Haïti de 1980 à 1989 : Histoire
Publié le 01/12/2018
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La fin de la dynastie Duvalier
Incapable de se soustraire au clan des «duvaliéristes» et d’imposer ses velléités démocratiques, Jean-Claude Duvalier, désigné président à vie en 1971, perpétue les méthodes autoritaires de son père. Engendrées par la faim et la misère, les émeutes de mai 1984 sont l’occasion pour les Haïtiens d'exprimer leur colère face à une société profondément inégalitaire, où la corruption semble être la seule porte d’accès aux postes à responsabilités. Face à la montée de la contestation — le 2 février 1985, une marche rassemble cinquante mille adolescents — , le président Duvalier promet une démocratisation prochaine. Mais cette promesse, dénoncée comme une duperie, ne fait que raviver la colère des Haïtiens. À
partir du 27 novembre 1985, date d’une vaste manifestation, l’agitation soutenue par l’épiscopat catholique reprend dans la capitale avant de gagner l’ensemble des villes en janvier 1986. Face à cette situation explosive, les deux principaux bailleurs de fonds de l’île (les États-Unis et la France) invitent le président à quitter le pouvoir. Sur les instances de la France, Jean-Claude Duvalier et sa famille ainsi que les principaux membres du clan présidentiel partent précipitamment le 7 février 1986. Accueillie avec enthousiasme, la fin de la dynastie Duvalier, qui pendant vingt-neuf ans a exercé un pouvoir sans partage, donne parfois lieu à des exactions. Ainsi, plusieurs dizaines de Tontons Macoutes sont lynchés.
Espoirs déçus
Chargée par Paris et Washington d’assurer la transition sans effusion de sang, l’armée, dirigée par le général Henri Namphy, avec à ses côtés un Conseil national du gouvernement (CNG), jouit d’un véritable état de grâce. Mais aux premiers débordements survenus en mars, puis en juin 1986, au cours de manifestations pour obtenir la condamnation des dignitaires de l’ancien régime, la junte réagit par la violence. Dès lors, l’armée, dont la seule légitimité était fondée sur la promesse de changements sociaux et politiques, perd tout crédit auprès de la population. Devant l’ampleur du climat de violence, le CNG tergiverse. Il craint la réaction du noyau dur de l’armée soutenu par les duvaliéristes. L’annonce de la tenue d’élections

«
Instabilité
du régime
De plus, Leslie Manigat est destitué
par le général Namphy le 19 juin 1988.
A la tête d'un gouvernement militaire,
celui-ci tente de rétablir la cohésion de
l'armée.
Mais le massacre perpétré le
11 septembre dans l'église Saint-Jean
Bosco (où une grande partie de
l'assistance arborait un insigne blanc
pour marquer son soutien à la
Constitution rendue caduque par le
général Namphy) aliène au
gouvernement toute une fraction de
l'armée.
Refusant d'être tenu
responsable de ce massacre, un groupe
de sergents de la garde présidentielle
dirigés par Joseph Hébreux prend les armes,
portant à la présidence, le 18
septembre 1988, l'ancien garde du
corps et conseiller privé de la famille
Duvalier, le général Prosper Avril.
Ayant ordonné la destitution de
cinquante-sept officiers supérieurs,
Prosper Avril constitue un cabinet
modéré, comprenant dix civils et un
officier, le colonel Carl Dorsainville.
Symbole d'un nouvel espoir de paix, ce
gouvernement sait rallier à lui toute
l'opposition modérée.
Toutefois, le
consensus se révèle rapidement fragile,
car le président ne s'appuie pas sur une
large base sociale, comme en témoigne
l'ampleur de la grève déclenchée le 19
janvier 1989 à l'initiative de la CATH
qui exige des mesures d'ordre économique
et politique ainsi que le
jugement des membres des «escadrons
de la mort».
Symptomatique de
l'exaspération d'une population qui,
depuis la chute de Jean-Claude
Duvalier, attend toujours une
amélioration significative du niveau de
vie, cette grève révèle de sérieux
désaccords au sein de l'opposition.
La
tentative de putsch menée le 6 avril par
les principales unités de l'armée et de
la marine fragilisent encore le régime.
Si le général Prosper Avril obtient la
signature, le 4 août, d'un accord en vue
de l'envoi d'une aide alimentaire, la
situation économique n'en reste pas
moins dramatique..
»
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