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François Mitterrand

Publié le 27/02/2008

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" Je ne suis pas né à gauche, encore moins socialiste. J'ai vécu mon enfance dans un autre siècle. Il m'a fallu faire un effort pour sauter dans le nôtre. " (Ma part de vérité. Fayard 1969). Le cinquième enfant d'Yvonne Lorrain et de Joseph Mitterrand voit le jour à Jarnac le 26 octobre 1916. La Charente, c'est la région maternelle : le grand-père dit " papa Jules ", le patriarche, le chef de famille possède une distillerie de vinaigre et une propriété d'une centaine d'hectares entre Charente et Périgord. " C'était un esprit fort, aimant la vie, libre et moqueur, votant radical " dit de lui son petit-fils. Cet aïeul a exercé une influence durable sur François mais l'idéologie familiale est celle d'une famille bourgeoise, conservatrice, catholique : " J'ai été élevé dans un milieu catholique, très croyant, et très ouvert. À l'époque, quand on était catholique dans une petite ville de province, on se classait automatiquement à droite. L'église séparait le bon grain de l'ivraie. Mais lorsqu'on allait à la messe et qu'on refusait de s'associer aux arrogances et aux injustices de la droite, on n'était de nulle part. Tel était le cas de mon père ". L'initiation à la lecture n'est donc pas faite par les hommes dans la famille mais par les femmes. Sa mère par exemple qui fait découvrir au jeune François, Barrès et Chateaubriand, et la littérature du XIXe. Enfance heureuse, souvent à la campagne dans la grande maison familiale où il dévore des lectures choisie par sa mère, famille silencieuse, introvertie, ressemblant à la petite ville de Jarnac aux maisons fermées de hauts murs, assombris par le tanin du vin qui sert au cognac ou au vinaigre ­ l'origine est la même ­ qui se dépose en une impalpable cendre noire sur toutes les surfaces. On n'affiche ni richesse, ni sentiments. Chez les Lorrain-Mitterrand on ne parle jamais d'argent : " L'argent n'est rien en soi et il ne doit jamais être un sujet de conversation ". Son père, cet homme de nulle part portait " des jugements sévères sur le patronat, l'argent et le capital sur l'argent. Ses jugements m'ont profondément marqués ". À neuf ans, brutal changement : François entre pensionnaire au collège Saint-Paul à Angoulême. Il est bon en tout sauf en maths et en sciences. Il préfère la lecture encore et toujours : Claudel, Bernanos, Mauriac, Montherlant seront au fil des années ses découvertes et ses bonheurs. Une photo de lui à treize ans montre un adolescent au regard noir et pensif, qui a déjà cette bouche à la fois gourmande et méprisante à la fois.

« ministre que la République eut connu depuis le premier Empire et je le suis resté ”.

Puis en juillet 1950, il est ministrede la France d'Outremer.

En novembre 1951, il a un parti : l'Union des démocrates socialistes et républicains (UDSR),qui regroupe d'anciens résistants, dont il devient président en 1953.

En juin 1954, Mendès France l'appelle pour leportefeuille de l'Intérieur.

Mendès France est un des rares hommes politiques qu'il admire, qu'il révère profondément.Il est en accord avec lui pour sortir du bourbier indochinois mais sur l'Algérie, il croit encore à la force de la présencefrançaise.

En janvier 1956, il est Garde des Sceaux dans le gouvernement de Guy Mollet.

C'est lui qui accepte deplacer l'Algérie sous l'autorité de l'armée, lui encore qui cautionne le détournement de l'avion de Ben Bella etl'expédition de Suez.

La vérité tient sans doute à ce qu'il croit profondément à l'Algérie française, il ne peutviscéralement accepter l'indépendance.

Sous la IVe république, il aura participé à onze gouvernements.

Mais c'esten 1958, avec le retour du général de Gaulle qu'il passe dans l'opposition. Des Croix de feu à un gouvernement de gauche, comment s'est faite cette mutation ? François Dalle, ancienprésident de l'Oréal, ami de jeunesse du temps du 104, explique ainsi les choses : “ ...Si à Paris il était Croix de Feu,à Jarnac, j'avais déjà compris qu'il ferait une carrière d'homme de gauche.

En Charente, en effet, l'argent étaitdétenu par les grands bourgeois du cognac qui menaient une vie follement fastueuse.

Le clan Mitterrand à côtéfaisait petit-bourgeois.

Ne pouvant briller par l'argent, il brillait par l'intelligence...

Tous les enfants Mitterrand sansexception firent de brillantes études.

Sa sœur Geneviève consacra toute sa vie à la promotion du christianismesocial.

C'est que la famille Mitterrand se situait dans la mouvance du Sillon.

” De Gaulle-Mitterand, tout les oppose.

Chaque rencontre est un affrontement, de leur premier tête à tête à Alger en1943 à la mise en ballottage lors des présidentielles de 1965. Mitterrand écrit dans La Paille et le Grain : “ Je n'ai jamais été gaulliste, j'ai toujours refusé d'être anti.

” Mais il y adans sa carrière politique une base : l'opposition à De Gaulle, fondateur de la Ve république.

Celui-ci au fond vacristalliser contre lui un groupement d'oppositions variées que Mitterrand va fédérer.

En 1959, il est élu sénateur.Puis il revient à l'Assemblée en 1963.

Il pilonne littéralement le pouvoir en place. En 1959, alors qu'il rentre chez lui, sa voiture essuie une rafale de mitraillette au moment où il arrive avenue del'Observatoire.

Il saute dans le jardin, échappe aux balles.

On cherche les auteurs de l'attentat chez des extrémistesde droite.

Jusqu'au moment où un nommé Pesquet, ancien député gaulliste accuse Mitterrand d'avoir monté detoutes pièces cet attentat.

Il semblerait que des menaces lui avaient été adressées et que Mitterrand n'en n'ai riendit.

A-t-il préféré garder le secret pour exploiter l'affaire ? A-t-il été vraiment attaqué ? Rien n'est vraiment clair etl'affaire de l'Observatoire demeure “ son affaire ” régulièrement exploitée par ses ennemis. En 1964, il fait paraître Le Coup d'État permanent, une violente critique de la méthode gaullienne et une analyse dupouvoir en politique.

Mais en 1962, alors que Mendès France son maître rejette définitivement la proposition del'élection présidentielle au suffrage universel, Mitterrand l'accepte… Il sait déjà que ce sera une chance pour lui, qu'ilsera candidat.

De 1962 à 1965, il construit son image de candidat socialiste puis un parti : la FGDS (Fédération de lagauche démocrate et socialiste).

Il réussira en trois ans à fédérer les gauches non communistes et à mettre DeGaulle en ballottage.

Fort de ce premier succès, il parvient ensuite à regrouper socialistes et communistes pour leslégislatives de 1966.

Mais en mai 1968, surpris et bousculé par les événements, ne les comprenant d'ailleurs pas, ilse hâte de reprendre l'initiative.

Un peu trop même : il propose, le 28 mai, un gouvernement provisoire de gestiondirigé par Mendès France.

De Gaulle reprend rapidement le contrôle de la situation et à gauche, lors desprésidentielles de 1969, on lui préférera Deferre.

Il est trop pressé. En 1969, il est donc député de la Nièvre mais il n'est plus que ça.

Ce qui est finalement peu pour un homme qui aété ministre à trente ans et qui fréquente les bancs de l'Assemblée depuis plus de vingt ans.

Il a appris la patience :il prend la tête d'un parti minuscule : la Convention des institutions républicaines, et il se met au travail.Inlassablement il regroupe, réunit, fédère.

Le congrès d'Épinay en 1971 lui ouvre les portes du Parti socialiste.

Sondiscours de clôture est tout à la fois une proclamation de foi dans la gauche et une retour aux sources familiales : “Violente ou pacifique, la révolution c'est d'abord une rupture.

Celui qui accepte la rupture avec l'ordre établi, avec lecapitalisme, celui-là peut être membre du parti socialiste ”.

Et il poursuit avec une diatribe contre l'argent : “L'argent qui tue, qui achète, qui ruine, qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes ”. Homme de pouvoir mais pas de parti, le nouveau secrétaire du Parti socialiste préfère les petits comités tenus chezlui aux assemblées, les visites impromptues et irrégulières à son bureau au siège plutôt que de tenir audience àlongueur de journée.

En 1972, il a un programme : “ Changer la vie ” et en 1973 c'est l'Union de la gauche, unaccord avec les communistes et les radicaux de gauche.

Une stratégie qui porte ses fruits.

La mort de Pompidou en1974 l'oblige à partir en campagne présidentielle plus tôt que prévu.

Battu par Giscard d'Estaing, il n'a pas de regret: il sait qu'il a offert au Parti socialiste un magnifique tremplin.

Dès le lendemain des élections, les nouveaux militantsaffluent.

Le parti s'ouvre même à “ la petite gauche ”, le PSU de Michel Rocard que Mitterrand n'a jamais vraimentapprécié.

En juin 1977, le score de la gauche est triomphal.

A ce détail près : les communistes perdent des mairiesau profit des socialistes, ils réalisent que cette alliance ne sert que ces derniers.

En 1978, la gauche perd leslégislatives mais une fois encore, le score des communistes est de loin inférieur à celui des socialistes. Les élections perdues, la gauche bouillonne : conflits au sein du PS où Michel Rocard annonce maladroitement ettrop tôt qu'il sera candidat aux prochaines présidentielles, éloignement des communistes… Mitterrand laisse passerl'orage.

En 1981, Giscard d'Estaing, qui en 1974 lui avait asséné “ Vous êtes l'homme du passé ”, devient “ l'hommedu passif ”.

Mitterrand a réussi son pari.

Il est président de la République le 10 mai 1981 avec 52 % des voix.. »

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