Grand oral du bac : Le canal de Panama: Un travail de Titan aux multiples rebondissements
Publié le 21/11/2018
Extrait du document
UN TRAIT D'UNION ENTRE DEUX OCEANS
• L’idée de percer une voie de navigation au cœur du continent
américain afin d’éviter aux navires le long et périlleux passage par le cap Horn remonte au xvie siècle, lorsque la découverte du Nouveau Monde engendra le commerce des richesses - de l'or notamment -du Pérou et de l’Équateur vers le royaume d’Espagne.
• L’idée est présentée à Charles Quint, qui ordonne une étude, et, en 1529, un premier plan de canal, quelque part dans l’actuel Panama, est dessiné. Mais, dans une Europe trop occupée par ses guerres internes, le projet est abandonné.
• La réalisation n’est entreprise qu’au XIXe siècle par les Français, puis achevée par les Américains au début du xxe siècle.
• Le canal a longtemps constitué, pour les Américains, un enjeu stratégique, militaire et économique. Aujourd'hui sous administration panaméenne, le canal doit subir des aménagements importants pour s’adapter à la croissance du trafic et à celle de
la taille des bateaux.
UNE CONSTRUCTION DIFFICILE
Des débuts hésitants
• Le Panama possède la particularité d'être l’endroit le plus étroit de l'isthme (langue de terre) qui unit les deux continents américains.
• Cependant, l'isthme est composé d’une cordillère élevée (son altitude varie de 200 à 1500 m) qui rend sa percée difficile. Cette difficulté peut expliquer les hésitations et les reports successifs dans la mise en œuvre du projet et finalement l'histoire chaotique de la construction du canal.
• L'idée d'un canal en Amérique centrale est ravivée au début du xixe siècle par le gouvernement espagnol qui, en 1819, en autorise formellement la construction ainsi que la création d’une compagnie pour le réaliser.
• Le projet est laissé en plan, mais, quelques années plus tard, la découverte de filons d'or en Californie ravive les spéculations sur un canal interocéanique. Des flots d'aventuriers venant de tout le continent se ruent en effet vers la côte ouest des États-Unis.
• Il devient de plus en plus clair pour les Américains qu'une voie d’eau facilitera grandement les communications entre les deux côtes de leur immense pays.
Une ligne de chemin de fer
• En 1855, une voie de chemin de fer traversant l'isthme est achevée par une compagnie américaine, après que la Colombie, dont le Panama est une province, en a permis la construction. Cette ligne engendre une grande affluence d'hommes et de marchandises.
• L'isthme devient un enjeu économique non négligeable, objet de convoitise entre les grandes puissances : États-Unis, Grande-Bretagne, France.
• Plusieurs études organisées par ces différents pays sont menées entre 1850 et 1875, qui montrent qu'il n'existe que deux tracés possibles pour un canal interocéanique en Amérique centrale : l’un à travers le Panama ; l'autre à travers le Nicaragua.
LE SCANDALE DE PANAMA : «ILS ONT TOUCHÉ!»
En France, l'« affaire de Panama » déstabilise la vie politique de la IIIe République encore jeune.
• Cet énorme scandale politico-financier a pour origine les difficultés rencontrées dans la construction du canal de Panama par la société fondée par Ferdinand de Lesseps - la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panamâ - et les tentatives de corruption de celui-ci envers la presse et certains députés français.
• De Lesseps «arrose» certains responsables de journaux afin qu'ils cachent la réalité de la situation concernant l'état d'avancement des travaux et les comptes désastreux de la compagnie. Ainsi, Émile de Girardin, député et journaliste réputé, fondateur de La Presse, attaque d’abord avec violence le projet avant de s'y rallier, en entrant au conseil d’administration de la compagnie.
• De Lesseps paie aussi des députés afin d’obtenir des lois favorables à la réalisation de nouveaux emprunts.
■ Le scandale est rendu public en 1892 lorsque La Libre Parole (quotidien nationaliste et antisémite) d'Édouard Drumont et la presse boulangiste dénoncent les députés compromis. La campagne contre les «chéquards» (des listes circulent, comptant plus de cent noms), les révélations successives compromettant des députés tels Maurice Rouvier, Charles Floquet et surtout Georges Clemenceau entraînent une crise ministérielle.
«
société
française,
à l'instigation de
l'ingénieur
l'Ir/lippe Bunau
Varilla (1859-
1940), voit le jour.
Celui-ci ne veut
pas abandonner
le projet du canal
de Panama et est convaincu que la
seule solution est la reprise en main
par les États-Unis.
Il entreprend des
voyages et un lobbying actif afin
de faire adopter le projet par le
gouvernement américain, luttant
notamment contre les voix qui
prêchent en faveur d'un canal au
Nicaragua.
• En 1898, la guerre contre l'Espagne
achève de renforcer le sentiment de
puissance des Américains et de leur
montrer la nécessité d'une voie d'eau
permettant de faire passer leur flotte
rapidement d'un océan à l'autre.
• En janvier 1903 est signé le traité
Hay-Herràn -noms du secrétaire
d'État américain et du président
colombien -par lequel la Colombie
accorde aux États-Unis la concession
de la construction et de
l'administration du canal.
• Mais comme le Parlement
colombien, pour des raisons de
souveraineté nationale, refuse au
dernier
guerre américains mouiller devant
les villes de Col6n et de Panama,
dissuadant l'armée colombienne
d'intervenir.
LE TRAITÉ HAY-BUNAU-VARILLA
• Dès le 18 novembre 1903, les États
Unis et le nouvel État de Panama
signent le traité Hay-Bunau-Varilla,
l'ingénieur français Bunau-Varilla
ayant la charge de représenter le
gouvernement provisoire panaméen
à Washington.
• Par ce traité, les États-Unis
s'engagent à garantir l'indépendance
du Panama et s'assurent une
concession perpétuelle pour« l'usage,
l'occupation et le contrôle d'une zone
de terrains pour la construction,
l'entretien, l'assainissement,
l'exploitation et la protection dudit
canal».
La «zone-canal» comprend
un espace de 10 miles de part et
d'autre du canal.
• Le Panama perçoit aussitôt une
indemnité de 10 millions de dollars et
recevra une rente annuelle de
250 000 dollars qui débutera en 1913.
• En 1904, pour un montant de
210 millions de francs-or, les États-Unis
rachètent aux Français les travaux déjà
effectués, le matériel et les droits de
construction.
• t:état d'avancement des travaux
réalisés par les Français n'est pas
négligeable.
Les ingénieurs américains
rendent d'ailleurs hommage à la
qualité du matériel français et à celle
des aménagements effectués.
• Les États-Unis, effrayés par le
scandale de Panama et la corruption
qu'il a révélée, décident que le canal
sera construit et géré par l'État lui
même.
LE CHANTIER
• Les travaux sous administration
américaine débutent en 1904 pour
par le colonel
Gargas, puis par
le colonel
Washington
Gorthals ( 1858-
1928), ingénieur
en chef;
45 000 ouvriers
retirent à l'aide
12 m.
Un barrage sur le
rio Chagres forme une retenue de
432 km', le lac de Gatûn.
• Un premier jeu d'écluses permet
d'élever les bateaux venant de Col6n
au niveau du lac (26 rn d'altitude).
Deux autres jeux d'écluses les
ramènent au niveau du Pacifique, à
Panama.
Le canal a dès lors acquis
sa physionomie actuelle.
•
t:inauguratian officielle a lieu le
15 août 1914 avec le passage d'un
bateau américain, Anc6n, jaugeant
10 000 tonneaux et ayant à son bord
le président panaméen Belisario
Porras et le secrétaire d'État américain
à la Guerre.
La traversée de l'isthme
dure neuf heures et demie.
• t:éclat de la cérémonie est
néanmoins terni par le début de la
Première Guerre mondiale, quelques
jours auparavant.
UN ENJEU STRATÉGIQUE
• Après la Première Guerre mondiale,
l'histoire du canal est avant tout de
rétrocéder le canal, vieillissant,
émerge.
LA RÉTROCESSION AU PANAMA
• Après le coup
d'Ëtat d'octobre 1968,
le général panaméen Omar Torrijos
(1929-1981) accède au pouvoir et
pratique une politique nationaliste.
Il engage la lutte pour la restitution
par Washington de la zone qui attente
à la souveraineté nationale.
• Le 7 septembre 1977, au siège de
l'Organisation des États américains
marquée par les considérations (OEA),
à Washington, est signé le traité
stratégiques des États-Unis, évoluant Carter-Torrijos,
qui donne vingt ans
en fonction des menaces et des aux
Américains pour assurer le
tensions internationales.
Les bases transfert de l'administration et du
militaires américaines dans la zone du fonctionnement du canal.
canal ainsi que les enjeux économiques • Le 31 décembre 1999,
que celui-ci représente déterminent
largement l'a ctivité du canal.
• Pendant la crise des années 1930,
la zone du canal sert de base de repli
aux troupes américaines en Amérique
centrale.
• Au cours de la Seconde Guerre
mondiale, la guerre sous-marine que
livrent les Alliés contre les Allemands
dans la mer des Antilles attise les
craintes d'une invasion allemande du
canal de Panama, coupant les axes
d'approvisionnement en pétrole
depuis le Venezuela.
• Cet épisode convainc l'état-major
américain qu'il faut songer à des
routes alternatives au canal de
Panama en cas d'invasion ou
d'attaque.
• Après la guerre, en 1947, une étude
concernant des routes alternatives est
commandée par le Congrès.
• En 1956, suite à la nationalisation par
le président égyptien Nasser du canal
de Suez, les États-Unis craignent que
les Panaméens ne l'imitent et songent
de nouveau à ouvrir un autre canal en
Amérique centrale.
• En 1964, des mouvements
nationalistes au Panama entraînent
une confrontation avec les forces
du canal, donnant lieu à la crise la
plus importante entre les deux pays.
Le débat sur les alternatives au canal
de Panama resurgit, alors que l'idée l'administration
de la zone du canal
est rétrocédée au Panama.
Les
derniers des 10 000 G.I.
déployés
dans la zone quittent le pays.
• Bien que rendu au Panama, le canal
est toujours considéré par les États
Unis comme une voie d'eau
intérieure : il est ainsi prévu dans le
traité de rétrocession que les navires
battant pavillon américain ont une
priorité de passage sur les autres.
l 'AOIVITÉ DU CANAl
UN TRAFIC AMÉRICANO-AMÉRICAIN
• Le canal de Panama constitue le
second passage maritime artificiel du
monde après le canal de Suez, par
l'ancienneté, la taille et l'importance
stratégique.
Il assure près de 30%
du trafic maritime mondial.
• Le canal ayant été conçu dès le
départ comme une voie d'eau
intérieure pour les États-Unis, le
commerce américain domine la
composition du trafic jusqu'à la fin des
années 1950.
Depuis, les États-Unis
continuent d'orienter très largement
les flux dans le canal, puisque 82% du
trafic s'effectue en provenance ou à
destination de la première puissance
mondiale.
• Cependant, le volume des flux
commerciaux entre les États-Unis et
l'Asie a désormais supplanté celui
entre les deux côtes nord-américaines.
L'ÉVOLUTION INTERNATIONALE DU TRAFIC
• Environ la moitié du trafic est
composée de céréales (22 %), de
produits pétroliers (17%) et de
containers de marchandises (13 %).
• Du point de vue de l'évolution
quantitative du trafic, l'année 1929
marqua un premier apogée avec un
total de 7 300 traversées, pour un poids
total de 31,7 millions de tonnes.
• Suite à la dépression des années
1930 et à la guerre, il fallut attendre
1952 pour retrouver ce niveau de
trafic.
Depuis cette date, le tonnage
croit de 2,5% par an, moins vite que
la croissance du commerce maritime
mondial (6%).
•
En 1998, le trafic s'établissait à
13 000 navires pour un total de
comparaison, le canal de Suez avait vu
transiter à la même date 360 millions
de tonnes avec une moyenne
journalière de 50 bateaux, contre une
trentaine à Panama.
• Le Panamâ s'affiche cependant
comme le premier registre maritime
du monde, mais le développement
du pavillon panaméen comme pavillon
de complaisance rend cette donnée
aujourd'hui peu pertinente.
L'AVENIR DU CANAL
t :augmentation progressive du gabarit
des b3timents de la flotte marchande
mondiale et du trafic créent des
nécessités croissantes d'investissement
en aménagements et structures
d'accueil.
En effet, d'ici peu,
15 ooo navires traverseront l'isthme
chaque année, et l'apparition de
nouveaux types de navires de
150000 tonnes pose déjà de nouveaux
défis.
DE NÉCESSAIRES AMÉNAGEMENTS
larges pour accueillir tous les navires
et ne seront plus en mesure de
supporter tout le trafic quotidien.
t :Autoridad del Canal de Panama
(ACP), l'agence gouvernementale
chargée de son administration et de
ses opérations, étudie la possibilité de
construire une nouvelle série d'écluses
et un nouveau barrage sur la rivière
lndio.
• t:agrandissement du canal est jugé
essentiel par I'ACP afin qu'il demeure
compétitif et qu'il continue à
alimenter la croissance économique
du Panama.
En effet, le canal et le
secteur portuaire constituent la
première source de revenus du pays
et fournissent de nombreux emplois.
La construction d'un troisième jeu
d'écluses, représentant un montant
de plus de 8 milliards de dollars
d'investissement, permettrait
d'accueillir des bâtiments deux fois
plus grands que ceux qui transitent
aujourd'hui.
Ce projet va être soumis
par référendum aux citoyens
panaméens.
UNE SOURCE DE PROBLÈMES
Cependant, ces aménagements posent
le problème du déplacement des
populations habitant la région, en
raison des inondations qui en
résulteront ainsi que de la
déforestation et de l'excavation
massive des terres..
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