Grand oral du bac : Les Constitutions françaises
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain est nommé à la tête du gouvernement par le président Albert Lebrun. Par la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale « donne I tous les pouvoirs au gouvernement de la République sous l'autorité et la signature du Maréchal Pétain » pour élaborer et promulguer « une nouvelle Constitution de l'État français».
Les lois républicaines sont alors progressivement supprimées pour laisser place à un régime à la fois réactionnaire et autoritaire, profondément empreint de racisme et d'antisémitisme.
UNE HISTOIRE CONSTITUTIONNELLE MOUVEMENTEE
La France se distingue, dans l'histoire constitutionnelle des démocraties occidentales, par sa forte tradition écrite mais également par la grande instabilité de ses régimes. Si les principes hérités des Lumières, séparation des pouvoirs, liberté politique, citoyenneté, égalité devant la loi, souveraineté nationale, sont restés les fondations de la plupart des textes républicains adoptés depuis la Révolution, les changements institutionnels ont été nombreux.
Des projets n’ont jamais été appliqués (constitutions « girondine » et « montagnarde » de 1793, constitution de l'Empire « libéral » de 1870) ont été remaniés ou profondément amendés (premier projet de 1946, réforme de 1962). Et les fondements juridico-politiques des régimes qui se sont succédé ont toujours été contestés, jusqu'au débat récent sur une éventuelle VIe République.
LES INSTITUTIONS COUTUMIÈRES DE L'ANCIEN RÉGIME
« Sire, votre royaume n'a point de constitution ». Cette affirmation
adressée par le contrôleur général
des Finances Turgot à Louis XVI
se justifie par l'absence pendant toute la durée de l’Ancien Régime, de texte écrit encadrant et spécifiant les institutions politiques du
royaume. Cependant, établies par
la coutume, héritées pour une partie d'entre elles de la féodalité, celles-ci
sont enracinées et à chacune d'entre
elles est attribué un rôle précis. Depuis le xiiie siècle, la monarchie héréditaire s'est institutionnalisée et le roi dispose de la quasi-totalité des pouvoirs - législatif, administratif et judiciaire - après s’être imposé face aux seigneurs féodaux. De même, l'exercice de chacun de ces pouvoirs, n'est que très partiellement limité. Certes, pour s'acquitter de sa tâche colossale, le roi s'entoure de différents organes dont la mission est de le conseiller dans ses
décisions : certains ministres
à proprement parler, tandis que les conseils, qu'ils soient constitués de clercs et de légistes ou de grands du royaume (le Conseil du roi issu de la Curia regis féodale) n'exercent qu'un pouvoir consultatif, le roi restant en dernier ressort seul juge des décisions à prendre. Cependant, la monarchie absolue constitue plutôt un idéal politique qu'un régime effectif. Le roi doit tenir compte du pouvoir des trois ordres (clergé, noblesse, tiers-état) des assemblées de notables ou encore des parlements. (Cours de justice de Paris et des provinces). Ces institutions représentatives restent néanmoins sous le contrôle du roi qui prend ou non la décision de les consulter ou d'écouter leurs conseils : ainsi de 1614 à 1789, les États généraux ne sont jamais réunis. Le monarque doit aussi respecter certaines lois fondamentales, règles qui bien que non écrites pour la plupart, dictent certaines limites au pouvoir royal. En raison de la forte influence exercée par la religion durant cette période, le monarque doit se plier aux règles imposées par Dieu et transmises par l'Église dont il n'est pas le chef. Il doit aussi respecter les deux principes de la monarchie héréditaire : la « loi salique » (excluant les femmes de la succession à la Couronne de France) et la primogéniture (transmission de la couronne à l'aîné des fils). Ces règles pourraient être succinctement résumées par la phrase du juriste anglais Bracton (xiii' siècle): « Le Roi n'est inférieur à aucun homme, mais il est inférieur à Dieu et à la loi ; la loi fait le Roi ; le Roi doit obéir à la loi, bien que s'il la viole, sa punition doive être laissée à Dieu ». Ce principe, édicté dès le Moyen Âge, a très progressivement rééquilibré les pouvoirs et engendré l'idée de constitution écrite.
En France, elle apparaît au Siècle des Lumières, sous la plume des philosophes parmi lesquels Jean-Jacques Rousseau qui forge dans son œuvre
maîtresse, le Contrat social, le concept de souveraineté populaire.
«
un
gouvernement provisoire et une
nouvelle assemblée constituante sont
formés.
La Constitution du 4 novembre
1848 reprend certains principes de
la Révolution de 1789 : réaffirmation de
la souveraineté nationale, organisation
d'un système démocratique fondé sur
la séparation des pouvoirs et le suffrage
universel.
La principale nouveauté de
ce texte est l'élection au suffrage
universel direct d'un président de
la République.
Parvenu
démocratiquement à la tête de l'État,
avec 75 % des suffrages, Louis·
Napoléon Bonaparte entre pourtant
en conflit avec l'Assemblée qui lui
refusait la possibilité de se représenter
à l'expiration de son mandat.
et met fin
à cette expérience originale par le coup
d'État du 2 décembre 1851 qu'il fait
approuver par plébiscite.
A l'exception
de l'élection du Corps législatif au
suffrage universel pour six ans, la
Constitution du 14 janvier 1852, rédigée
en trois jours, reprend les institutions
politiques du premier Empire.
Le Sénat
est nommé à vie et les membres
du Conseil d'état sont choisis parmi
les fonctionnaires.
Le 2 décembre de la même année,
Louis-Napoléon Bonaparte est
proclamé empereur des Français.
Les libertés publiques (de la presse,
de réunion ...
) sont bafouées et les
pouvoirs intermédiaires aux niveaux
central et local étroitement contrôlés.
Mais à partir des années 1860, les
institutions sont partiellement
réformées : l'Empire libéral succède
progressivement à l'Empire autoritaire.
Un nouveau projet constitutionnel,
entérinant les réformes libérales, voit le
jour mais la Constitution du 21 mai 1870
-approuvée par plébiscite -ne durera
que le temps de la défaite et
de la chute du Second Empire.
VERS UNE STABILISATION
CO NSTITUTIONNELLE
La délaite de Sedan et la déchéance
de Napoléon Ill vont entraîner une
stabilisation progressive des institutions
françaises qui prendra, dans un premier
temps, la forme de républiques
parlementaires puis, dans un second
temps, celle d'une république semi
présidentielle.
DEUX RÉPUBLIQUES ET DEUX
GOUVERNEMENTS PROVISOIRES (1870.1958)
En 1870, la chute du Second Empire
donne naissance à la Ill' République.
�-':'1'1'----.
Une Assemblée
nationale est
formée en vue
de garantir le
retour à la paix
et, parce qu'il
incarnait une
volonté de
pacification politique,
Adolphe '111iers
est déclaré " chef du pouvoir exécutif
de la République française ».
Mais les membres de l'assemblée,
monarchistes dans leur majorité,
n'acceptent le terme de République
qu'à titre provisoire, espérant un retour
prochain à la monarchie.
Les conflits
entre légitimistes, orléanistes et
bonapartistes permettent pourtant
le maintien du système républicain.
En 1875, trois lois constitutionnelles
séparées sont finalement adoptées :
celles du 24 février relative à
l'organisation du Sénat, du 25 février
sur l'organisation des pouvoirs publics
et du 16 juillet sur les rapports entre les
pouvoirs publics.
La nature
parlementaire du régime est précisée,
les deux Assemblées (la Chambre des
députés élue pour quatre ans au
suffrage universel et le Sénat élu au
suffrage indirect) se partageant
le pouvoir législatif.
Le président de la République, élu pour
sept ans par les Chambres réunies en
Assemblée nationale, contrôle
l'éxécutif et peut dissoudre la Chambre
des députés après avis conforme du
Sénat mais, à la différence des ministres,
il n'est pas responsable devant le
pouvoir législatif (sauf en cas de haute
trahison).
Ce système apparemment
souple et équilibré évolue cependant
rapidement vers un régime
d'assemblée, une tendance qui en
retour, provoquera une réaction inverse
au profit de l'exécutif.
A la suite
de la crise de 1877-1879, marquée par
le conflit entre le président monarchiste
Mac Mahon et la Chambre, Jules Grévy
opte pour une pratique très modérée
de ses prérogatives présidentielles.
Après la chute du gouvernement de
Jules Ferry en 1885, un mouvement
antiparlementaire, réuni autour
du général Boulanger, ministre
de la Guerre, menace un temps
la République, mais il sera de courte
durée et le régime prend définitivement
son caractère parlementaire.
l'instabilité ministérielle chronique
de cette « République des notables »
(plus de cent coalitions gouvernementales
entre 1876 et 1940) a pour conséquence
un certain immobilisme mais
paradoxalement, en dépit de cette
caractéristique légendaire,
la République, qui ne devait avoir au
départ, qu'un caractère transitoire, s'est
maintenue jusqu'en 1940.
Les raisons
de cette longévité se trouvent sans
doute dans les imprécisions de la
Constitution de 1875 (elle ne regroupe
que 34 articles) qui ont permis aux
différents gouvernements de l'adapter à
leur gré.
La Seconde Guerre mondiale
et le régime de Vichy mettent
brutalement fin au régime.
Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain
est nommé
à la tête du
gouvernement par
le président Albert
Lebrun.
Par la loi
constitutionnelle
du 10 juillet 1940,
l'Assemblée
nationale « donne
tous les pouvoirs
au gouvernement de la République
sous l'autorité et la signature du
Maréchal Pétain » pour élaborer et
promulguer " une nouvelle Constitution
de l'État français ».
Les lois républicaines sont alors
progressivement supprimées pour
laisser place à un régime à la fois
réactionnaire et autoritaire,
profondément empreint de racisme
et d'antisémitisme.
LA IV' Rti>UBLIQUE
À la
Libération, est instauré, sous
l'autorité du général de Gaulle,
le Gouvernement Provisoire de
la République Française (GPRF).
Par un référendum du 21 octobre 1945,
les Français rejettent le retour aux
institutions de la Ill' République et
confient à une Assemblée constituante
élue le même jour le soin d'élaborer
une nouvelle Constitution.
Un premier
projet instituant un régime d'assemblée
est rejeté par le peuple lors du
référendum du 5 mai 1946.
Un second
projet est adopté par les électeurs à
l'automne et la nouvelle Constitution
est promulguée le 27 octobre 1946.
Par
son caractère parlementaire affirmé, le
régime prévu est en fait très proche de
la Ill' République.
Le Préambule de la
Constitution de 1946 reconnaît
l'existence d'une continuité
républicaine en se référant à la
Déclaration des droits de l'homme et
du citoyen de 1789 et aux " principes
fondamentaux reconnus par les lois de
la République », tout en instituant de
nouveaux droits et libertés à l'ensemble
des citoyens dans les domaines
économique et social.
Les pouvoirs des
deux Chambres (l'Assemblée nationale
et le Conseil de la République)
prédominent.
Elles élisent le président
de la République (qui sera réduit à
« inaugurer les chrysanthèmes »)
accordent ou non leur investiture au
président du Conseil et peuvent
démettre le gouvernement à tout
moment.
La IV' République montre
alors la même faiblesse que la Ill' :
l'instabilité ministérielle chronique,
les cabinets ne restant en fonction
que six mois en moyenne contre huit
sous la Ill' République.
Pas moins
de vingt-quatre gouvernements se
succèdent ainsi pendant les douze
années que dure le régime.
Malgré
l'ensemble de dispositions complexes
visant à une rationalisation du système
parlementaire, les institutions de la
IV' République vont très vite révéler leurs
lacunes face au jeu des partis
(PCF, SFIO, MRP, RPF), rendus
tout-puissants par l'usage du scrutin
proportionnel.
Si le régime a été
réhabilité par certains en raison des
succès économiques et des avancées
technologiques qui ont marqué
la France pendant cette période, il n'en
demeure pas moins que les carences
institutionnelles du système ont
entraîné un immobilisme politique que
les guerres d'Indochine et d'Algérie
n'ont fait qu'aggraver.
C'est donc au
terme d'une lente érosion et sous le
coup fatal des événements de 1958 1iés
à la guerre d'Algérie, que s'effondre le
système de la IV' République.
Rappelé
au pouvoir le 1" juin 1958, pour régler
la crise algérienne, le général de Gaulle
entend bien sur le plan intérieur mettre
fin une bonne fois pour toutes, au
" régime des partis » dénoncé dès 1946
dans son discours de Bayeux.
lA V' RtJIUBUQUE ; UN RÉGIME SEMI·
PRÉSIDENTIEL
La Constitution du 4 octobre 1958 est
approuvée par 17 668 790 " oui »
contre 4 624 511 " non » et
4 016 614 abstentions.
Ce succès
électoral tient sans doute plus à la
personnalité et la popularité du général
lui-même qu'au contenu du nouveau
texte.
Il reste malgré tout que cette
constitution, faite par et pour de Gaulle,
apportait en France un régime politique
nouveau et original au sein duquel les
pouvoirs du Président de la République
étaient accrus et ceux du Parlement
« rationalisés » : le président de la
République nomme le Chef du
gouvernement- qui " détermine et
conduit la politique de la nation » mais
reste responsable devant le Parlement
- et peut agir seul, sans contreseing
ministériel.
Il peut également disposer
temporairement et lors de crises graves,
de la quasi-totalité des pouvoirs
(article 16).
Concernant le travail
parlementaire, celui-ci est strictement
réglementé et le gouvernement a
la possibilité d'y interférer dans de
larges proportions.
Ainsi, le régime
reste to u jours parlementaire mais
les prérogatives des Chambres sont
tempérées par celles du pouvoir
exécutif.
Mais le véritable passage à un
régime semi-présidentiel n'intervient
qu'en 1962 lorsqu'une réforme
constitutionnelle prévoit l'élection du
président de la République au suffrage
universel direct.
Représentant du
peuple, le chef de l'État gagne en
légitimité et son pouvoir est alors
considérablement étendu.
Décriée
par l'opposition, mais approuvée par
référendum, cette réforme conduit,
en 1965, à la première élection
présidentielle au suffrage universel
direct de la V' République.
Destinée
à éviter la réapparition de l'instabilité
politique et la toute puissance des
appareils partisans, la réforme de 1962
entraîne deux types de situations : étant
donné le décalage entre les deux
scrutins, soit les majorités présidentielle
et parlementaire coïncident (c'est le cas
entre 1965 et 1986, 1988 et 1993,
1995 et 1997 et depuis 2002, soit elles
diffèrent et s'opposent.
Le terme de
«cohabitation »s'est imposé dans le
langage politique et journalistique
depuis le milieu des années 1980 pour
désigner la coexistence d'un Chef de
l'État élu sur un programme politique donné
et d'un Premier ministre
s'appuyant sur une majorité parlementaire
élue pour soutenir une politique
opposée.
Cette nouvelle configuration
est due à plusieurs facteurs : la nature
même du texte constitutionnel qui
organise une dyarchie à la tête de l'État,
la bipolarisation de la vie politique,
accentuée par la réforme de 1962,
la première alternance politique en
1981 à la tête de l'État puis à
l'Assemblée nationale, enfin
l'alternance partielle de 1986 qui n'a
touché que la majorité politique de
l'Assemblée nationale.
Cette
« cohabitation » est inaugurée entre
1986 et 1988 et, contre toute attente,
bien acceptée par les électeurs puisque
cette expérience est renouvelée de 1993
à 1995, puis,
après la
dissolution de
l'Assemblée par
Jacques Chirac, de 1997
à 2002.
l'actuel
Puis, devenu
à son tour
président de
la République
en 1995, il a
dû, après la
dissolution de
l'Assemblée nationale en 1997, choisir
un Premier ministre de gauche en la
personne de Lionel Jospin.
Réélu en
2002, à la suite de la réduction du
mandat présidentiel de sept à cinq ans
afin de faire coïncider dans les textes
les deux majorités, Jacques Chirac a
désormais un Premier ministre issu
de sa propre tendance politique.
UNE LENTE STABILI SATION
En France, les institutions ont pendant
longtemps reposé sur l'histoire et les
traditions.
La volonté de les inscrire
dans un texte définitif s'est avérée
illusoire.
La transcription juridique n'est
pas seulement doctrinale même si les
concepts fondateurs (séparation des
pouvoirs, protection des libertés, droits
de l'homme et du citoyen ...
) sont
essentiels.
Elle est surtout le reflet de
rapports de forces politiques et sociaux
et doit être constamment amendée en
fonction des changements advenus
dans la société.
Les hommes d'État
ont dû s'y résoudre même si certains
d'entre eux ont pu disposer d'une
Constitution à leur mesure.
Les institutions françaises ont été
remaniées voire bouleversées à
plusieurs reprises et il a fallu attendre
plus de quatre-vingt-cinq ans pour
qu'une Constitution stable voie
le jour.
Aujourd'hui, cette stabilité
constitutionnelle semble acquise.
Et si certains envisagent l'instauration
d'une VI' République, il faut noter que
la Constitution de 1958 est, en France,
la moins contestée de toutes celles qui
ont marqué l'histoire institutionnelle
du pays..
»
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