure la paix.

Tous les belligérants, ainsi que la Prusse et l'Autriche, se réunissent lors du cong rès de Paris , du 25 février au 8 avril , dans le nouveau palais du Quai d'Orsay.

Ce traité consacre la défaite de la Russie face à la coaliti o n franco-britannique et turque.

Le 30 mars , la paix est signée et met officiellement un terme • Le traité de Paris consigne une nette détériora tion des positions russes dans l'Europe du Sud-est et du Proche­ Orient.

L a Russie est en effet contrainte à renoncer à toutes ses ambitions territoria les, militaires et religieuses: elle accepte sans condition l'intégrité du territo ire ottoman, renonce à ses prétentions sur la Moldavie et une partie de la Bessarabie, sa flotte perd l'accès à la Méditerranée.

Le traité consacre en outre la neutralisation de la mer Noire, ouverte aux navires marchands, internationalise la navigation sur le Danube et son delta.

La Russie doit aussi abandonner ses exigences de protectorat sur les orthodoxes de l'Empire ottoman.

L'EMP IRE OTTOMA N SO US CONTRÔ LE • !:Empir e ottoman conserve certes son intégrité , mais sa suzeraineté sur les Principautés est placée sous la garant ie des Puissances.

Par ailleurs , le sultan Abdülmecid est contraint à l'application complète des réformes promises depuis 1839 .

• En revanche, le traité de Paris couronne le triomphe de Napoléon Ill.

Le Proche-Orient et les Balkans entrent désormai s dans la sphère d'influence de la France .

Par ailleurs, l'empereur peut espérer compter aussi sur le soutien du nouveau tsar Alexandre Il, francophi le et libéral.

Toutefois , la mise à l'écart , pour un temps, de la Russie , ne marque qu'une pause conjoncturelle dans le processus de désagrégation qui affecte l'Empire ottoman.. »

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