Grand oral du bac : L'« Armée rouge des ouvriers et paysans » - De l'Armée rouge des ouvriers et paysans à l'armée russe
Publié le 18/11/2018
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LE BRAS ARMÉ DE L'URSS
L'« Armée rouge des ouvriers et paysans » - selon sa dénomination officielle et complète - est créée par les autorités bolcheviques au lendemain de la révolution d'octobre 1917. Il s'agit alors pour Lénine et ses compagnons d'assurer la survie du nouveau régime menacé par les armées blanches des contre-révolutionnaires, ces derniers bénéficiant de plus du soutien militaire des puissances étrangères, dont la France, la Grande-Bretagne, la Tchécoslovaquie, les États-Unis et le Japon. Forgée par Trotski, purgée de ses cadres les plus compétents par Staline, et donc affaiblie un temps, l'Armée rouge accompagne toute l'histoire de l'URSS - invasion de la Pologne, guerre contre la Finlande, Grande Guerre patriotique, guerre froide, notamment - jusqu'à son éclatement en 1991, emportée par la chute du communisme.
ARMÉE ROUGE CONTRE ARMÉES BLANCHES : 1917-1922
Sauver la révolution
• Désireux d'inscrire la révolution dans la durée, et gardant à l'esprit le précédent de la Commune de Paris de 1871 - l'insurrection populaire avait été balayée faute d'une force armée -, les autorités bolcheviques entendent disposer des moyens militaires nécessaires à leur entreprise. Il est vrai qu'au lendemain du renversement du gouvernement provisoire dAleksandr Kerenski (25 octobre 1917), les bolcheviks ne peuvent compter, si l’on excepte quelques unités d'élite, que sur les volontaires de la Garde rouge.
• Le 15 janvier 1918, la Garde rouge est transformée en Armée rouge par un décret du conseil des commissaires du peuple. Le 23 février, les premières levées de masse voient le jour à Petrograd et Moscou. Il appartient à des officiers élus de prendre en charge cette nouvelle force armée, qui n'est dans un premier temps qu'une levée de volontaires dont la motivation politique ne saurait pallier le manque d’expérience militaire.
• C'est Léon TrotsLu, commissaire à la guerre, qui assure l'organisation. Par un décret du 29 mai 1918, il rend le service militaire obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 40 ans.
• Parallèlement sont créés des commissaires de guerre chargés d’encadrer la mobilisation. Pour combler le manque d'expérience des cadres, Trotski fait appel à des spécialistes militaires. Ce sont pour la plupart des anciens officiers de l'armée tsariste que le nouveau régime a libéré en échange de leur loyauté à la révolution. Toutefois, ces spécialistes militaires sont placés sous le contrôle étroit des commissaires politiques.
• Pour s'assurer de l'«orthodoxie» des spécialistes militaires, le régime n'hésite pas à gager leur fidélité en prenant en otage des membres de leurs familles ou des proches.
• Le ralliement au régime du général Alekseï Broussilov en 1920, un héros de la Première Guerre mondiale, a un impact certain sur les modalités de la mobilisation et l'organisation de l’Armée rouge. Mais c'est surtout Toukhatchevski et Chapochnikov, deux anciens généraux de l'armée impériale, qui apportent l'expérience militaire et les connaissances stratégiques indispensables à la lutte que mène le régime soviétique contre les Russes qui combattent la révolution. En effet l'Armée rouge est engagée en Ukraine, sur le Don, dans le Caucase et en Extrême-Orient contre les armées
«blanches» de Denikine et Wrangel
• De fait, les premières mesures que prend Trotski sont dictées par
Création de l'Armée rouge Service militaire obligatoire Défaite contre la Pologne Fin de la guerre civile Plan quinquennal d'armement Début des purges Attaque contre la Pologne Victoire contre la Finlande Grande Guerre patriotique Invasion de l'Afghanistan Éclatement de l'Armée rouge
• La victoire sur les forces contre-révolutionnaires ne saurait masquer un certain nombre de carences
en matière d'équipement et d'armement Les chars d'assaut font défaut, de même qu'une aviation de combat moderne et une artillerie digne de ce nom.
• Un premier plan quinquennal est alors lancé en 1928 pour remédier à la situation. Les efforts se révèlent rapidement payants. On peut en effet considérer que, au milieu des années 1930, l'Armée rouge a globalement rattrapé son retard, affichant même certains avantages, notamment dans l'emploi des blindés et des parachutistes.
«
Sucds
FACILES CONTIE
LE lAPON n LA POLOGNE
• Les incidents de frontière qui se
multiplient depuis le milieu des années
1930 entre l'URSS et le Japon débouchent
sur un conflit ouvert en aoOt 1939.
Soviétiques et Japonais s'affrontent
en Mandchourie où le général Joukov
inflige une défaite sans appel à l'armée
impériale nippone.
• La victoire des Soviétiques est
incontestablement due à un emploi
massif de chars sous la forme de
brigades blindées indépendantes
- ce qui représente une innovation
de taille à une époque où l'on confine
les chars dans un rôle d'appui
de l'infanterie.
Non seulement
les Soviétiques engagent leurs
blindés en appui de l'artillerie, mais
ils utilisent aussi les avions comme
force de soutien des troupes au sol,
ce qui préfigure la guerre éclair
menée par le couple avion-blindé.
La qualité des appareils soviétiques,
dont témoignent les performances
de l'Iliouchine 11-2, n'est pas étrangère
à cette innovation tactique.
• La campagne contre la Pologne qui
s'engage le 17 septembre se déroule
sous des auspices aussi favorables.
Les troupes soviétiques -environ
500 000 hommes -ne rencontrent
guère de résistance dans la mesure
où les Polon11is sont déjà débordés
à l'ouest par les armées de Hitler.
Il
en est autrement au cour.; de la guerre
d'hiver menée contre la Finlande.
lA DIFFICILE CAMPAGNE
CONTIE LA fiNLANDE
• La guerre qui débute contre la
Finlande le 30 novembre 1939 montre
vite les faiblesses de l'Armée rouge
dont les effectifs sont pourtant trois fois
supérieurs aux forces de l'adversaire.
Il faudra attendre février 1940 et le
déploiement de 27 divisions, de millier.;
de canons et de blindés pour que
l'Armée rouge finisse par percer la ligne
Mannerheim et impose à la Finlande
la signature du traité de Moscou.
Au cours de cette guerre, les pertes
sovUtiqfts se chiffrent à plusieurs
dizaines de milliers de morts.
Il est
difficile de ne pas voir dans cette
difficile victoire contre un petit pays
une des conséquences majeures des
purges opérées par Staline.
Toutefois,
l'état-major soviétique entreprend
immédiatement d'en tirer la leçon.
De fait de nouveaux matériels,
dont les chars KV-1, commencent
à sortir en grand nombre des usines
d'armement soviétiques.
LA
GRANDE GUERRE
PATRIOTIQUE ; 1941 -1945
RtfotMES n ttotCANISAnoN
• Dans la seconde moitié de J'année
1940, des changements importants
sont apportés à J'organisation du
Commissariat du peuple à la défense
(NKO) et à la structure de l'état-major
général.
Les appellations de général
et d'amiral sont de nouveau en vigueur
tandis que les grades pour les sous
officiers et les soldats sont rétablis.
Il faudra toutefois attendre 1943
pour que les autorités réintroduisent
officiellement le terme d'officier,
dont la suppression en son temps
avait pourtant été présentée comme
emblématique.
• Le 23 juin, la stavka (quartier général)
du haut commandement que dirige
le général Timochenko, est créée.
Le 30 juin, Je Comité d'État à la défense
(GKO) voit Je jour à l'initiative de
Staline qui en prend la tête et y exerce
les pleins pouvoirs.
Le même jour,
trois commandements en chef
sont désignés sur les trois directions
stratégiques : nord-ouest ouest
sud-ouest.
• Mais J'attaque de la Wehrmacht
contre son allié prend les Soviétiques
de vitesse et la réorganisation de
l'Armée rouge est loin d'être achevée
lorsque Hitler déclenche le 22 juin 1941
l'opération Barbarossa.
• Le territoire dévolu aux forces
armées est divisé en 16 régions
militaires, un front (Extrême-Orient)
et 20 commandements d'armée.
Au moment où la guerre éclate,
l'Armée rouge dispose de
62 commandements de corps
d'armée, 198 de divisions d'infanterie
et 3 de brigades d'infanterie.
L'effectif
de la division, qui est censée atteindre 18
000 hommes selon les tableaux
de 1939, n'est en avril 1941, que
de 14 483 hommes.
• De son côté, le Comité central prend
la décision d'envoyer sur le front le
tier.; de ses membres, de même que
de nombreux secrétaires des comités
régionaux du territoire et des comités
centraux des différentes républiques.
• Le 16 juillet, des commissaires politiques
sont affectés aux échelons les plus élevés
de l'armée ; au niveau des compagnies,
des batteries, des escadrons, des
militants politiques assurent un rôle
voisin de celui dévolu aux commissaires.
DES PEmS CONSIDÉRABLES
• De fait les Soviétiques vont recevoir
le choc de la Wehrmacht dans des
conditions d'infériorité numérique.
Alor.; que les Allemands mettent en ligne
190 divisions, dont 11 divisions de chars
et 13 divisions motorisées, soit plus
de 5 millions d'hommes, près de
5 000 avions et plus de 3 700 char.;,
les Soviétiques ne peuvent opposer que
3 millions d'hommes, 1 500 char.; récents
et 1 500 avions modernes ; 170 divisions
sont massées dans les zones frontalières
occidentales.
Le rapport de force,
nettement en défaveur des Soviétiques,
et la surprise tactique et stratégique
opérée par les Allemands contraignent
les divisions de l'Armée rouge à reculer
sur plusieur.; centaines de kilomètres
tout en abandonnant un matériel
important au cour.; de leur retraite.
·Toutefois, l'extraordinaire mobilisation
de tous ceux et celles capables de
porter une arme, le réflexe patriotique
qui joue à plein, l'Impulsion donnée
à la construction d'un matériel de
guerre de plus en plus performant
dans des usines situées hor.; de portée
des Allemands -à cet égard,
l'immensité du territoire soviétique
n'est pas étrangère à la défaite finale
r-------------i de la Wehrmacht -et l'aide déterminante
LE SEIMENT
DES JEUNES IECIUES
• En janvier 1939, le serment
des jeunes recrues est modifié.
L'ancien senntnt.
pr� colltctivement
le 1" ma� commençait ainsi :
1 Moi, fils du peuple travailleur,
citoyen de l'Union soviétique,
je deviens soldat de l'Armée rouge
ouvrière et paysanne.
Devant
les classes laborieuses de l'URSS
et du monde entier, je m'engage
à porter ce nom avec honneur
et à apprendre consciencieusem
Je métier militaire.
•
• Le nouveau est plus strictement
patriotique : 1 Moi, citoyen de l'URSS,
en entrant dans les rangs de l'Armée
rouge, je fais serment de m'engager
solennellement à être un soldat loyal,
brave, discipliné et vigilant ; à garder
strictement les secrets militaires et
les secrets d'Êtat ; à exécuter sans
discussion les règlements militaires
et les ordres des chefs.
• JI n'est plus
question des • classes laborieuses
du monde entier • ni de la lutte
1 pour la cause du socialisme
et de la fraternité des peuples •
à laquelle il était également fait
allusion dans J'ancienne formule.
• Enfin, la prestation du nouveau
serment à lieu le 23 février, c'est-à-dire
à la date anniversaire de la création
de l'Armée rouge et non plus à la date
internationale ouvrière du 1" mai.
des
Angle-Américains permettent
à l'Armée rouge de se rétablir et
après la 1Hit11illt dt St11llngr•d
(février 1943}, de reprendre sur
tous les fronts une offensive qui
ne s'arrêtera qu'en avril 1945 à Berlin.
1
· L'ampleur des pertes subies par l'URSS
- 13 millions de soldats et 7 millions
de civils -tient pour une bonne part
à l'impréparation de la guerre, aux
relations ambigües avec l'Allemagne
et surtout aux purges opérées
par Staline au sein de l'encadrement
au cour.; des années 1930.
• La victoire obtenue contre les forces
de l'Axe permet toutefois au régime
soviétique de se poser en " champion »
de l'antifascisme et donc de légitimer
sa présence dans les pays de l'Est
libérés par ses troupes.
Ainsi, l'Armée
rouge, qui se trouve au cœur de
l'Europe, va être l'Instrument de
la politique du Kremlin qui, dans
le cadre de la guerre froide, conduit
à la soviétisation de l'Europe orientale
- les futures démocraties populaires -
et à la bipolarisation du monde.
DE
L'ARMÉE ROUGE À
L'ARMÉE RUSSE: 1946-1991
L'OBSESSION DU GLACIS DÉFENSIF
• En 1946, l'Armée rouge prend
la dénomination officielle d'armée
soviétique.
Toutefois, l'appellation
"Armée rouge» reste employée
en URSS et, surtout dans les pays
occidentaux.
Parallèlement on procède
à sa démobilisation, les effectifs
passant de 13 millions à 5 millions ;
les conscrits doivent servir deux ans
sous les drapeaux.
• Tirant la leçon de l'Invasion
allemande de juin 1941, les autorités
soviétiques font des forces armées
l'Instrument privilégié de la constitution
d'un glacis défensif qui, englobant
les États de l'Europe de l'Est.
est
destiné à servir de zone tampon
dans J'éventualité d'une nouvelle
attaque en provenance de l'Ouest.
• La création du pacte de Varsovie
(1955), réplique à la naissance de
l'OTAN (1949), répond à cette volonté
défensive.
Les forces du pacte de
Varsovie se voient imposer par Je
«grand frère» la doctrine militaire
soviétique alors même que l'URSS
n'exclut pas de lancer des attaques
préventives à partir des pays membres
du pacte : il s'agit d'être en situation
de porter la guerre chez l'ennemi
plutôt que de la subir -comme
en 1941 -sur son propre territoire.
L'obsession de pouvoir disposer
d'un glacis défensif en toutes
circonstances est en partie à l'origine
des interventions soviétiques à Prague
(1948}, à Budapest (1956} et à nouveau
à Prague (1968).
UNE SUPERPUISSANCE MILITAIIE
• Parallèlement à la mise sous tutelle
communiste des pays frères, l'URSS
met en œuvre un programme de
développement de l'armement nucléaire
afin de rattraper son retard sur les
États-Unis.
Le 29 aoOt 1949, l'URSS
fait exploser sa première bombe
nucléaire, puis dispose de la bombe
thermonucléaire (12 aoOt 1953).
Puissance nucléaire à l'égal des
Américains, l'URSS engage une
politique qui va faire d'elle une grande
puissance navale.
La marine, dont les
sous-marins sont le fer de lance, a pour
tâche principale, dans un premier
temps, de défendre les côtes derrière
lesquelles l'armée, réputée invincible,
est en état de repousser tout
adver.;aire.
Le ---ri• devient
par la suite une arme stratégique.
• Dés le début des années 1950,
le complexe militaro-industriel tourne
à plein, ce qui n'est pas sans effets
dommageables sur une économie
déjà fragile.
• Puissance nucléaire et navale, l'URSS
n'en néglige pas pour autant les forces
conventionnelles qui, outre la défense
du territoire national proprement dit,
assurent une permanence dans les pays
satellites où J'armée soviétique maintient
des centaines de milliers
d'hommes.
Les forces conventionnelles
sont aussi déployées en grand nombre
le long de la frontière avec la Chine
communiste.
• En dépit de quelques escarmouches
qui l'opposent aux troupes chinoises
en 1969, l'Armée rouge ne sera jamais
engagée dans un conflit ouvert
se contentant d'offrir son assistance
technique, du matériel et son expertise
- les célèbres conseiller.; militaires-
à de nombreux pays du tiers monde,
notamment en Asie et en Afrique.
Il est vrai que la possession de l'arme
nucléaire interdit toute confrontation
directe.
Pourtant alors que le vent de
la détente semble présider aux relations
est-ouest l'URSS va engager l'Armée
rouge en Afghanistan afin d'y installer
un gouvernement qui soit favorable
aux intérêts de l'Union soviétique.
L'INTEIVENnON EN AfGHANISTAN
• Lorsque les troupes soviétiques
entrent en Afghanistan en 1979,
per.;onne ne peut imaginer qu'elles
puissent être débordées.
Mais le
Kremlin a sous-estimé la capacité
de résistance des Afghans, n'envoyant
d'ailleurs qu'un nombre relativement
réduit de soldats (lOO 000 hommes).
• Trés vite, les Soviétiques se trouvent
confrontés à une résistance organisée
sous forme de guérilla.
Les résistants
disposent de bases arrière au Pakistan
et de J'aide matérielle des États-Unis.
À cet égard, la livraison de missiles
sol-air Stinger aux résistants
complique singulièrement la tâche
des llélkoptirts sovUtiqws.
Bien
que les pertes de l'Armée rouge restent
limitées, la guerre en Afghanistan est
bien vite impopulaire en URSS où la
population peine à percevoir les enjeux
de cette intervention.
On commence
même à parler d'un fiasco comparable
à celui qu'ont connu les Américains
au Vietnam.
L'arrivée au pouvoir
de Mikha"1l Gorbatchev met fin à
l'Intervention, les troupes de l'Armée
rouge se retirant d'Afghanistan en 1989.
• Désireux de soulager l'économie
du poids des dépenses militaires
et de réduire l'Influence des cadres
de J'armée dans la conduite du pays,
Gorbatchev engage une politique qui
va aboutir à une réduction des crédits,
des effectifs et au retrait des forces
stationnées en Europe de l'Est De fait,
le désengagement de ces dernières
-jadis déployées pour prévenir
une éventuelle contestation de la
prééminence du modèle communiste -
aura permis la libéralisation des pays
du bloc soviétique et in fine, a abouti
à la chute du communisme en URSS.
• Au lendemain de la constitution de la
Communauté des États indépendants
(CEl, décembre 1991), l'Armée rouge
est démantelée entre les différents États
désormais indépendants.
Les militaires
russes, de loin les plus nombreux
dans J'ancienne armée soviétique,
constituent l'Armée russe..
»
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