Guillaume III d'Orange-Nassau

« voulait que l'Angleterre se coalise fermement avec lui contre la France.

Vue sous cet angle, la révolution anglaisefut une réussite diplomatique, annulant la plupart des succès péniblement obtenus par la France.

Quand le princedébarqua, il n'y avait aucune certitude que lui ou sa femme recevrait la couronne.

Mais grâce à la fuite de Jacqueset à l'habileté politique de Guillaume, l'invasion et la révolution se déroulèrent sans heurts et avec aussi peu de sangqu'en 1672.

En avril 1689, Guillaume et Marie furent conjointement couronnés souverains et le 7 mai l'Angleterredéclarait la guerre à la France. La plupart des campagnes de Guillaume, bien qu'étudiées avec soin, furent des échecs.

Même disposant de l'argentanglais, il put rarement mettre en ligne les forces nécessaires pour une victoire.

Son plus grand succès fut, le 1erseptembre 1695, la prise de Namur fortifiée par Vauban, fait qui impressionna toute l'Europe, y compris Louis XIV.Les questions politiques anglaises et neuf années de campagne éloignèrent de plus en plus Guillaume des affairesintérieures hollandaises qui, à partir de 1689, furent régies par le Grand Pensionnaire Antoine Heinsius.

Ainsi, la voieétait ouverte pour la restauration du régime républicain au XVIIIe siècle.

En Angleterre également, le règne deGuillaume eut pour effet de rendre possible une monarchie de moindre pouvoir.

Son refus d'envisager de s'emparerdu trône par droit de conquête transforma la couronne d'Angleterre en un don du Parlement.

Son respect del'indépendance des juges mit fin à l'ancienne pratique de l'immixtion royale dans le cours de la justice.

Sa dispositionà travailler en accord avec la majorité de la Chambre des Communes, nécessaire pour l'obtention de fonds pour laguerre, prépara le terrain pour le gouvernement des ministres. Le traité de Ryswick, en 1697, ne fut une victoire pour Guillaume qu'en ce qu'il n'en était pas une pour Louis XIV.

Lagrande œuvre de Guillaume, qui lui fit mériter la reconnaissance de l'Europe, fut d'empêcher Louis XIV de réaliser sesambitions.

Il n'y parvint pas en triomphant du roi de France dans les combats mais en refusant obstinémentd'accepter la formule française d'opérations militaires rondement menées, suivies de négociations immédiates etd'une prompte paix.

L'obstination de Guillaume prolongea les guerres de Louis XIV et coûta cher à la France.Pendant ce temps, Guillaume travaillait pour l'avenir, formant les armées que Marlborough devait conduire à cesvictoires qui lui échappaient.

Il passa les dernières années de sa vie à ranimer la coalition entre les ennemis de laFrance.

Il mourut le 8 mars (calendrier julien) 1702. Guillaume III d'Orange apprit de très bonne heure à calculer exactement les chances de succès de tout ce qu'ilfaisait.

Il eut rarement des coups d'audace et commit peu d'erreurs.

S'il manqua peut-être de passion, la convictionne lui fit jamais défaut.

Il voyait avant tout en lui un soldat mais il fut aussi un politicien adroit.

Il s'intéressasincèrement aux peintures, qu'il collectionna, au calvinisme, qu'il pratiqua, à l'architecture et à l'art de dessiner desjardins.

On peut résumer sa lutte avec Louis XIV en disant que la construction de Versailles fut suspendue pendantla durée de la guerre, de 1689 à 1697, tandis que le travail de Guillaume ne cessa jamais à Het Loo aux Pays-Bas,au Kensington Palace à Londres, et à Hampton Court.

Ce détail n'échappa pas au reste de l'Europe.. »