Géographie LE ROYAUME-UNI

Mary Shelley explore le fantastique avec Franken-stein, l’Écossais Walter Scott puise son inspiration dans l’histoire (Iuanhoé), Charles Dickens dénonce la misère noire engendrée par le capitalisme (sans pour autant le remettre en question), Lewis Carroll manie avec bonheur le nonsense typiquement britannique dans Alice au pays des merveilles et La chasse au Snark, Thomas Hardy publie de sombres chroniques campagnardes (Tess d’Uberville), tandis que les sœurs Brontë conçoivent une œuvre passionnée et semi-autobiographique. Rudyard Kipling (Le livre de la jungle), enfin, exalte l’empire et l’épopée coloniale, et sir Arthur Conan Doyle devient célèbre grâce au personnage de Sherlock Holmes. C’est également l’époque du romantisme en poésie, brillament illustré par William Wordsworth, Samuel Coleridge, Lord Byron, Bercy Shelley et John Keats. Écrivains phares du xxe siècle, Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) et George Orwell (1984) expriment dans leurs livres leur angoisse du totalitarisme et des conséquences du progrès scientifique.

Le mouvement des Angry young men (Jeunes gens en colère) se développe dans les années 1950 autour de John Osborne, John Braine et Kingsley Amis; les auteurs qui s’y rattachent critiquent violemment le système social et l’embourgeoisement des thèmes littéraires. La littérature galloise est marquée par Richard Lle-wellyn (Quelle était verte ma vallée, 1939), et par le poète Dylan Thomas. Les dernières décennies voient se distinguer plusieurs romancières anglaises au ton volontiers acide, comme Anita Brookner et Muriel Spark.

dans la politique intérieure du Royaume-Uni, qui considère de plus en plus les comtés d’Ulster comme un boulet économique, mais ne sait comment dénouer à son avantage cette situation devenue inextricable. En 1985, le Royaume-Uni et la République d’Irlande signent un accord qui reconnaît à la seconde un rôle de consultation et de coopération dans la gestion des affaires intérieures de l’Ulster. Depuis 1996, le Sinn Fein (branche politique de l’IRA devenue parti de gouvernement) voit sa légitimité se renforcer; l’IRA, en revanche, se discrédite totalement en rompant, en février 1996 le cessez-le-feu signé en août 1994. Les négociations continuent pourtant, et un élu du Sinn Fein entre en 1997 au Parlement de la République d’Irlande. La coopération entre Belfast, Londres et Dublin reste cependant très

LE CINÉMA SOCIAL ANGLAIS

Chefs de file d’un cinéma attentif aux maux de la société anglaise, Kenneth Loach, Stephen Frears et Mike Leigh ont fait leurs classes à la télévision britannique. Mike Leigh s’est fait connaître avec des films comme Bleak Moments (1971), Life is Sweet, Naked (présenté à Cannes en 1993) et, surtout Secrets and Lies (Secrets et mensonges, 1996), beau succès public. Frears est devenu célèbre en 1985 avec My Beautiful Laundrette, un film évoquant aussi bien les relations interraciales que l’homosexualité; il réalise ensuite des films plus décalés du réel (Héros malgré lui, Les liaisons dangereuses), pour retrouver la comédie sociale avec The Snapper et The Van, adaptés des romans de l'écrivain irlandais Roddy Doyle. Ken Loach est le plus engagé des trois cinéastes ; issu de l’école documentaire anglaise, il présente son premier film, Cathy Corne Home, en 1966, et se fait connaître en Europe avec Family Life (1972), Regards et sourires (un film anti-thatchérien sur le thème du chômage, sorti en 1981), Hidden Agenda (sur l'Irlande du Nord), puis Riff-Raff (1991), Raining Stones (1993) et Ladybird (1994). Au milieu des années 1990, Loach explore une autre veine tout aussi militante avec Land and Freedom et Carias Song. À partir de 1997, de jeunes cinéastes prennent la relève de ce cinéma solidaire mais sans misérabilisme: Mark Herman avec Les virtuoses, par exemple, et Peter Cattaneo avec TheFullMonty, succès international.

fragile. Le système politique repose non pas sur une constitution, mais sur une série de grands textes, dont la Magna Carta et le Bill ofRights. La reine possède un pouvoir éminemment symbolique, à peine terni par des scandales familiaux dans les années 1990.

C’est le Premier ministre qui gouverne; il est le chef de la majorité parlementaire, élue au scrutin uninominal majoritaire à un tour parmi les 650 députés à la Chambre des communes. La Chambre des lords, quant à elle, a perdu beaucoup de son pouvoir depuis l’abolition de son droit de veto en 1911.

Une traditon culturelle

La Grande-Bretagne a toujours réservé un accueil chaleureux à de nombreux artistes européens. Le peintre flamand Van Dyck s’y installe au xvir siècle, sous le règne de Charles Ier, et le musicien allemand Georg Friedrich Haendel choisit la nationalité anglaise en 1726. Il peut être considéré comme l’héritier d’Henry Purcell, compositeur majeur du xvue siècle.

La peinture britannique s’illustre particulièrement au xvme siècle avec Richard Wilson, l’un des fondateurs de l’école paysagiste anglaise, et Thomas Gainsborough, paysagiste et portraitiste. Dans leur lignée se trouvent John Constable et William Turner, dont l’œuvre, au début du xixe siècle, annonce les impressionnistes. Fondée en 1848, l’école des préraphaélites s’oppose à l’académisme dominant ; Dante Gabriel Rossetti est l’un de ses plus illustres représentants.

La littérature britannique naît avec Geoffrey Chaucer (Les contes de Cantorbéry, XIVe siècle), premier poète de langue anglaise. Elle connaît un véritable âge d’or sous Élisabeth Ire, au xvie siècle, notamment grâce aux dramaturges William Shakespeare et Christopher Marlowe. Au xviie siècle, John Milton publie son Paradis perdu, d’inspiration biblique. Thomas Hobbes élabore une des premières théories de l’État, et l’œuvre politique de John Locke préfigure la théorie du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. Daniel De Foe (Robinson Crusoe) et Jonathan Swift (Les voyages de Gulliver) offrent au xvme siècle deux formes de satire sociale, tandis que Henry Fielding publie Tom Jones, roman-fleuve à caractère picaresque. Au début du xixe siècle, Jane Austen peuple ses romans d’héroïnes en quête de mariages heureux, sur fond de critique sociale teintée d’humour. Du point de vue littéraire, le xixe siècle est particulièrement riche et varié :