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Habib ibn' Ali Bourguiba

Publié le 27/02/2008

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Le 3 novembre 1974, Habib ibn' Ali Bourguiba a été élu pour la quatrième fois consécutive président de la République tunisienne, et cela par 99,85 % des suffrages. Pourquoi n'est-il pas parti à la fin du troisième mandat, comme on aurait pu s'y attendre ? Il répondait, en 1969 : " Si... je partais, tout serait remis en cause, ce pays livré aux divisions, aux affrontements, tout ce qui a été entrepris serait en danger de s'écrouler. Il me faut dix ans encore... " Il sera néanmoins destitué pour " incapacité " en 1987 par son Premier ministre et successeur le général Ben Ali. De son vivant, Habib ibn' Ali Bourguiba ne peut concevoir la Tunisie sans lui ; il l'incarne, et les deux entités se fondent l'une dans l'autre. Cette conception semble prendre racine dans l'enfance même de Bourguiba. Né le 3 août 1903 à Monastir au sein d'une famille nombreuse et de moyens assez modestes, Bourguiba entreprendra ses études au collège Sadiki à Tunis, puis au lycée Carnot, et finalement à Paris. Au sujet de cette formation, il disait en septembre 1974 : " Si mon père m'avait envoyé faire mes études à la mosquée Zitouna, la Tunisie n'aurait jamais accédé à l'indépendance. Je n'aurais pu combattre la France dont je n'aurais pas connu les points faibles et les points forts. Je n'aurais pas été en mesure de l'affronter et de mettre au point une stratégie efficace pour le combat que je devais livrer et fixer les étapes de notre action. Mes études sous la direction de maîtres français en Tunisie, puis à Paris en Sorbonne, à la Faculté de Droit et à l'École des Sciences Politiques, ont été pour moi une arme et un bouclier. "

« été facilité par la création de la Ligue Arabe, le 10 mai 1945, et de l'ONU, le 24 octobre de la même année.Bourguiba ne perd pas de temps.

Il ouvre au Caire le Bureau du Maghreb arabe, chargé de faire connaître lasituation en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

A la fin de 1945, on le trouve à New York, s'adressant à des audiencesinternationales.

En 1946 à Washington, où il obtient la promesse de Dean Acheson, Secrétaire d'État des États-Unis,d'appuyer la cause tunisienne quand celle-ci sera soulevée au sein des Nations Unies. Tout en continuant à internationaliser la question tunisienne, Habib ibn' Ali Bourguiba n'en cherche pas moins lespossibilités de dialogue avec la France.

Cependant, lorsqu'il réussit à faire soulever la question de la Tunisie devantl'Assemblée générale de l'ONU, réunie à Paris, les autorités françaises réagissent en l'incarcérant le 18 janvier 1952.Ce sera pour le peuple tunisien l'occasion de manifester de nouveau son attachement à Bourguiba et à sa liberté. Le dialogue franco-tunisien ne sera rétabli que deux ans plus tard, lorsque Mendès France décide, en juillet 1954, defaire acheminer la Tunisie vers l'autonomie interne.

Un an plus tard, le 3 juin 1955, la convention d'autonomie interneest signée et Bourguiba est reçu triomphalement à Tunis.

Au sein du Néo-Destour, la politique des petites étapespréconisée par Bourguiba est critiquée par Salah Ben Youssef, Secrétaire général du Parti.

Cependant c'est cettepolitique qui réalisera l'indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956. Bourguiba devient Premier ministre du Gouvernement de la Tunisie indépendante constitué le 14 avril 1956.

Il ydétient également les portefeuilles des Affaires étrangères et de la Défense.

La première manche de la bataillecontre le colonialisme menée par Bourguiba est gagnée.

Il s'agit maintenant de libérer l'Algérie pour qu'un jourl'ensemble des pays d'Afrique du Nord se constituent en une confédération du Maghreb.

Mais il y aura desrésistances aussi bien du côté du Maroc que de l'Algérie indépendante, alors que la Libye du colonel Kadhafin'interprétera pas dans le sens voulu les conceptions de Bourguiba.

Au Moyen-Orient, le " combattant suprême "demeure soupçonné, à cause de ses prises de position nuancées au sujet d'Israël et de son attitude jugée trop pro-occidentale.

Sur le plan international, en revanche, son idée de " francophonie ", association des Étatsfrancophones, lancée en 1965, connaîtra un grand succès. Sur le plan interne, Bourguiba doit gagner deux batailles : celle de l'institutionnalisation d'un pouvoir démocratique etcelle du développement.

Le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie et la République proclamée avec Habib ibn' AliBourguiba comme président.

Ce n'est pas ce qui mettra fin aux problèmes d'aménagement du pouvoir.

La très fortepersonnalité de Bourguiba domine et remplit aussi bien les structures de l'État que celle du Parti.

Au nom de ladémocratie, les critiques de ce système n'ont pas manqué de se faire entendre.

Sur le plan économique, dès 1959Bourguiba lance des appels pour l'augmentation de la production et ne cesse pas de rappeler qu'après les bataillescoloniales, c'est la bataille du développement économique qu'il faut gagner.

L'expérience du socialisme à base decoopératives, tentée durant les années soixante, a échoué.

Il reste toujours à trouver la solution miracle pour qu'unpays dont les ressources ne peuvent subvenir qu'aux besoins de deux millions d'habitants puisse en nourrir le triple.Bourguiba et ses successeurs ont recherché sans la trouver cette solution.

La guerre civile qui ensanglante l'Algérieen cette fin de siècle ne fait qu'accroître ces problèmes, en y ajoutant la dimension intégriste.. »

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