Grèce de 1960 à 1969 : Histoire
Publié le 02/12/2018
Extrait du document

Grèce
Crise de la démocratie
Au pouvoir depuis 1955, Constantin Caramanlis, à la tête de l’Union radicale nationale (ERE), doit faire face à la montée d’un nouveau mouvement d’opposition fondé en 1961 par Georges Papandréou, l’Union du centre, qui obtient aux élections parlementaires un tiers des suffrages exprimés. De plus, face à l’incapacité du gouvernement conservateur à résoudre la crise économique (en partie engendrée par la fin de l’aide américaine du plan Marshall), l’opposition se mobilise. La vie fastueuse de la cour royale suscite également de vives critiques. Les protestations à l’annonce d’une visite du roi Paul Ier à Londres provoquent la démission de Constantin Caramanlis le 11 juin 1963. Les élections législatives de février 1964 donnent la majorité au parti de Georges Papandréou, qui devient Premier ministre. Les essais, bien que timides, du gouvernement pour moderniser et libéraliser la vie politique inquiètent l’oligarchie grecque, hostile en outre à l’attitude du gouvernement dans le conflit qui oppose à Chypre les communautés grecque et turque. Georges Papandréou, qui soutient Mgr Makarios, refuse en effet d’accepter la solution proposée par les Américains, prévoyant le rattachement à la Grèce à l’exception de la péninsule de Carpos qui deviendrait une base militaire turque. En 1965, le Premier ministre
DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES ET ÉCONOMIQUES 1960 1963 1966 1969
Nombre d’habitants (en milions) 8,3 8,5 8,6 8,8
Taux d’urbanisation (en %) 43 45 48 51
Population active (en % de l’ensemble de la population) 44 — — 47
Produit national brut (en dollars US par hab.) 424 557 762 979
Part du produit national brut réalisée par (en%): l’agriculture 23 23 16
l’industrie 26 16 — 19
le commerce et les prestations de services 51 61 - 65
Taux de natalité (en %o) 19 18 18 18
Taux de mortalité (en %o) 7 8 8 8
Espérance de vie à la naissance (en années) 69 70 71 72
Consommation annuelle d’énergie par habitant (en kg/équiv. charbon) 460 579 831 1 164
Importations (en dollars US par hab.) 84 95 142 182
Exportations (en dollars US par hab.) 24 34 47 63
Nombre d’habitants par médecin 790 750 680 620
entre en conflit avec le jeune roi Constantin II, qui a succédé à Paul Ier en mars 1964, et qui lui refuse le portefeuille de la Défense nationale. Georges Papandréou veut en effet épurer l'armée de ses éléments d’extrême droite, mais son fils, Andréas, se trouve compromis avec l’Aspidha, une organisation clandestine d’officiers d’extrême gauche qui désirent abolir la
monarchie. Le 15 juillet 1965, le roi renvoie Georges Papandréou. Contre toute attente, il essaie à plusieurs reprises de former un gouvernement centriste. Ces essais ayant échoué, il confie au chef de l’opposition de droite, Yannis Paraskévopoulos, le soin de constituer un gouvernement. Ce dernier n’ayant pas réussi à obtenir l’investiture du Parlement, le roi dissout le Parlement et décide

«
Ci-dessus:
srtccédant à son père
le roi Paul !", le roi Constantin
prête serment sur la Constitution
le 6 mars 1964.
d'organiser
de nouvelles élections,
mais celles-ci n'auront jamais lieu, car
une junte militaire s'empare du
pouvoir le 21 avril 1967.
© United Press International
29.10.1961 11.06.1963
16.02.1964
06.03.1964 18.09.1964
15.07.1965
21.04.1967 13.12.1967
29.09.1968 La
dictature des colonels
Le groupe d'officiers -Stylianos
Pattakos, Georges Papadopoulos,
Nicolas Makarézos -, animé par le
POLITIQUE
L'Union radicale nationale menée par Constantin
Caramanlis obtient la majorité absolue aux élections
législatives.
À la suite d'un conflit avec Je roi, Constantin
Caramanlis démissionne.
L'Union du centre de Georges Papandréou obtient la
majorité absolue aux élections lég isla tives .
Mort du ro i Paul l"; son fils Constantin lui succède.
Le roi Constantin Il épouse la princesse danoise
Anne-Marie.
Le Premier ministre Georges Papandréou est démis de
ses fonctions par le roi.
Un groupe d'officiers, commandé par le colonel
Papadopoulos, prend le pou voir.
Après avoir tenté d'organiser un con tre-co up d'É ta t,
le roi s'ex ile à Rome.
La population approuve par référendum une nouvelle
Constitution instaurant un régim e de dicta tu re .
colonel
Papadopoulos qui a pris
toutefois la précaution de nommer un
civil à la tête du gouvernement,
Konstantin Kollias, instaure l'état
d'urgence.
Il fait arrêter de
nombreuses personnalités politiques de
gauche et de droite, qui sont déportées
dans l'île de Yaros, et annonce son
intention de lutter contre le
communisme.
Après avoir vainement
tenté de revenir au pouvoir, le roi
Constantin Il s'exile à Rome.
C'est le
général Georges Zoitakis qui devient
«régent>>.
En septembre 1968, une
nouvelle Constitution est approuvée
par référendum (92,2 % de oui).
Tout
en maintenant le régime monarchique
(avec des pouvoirs très restreints pour
le roi), elle limite les libertés
individuelles, renforce l'exécutif et
donne à l'armée des pouvoirs
considérables.
Le gouvernement se
réserve en outre le droit de fixer la date
de nouvelles élections.
Rapidement,
un mouvement d'opposition se dessine
et aboutit, à l'occasion de
l'enterrement de Georges Papandréou,
le 3 novembre 1968, à des
manifestations de masse.
Le
mouvement d'opposition se développe
aussi à l'étranger où il est animé par
des personnalités politiques grecques
en exil, comme Constantin Caramanlis
ou Andréas Papandréou, réfugié en
France.
Le régime des colonels suscite
la suspicion de l'opinion internationale
et des démocraties d'Europe
occidentale, qui lui reprochent ses
atteintes aux libertés fondamentales et
ses méthodes policières.
La Grèce est ainsi
contrainte de quitter le Conseil de
l'Europe en décembre 1969.
Le régime
des colonels est, en revanche,
largement soutenu par les Américains
qui voient en hui la garantie du
maintien de la Grèce dans l'OTAN.
Au cours de la décennie, la Grèce
enregistre un fort taux de croissance,
grâce à l'augmentation des
exportations des produits agricoles
(notamment le tabac, le raisin), au
développement du tourisme et de la
marine marchande, et à l'afflux des
capitaux étrangers.
Cependant le pays
ne parvient pas à couvrir ses besoins
alimentaires et doit importer de
nombreux produits.
De plus,
l'exploitation des matières premières
reste contrôlée par des sociétés
étrangères.
Septembre 1968.
Les co lo ne ls Papadopoulos (à droite)
et Pattakos, ministre de I'Jntérieur,
se félicitent des résultats du référendum
approuvant le nQuveau projet de
Constitution.
© Camera Press/Le Lynx.
»
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