François Ier
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
que, de la part de François Ier, cette candidature fut d'abord un dessein personnel au sujet duquel son Conseil se trouva d'ailleurs partagé.
Que sil'on considère, d'autre part, la littérature politique de l'époque en France, on n'y trouve aucune exaltation de l'Empire alors que les traités sur lepouvoir royal mettent en relief les “ privilèges ” du roi de France auquel il suffit d'être “ empereur en son royaume ” et c'est en cette même année1519 qu'est publiée la Grant monarchie de France que Claude de Seyssel L1830 avait écrite quatre ans plus tôt.
Quant à la couronne royale, elle demeurera “ ouverte ” pendant la plus grande partie du règne et ce n'est qu'au cours des années 1535-1540 qu'on la verra progressivement sefermer “ à l'impériale ”.
Que François Ier ait durement ressenti son échec lorsqu'il apprit que les électeurs lui avaient préféré Charles d'Autrichedésormais empereur sous le nom de Charles Quint P065 , il ne fait pourtant pas de doute et l'âpreté de la lutte qu'il allait désormais mener contre son heureux rival peut en être retenue pour preuve.
D'autres éléments pourtant doivent être ici pris en considération.
Il est certain, d'une part, que l'accession dès 1516 de Charles aux trônes deCastille et d'Aragon faisait peser une lourde menace sur les confins méridionaux du royaume et que, d'autre part, en maintenant ses prétentions àl'héritage du Milanais, François Ier portait directement atteinte à la souveraineté de l'empereur en Italie.
Mais en revendiquant de son côté laBourgogne comme faisant partie de l'héritage de Charles le Téméraire P063 , Charles Quint P065 touchait au vif le sentiment national qu'il n'était plus possible, désormais, de ne pas faire entrer en ligne de compte.
On le verra bien lorsque, après Pavie et la captivité de François Ier, il s'agira d'exécuter les clauses du traité de Madrid : dépêchés auprès du roi quivient d'être libéré et séjourne pour lors à Cognac, les députés de Bourgogne seront les premiers à le convaincre, s'il en était besoin, de ne jamaiscéder le duché qui se voulait français et appartenait au domaine de la Couronne dont le roi, au jour de son sacre, s'était engagé à ne jamais aliéneraucune partie.
L'acharnement qu'il mettra à poursuivre de sa vindicte le connétable de Bourbon, passé au service de Charles Quint P065 , n'a pas d'autre explication car le procès qui lui sera intenté ne sera pas tant celui du grand officier de la Couronne, traître à son roi, que celui du féodaldont les biens allaient passer sous la suzeraineté de l'empereur.
Les péripéties du conflit sans cesse recommencé qui va désormais opposer les deux souverains les placent sur le même pied d'égalité en lesconfrontant de surcroît au même drame que connaît alors la Chrétienté avec la rupture de l'unité de l'Église, mais sur ce point encore lecomportement de François Ier allait être en tout différent de celui de Charles Quint P065 .
Parce qu'il est empereur, Charles se sent et se sait investi d'une mission quasi providentielle ; la magistrature que, comme tel, il exerce s'étend à la Chrétienté tout entière qu'il doit défendre contre touteatteinte qui lui serait portée et il y a eu atteinte portée lorsqu'en “ protestant ” de leur foi à la diète de Spire, Luther H030 et ses disciples se sont à ses yeux engagés dans les voies de l'hérésie.
Mais le danger que court la Chrétienté n'est pas moindre depuis que, vainqueurs à Mohacs, lesTurcs sont installés au cœur de l'Europe.
Charles fera front contre l'infidèle à Tunis (1535) et sa victoire sera complète à Mühlberg (1547) contre lesprinces allemands qui ont embrassé la Réforme KW159 .
Dans son royaume, François Ier, le “ roi très chrétien ”, est lui aussi gardien de l'orthodoxie, mais il louvoie d'abord : il n'est pas insensible aux recommandations de sa sœur Marguerite de Navarre, elle-même engagée dans undialogue tout paulinien avec l'évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet P1262 , et il faudra attendre la provocation des “ Placards ” KW014 , en 1534, pour qu'il cède à la répression par la violence.
Il ne lui déplaît pas, non plus, de conclure une alliance avec la ligue que les réformés de l'Empire ontconstituée à Smalkalde tout comme il entretient des intelligences avec le sultan Soliman P299 dont l'amiral Khayr al-Din P1919 , que l'on appelle Barberousse, met en coupe réglée la Méditerranée.
Ainsi, la tentative de rapprochement entre les deux souverains, esquissée lors de la trêve deNice et l'entrevue d'Aigues-Mortes (1538) et soutenue par le connétable de Montmorency, devait-elle être en réalité sans effet comme seront sanslendemain les manifestations d'amitié que multipliera François Ier à l'égard de l'empereur lorsque celui-ci traversera la France dans l'hiver de 1539-1540 pour aller réduire la révolte des Gantois ; manifestations au cours desquelles le roi avait d'ailleurs pris grand soin de sauvegarder toutes lesmarques extérieures de sa souveraineté : c'est ainsi que sur les arcs de triomphe dressés à l'entrée des villes, l'écu aux armes de France estsurmonté de la couronne fermée tout comme celui de l'empereur et que dans le cortège qui accompagne Charles Quint P065 de la porte Saint- Antoine au Parlement figure le sceau royal placé sur une haquenée blanche.
Le vrai visage que nous devons garder de François c'est, plutôt quele portrait solennel et quelque peu figé de Clouet A1113 , celui, pétillant de malice en même temps qu'empreint d'intelligence souveraine, que nous a légué le pinceau de Titien A120 : la distance n'est pas grande qui sépare l'un de l'autre au Musée du Louvre mais on mesure de l'un à l'autre toute la différence qui distingue le monarque immobilisé dans sa majesté de l'homme ivre de vie, avide aussi de plaisirs et qui sut prendre plaisir, au-delà deses amours, à son métier de roi.
Or, la France de François Ier fut un royaume gouverné : et, gouverné de main de maître, il sera objet d'admirationet d'envie pour les étrangers comme en témoignent ici encore et entre autres les ambassadeurs vénitiens.
Sansdoute, les organes de gouvernement dont avait su se doter la royauté avaient-ils déjà depuis longtemps fait leurspreuves lorsque le jeune souverain monte sur le trône, qu'il s'agisse des institutions centrales ou des administrationslocales, mais c'est sous le règne de François Ier qu'apparaissent les innovations qui leur assureront une plus grandeefficacité au service d'une monarchie tout absolue.
Pour gouverner, François Ier, comme tous les rois de France, s'est éclairé en Conseil.
Mais au cours des temps le Conseil privé du roi est devenuun organisme trop nombreux dans ses membres et trop encombré de toutes les questions qu'il a à traiter pour que le roi puisse le consulterutilement.
Sans doute, déjà, Charles VIII P1358 , suivi en cela par Louis XII P2028 , en avait détaché une partie qui constituait une juridiction indépendante de fait : à cette juridiction, érigée en cour souveraine sous le nom de Grand Conseil, François Ier conféra la connaissance des causesbénéficiales et de celles où étaient impliqués de grands personnages du royaume en même temps qu'il en fera l'organisme de tutelle des tribunauxde bailliages et de sénéchaussées.
Soucieux d'autre part d'expédier rapidement les affaires de l'État et d'en assurer le secret nécessaire, il prendraparti d'en délibérer avec un petit nombre des personnages les plus importants de son entourage qu'il réunira chaque jour en Conseil des affaires,c'est-à-dire le matin à son lever, préfigurant ainsi ce que sera le Conseil d'en haut de Louis XIV P203 .
Le connétable, le chancelier, le surintendant des Finances et les autres grands officiers de la Couronne en font partie avec quelques autres barons ou prélats auxquels il a donné sa confiancemais cette confiance ne sera jamais aveugle et plus d'un d'entre eux verra sa carrière tragiquement interrompue par le souverain pour en avoirabusé.
La situation financière du royaume et les besoins toujours plus grands de ressources seront d'autre part l'objet de tous ses soins : lacréation en 1521 du Conseil de l'Épargne devait permettre la fusion du produit des finances ordinaires et extraordinaires dont les deuxadministrations, demeurées jusqu'alors indépendantes, furent réunies avec l'installation en 1546 des trésoriers de France et des généraux desfinances dans des circonscriptions nouvelles qui sont à l'origine des généralités.
Mais pour se procurer l'argent frais qui lui fait défaut, FrançoisIer érigera aussi en système la vente des offices et créera à cet effet en 1522 le “ Bureau des parties casuelles ” pour servir, comme le dira plus tardCharles Loyseau, de “ boutique à cette nouvelle marchandise ”.
Pour assurer enfin la défense du royaume et la conduite de la guerre, il divisera le.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- François Ier, roi des arts et des lettres
- CLOUET Jean : François Ier, Roi de France
- BOSIO, François Joseph (1768-1845) Sculpteur, il a pour maître Pajou et fait partie des artistes familiers de Napoléon Ier, de Louis XVIII qui le nomme " premier sculpteur du roi " et de Charles X : Hercule combattant Acheloüs, au jardin des Tuileries.
- PISSELEU Anne de, duchesse d'Etampes (1508-1580) Maîtresse de François Ier en 1526, cultivée, la duchesse protège les écrivains et les artistes : Clément Marot, Rabelais, Jean Goujon.
- Rodolphe Ier de Habsbourg par Michel François Membre de l'Institut Lorsque, le 1er