France de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
Extrait du document
L’élection de Jacques Chirac L’élection présidentielle de mai 1995 survient dans un contexte marqué par le départ du président François Mitterrand, apres deux mandats successifs, et la fin d’une période historique : les équilibres géopolitiques sont entièrement bouleversés, le mode de production dominant transformé et les points d’ancrage idéologique moins solides. Le choix d'un nouvel ordre politique, économique et social est le véritable enjeu de ce scrutin.
Élu le 7 mai 1995, après son échec au second tour en 1988, Jacques Chirac devient le cinquième président de la Ve République. L'accès au Palais de l'Élysée n’a pas été facile, face aux principaux rivaux de la droite (l’ancien Premier ministre Édouard Balladur) et de la gauche (le premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel Jospin). Il lui a fallu déployer une grande énergie et multiplier les promesses au cours de sa campagne électorale pour prendre des voix à Édouard Balladur et gagner une partie des électeurs traditionnellement de
gauche, mais non encore remis de la fin difficile du second septennat de François Mitterrand. Aussitôt installé, Chirac nomme à la tête du gouvernement, son fidèle adjoint et conseiller, Alain Juppé, bientôt maire de Bordeaux et président du RPR. L’opposition, tout occupée à tirer les leçons de sa défaite électorale et à bâtir une nouvelle stratégie, ne se montre guère hostile au nouveau locataire de l’Élysée, d’autant que son discours contre la « fracture sociale », dominant durant la campagne électorale, séduit certaines fractions de la gauche. Mais cet état de grâce ne dure pas et, dès la fin 1995, la France connaît l’un des plus importants mouvements sociaux de son histoire récente avec la grève des transports publics. Une partie importante du pays se mobilise, soutient les grévistes et manifeste son mécontentement contre la politique du gouvernement Juppé. L'opposition de gauche sort de sa torpeur et va marquer des points dans toutes les consultations partielles. Tous les sondages indiquent sa remontée dans l'opinion publique.
L’origine de ce retournement réside dans le décalage entre les promesses du candidat Chirac (changement de politique économique et sociale, priorité à l’emploi, relance de l' activité par un effort favorisant la demande intérieure, et donc l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés) et la réalité économique et sociale. Le président annonce, pour les deux années à venir, une politique de rigueur caractérisée par la réduction des déficits publics et l’augmentation des prélèvements obligatoires. La conjoncture économique est peu encourageante : à la crainte du chômage, notamment chez les jeunes, s’ajoute la peur des conséquences de la mondialisation sur l’activité économique.
Pourtant, malgré ces écueils, la marge de manœuvre de Jacques Chirac semble large. Il dispose d’un temps d’action suffisamment long (au moins jusqu’aux législatives de 1998), pour procéder à d’éventuels changements en cas de difficultés majeures : il peut remplacer Alain Juppé, modifier la politique économique, voire dissoudre
«
La
victoire de la coalition
de «gauche plurielle»,
composée des socialistes,
des communistes, des radicaux
et des écologistes est une
«première » dans l'histoire
politique de la France.
(©) Bemard Bisson!Sygma
La droite sort profondément
divisée des élections
législatives anticipées.
Tandis
que le RPR, provisoirement
prés idé par Philippe Séguùr,
s'allie à Alain Madelin,
fondateur de Démocratie
libérale, les modérés et les
cemristes décitlelll de présemer
leur propre liste aux élections
européennes.
Quant à Charles
Pasqua, il se rapprochera de
Phil ippe de Villiers, renforçant
le camp des • souverainistes ».
(©) Mousse/Reuters/Ma xPPP l'Assemblée.
Les échéances des
législatives 1 'encouragent à prendre,
dès la première année de son mandat,
des mesures impopulaires sans
craindre une future sanction des urnes.
Il espère en effet que les Français
finiront par oublier ces décisions,
nécessaires au rétablissement des
équilibres macroéconomiques et à la
relance.
Mais la réalité est tout autre :
le premier gouvernement du septennat
de Jacques Chirac ne dure que six
mois.
L'endettement croissant de la
France, les contraintes budgétaires
imposées à l'État par les critères de
convergence décidés à Maastricht,
vont à l'encontre des ambitions
présidentielles affichées lors de la
campagne électorale, notamment en
matière de lutte contre la « fracture
sociale >>.
La chute de popularité du
président de la République, six mois
après son élection, est liée aux
difficultés rencontrées par son
gouvernement pour imposer un
programme économique compatible
avec celui du candidat Chirac : la mise
en œuvre des mesures sociales
promises durant la campagne
électorale entraînerait un
accroissement des dépenses publiques
et remettrait en cause la volonté
également exprimée par le président
de faire respecter les critères de
Maastricht pour le passage à la
monnaie unique européenne.
C'est
ainsi que les premières mesures du
gouvernement Juppé portent un coup
d'arrêt au programme global de lutte
contre l'exclusion.
Le second
gouvernement Juppé, rassemblant
« balladuriens » et centristes,
maintient son objectif de réduire les
déficits et de mettre en œuvre une
réforme profonde de la Sécurité
sociale.
Sans renier ses engagements
en matière sociale, Jacques Chirac
renoue néanmoins avec les thèses
libérales prônées par nombre de ses
conseille rs politiques.
Un an après le
déclenchement du vaste mouvement
social de décembre 1995, le conflit
des routiers ravive la crainte d'une paralysie générale
du pays.
Mais alors
qu'en 1995 le plan Juppé avait
provoqué un mouvement collectif, les
différentes mesures gouvernementales
de 1996 n'entraînent que des conflits
partiels.
Ces derniers sont pourtant la
manifestation du refus de la logique
libérale que le gouvernement veut
imposer.
Au-delà des revendications
catégorielles ou corporatistes, se
retrouvent les préoccupations et les
aspirations du mouvement social de
décembre 1995 : refus de la « fatalité
du sacrifice », exigence de rétablir les
solidarités_ inter-générationnelles et
appel à l'Etat comme garant des
acquis sociaux.
En effet, au-delà de la
défense d'intérêts particuliers, les
revendications des salariés dans
plusieurs secteurs- chemins de fer,
arsenaux, transports aérien et routier,
banques -et entreprises -Thomson,
Moulinex -, sont adressées à des
pouvoirs publics qui n'assument plus
leurs missions et ne jouent plus leur
rôle de garant de la cohésion sociale.
Une nouvelle cohabitation
En 1997, soucieux de retrouver une
nouvelle légitimité et constatant la très
forte impopularité du gouvernement
d'Alain Juppé (RPR), Jacques Chirac
décide de recourir à des élections
législatives anticipées.
Mais cette
opération tacticienne va se transformer
en véritable autodissolution de la
droite qui, de majoritaire à
1 'Assemblée, devient minoritaire avec
moins de 37% des suffrages au
premier tour; l'opposition de gauche,
composée du Parti socialiste (PS), du
Parti communiste (PCF), du
Mouvement des citoyens (MDC), du
Parti radical de gauche (PRG) et des
écologistes (les Verts), obtient plus de
42 % des voix.
Au second tour, cette
alliance remporte la majorité des
sièges (319 sur 577), et la droite
s'effondre, perdant environ la moitié
des sièges (257 contre 484 dans la
précédente Assemblée).
À lui seul, le
PS obtient la majorité relative, avec
245 sièges.
Le Front national, avec
moins de 15 %des suffrages au
premier tour, n'obtient qu'un seul siège, compte
tenu du mode de scrutin
majoritaire.
Aggravant les divisions de
la droite, ces élections provoquent une
véritable crise dans ses rangs.
Alain
Juppé démissionne de la présidence du
RPR et laisse la place à Philippe
Séguin, qui ambitionne de réformer le
parti.
L'autre composante de la droite
parlementaire, théoriquement
confédérée dans l'UDF (Union pour la
démocratie française, fondée en 1978
par l'ancien président Valéry Giscard
d'Estaing), se scinde avec la création
de Démocratie libérale (DL), héritière
du Parti républicain (PR) et dirigée
par l'ultra libéral Alain Madelin qui
choisit de mener sa propre stratégie.
La tentative de rassemblement (RPR,
UDF et DL), baptisée.
»
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