France: Paris et l'Île-de-France - Histoire dela région

« LA MONTÉE EN PUISSANCE DE PARIS l'EmNSION SOUS LES CAPhiENS ·Les desse ins expansionnistes des Capét iens, man ifestes, sont toutefoi s gênés par les comtes de Blois et ceux de Champagne qui entendent s'emparer des comtés de Troyes et de Meau x.

Quo i qu'il en soit les rois de France b énéficient d 'un solide atout avec le soutien que leur apporte l'Égl ise, laquelle attend d'eux qu'ils prot ègent ses bien s contre les visées des féodaux .

• Au X l' s iècle , le comté de Sens , du Gatinai s, du Vexin et la vicomté de Bourges viennent grossir le domaine royal.

Au cours du siècle suivant , le roi L011is VI le Gros (1108-1137 ), en matant les seigneurs rebelles •ai!IJU des environs de Paris , notamment ceux de Montlhéry, de Chevreuse et de Chateaufort assure la sécurité des communications et annexe Corbeil.

On peut considérer que commence à s 'organiser autour de Paris ce que l 'on désignera plus tard sous le nom d'«Îie-de-France ».

Pour l'heure , le terme «Francia » désigne le royaume tout entier et non plus le seul Bassin parisien .

Le terme s 'applique également à un pays plus restreint dont les limites sont constituées , au sud, par la Marne et la Seine, à l'ouest par l'Oise, au nord , par la Thève (au sud de Senlis ), et à l'est par la Beuvronne (à l'ouest de Meaux ).

Il faut toutefois attendre le xiV' siècle pour voir le terme «ile­ de-France •• désigner ce pays entouré de cours d 'eau.

Un siècle plus tard , il s'applique à la province tout entière .

• Le x1r s iècle ouvre une période de prospérité notamment sous le règne de Philippe Auguste (1180-1223 ) et de Saint Louis (1226 -1270 ).

Densément peuplée , 111e-de-France s'Impose comme une riche région agricole réputée pour ses cultures céréalières et ses vignobles des coteaux de la Marne et de la Seine.

Quant à Paris, dont l'acce ssion au rang de dynastie durable et légit ime des Capét iens lui assure définitivement le rôle de capitale du royaume, elle ne suffit plus à abriter toute la population .

Ainsi , de nombreux marchands s'installent sur la rive droite .

• Au Xlii' s iècle, la rive gauche est investie par les maîtres de l'école épiscopale.

Ce mouvement est à l'origine de l'Université, dont les règles sont approuvées par le pape Innocent Ill en 1215 .

Entre-temps , à l'initiative de l'abbé Suger , l'ancienne basilique mérovingienne de S.lnt-Denls est consid érablement agrandie (1137 ).

Son architecture gothique est bientôt repr ise dans de nombreuses cathédrales dont va se couvr ir la région -Chartres , Meau x, Mantes , Poissy , entre autres - tandis que, parallèlement d'Importantes abbayes cisterciennes voient le jour , à Roy•u•ont et à Maubuisson (Saint -Ouen-l 'Aumône) .

• Au début du XIV' siècle , Paris , avec quelque 100 ooo habitants , est de loin la ville la plus importante de l 'Europe du Nord-Ouest .

LE HMPS OES ROUBLES • t'11e-de -France n 'est pas épargnée par la guerre de Cent Ans ni par la peste de 1348 .

Le pouvoir royal est contest é à Paris m ême où Étienne Marcel, prévôt des marcha nds, mène la fronde contre l'autorité royale.

En 1356, il tente d 'obtenir des états généraux qu'ils contrôlent le pouvoir royal.

C'est un échec et Étienne Marcel meurt assassiné en 1358 .

La fin de la guerre de Cent Ans (1453) et le retour de la paix permettent de stimuler la croissance démograph ique de la région et singulièrement celle de Paris qui, dans les derni ères années du xv• siècle, compte environ 200 000 habitants .

·À part ir du XVI' siècle , 111e-de-France se distingue des autres provinces par l' importance que lui accordent les rois et les Parisiens fortunés qui y possèdent une grande partie du sol.

Les rois s'efforcent de préserver aux alentours de Paris de vastes forêts propres à abriter les chasses dont ils sont grands amateurs.

Une passion ancienne puisqu'ils ont très tôt édifi é des résidences à cet effet comme l'attestent les chateaux de Fontt1inebluu et de Saint -Germain-en-Laye dont la construction remonte au X li ' siècle.

Quant aux nobles et grands bourgeois ils acquièrent dès le XVI' siècle des terre s agrico les ; ce qui leur permet de constituer de vastes propriétés de placement et de rapport .

À cet égard , la noblesse de robe -membres du Parlement et de la Chambre des comptes -est particulièrement active .

L'HOSTiurt À LA RtFOIME • Pendant les guerres de Religion (1562- 1598} , les habitants de 111e-de-France manifestent dans leur grande majorité, une réelle hostilité à la Réforme .

Le massacre de la Saint-Barthélemy (23-24 août 1572 } fait quelque 3 000 victimes parmi les huguenots .

Paris rallie le camp des catholiques de la Ligue , puis , au lendemain de l'assass inat du duc de Guise (1588} , se soulève contre Henri Ill.

De fait Paris n'ouvrira ses portes à Henri IV qu'en mar s 1594 , soit huit mois après son abjurat ion.

Avec le retour de la paix civile et religieuse , concrétisé par l 'édit de Nantes (1598 ), la région connaît une période de prospérité qui se poursu it sous le règne de Louis Xlii (161ü-1643 ).

• En 1622 , alors qu'elle dépendait encore de Sens , la capitale devient le siège d 'un évêché .

LE VENT DE LA FIONOE • C'est encore de !ile-de-France , plus particulièrement de Paris, que part la Fronde dite «parlementaire ».

À la faveur de la Régence (exercée par Anne d'Autriche pendant la minorité de Louis XIV) , le Parlement de Paris entend en effet limiter le pouvoir royal.

Le 26 août 1648 , l'arrestation du conseiller Pierre Broussel entraîne trois journées d'émeutes.

En janvier 1649 , tandis que les troupes fidèles au roi investissent Paris sous le commandement de C011.U, Anne d 'Autriche et Louis XIV s'enfuient à Saint-Germain­en-Laye.

Finalement les parlementaires, effrayés par l'agitation populaire, renoncent à leur projet.

• En juillet 1652 , Condé, qui a rejoint les rangs des frondeurs, fait son entrée d ans Paris .

Mais il s'attire l'hostilité de la bourgeoisie parisienne qui, en octobr e, réserve un accueil chaleureu x à Anne d'Autriche et à Louis XIV.

De cette fronde dite • des princes », Louis XIV garde un si mauvais souvenir qu'il choisit de déplacer le centre du pouvoir royal à Versailles .

C'est là que la cour s 'installe officiellement en 1682 .

Paris reste la capitale administrative , mais en réalité , c'est à Versailles que tout se passe .

C'est d 'ailleurs à Versailles que se tiendront les états générau x, en 1789 .

UNE llEW EMIEWE lCONOMIQUE • Sous le règne de Louis XIV, les manufactures s'Implantent à Paris et dans sa banlieue : Meau x.

Saint-Maur , Corbeil.

Antony sont les principales villes bénéficiaires de ce mouvement.

• Si Louis XIV est installé à Vei'SIIilles, il ne néglige pas pour autant Paris , où les réalisation de Colbert et de Le Nôtre participent à un spectaculaire embelli ssement ce dont témoigne, par exemple , la perspective remontant du Louvre aux Champs -Élysées .

Louis XIV fait raser les remparts de Charles V et de Louis Xlii et y substitue des cours plantées d'arbres .

L'époque voit la construction de l'hôtel des Invalides .

• Parallèlement 111e-de-France voit se multiplier les résidences d 'agrément et de prestige .

On compte en effet quelque 2 000 chateau x dans un rayon de 50 km autour de Paris, dont celui des Condé , à Chantilly , et celui de Vaux -le-Vicomte , édifié de 1656 à 1661 pour le surintendant N icolas Fouquet s'Imposent par leur majesté .

À côté de ces somptueuses demeures , la région parisienne se caractérise par la présence de minuscules propriétés aux mains d'un grand nombre de vignerons qui se partagent les coteaux , notamment à l'ouest de Paris.

• Ni Loui s XV ni Louis XVI ne s 'intéressent réellement à la capitale .

Aussi les nouveautés sont-elles le fait d'Initiatives privées, ce qui entraîne une redistribution sociale des quartiers .

Des financiers font construire des hôtels particuliers autour du Palais -Royal .

Un mouvement similaire , cette fois initié par l'aristocratie , se dess ine sur la rive gauche, à l'ouest du Quartier latin.

L'est de la capitale, c 'est-à-dire les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel, est le domaine des implantations industrielles .

À la veille de la Révolution , la population de Paris dépasse 500 000 personnes, un accro i s sement dû à l'Immigration des provinces voisines , en l'occurrence du Bassin parisien .

DEPUIS LA UvoLUnON • Les élections aux éttlts génél'tlux (1789} soulignent à l'évidence l'antagonisme politique entre Paris et Versailles .

Cette dernière reste parfois en retrait face à une Révolution avant tout parisienne .

En 1790, le département de Paris se situe dans un rayon de 3 k ilomètres autour de Notre­ Dame , entouré par le département de la Seine ayant Versailles pour chef -lieu, et contigu à la Seine-et-Marne .

Ce système subsistera pendant 175 ans.

• L'Empire (1804 -1815 ) accentue la centralisation .

Napoléon entend faire de Paris la capitale de l'Europe.

Les fonctions de préfet de la Seine et de préfet de police sont instaurées .

• À partir de 1830 , le développement industriel accroit le rôle économique de la capitale .

Le chemin de fer renforce le pouvoir d 'attraction de Paris et de sa région .

En 1848 , Paris est relié à Orléans , à Rouen et à Lille .

Le Paris de l'époque est marqué par l 'œuvre d'Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870 .

Au lendemain de la guerre franco -allemande (187ü-1871}, Paris grignote progressivement l'espace alentour.

La grande industrie permet de donner à la banlieue les emplois qui vont favoriser sa croissance démographique .

• Les efforts d 'urbanisme privilégient ...,...,.,...,.-..,....,., Paris , dont le rayonnement national et international ne cesse de croître.

Ainsi, les expositions de 1889 et 1900 mettent en vedette la t011r Em.t ; la naissance du métro participe du même mouvement.

LES DEUX GUEIIES MONDIALES • Durant la Première Guerre mondiale, Paris et l'lie-de-France sont au premier rang de la guerre (bataille de la Marne) et de la paix (traités de Versailles , du Trianon, de Sèvres et de Saint ­ Germain).

Bien que meurtrie par la guerre, la région poursuit son industrialisation massive.

·Pou r accompagner l'explosion urbaine des années 1920-1930 , un souci d'aménagement du territoire prend forme .

Si la population parisienne stagne , la banlieue s'étend : les lotissements et les pavillons prolifèrent • Pendant la Seconde Guerre mondiale , Paris abrite les manifestations de toutes sortes de mouvement politiques et paramilitaires.

Sa libération symbolise celle de la France : «Paris martyrisé , mais Paris libéré» , selon la célèbre formule du général de Gaulle .

• La reconstruction engagée après la Libération voit se multiplier de nouvelles zones d'activités , dont Orly , Saclay, Poissy, Orsay.

Jusqu'en 1960 , l ' urbanisme régional est marqué par le développement des grands ensembles urbains, nécessaires pour loger la population issue de l 'exode rural ou rapatriée d'Afrique du Nord .

• Depuis la loi du 10 juillet 1964 , 111e-de­ France , qui comptait deux départements, a été redécoupée, pour des motifs de rééquilibrages économiques autant que politiques .

Le département de la Seine (Paris et la proche banlieue) a été scindé en quatre (Hauts-de-Seine , Seine-Saint-Denis , Val-de-Marne , Paris ) et celui de la Seine-et-Oise en trois (Essonne, Val-d 'Oise, Yvelines).

Avec la Seine-et-Marne , ces sept départements ont obtenu le statut de région par la loi du 6 mai 1976.

• La volonté politique d'aménagement du territoire se renforce avec la réalisation du premier schéma directeur régional d'aménagement et d'urbanisme en 1965 .

Ce schéma directeur crée les villes nouvelles qui sont dest inées à éviter le développement • en tache d'huile » de Paris .

Celles-ci s 'inscrivent aussi dans une politique d'accompagnement de la croissance.

Cinq villes nouvelles voient le jour en Île-de-France : Évry , Cergy -Pontoise , Saint-Quentin-en­ Yvelines , Marne-la -Vallée et Sénart.

• Ces villes obéissent à un cahier des charge s dont les grandes lignes sont les suivantes : construction d 'un habitat diversifié dédié à l'accession ou à la location ; construction d 'équipements publics dans les domaines administratifs, sociaux, culturels et sportifs ; construction d'équipements de proximité , dont des école s, des crèches et des gymnases ; installation d'entreprises et création d'emplois dans les pôles d'activités ; enfin, développement d'un réseau de transports en commun .

Ce dernier point est à 1 'origine de la création du réseau express régional (RER ).. »