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France de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 08/01/2019

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histoire

Durant la décennie qui suit l'armistice de 1918, la France se trouve partagée entre deux sentiments contradictoires. D’une part, elle aspire, après les horreurs de la guerre, les souffrances des combattants et les misères de l'arrière, à retrouver l'âge d‘or de la Belle Époque, magnifié par le souvenir et le contraste avec la sombre période qu’elle vient de vivre. Mais, d’autre part, elle entend que le sacrifice de ses soldats n’ait pas été inutile et que des conséquences remarquables dues au conflit, comme le rassemblement des Français dans l’Union sacrée, se perpétuent une fois la paix revenue. Au demeurant, l'ombre de la guerre ne

cesse de peser sur la France de l’après-guerre. Élle est présente dans le paysage de maisons détruites, de ponts effondrés, de bâtiments calcinés, de champs retournés par les obus qui, de la mer du Nord à la frontière suisse, marque, dix ans durant, la trace de ce que fut la zone des combats. Elle est présente dans la population dont mutilés et veuves font partie intégrante. Elle est présente dans ces millions d’anciens combattants qui, derrière leurs drapeaux, remontent quotidiennement les Champs-Élysées pour aller ranimer, sous l’arc de triomphe de l’Étoile, la flamme qui brûle sur le tombeau du Soldat

 

inconnu, ou viennent célébrer devant le monument aux morts du moindre village le souvenir du grand sacrifice. Elle est présente aussi dans l’aspiration de toute une population à voir s’ouvrir enfin une ère de paix, à ne jamais revoir une épreuve identique à celle que les Français viennent de vivre dans les pleurs et la douleur. Et c’est pourquoi la grande préoccupation des gouvernements de l’après-guerre est de ramener le pays aux temps heureux — ou supposés tels — de la Belle Époque. Objectif ardemment désiré, mais malaisé à mettre en pratique. En effet, la gigantesque inflation du temps de guerre entraîne une vigoureuse hausse des prix qui provoque une vague de revendications salariales et des grèves à répétition. Il en résulte un climat d’agitation sociale, stimulé par l’exemple de la révolution russe victorieuse, qui donne le sentiment que la France de 1919 est sur le point de succomber à l’agitation révolutionnaire qui a gagné successivement l'Allemagne et la Hongrie.

 

Le Bloc national

 

C’est pour lutter contre la révolution bolchevique menaçante, mais aussi pour reconstituer dans la paix l’Union sacrée du temps de guerre que se forme en novembre 1919, en vue des élections législatives, le Bloc national, rassemblement des partis du centre et de la droite, sous l’inspiration du président du Conseil Georges Clemenceau et la direction effective du haut-commissaire en Alsace-Lorraine,

Alexandre Millerand. Travaillés par une minorité bolchevisante, les socialistes ont préféré aller seuls à la bataille. Isolés par cette décision et refusant de s’allier à la droite, les radicaux ont préféré se présenter sur des listes homogènes ou constituer avec le centre droit des alliances de concentration. Le résultat du scrutin permet la victoire du Bloc national, du fait d’une forte poussée à droite du corps électoral, la défaite de nombreux députés sortants et l’élection d'une Chambre formée de gros bataillons d'anciens combattants et qui prend le nom de Chambre bleu-horizon (la couleur de l’uniforme des poilus). Le premier problème qui se pose à la nouvelle majorité est de désigner un successeur au président de la République Raymond Poincaré dont le mandat arrive à expiration en janvier 1920. Alors que l'opinion s’attend à voir Georges Clemenceau (qui a incarné l’effort victorieux de la France pendant la guerre) accéder à la magistrature suprême, les parlementaires choisissent de l’écarter,

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« Agitation révolutiomwire en France au débw de la décennie.

Ci -cont re , arresrarion place de la République à Paris .

©Ta/landier Ap rès les désastres de la Grande Guerre, la France souhaite retro 1wer l'lige d'or de la Belle Époque.

© de Selm -Tapabor la gauche lui reprochant son autoritarisme et la droite son incroyance.

Les élus lui préfèrent le modéré Paul Deschanel dont toute la carrière a été orientée vers l'Élysée et qui s'est appliqué à ne jamais prendre de position trop tranchée pour ne pas se faire d'ennemis.

Ulcéré, Clemenceau donne sa démission de président du Conseil et Poincaré, encore en fonctions, le remplace par Alexandre Millerand, chef de file du Bloc national.

Lorsqu'en septembre 1920 Deschanel, atteint de troubles mentaux, doit se retirer, le ,Congrès lui donne pour successeur à l'Eiysée Alexandre Millerand.

Celui-ci appellera tour à tour à la présidence du Conseil son ami Georges Leygues (qui maintient en place le gouvernement précédent) puis, en janvier 1921, Aristide Briand, qui demeure un an en fonctions, enfin Raymond Poincaré, président du Conseil de janvier 1922 à mai 1924.

Les gouvernements du Bloc national vont jusqu'en 1924 pratiquer une politique considérée à ses origines comme la poursuite de l'Union sacrée, mais qui, après le départ en 1923 des radicaux de la majorité, prendra les traits d'une politique de droite.

Ainsi, pour satisfaire les catholiques, membres de la majorité du Bloc national, les congrégations non autorisées sont tolérées, l'ambassade auprès du Vatican est rétablie, enfin les départements recouvrés d'Alsace et de Moselle conservent le Concordat de 1801 et les écoles confessionnelles supprimées dans le reste du pays.

Le congrès de Tours La nouvelle majorité réprime avec force les grèves organisées au printemps 1920 par les extrémistes de la CGT: 15 000 cheminots sont révoqués.

Cet échec s'ajoutant à la défaite électorale du parti socialiste va provoquer la scission de ce dernier.

En décembre 1920, au congrès de Tours, les trois quarts des délégués votent l'adhésion à la Ill' Internationale, formant ainsi le parti communiste SFIC (Section française de l'Internationale communiste) en acceptant les vingt et une conditions qui modifient profondément les caractères du socialisme français et l'alignent totalement sur l'Internationale.

Un an plus tard, la scission se répercute dans les syndicats, les communistes quittant la CGT pour former la Confédération générale du travail unitaire (CGTU).

Contre le parti communiste et la CGTU qui multiplient les actions violentes et provocatrices, la nouvelle majorité pratique une répression sans faille, arrêtant parlementaires et dirigeants des deux formations.

•L' Allemagne paiera» Mais les principaux problèmes que doivent affronter les gouvernements du Bloc national ont trait aux difficultés financières et aux questions internationales, étroitement liées entre elles.

Convaincus que, du fait des décisions du traité de Versailles, l'Allemagne paiera sous forme de réparations la reconstruction du pays et l'indemnisation des victimes de guerre, les gouvernements du Bloc national financent généreusement l'une et l'autre.

Un artifice comptable autorise d'ailleurs le laxisme financier puisque le budget est présenté en deux rubriques.

La première, dite «budget des dépenses ordinaireS>>, est en équilibre; la seconde, appelée � .- successivement «budget des dépenses extraordinaires» puis •budget des dépenses recouvrables», doit être couverte par les versements allemands, suppléés en attendant par l'emprunt ou l'inflation.

Le grand problème est donc celui du paiement des réparations que l'Allemagne se déclare hors d'état d'assumer.

Mais quand, en janvier 1922, le président du Conseil français Aristide Briand accepte, à la demande des Britanniques, de négocier une diminution des réparations, il est désavoué par la majorité ainsi que par le président de la République et doit démissionner.

Son successeur, Raymond Poincaré, résolu à faire payer l'Allemagne, décide en janvier 1923 l'occupation de la Ruhr afin de se saisir d'un «gage productif>>.

Dans un premier temps, il paraît devoir l'emporter.

Après avoir tenté la «résistance passive>>, une grève générale financée par le gouvernement allemand, les autorités de Berlin constatent que l'occupation aboutit à l'effondrement de leur économie et de leurs finances et demandent à discuter.

Mais, en butte à l'hostilité des États­ Unis et de la Grande-Bretagne, devant affronter une spéculation contre Je franc, le gouvernement français doit accepter de négocier la diminution des réparations et l'évacuation de la Ruhr.

C'est cette concession qui permet à Poincaré, avec l'aide des banques britanniques et américaines, et grâce à une augmentation des impôts de 20% (Je «double décime>>), de redresser le franc.

Malgré le« Verdun financier de 1924», l'affaire de la Ruhr a montré que la France n'est pas la puissance invincible qu'elle pensait être.

Une autre politique s'impose.

Le «Cartel des gauches» En vue des élections de 1924, radicaux et socialistes se rassemblent dans le Cartel des gauches.

Il ne s'agit que d'une entente éJe.ctorale, les socialistes, soumis à la surenchère communiste, n'entendant nullement. »

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