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Henri VIII

Publié le 22/02/2012

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Sous le nom de Henri VIII qui fut roi d'Angleterre de 1509 à 1547, était né en 1491 le second fils d'Henri VII et d'Élisabeth d'York, deuxième gage d'union entre les deux dynasties hostiles du quinzième siècle. La mort de son frère aîné Arthur, en 1503, fit de lui l'héritier du trône, auquel il accéda en avril 1509, dans le déchaînement de bruyantes réjouissances. L'éternel optimisme des hommes l'emporte toujours sur les réalités de l'expérience et fait qu'ils accueillent des événements, tels qu'un changement de règne, avec l'espoir excessif d'un nouvel âge d'or ; pourtant, dans le cas d'Henri VIII, paraissaient de meilleures raisons que d'habitude. Le roi avait une allure impériale, impérieuse et altière. De tous les souverains d'Angleterre il fut le plus magnifique. Grand, athlétique, fort, il personnifiait l'idéal sportif de l'aristocrate de l'époque, il excellait dans les exercices les plus admirés alors. Jouteur habile dans les tournois, chasseur passionné, vraiment très bon archer et lutteur, c'était aussi un merveilleux danseur qui paraissait avec succès dans les bals masqués et les divertissements du même genre. En bref, il était le modèle de la perfection princière. En outre, grand lecteur et écrivain, il se plaisait dans la compagnie des hommes d'esprit et protégeait l'humanisme aussi bien que les arts. Son talent de musicien le distinguait de tous les autres rois d'Angleterre, bien que l'on doive dire que la renommée durable de ses chansons dépendit de son rang social plus que du génie qu'il manifesta. Dès ses débuts, il domina son époque, étant bien le colosse que présente son fameux portrait par Holbein. Même quand l'âge eut amené ses conséquences inéluctables, l'ascendant de sa personnalité sur le peuple ne diminua jamais.

« peine du règne d'Henri VIII et les questions se ramènent à deux : qu'était-il réellement au cours des annéesrévolutionnaires et en d'autres temps, jusqu'à quel point fut-il le créateur de son époque ? Dès le jour de son avènement, on put voir qu'il était résolu à se distinguer ; un homme avec ses dons physiques etintellectuels, et de plus aveuglément convaincu de sa propre majesté, ne pouvait que vouloir s'imposer sur le plusgrand théâtre de l'Europe.

Sa propre façon d'envisager ses objectifs personnels, mélangeant perpétuellement (d'unemanière parfaitement acceptable pour son peuple) son ambition particulière avec les préoccupations nationales, futbientôt renforcée par l'arrivée au pouvoir de Thomas Wolsey, cardinal et archevêque d'York, chancelier du royaumeà partir de 1514-1515.

Wolsey partageait la magnificence, le faste et le charme de son maître avec la grandepolitique ; il lui était supérieur en compétence diplomatique et en ardeur au travail, mais inférieur en obstinationtortueuse.

Ensemble, ils constituaient une équipe intéressante, bien que le roi et Wolsey différassent beaucoup dansce qui leur tenait le plus à cœur.

Tout le monde parlait bien entendu, sans arrêt, d'une paix universelle dans laChrétienté, suivie de la perspective d'une croisade contre le musulman infidèle.

Mais Wolsey avait une foi profondeen son rêve, alors qu'Henri, comme tous les autres potentats, de cette époque, que rien n'aurait plus horrifié que lafin d'une rivalité sanglante entre eux, aimait la guerre et cherchait à en retirer de la gloire.

Il voulait briller commesoldat, bien qu'en fait il se soit avéré fort incompétent en ce domaine. La situation de l'Europe en 1510 leur donna à tous deux l'occasion de poursuivre conjointement leurs butsdivergents.

Nombre de puissances luttaient encore pour la suprématie et, dans ce jeu incertain, dont les acteurscomprenaient la France, l'Espagne, l'Empire, la Papauté et Venise, il était loisible à l'Angleterre d'utiliser sapuissance, nettement inférieure, en proposant son concours tantôt ici et tantôt là.

Ce fut ainsi qu'en 1513l'Angleterre partit en guerre contre la France et l'Écosse, ses ennemis traditionnels mais aussi ceux des alliésqu'Henri avait en Espagne et en Allemagne.

Le roi, dont l'ambition était de ressusciter l'ancienne prétention à lacouronne de France, dut se contenter d'une campagne de peu d'importance quoique victorieuse contre Tournai etd'une victoire plus importante sur les Écossais (Flodden 1513), dont il ne put s'attribuer personnellement le mérite.Ses conquêtes en France s'avérèrent coûteuses et sans objet et bientôt il dut les abandonner ; mais les exploits del'Angleterre permirent à Wolsey de conclure son traité de paix universelle en 1518. Cette réalisation fut un mirage rapidement détruit par deux décès et par leurs conséquences.

En 1519, Charles Quinthérita des royaumes de l'Espagne, ainsi que des territoires des Habsbourg à l'Est et du titre impérial, événement quimodifia complètement l'équilibre des puissances en Europe.

Les différents acteurs se trouvèrent, en effet, réduits àdeux : Habsbourg et Valois ; tous les autres se rendirent rapidement compte de leur propre faiblesse.

Wolseycontinua à vouloir jouer en Europe un rôle dont l'importance dépassait de beaucoup les ressources du royaumed'Henri, ce qui entraîna de lourdes charges fiscales et provoqua, en 1524, une grève des contribuables, devantlaquelle Henri céda rapidement, avec raison.

Le roi montra son intelligence, mais aussi son manque de principes ens'écartant de la politique de Wolsey avant d'abandonner celui-ci.

Le cardinal, face au triomphe de Charles Quint àPavie, appuya l'erreur d'une politique trop ambitieuse, par des fautes singulières qui laissèrent l'Angleterre isolée,ignorée et sans pouvoir à la paix de Cambrai de 1529.

Ce fut ainsi que l'éclat peu convaincant de la premièredécennie d'Henri fut suivi des déceptions et des échecs de la seconde. A tout prendre, une politique qui se mêlait à grands frais et sans résultats des affaires des princes, tout en ignorantles besoins criants du royaume (les réformes envisagées et parfois entreprises n'aboutissant jamais à rien) n'était nidigne, ni sage, même si elle semblait accorder à l'Angleterre une certaine place sur la carte de l'Europe.

A cemoment et même par la suite, Henri réussit à mettre les torts sur le compte de Wolsey et le cardinal étaitcertainement le plus actif et le moins malléable des deux partenaires.

Il est bien évident que le roi non seulement lesoutint, mais qu'il prit lui-même de nombreuses initiatives, y compris celles des erreurs les plus notoires.

Il ne s'étaitjusqu'alors jamais astreint à aucune préparation logique, sensée ou réfléchie à son métier de roi ; il fit toujoursmontre d'un opportunisme constamment en éveil pour la satisfaction de sa gloire personnelle, assorti toutefois d'uneévaluation souvent perspicace des possibilités de la politique. Cette note extrêmement personnelle caractérisa également le tournant décisif dans la politique des années 1528-1530 et dont la seule origine immédiate fut la volonté d'Henri de divorcer d'avec sa première femme.

Qu'il ait étépoussé par son attirance pour Anne Boleyn ou par son désir d'avoir un héritier mâle n'a aucune importance.

Lesdétails de cet épisode contribuent à faire très clairement ressortir l'essence politique de l'esprit d'Henri.

Il étaitconfronté à un problème personnel : aussitôt, il transforma son intérêt personnel en une conviction profonde dejustice religieuse : il agrandit problème et conviction aux dimensions d'une question politique nationale ; et ilpoursuivit la recherche d'une solution à la fois avec acharnement et sans idée préconçue quant aux moyenspossibles d'y parvenir ou aux conséquences plus importantes.

Tous furent balayés : Wolsey, Catherine, l'allianceimpériale, le pape : vingt ans de sa vie furent effacés en une nuit.

Et encore lui fallut-il à peu près trois ans pourpouvoir échapper à la funeste politique qui consistait à vouloir imposer son point de vue à la cour de Rome qui nepouvait lui venir en aide, même si elle en avait eu le désir.

Pour prendre la décision de passer de l'incertitude à larévolution, de la parole à l'action, il fallut les conseils et la direction de Thomas Cromwell, homme très différent parson éducation, ses habitudes séculières et ses desseins véhéments de son ancien maître, le cardinal.

Ce futCromwell qui transforma les pompeuses revendications d'Henri à la suprématie et à la libre disposition de soi-mêmeen réalité, en exploitant le pouvoir de légiférer du Parlement anglais afin d'éliminer toute loi et toute ingérenceextérieure et de poser les fondements d'un État réorganisé.

D'anciennes traditions constitutionnelles et légalesfurent mises au service de ce qui était en fait une révolution, accomplie en quatre ans et réalisée en dépit d'uneopposition très faible.

De nombreuses contestations n'aboutirent qu'à un seul danger réel : une série de révoltesdans le Nord, en 1536-1537, au cours desquelles la religion, les revendications économiques et le ressentiment local. »

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