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Henri IV

Publié le 27/02/2008

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Il a existé longtemps une légende d'Henri IV, roi de la " poule au pot " et du " panache blanc ", " Vert galant " libertin pour qui " Paris valait bien une messe ", mais capitaine au grand coeur qui ravitaillait en sous-main la capitale qu'il assiégeait. Au lendemain de sa mort, des oraisons funèbres " comme champignons en une nuit " (Malherbe). Puis chaque époque se plut à apprécier dans le Roi des vertus différentes.          Lors des troubles qui marquèrent la régence de Marie de Médicis et les débuts du règne de Louis XIII, on évoqua " le grand prince " qui avait été " la terreur des méchants et l'appui des bons ". Richelieu chercha ensuite à faire rejaillir sur lui-même quelque chose de la popularité du " Grand Henry " en faisant élever la statue du Pont Neuf. Quant aux FrondeursKW082, ils exaltèrent contre Mazarin le règne d'un souverain qui n'avait " jamais contraint aucune compagnie de judicature ". Hardouin de Péréfixe, précepteur de Louis XIV et plus tard archevêque de Paris, écrivit pour son royal élève une Histoire d'Henry le Grand où l'on découvre la plupart des mots fameux liés au souvenir du Roi. Voltaire contribua beaucoup à diffuser et à enjoliver encore la légende d'Henri IV. L'auteur de l'Essai sur les moeurs et de la Henriade fit un sort à la formule : " Paris vaut bien une messe " et vit dans le vainqueur de la Ligue celui qui " ne décida point entre Genève et Rome ". Au milieu du XVIIIe siècle, Henri IV, associé cette fois à Sully, reçut un renfort d'éloges : les physiocrates louèrent le roi et son ministre d'avoir protégé l'agriculture et les paysans. Enfin lorsque, au début du règne de Louis XVI, on crut que le jeune souverain allait régénérer le pays, on l'appela le " Nouvel Henri ". Il fallut ensuite déchanter. La chute de la monarchie fut fâcheuse pour Henri IV. Sa statue du Pont Neuf fut abattue, son caveau ouvert à Saint-Denis, son cadavre jeté à la fosse commune. Pourtant Napoléon, la monarchie restaurée et Louis-Philippe se recommandèrent successivement du Béarnais dont la statue domina à nouveau le Pont Neuf à partir de 1818. Mais vinrent la révolution industrielle, les débuts du socialisme, la critique historique : Henri IV devint objet d'étude, non plus d'apologie.  

« Il a existé longtemps une légende d'Henri IV, roi de la " poule au pot " et du " panache blanc ", " Vert galant " libertin pour qui " Paris valait bienune messe ", mais capitaine au grand cœur qui ravitaillait en sous-main la capitale qu'il assiégeait.

Au lendemain de sa mort, des oraisons funèbres" comme champignons en une nuit " ( Malherbe ).

Puis chaque époque se plut à apprécier dans le Roi des vertus différentes.

Lors des troubles qui marquèrent la régence de Marie de Médicis et les débuts du règne de Louis XIII , on évoqua " le grand prince " qui avait été " la terreur des méchants et l'appui des bons ".

Richelieu chercha ensuite à faire rejaillir sur lui-même quelque chose de la popularité du " Grand Henry " en faisant élever la statue du Pont Neuf .

Quant aux Frondeurs KW082 , ils exaltèrent contre Mazarin le règne d'un souverain qui n'avait " jamais contraint aucune compagnie de judicature ".

Hardouin de Péréfixe, précepteur de Louis XIV et plus tard archevêque de Paris, écrivit pour son royal élève une Histoire d'Henry le Grand où l'on découvre la plupart des mots fameux liés au souvenir du Roi.

Voltaire contribua beaucoup à diffuser et à enjoliver encore la légende d'Henri IV.

L'auteur de l'Essai sur les mœurs et de la Henriade fit un sort à la formule : " Paris vaut bien une messe " et vit dans le vainqueur de la Ligue celui qui " ne décida point entre Genève et Rome ".

Au milieu du XVIIIe siècle, Henri IV, associé cette fois à Sully , reçut un renfort d'éloges : les physiocrates louèrent le roi et son ministre d'avoir protégé l'agriculture et les paysans.

Enfin lorsque, au début du règne de Louis XVI , on crut que le jeune souverain allait régénérer le pays, on l'appela le " Nouvel Henri ".

Il fallut ensuite déchanter.

La chute de la monarchie fut fâcheuse pour Henri IV.

Sa statue du Pont Neuf fut abattue, son caveau ouvert à Saint-Denis, son cadavre jeté à la fosse commune.

Pourtant Napoléon , la monarchie restaurée et Louis-Philippe se recommandèrent successivement du Béarnais dont la statue domina à nouveau le Pont Neuf à partir de 1818.

Mais vinrent la révolution industrielle, les débuts du socialisme, la critique historique :Henri IV devint objet d'étude, non plus d'apologie.

Or le Roi, de son vivant, avait désiré cette apologie.

En dépit de ses manières simples et primesautières, il croyait à la nécessité d'un culte royal.Des médailles représentèrent Henri IV casqué à l'antique et terrassant un centaure.

Il fut l' Hercule gaulois que magnifièrent graveurs, peintres, sculpteurs et qu'exaltèrent les entrées solennelles à Rouen (1596) et à Lyon (1599).

Les " poètes du Louvre ", et notamment Malherbe L1575 , enseignèrent aux Français qu'un être providentiel avait été désigné par Dieu pour " ranger l'insolence au pied de la raison ".

Henri IV poursuivitdonc très consciemment la politique d'exaltation du monarque de ses prédécesseurs.

Les embellissements de Paris furent partie intégrante de cettepolitique.

Il existe un décalage certain entre l'Hercule couronné de la propagande et le personnage réel du Roi " soldat et capitaine ", " chef de cadets deGascogne " qui indisposait parfois son entourage par son odeur et dont les pourpoints étaient usés par la cuirasse.

Jusqu'à sept ans il avait étéélevé " à la béarnaise...

avec aussi peu d'attention qu'on nourrit les enfants de paysans ".

Suivit, de 1561 à 1566, un intermède à la cour des Valois.Puis Jeanne d'Albret P1065 ramena son fils à Pau.

Les mascarades et les fêtes du Louvre furent remplacées par l'assistance aux prêches, les exercices violents, les longues chevauchées et bientôt la guerre.

La paix de Saint-Germain (août 1570) ramena un moment la paix entre Français eteut pour conséquence le mariage du jeune roi de Navarre avec la " reine Margot P2074 ", la fille brillante et raffinée de Catherine de Médicis P054 . L'entente ne régna jamais dans le ménage.

En outre, on avait espéré ainsi " marier " les deux religions.

Or, six jours après, se déchaînait le massacre de la Saint-Barthélemy P076C .

Henri n'eut la vie sauve qu'en abjurant.

Humilié et moqué pendant plusieurs années, il ne retrouva la liberté qu'en s'évadant de la Cour, à l'occasion d'une chasse, en février 1576.

Brouillé avec Marguerite, redevenu protestant, il retrouva la vie des camps qu'il nequitta guère jusqu'à la conclusion de la paix avec l'Espagne en 1598.

Cette existence en plein air explique l'allure physique du souverain.

Souple et résistant, il était de stature moyenne.

Il avait la taille cambrée lemollet nerveux.

Le visage était maigre, à la fois jeune et ridé par les soucis et les plaisirs, le nez long et sensuel, la barbe grisonnante et altière.

Sanscesse en mouvement, c'est en se promenant qu'il écoutait ses conseillers et donnait ses ordres aux secrétaires d'État.

Il fut un gentilhommecouronné " familier avec les gens de son domaine ", entrant chez les paysans, jouant sans fausse honte avec ses enfants.

Il aimait la gaieté autourde lui, se répandant en bons mots.

A l'occasion, il était capable d'éloquence.

Dans sa vie sentimentale, il associait des " allures de chevalier " à la" tendresse du soudard " et son cœur n'était jamais inoccupé.

Le plus grand amour d'Henri IV fut la belle Gabrielle d'Estrées P099 qu'il aurait probablement faite reine de France si elle n'était morte prématurément en 1599.

Un moment désespéré, il se laissa bientôt séduire par " l'espritpiquant et la grâce mutine " d' Henriette d'Entragues P1540 .

Mais, pour des raisons politiques, c'est Marie de Médicis P2126 qu'il épousa (en 1600) lorsque la " reine Margot P2074 " eut enfin consenti à rompre un mariage conclu sans les dispenses nécessaires.

Il vécut les dernières années de sa vie dans une sorte de harem, trompant la Reine, " la grosse banquière ", et trompé lui-même par ses maîtresses.

Inconduite et brutalité des mœurs ne signifiaient pas incroyance.

Redevenu catholique, Henri IV resta sans doute peu sensible au conflitdogmatique qui opposait catholicisme et protestantisme Il souhaitait une réconciliation par concessions mutuelles et, en attendant, tint la balanceégale entre les deux partis.

Le roi, qui goûta fort les prédications P139M2 de François de Sales L1797 venu à Fontainebleau, n'était pas le sceptique qu'a dépeint Voltaire L235 .

Inversement, son affabilité naturelle ne doit pas tromper.

Il oubliait les services rendus, méprisait les hommes, se fiait à peu de gens.

Il était sans rancune mais pouvait fermer son cœur à la pitié si la raison d'État se trouvait en cause.

Il s'excusait parfois avantd'ordonner, mais il imposa l'enregistrement de l' Édit de Nantes P139C au Parlement de Paris et donna aux opposants cet avertissement solennel : " Je suis roi maintenant, et parle en roi, et veux être obéi " : une phrase qui ouvre le siècle de l'absolutisme.

En août 1589, à trente-six ans, Henri IV commença son règne dans des conditions dramatiques.

Son prédécesseur, le meurtrier du " Balafré ",venait d'être assassiné parce qu'il s'était retourné contre la Ligue P054M3 .

Or la Ligue P054M3 tenait Paris et la plupart des grandes villes.

Quant à l'armée royale, elle fondit dès la mort d' Henri III P1748 , de quarante mille à vingt-deux mille hommes.

Car beaucoup de catholiques, même modérés, ne voulaient pas combattre sous un roi huguenot.

Montaigne L145 a bien caractérisé Henri IV en écrivant qu'il était " plus grand et plus capable en une mauvaise fortune qu'en une bonne ".

L'histoire des années 1589-1598, celles où le Souverain connut les plus grandes difficultés de sa carrière,justifie ce jugement.

Il ne surmonta les obstacles qu'à force de courage, de décision et d'habileté.

Il essaya d'abord de forcer le destin et, malgrél'infériorité numérique de ses troupes, remporta plusieurs succès : à Arques (près de Dieppe) en août 1589, à Ivry (sur l'Eure) en mars 1590.

Ilsoumit la Normandie moins Rouen s'empara de Chartres, fit occuper une série de villes à proximité de Tours, sa capitale provisoire, cependantque le protestant Lesdiguières reprenait Grenoble.

Après la journée d'Ivry, une relation officielle Discours véritable de la victoire exalta la gloire du Roi et ironisa sur les Ligueurs.

Chant de victoire, au vrai, prématuré.

Après sa victoire à Arques, Henri IV avait tenté de prendre Paris par surprise.

Il avait dû se replier sur. »

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