Grand oral du bac : La IIe République - Une courte expérience républicaine entre monarchie de Juillet et Second Empire
Publié le 18/11/2018
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LES ILLUSIONS PERDUES
Enclavée entre la monarchie de Juillet et le Second Empire, la IIe République est née dans l'euphorie de la révolution de février 1848. Porteuse de grandes espérances, elle se distingua dans ses premiers temps par son souci humaniste de promouvoir les libertés publiques et la justice sociale. Mais elle eut bientôt à subir la réaction des élites bourgeoises et conservatrices qui, la vidant de sa substance, devait conduire à l'instauration du pouvoir autoritaire de Napoléon III.
Fille d'une révolution inachevée, cette expérience chaotique et tumultueuse, malgré sa brièveté, demeure une étape fondamentale de l'histoire politique française. Elle marqua l'entrée du prolétariat et de la province sur la scène nationale, et servit d’inspiration aux républicains lors de la chute du Second Empire.
Dans la nuit du 24 au 25 février, sous la pression populaire, celui-ci proclame la République, sous réserve de ratification par le peuple.
L’«ILLUSION LYRIQUE»
L'instauration de la République
Le 24 février 1848, après deux jours d'émeutes populaires à Paris,
Le gouvernement provisoire,
ENTRE MODÉRÉS ET RADICAUX
Hétéroclite, l'équipe portée au pouvoir par les circonstances inclut les différentes tendances du parti républicain ; d'un côté, l'aile modérée et bourgeoise dont la figure emblématique n'est autre que le poète et député Lamartine ; de l'autre, la tendance radicale, avec le député Ledru-Rollin, et socialiste, représentée par le théoricien Louis Blanc. Quant à l'ouvrier Albert, sa présence est imposée par les insurgés.
Tous sont animés par des idéaux humanistes et démocratiques, inspirés de la révolution de 1789, mais aussi, à des degrés divers, par une exigence de justice sociale. De fait, en quelques semaines, tout en contenant certaines
le roi Louis-Philippe abdique, à la surprise de tous. L’annonce déconcerte les insurgés : cette victoire rapide et inattendue ouvre un vide politique. Le jour même, les manifestants envahissent l'Assemblée nationale au moment où les députés débattent de l'éventualité de la régence.
L'insurrection se meut en révolution : dans la confusion, des députés républicains annoncent l'établissement d'un gouvernement provisoire.
revendications du peuple de Paris (Lamartine s'oppose ainsi à ce que le drapeau rouge remplace le drapeau tricolore), le gouvernement provisoire adopte de profondes mesures politiques et sociales, en rupture avec le régime précédent.
Proclamation de la République Suffrage universel masculin Insurrection populaire à Paris La Constitution est adoptée Louis Napoléon Bonaparte président Victoire du parti de l'Ordre Vote de lois Coup d'État réactionnaires Plébiscite bonapartiste Proclamation du Second
de la République Empire
L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE
Le décret du 27 avril 1848 abolissant l'esclavage est l’œuvre du sous-secrétaire d’État à la Marine, député de la Martinique et de la Guadeloupe, Victor Schœlcher.
Dans l'esprit de ce grand humaniste, la République ne pouvait à la fois instaurer le suffrage universel en métropole et tolérer l'esclavage dans les colonies. Une première fois aboli par la Convention en 1794, l'esclavage avait été rétabli par Napoléon en 1802. Né en 1804, dans une riche famille de négociants parisiens, Schœlcher avait découvert l’affreuse condition des
«
L'ABOunON
DE L'ESC LAVAGE
Le décret du 27 avril 1848 abolissant
l'esclavage est l'œuvre du sous
secrétaire d'État à la Marine, député
de la Martinique et de la Guadeloupe,
Vldw Sdlœldler.
Dans l'esprit de ce
grand humaniste,
la République ne
pouvait à la fois
instaurer le suffrage
universel en
métropole et tolérer l'esclavage dans
les colonies.
Une première fois aboli
par la Convention en 1794, l'esclavage
avait été rétabli par Napoléon en 1802.
Né en 1804, dans une riche famille de
négociants parisiens, Schœlcher avait
découvert l'affreuse condition des esclaves
noirs à l'occasion de voyages
d'affaires en Amérique.
Révolté, il
milita dès lors en faveur de l'abolition,
multipliant les visites dans les Antilles
françaises et en Afrique, s'élevant par
ses écrits contre les préjugés de race:
«Disons-nous et disons à nos enfants
que tant qu'il restera un esclave sur la
surface de la terre, l'asservissement de
cet homme est une injure permanente
faite à la race humaine tout entière.»
En 1851, comme Victor Hugo, il fut
contraint à l'exil pour s'être opposé
au coup d'État de louis Napoléon
Bonaparte.
Il ne rentrera en France
qu'à la chute du Second Empire.
Mort en 1893, ses cendres reposent
aujourd'hui au Panthéon.
L'AfFAIRE
ITALIENNE
ET LA CRISE DU 13 JUIN
À peine formé, le nouveau
gouvernement décide l'envoi d'un corps
expéditionnaire à Rome, d'où le pape
Pie Xl a été chassé par les républicains
italiens.
Les troupes françaises
reprennent la ville et restaurent le
souverain pontife dans ses États.
Opposée à cette intervention, la gauche
proteste vivement à la Chambre, en
vain.
En réaction, les députés de la
Montagne organisent le 13 juin une
manifestation devant l'Assemblée
nationale.
Les forces de l'ordre
interviennen� la manifestation tourne
à l'émeute.
Un groupe de députés tente
de former un gouvernement provisoire,
mais le soutien populaire est faible.
L'insurrection est promptement
1---------------,-------------1 réprimée.
L'état de siège est une
insurgés, 1 500 parmi les soldats.
Ces «journées de Juin » enterrent
définitivement les grandes espérances
nées de la révolution de février.
Coupable de l'avoir trahi, la République
est discréditée aux yeux du monde
ouvrier.
UUW'./Bil LA IŒACTION
La répression menée par Cavaignac
au lendemain de l'insurrection
est féroce : 1 500 prisonniers sont
fusillés sans procès.
Des milliers
d'autres sont déportés en Algérie.
Des textes réglementent la liberté
de réunion et d'opinion, le contrôle
de la presse est rétabli.
La Constituante supprime la limitation
de la durée du travail votée en février.
LE PARTI DE L'ORDRE s'oRGANISE
Les journées de Juin ont aussi pour
conséquence de favoriser la formation
du parti de l'Ordre, regroupant des
conservateurs de toute obédience
(catholiques, monarchistes légitimistes
et orléanistes, patronat.
..
).
Favorables
au maintien de l'ordre social,
défenseurs de la propriété, ils se
montrent de plus en plus méfiants face
au régime républicain, accusé d'avoir
favorisé les troubles et la propagation
d'idées subversives.
Le parti marque rapidement des points.
Les élections municipales, en juille�
et générales, en aoû� renforcent son
implantation.
En octobre, à la faveur
d'un remaniement ministériel, trois de
ses membres entrent au gouvernement.
lA CONSTITUTION DU 4 NOVEMBRE 1848
Adoptée à une immense majorité, elle
proclame la souveraineté du peuple,
le suffrage universel, et institue la
séparation des pouvoirs.
L'exécutif est
confié à un président de la République
élu pour un seul mandat de quatre ans,
le législatif à une Assemblée unique
de 750 membres renouvelables tous
les trois ans.
À la place du « droit
au travail», principale revendication
de février, le texte évoque un simple
droit à l'assistance.
L'ÉLIMINATION
DES RÉPUBLICAINS
LOUIS NAPOUON BONAPARTE PRÉSIDENT
Cinq candidats sont en lice pour
l'élection présidentielle.
Quatre sont issus
du camp républicain, plus divisé
que jamais : Lamartine, qui croit
bénéficier de la même popularité
qu'en février, le général Cavaignac,
Ledru-Rollin (soutenu par les
démocrates) et Raspail, qui, bien
qu'emprisonné depuis le 15 mai,
.-.-="""'""'"'..,.......,.
représente
les socialistes.
En face,
le parti de
l'Ordre, sous
l'influence
d'Adolphe
Thiers,
s'abstient
de présenter
un candidat
pour soutenir
Louis
Napoléon Bonaparte, qu'il pense
pouvoir manipuler.
Habile
propagandiste, ce dernier se présente
comme « 1 'homme du peuple»
et fait campagne sur la légende de
l'Empereur, encore très populaire
dans la paysannerie.
Le 10 décembre, il distance largement
ses rivaux avec plus de 74,2 % des voix
- principalement celles des paysans
et des électeurs du parti de l'Ordre,
mais aussi d'ouvriers déçus.
LE TRIOMPHE DU PARTI DE L'ORDRE
L'élection législative du 13 mai 1849
voit la nette victoire du parti de l'Ordre,
avec 450 élus.
Sous cette étiquette
se retrouvent des royalistes et des
bonapartistes.
Les hommes de
ce parti occupent les postes clés
du gouvernement dirigé par
Odilon Barrot
De leur côté, les républicains modérés
connaissent une cuisante déconvenue,
tandis que les démocrates-socialistes
(appelés aussi les Montagnards),
menés par Ledru-Rollin, reviennent en
force et s'Imposent comme la principale
force d'opposition, avec 180 députés.
nouvelle
fois proclamé à Paris.
Les principaux meneurs sont arrêtés et
emprisonnés, Ledru-Rollin doit s'enfuir
à Londres, et six journaux d'obédience
radicale et socialiste sont suspendus.
L'opposition parlementaire est éliminée.
LE PIINC E..f'IDI DENT
CONliE LE Mill DE L'OIDIE
Lou1s NAPOLioN s'ÉMANCIPE
S'ils s'entendaient pour lutter contre
les républicains de la Montagne, le parti
de l'Ordre et Louis Napoléon entrent
peu à peu en conflit larvé au lendemain
de leur élimination.
Contrairement
aux espérances d'Adolphe Thiers,
le « Prince-Président», comme on
commence à l'appeler, se démarque
progressivement pour mener une
politique plus personnelle.
S'organise ainsi un parti bonapartiste,
qui bénéficie du soutien des milieux
d'affaires, de la petite bourgeoisie
rentière, des artisans, mais aussi d'un
bon nombre d'ouvriers.
Une fraction
non négligeable des députés se rallie
également à lui.
De lai� le parti
de l'Ordre se retrouve bientôt
composé presque exclusivement
de monarchistes, partisans
de la restauration de la royauté.
LEs LOis RÉACT IONNAIREs
OU PARTI DE L'ORDRE
Soucieuse de prévenir une résurrection
démocratique, la majorité conservatrice
de l'Assemblée vote, courant 1850, une
série de lois visant à maintenir l'ordre
social et politique.
Le 15 mars 1850,
l'enseignement est livré à l'Église par
la loi Falloux (ministre de l'Éducation),
qui autorise l'ouverture d'écoles
congréganistes et accorde au clergé
le contrôle sur les écoles publiques.
D'autre part, la nouvelle loi électorale
(31 mai) remet en cause le suffrage
universel : elle impose désormais aux
citoyens de résider depuis au moins
trois ans dans le même canton pour
pouvoir voter.
Trois millions d'électeurs,
principalement parmi les ouvriers où la
mobilité est grande, sont rayés des
listes électorales.
Enfin, une loi sur la
presse renforce le contrôle des
autorités.
PROPAGANDE BONAPARTISTE,
DIVISIONS DES MONARCHISTES
Ces lois impopulaires discréditent
le parti de l'Ordre.
Habilement,
le Prince-Président laisse faire.
Multipliant les voyages en province
et disposant de nombreux relais dans la
presse, il s'adresse directement au
peuple par-dessus l'Assemblée.
Cette
intense propagande permet bientôt
au parti bonapartiste de jouir d'une
large audience dans l'opinion, mais
aussi dans l'armée.
Parallèlemen� les monarchistes,
divisés entre orléanistes (partisans
de Louis-Philippe) et légitimistes
(favorables aux Bourbons), n'arrivent
pas à se mettre d'accord, en dépit des
tentatives de rapprochemen� sur
un candidat commun en vue d'une
restauration.
LA CRISE CONSTITUTIONNEW
Le conflit entre l'Assemblée et le
président de la République éclate
au grand jour en 1851.
Conformément
à la Constitution qui interdit un second
manda� Louis Napoléon ne peut
se représenter aux élections
présidentielles de 1852.
Profitant
de sa popularité, il entreprend une
importante campagne dans tout le pays
en vue d'obtenir une révision de la loi
constitutionnelle, multipliant discours
et pétitions.
Sa proposition est soumise
en juillet à l'Assemblée nationale, mais
elle n'obtient pas le nombre de voix
requis.
Le Prince-Président demande alors
l'abrogation de la loi électorale de
mai 1850, si impopulaire dans
le monde ouvrier.
Devant le nouveau
refus de la Chambre, Louis Napoléon
se pose dans l'opinion en «défenseur
de la démocratie», tout en jouant
auprès de la bourgeoisie sur le risque
d'une poussée socialiste aux élections
à venir.
LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE
LE COUP D'ÉTAT DU 1 DÉCEMBRE 1851
Louis Napoléon se résout à prendre
le pouvoir par la force.
Il peut compter
sur les fidèles qu'il a placé aux postes
clés de l'État : son demi-frère, le duc
LES AnLIERS NATIONAUX
La création des Ateliers nationaux
est la principale mesure adoptée par
le gouvernement provisoire dès son
accession au pouvoir afin de lutter
contre la misère du prolétariat urbain.
Il s'agit de résorber le chômage en
employant les ouvriers sans emploi
dans de grands travaux financés
par l'Étal À Paris est ainsi lancée
la construction des gares
Montparnasse et Saint-Lazare.
Mais,
avec plus de 100 000 inscrits en juin,
la demande est bien supérieure
à l'offre.
Des milliers d'ouvriers
qualifiés se retrouvent ainsi contraints
d'effectuer des travaux au rabais,
quand ce n'est pas à l'oisiveté forcée
et rémunérée.
De fait, le financement
de ce programme coûte très cher de
Morny, ministre de l'Intérieur,
les généraux Saint-Arnaud, ministre
de la Guerre, et Magnan, commandant
la garnison de Paris, ainsi que Maupas,
préfet de police.
La date, symbolique,
est fixée au 2 décembre, jour
anniversaire du couronnement
de Napoléon l" et de la victoire
d'Austerlitz.
Dans la nui� les principaux opposants
monarchistes sont arrêtés, les lieux
stratégiques de la capitale occupés.
Des élus républicains- Victor Hugo,
Victor Schœlcher- tentent bien de
soulever le peuple de Paris, mais celui
ci se montre peu disposé à défendre un
régime responsable des massacres de
juin 1848.
Les insurgés sont écrasés
par l'armée (400 morts).
RÉSISTANCES PROVINCIALES
Si Paris a peu réagi, la province voit
se développer, depuis 1848, des
mouvements de résistance, notamment
dans le Centre et dans le Sud, où les
idées républicaines se sont enracinées.
Des combats opposent l'armée aux
insurgés, principalement des paysans,
dans la Drôme, l'Ardèche, les Basses
Alpes, le Var, ainsi que dans l'Allier
et la Nièvre.
Mais l'opposition est
bientôt vaincue.
La répression est brutale :
27 000 arrestations, 10 000 déportations
en Algérie, mais aussi aux bagnes de
Cayenne, 1 500 exilés.
Manipulant
cause et conséquence, Louis Napoléon
se pose en défenseur de la société contre
le « péril rouge» et les « jacqueries
paysannes» pour légitimer son coup
d'État.
Le mouvement républicain est
décapité pour longtemps.
PROCLAMATION DU SECOND EMPIRE
Les 21 et 22 décembre, un plébiscite
entérine le fait accompli à une large
majorité.
Le parti de l'Ordre se rallie.
Un an plus tard, un nouveau plébiscite
approuve, à une immense majorité, la
restauration de la «dignité impériale».
Moribonde depuis longtemps, la
li' République a définitivement vécu.
aux finances publiques, déjà
au bord de la banqueroute.
Cependan� la raison inavouée
des partisans de leur suppression
est que les Ateliers nationaux, travaillés
par la propagande socialiste, sont
devenus un foyer d'agitation
révolutionnaire qui effraie l'Assemblée
à dominante bourgeoise et modérée
élue en avril 1848.
Annoncée par un bref article du
journal gouvernemental Le Moniteur,
le 21 juin, la fermeture provoque
une insurrection populaire à Paris -
mais aussi dans deux villes de
province, Marseille et Rouen.
La révolte sera réprimée dans le sang,
coupant définitivement le monde
ouvrier de la Il' République..
»
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