Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, lance le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle
Publié le 03/10/2018
Extrait du document
Découvert au IXe siècle, le tombeau de Jacques le Majeur attire dès le Moyen Âge des foules de fidèles. Le pèlerinage, appuyé par la puissante abbaye de Cluny, est un des soutiens à la « Reconquista » espagnole face aux infidèles maures. En 950r Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, est l’un des premiers pèlerins célèbres à se rendre à Compostelle.
Escorté d’une troupe de jongleurs et de troubadours, de religieux et de militaires, Godescalc, évêque du Puy-en-Velay et abbé de Monastier-Saint-Chaffre fait route, en ces années 950-951, vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour l’heure, le pèlerinage au tombeau de Jacques le Majeur demeure relativement modeste. Sa renommée reste locale, même si quelques pèlerins étrangers sont déjà venus se recueillir devant les reliques de l’apôtre. Aucun personnage de l'importance de l’évêque du Puy ne s’est encore rendu en Galice ni n’a entrepris le pèlerinage.
«
Le pèlerinage de Godescalc à
Saint-Jacques-de-Compostelle
a eu, en son temps, un réel
retentissement .
L.:évêque est
en effet le premier pèlerin fran
çais
que l 'on connaît avec certi
tude .
D'autres vont lui emboî
ter le pas, comme le comte
Raymond de Rouergue en 961,
et,
au siècle suivant , les foules
commencent à affluer.
Comme Vézelay, en Bourgo
gne,
le Puy-en-Velay devient
l 'un des grands points de rallie
ment pour les pèlerins en par
tance vers Saint-Jacques .
Avant
de se lancer sur les routes , ils
se
recueillent dans la chapelle
que Godescalc a fait bâtir .
Mais
pourquoi le voyage en
Galice suscite-t-il ainsi l'en
thousiasme de la chrétienté
européenne? Aux alentours de
830, l'évêque d 'lria, Théodemir,
a
découvert le tombeau de
l'apôtre Jacques le Majeur
grâce aux indications d'un
ermite, Pélage .
Une nuit, celui
ci
aurait entendu, s'élevant
d 'une forêt, des cantiques
chantés par des anges et aurait
vu
voleter des lumières sur
naturelles, un
« champ d'étoi
les >> (campus ste/lae).
d'où le nom
de Compostelle .
Sur le lieu du
miracle , le roi Alphonse Il des
Asturies a aussitôt fait bâtir une
église à la mémoire du saint, et
« ses os sacrés y ont été appor
tés de Jérusalem )), mentionne
en 860 un martyrologe rédigé
en France.
Un pèlerinage
au secours
de
la « Reconquista»
Quelque deux cents ans plus
tôt, un écrit oriental est le pre
mier à mentionner Jacques le
Majeur en tant qu'évangélisa
teur de l'Espagne.
Selon une
tradition largement répandue,
les apôtres , après la Pentecôte,
se
seraient répartis les régions
à évangéliser.
L.:Espagne aurait
ainsi échu à Jacques, comme
l'Inde à Thomas .
Peu à peu, les textes apportent
de nouvelles précisions.
En
Espagne, Jacques le Majeur n'a
guère de succès, puisqu'il ne
convertit que neuf disciples .
Rentré
à Jérusalem avec sept
d'entre eux, il est martyrisé et
décapité .
Ses compagnons dé
cident alors de ramener sa
dépouille sur sa terre de mis
sion afin
de la sanctifier.
lis ren
trent en Espagne un 25 juillet
et l'ensevelissent le 3 0 décem
bre dans un tombeau en marbre .
La légende et la découverte du
tombeau de Jacques le Majeur
surgissent à point nommé .
Sur
ces terres espagnoles , la chré
tienté est aux pri ses avec l'is
lam.
Au VIII" siècle, les Maures
sont maîtres de presque toute
la Péninsule .
Portée par le
culte grandissant rendu à saint
Jacques , la Reconquista trouve
en lui son porte-étendard .
Arri
vant peu à peu de toute l'Eu
rope, pèlerins et chevaliers
soutiendront l'effort militaire .
A
plusieurs reprises , l'apôtre
apparaît même sur les champs
de bataille , annonçant les vic
toires prochaines .
Jacques le
Majeur est couramment repré
senté tel un cheva lier matamoros
-« tueur de Maures » -, che
vauchant un
fier destrier , por
tant un étendard d'une main et
une épée de l'autre .
Toutefois, il faut
attendre le
milieu du IX" siècle pour que le
renom du tombeau de saint
Jacques, gratifiant de miracles
ses serviteurs, ne s'
étende à
l'ensemble de l'Europe.
L.:évê
que Godescalc est un précur
seur.
Pourtant,
le pèlerinage de
Saint-Jacques-de-Compostelle
prend très vite une dimension
internationale, comme ceux de
Jérusalem et de Rome .
Les
Français
sont parmi les pre
miers à se rendre en Galice,
suivis
par les Flamands, les
Allemands, les Anglais, les lta-
1 iens.
La puissante abbaye
bourguignonne, Cluny la béné
dictine, grâce à son réseau de
monastères , est un des piliers
ÉTERNELS RECOMMENCEMENTS ...
A partir de la fin du Moyen
Age, l'ère des grands
pèlerinages lointains, comme
ceux de Saint -Jacques , de Rome et de Jérusalem , est
révolue.
Même si ces villes
continuent à attirer un
nombre important de
pèlerins.
La Réforme
protestante critique cette
pratique religieuse.
Chez les
catholiques, on préfère les
pèlerinages de proximité ou
spirituels, comme la prière
ou le chemin de croix.
Aux
XVII° et XVIII° siècles, l'image
du pèlerin se dégrade,
assimilée à celle du
vagabond .
Mais la roue
tourne.
Et l'histoire aime sans
doute les recommencements.
Depuis une vingtaine
d'années, le pèlerinage de
Saint-Jacques-de
Compostelle a retrouvé la
faveur et la ferveur des
foules, croyantes ou non .
La partie espagnole du chemin
a été classée Patrimoine
mondial de l'humanité.
Venus
de toute l'Europe, les
marcheurs affluent de plus
en plus nombreux.
Dix millions sont attendus en Galice en l'an 2000.
les plus solides d 'un pèleri
nage qui atteindra son apogée
au XII" et au XIII " siècle.
OO N ..:,.
»
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