HGGSP
Publié le 05/04/2024
Extrait du document
«
Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et
protection : un enjeu planétaire
Objet conclusif : Les Etats-Unis et la question
environnementale : tensions et contrastes
Les États-Unis, 1ère puissance mondiale, exercent une influence économique et
culturelle considérable dans le monde.
La manière dont la question
environnementale y est traitée a donc des répercussions qui dépassent ses
frontières.
Cette question revêt, dans les faits, la forme d’un apparent
paradoxe aux EU : alors que leur puissance s’est construite sur un immense
territoire (9,8M km²) grâce à une surexploitation des ressources naturelles si
rapides et si dévastatrices pour les milieux que, très vite, l’idée de protéger la
nature américaine a vu le jour, avec la création en 1872 du 1 er parc national au
monde, Yellowstone.
Très tôt, le rapport singulier des États-Uniens à la
question environnementale s’est avéré source de contradictions, entre désir
d’accaparer et de maîtriser la nature, et volonté de la préserver.
Cette
ambiguïté est renforcée par les tensions que génère le fonctionnement de l’état
fédéral, l’administration centrale et certains États fédérés s’opposant
régulièrement sur la question.
Aussi convient-il d’analyser comment la question environnementale suscite-elle
des conflits entre une pluralité d’acteurs à toutes les échelles et suivant les
périodes ? Quels enjeux nationaux et internationaux cette opposition soulèvet-elle ?
2
I) Une exploitation intense de la nature, génératrice
vulnérabilités et de dégradations environnementales
de
1) Un rapport à la nature forgé dès les origines
L’imaginaire américaine est profondément imprégnée par la représentation d’une
nature sauvage, hostile à l’humanité, peu transformés par les Amérindiens et que les
pionniers ont domestiqué et dominé pour apporter la civilisation et le progrès sur
l’ensemble du territoire américain.
Cette expérience originelle de la nature sauvage, la
wilderness, a marqué durablement le rapport des Américains aux milieux, initialement
perçus comme une menace.
Pour les Américains, la notion de « Nature » ou d’ «
Environnement » renvoie d’abord au concept de wilderness.
Le célèbre tableau de J.
Gast en 1872, American progress, est devenu le symbole de cette mentalité pionnière
que résume l’idée de destinée manifeste : on y voit la frontière entre le monde
sauvage et le monde civilisé reculer sous l’effet de la conquête de l’Ouest.
Les
Amérindiens, les bêtes (bisons, ours), les forêts, incarnations d’une nature farouche,
fuient devant les pionniers qui mettent en valeur le territoire sous l’égide d’une
allégorie personnifiant le progrès, une femme gigantesque par le défrichement et la
mise en culture des terres, la construction du chemin de fer et de lignes
télégraphiques…Dès la naissance des États-Unis (1776), plusieurs visions
contradictoires de la nature cohabitent.
Les contradictions contemporaines en sont les
héritières : - un nature à dominer (importantes opérations de déforestation et
d'assèchement des marais afin de maitriser les contraintes de la wilderness).
- des
ressources à exploiter (l'immensité du territoire semble garantir des ressources
infinies : conception religieuse puritaine qui voit en l'Amérique l'opportunité d'un
3
nouveau paradis terrestre).
- une vision idéalisée (des intellectuels séduits par la
wilderness célèbrent dans leurs œuvres la dimension romantique, esthétique et
spirituelle de la nature, au sens de « nature sauvage », comme Henry D.
Thoreau
[1817-1862] qui exalte la nature comme une œuvre divine à préserver
John Gast, American progress, 1872
2) Un environnement exploité et transformé
Le territoire des EU regorge de ressources naturelles que l’industrie américaine
exploite de façon intensive pour nourrir sa croissance économique : pétrole, charbon,
minerais (cuivre, or…).
En 2010 l’exploitation de la plateforme off-shore Deep Water
qui exploitait du pétrole sous-marin dans le Golfe du Mexique a provoqué le
déversement de l’équivalent de 2 à 4 millions de barils de pétrole avec comme
conséquence la destruction des écosystèmes marins et littoraux, des pertes de 1,5
milliards de dollars pour la pêche et de 3 milliards pour le tourisme…Cette extraction
des richesses du sous-sol a été l’un des moteurs de la conquête de l’Ouest comme en
témoigne les ruées vers l’or en 1849 vers la Californie ou celle vers le Klondike en
1897-99.
Ces surexploitations commandées par la recherche de l’enrichissement
rapide et de la rentabilité maximale se sont traduites par des destructions
environnementales majeures : déforestation pour fournir les poteaux des mines et les
combustibles, pollution des eaux en raison des rejets de produits chimiques toxiques,
contamination des eaux par des métaux lourds… Dans les années 1930, la
céréaliculture intensive dans les Grandes Plaines provoque une érosion des sols à
l’origine de tempêtes de sables dévastatrices, le Dust Bowl, contraignant la migration
de nombreuses familles d’agriculteurs.
3) Un mode de vie qui dérègle le système terre et accroît la vulnérabilité des
EU
1ère puissance économique mondiale, le mode de production et de
consommation américain a un impact majeur sur l’environnement à l’échelle
planétaire : les EU consomment 20% de l’énergie (2 ème rang mondial) et
4
émettent 15% des gaz à effet de serre (2ème) car leur modèle économique est
fondé sur le gaspillage et la surconsommation qui permettent d’entretenir un
haut niveau de croissance économique au détriment de l’environnement :
ainsi, un Étatsunien consomme 2 fois plus d’eau et d’énergie qu’un Européen
et rejette 4 fois plus de CO2.
Les États-Unis se retrouvent fragilisés par les effets du dérèglement climatique
que leur mode de développement provoque.
Les catastrophes « naturelles » se
multiplient, en effet, sur leur territoire : ouragans Katrina frappant en 2005 la
Nouvelle-Orléans (2000 morts et 100 mds de dégâts), Harvey et Irma
touchant le Texas et la Floride en 2017 (297 mds $), Florence et Michael en
2018 (70 mds $), inondation plusieurs mois par an de leur base aéronavale
d’Hampton en Virginie en raison de l’élévation du niveau marin, grands
incendies en Californie …
II) Un environnement précocement protégé
1) Préserver et protéger la nature
En réaction aux dégradations provoquées par l’industrialisation et le
capitalisme, que se développe l’exigence de préserver une nature sauvage, de
la mettre à l’abri des influences humaines.
John Muir (1838-1914), fondateur
du Sierra Club en 1892, et Aldo Léopold, créateur de la Wilderness Society en
1937, sont des figures, avec leurs associations, de ce mouvement de
préservation.
Cela débouche sur des politiques publiques à l’origine des parcs
naturels : Yellowtsone en 1872, 1er parc fédéral, parc Yosemite en 1890,
Wilderness Act en 1964 sous la présidence de Johnson (1963-1968).
Parallèlement aux politiques de préservation se développent des politiques de
conservation, sous l’égide, notamment, de Gifford Pinchot (1865-1946).
Cet
ingénieur forestier est nommé à la tête de l’US Forest Service par le président
Théodore Roosevelt (1901-1909).
Face à la surexploitation des forêts entrainés
par le capitalisme, l’État doit intervenir et encadrer les modes d’exploitation
des ressources forestières afin de permettre le renouvellement de celles utiles
à l’industrie.
C’est ainsi que sont créées sous la présidence de Roosevelt 150
forêts nationales, en même temps que 5 parcs nationaux.
2) De la protection de la nature à la protection de l’environnement
Dans les années 1950, les mouvements de défense de la nature sont
incapables de répondre à de nouvelles revendications écologiques.
En effet,
leur action ne concerne qu’une nature séparée des lieux d’habitation,
d’échange et de production qui sont le cadre de la vie ordinaire des
Étatsuniens.
La biologiste Rachel Carson montre dans son livre Silent Spring
(1962) comment les pesticides utilisés par l’agriculture productiviste détruisent
les écosystèmes et font disparaître les oiseaux.
Celui-ci devient un best-seller
et participe à la montée des mobilisations en faveur d’un droit à un
5
environnement sain.
Celles-ci franchissent un seuil le 22 avril 1970, date du
premier Earth Day (journée de la Terre).
Près de 20M d’Étatsuniens participent
à cette action lancée par le sénateur Gaylord Nelson pour exiger de la part du
gouvernement fédéral une politique de protection de l’environnement.
3) La mise en place d’une législation environnementale et ses limites
Face à cette mobilisation....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La mondialisation 'HGGSP' - cours
- Grand oral hggsp les ZEE EN ARCTIQUE
- Fiche de révision HGGSP – Thème 3 : les frontières Axe 1 : Tracer des frontières
- HGGSP terminale AXE 1 - Histoire et mémoires des conflits
- DISSERTATION HGGSP: LES NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE