Hérodote, un historien en Egypte

« dénommer et de vénérer les dieux, le comput du temps et les techniques oraculaires.

Selon la légende, tous les sages grecs, comme Pythago­ re, Platon ou Solon, auraient fait le voyage en Égypte.

Égypte, terre de contrastes H érodote, tout au long de son œuvre, signale en permanence ses sources : ob­ servation directe, propos re­ transcrits des prêtres, en par­ ticulier ceux d'Héliopolis qu'il considère comme « les plus savants des hommes ».

Il précise s'il cite des voyageurs antérieurs ou s'il expose ses propres observations .

Il visite lui-même la Basse-Égypte, le delta du Nil, le plateau de Gi­ zeh, le Fayoum, Thèbes et Éléphantine, frontière méri­ dionale de l'Égypte.

Tout le Livre Il est frappé au sceau de la démesure et de la différence.

Il débute d'ail­ leurs par ces termes : « J'en viens maintenant à l'Égypte dont je parlerai longuement car, comparée à tout autre pays, c'est elle qui renferme le plus de merveilles et qui offre le plus d'ouvrages dépassant ce que l'on peut dire .

» En premier lieu, c'est le climat et le régime du fleu­ ve qui n'ont pas manqué d'in!riguer les géographes .

On doit d'ailleurs à Hérodote la phrase célèbre « l'Égypte est un don du Nil ».

Pour lui, le régime si particulier du fleuve (la crue en été) est si- 9nificatif du mode de vie des Egyptiens, dont les coutumes et les mœurs sont à l'inverse de celles du reste des hommes.

Il faut cependant rester pru- dent avec les informations fournies par Hérodote : si certaines paraissent véridi­ ques, d'autres semblent ré­ sulter d'un goût prononcé pour le pittoresque.

Mais ce Livre Il reste pour les égypto­ logues (et les hellénistes) une source intéressante qui traite autant de la géographie que des coutumes religieuses, des animaux, des rites funéraires, de la vie quotidienne, de la divination et de la médecine.

Il dresse aussi un tableau his­ torique du pays depuis le premier roi mythique Ménès jusqu'à Amasis, dernier sou­ verain indigène avant l'arri­ vée des Perses.

En revanche, Hérodote évite autant que possible de parler de théologie .

Et il précise bien sa démarche dès le dé- but : « Pour ce qui, dans les développements que j'ai en­ tendus de leur bouche (des prêtres) concerne les dieux, je ne suis pas disposé à les rap­ porter, si ce n'est seulement les noms des personnes di­ vines; car je pense que, sur ce chapitre, tous les hommes en savent autant; s'il m'arrive d'en rappeler quelques points, je le ferai contraint par la suite de mon discours.

» Il respectera scrupuleusement cette ligne de conduite, indi­ quant parfois qu'il passe sous silence les fondements my­ thologiques de telle ou telle coutume.

Écrivant en grec pour des Grecs, Hérodote in­ vite avant tout le lecteur, à travers ses enquêtes, à consi­ dérer sa propre culture avec un regard différent.. »