Fiche de lecture- Draria, Un village à l’heure coloniale, Colette ZYTNICKI
Publié le 17/05/2024
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Fiche de lecture Un village à l’heure coloniale, Draria, 1830-1962, Colette Zytnicki
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CHAPITRE 1: DE KADDOUS À DRARIA, L’INVENTION D’UN VILLAGE DE COLONISATION
Village crée en 1842 par le Comte Guyot à partir de Kaddous; les colons sont francais, suisses ou
prussiens et récupèrent les propriétés des indigènes (=expropriation des biens organisée par
l’État dans la violence n de l’année 1830) et s’installent=> début de la colonisation de la région
d’Alger.
Dès lors, C.ZYTNICKI parle de « coexistence » entre les populations européennes et
indigènes dans l’Algérie colonisée, jusqu’à l’indépendance.
Localisation de Draria: à la limite du Fahs (environs d’Alger) et du Sahel, à une dizaine de km
d’Alger, la région est considérée comme « une terre d’Eden » par les colons à leur arrivée car la
terre est très fertile.
Les colons vont donc s’implanter dans cette région rurale, par l’activité
agricole qui était déjà développée par les locaux et qui alimentait l’ensemble de la région en
céréales, fruits, légumes.
La création de Draria est motivée par l’activité agricole et par sa
proximité avec Alger, les autorités cherchent à ceinturer la ville par des villages destinés à être
repeuplés par les colons.
Les premiers colons ont ainsi été appelés par le gouvernement français:
cependant, un tel voyage n’attirait pas—> survire dans l’attente des premières récoltes dans des
régions rurales outre-mer où tout est à construire
De 1838 à 1842, la création d’un village de colonisation: l’objectif est de repeupler les régions
dont les indigènes ont été chassés avec violence dès 1830, en instaurant une organisation des
espaces ruraux « à la française »= à l’occidentale, culture du blé et de produits exotiques+coton,
l’industrie du textile se développe= colonisation, soit une politique de mise en valeur des terres, et
mission civilisatrice en construisant des infrastructures modernes (routes, ports).
Les futurs
villages devaient en même temps servir au contrôle du territoire, et l’on prévoyait un système de
forti cation.
Le peuplement allogène, la mise en culture et la défense du territoire étaient donc
étroitement mêlés.
CHAPITRE 2: COLONS ET INDIGÈNES À DRARIA DES ANNÉES 1840 AU DÉBUT DES
ANNÉES 1850
Premiers bâtiments publics: gendarmerie puis église.
Projet de construction d’une école.
Les
travaux organisés ont pour but de donner aux colons des conditions de travail et de vie digne,
pour qu’ils s’y implantent durablement≠ les colons ont des conditions de vie déplorables au
début de la colonisation (maladies continuelles, misère malgré de longues années de labeur,
dette).« A Draria, on voit comme dans nos village en France, une population de colons, quoi
qu’encore peu nombreuse, se livrant aux durs travaux de la campagne »
Guyot, sélectionne les futurs colons: les candidats sont évalués selon des critères économiques,
moraux=> janvier 1942, Guyot propose une première liste de 43 familles au maire Bugeaud.
L’enjeu est d’attirer une population aisée dans la région, capable de stimuler l’économie locale—
>les candidats les plus aisés sont privilégiés.
En 1852, 70 concessions provisoires sont xées à
Draria par le maire Calixte Pelissier.
Par ailleurs, les plus pauvres et les moins intégrés qui sont
vaincus par les di cultés, perclus de dettes, quittent leur concession, la cédant parfois à des
voisins plus chanceux ou plus fortunés.
L’attribution des concessions: une répartition inégalitaire ? Les premiers colons= 55 familles, 22
« cultivateurs », artisans (maçons, tailleurs de pierre,…) —>fonctions utiles dans un village en
construction.
Des hommes d’origines sociales et nationales diverses≠rejet persistant des
populations indigènes.
Guyot a développé une sorte d’ingénierie sociale de 1841-1843:
duplication du monde rural français, avec un groupe compact de paysans et d’ouvriers dominé
par une mince élite bourgeoise.
Intensi cation des liens entre l’administration et les colons: aide fournie par l’administration dans
les premières années, uniquement aux « colons méritants » 22 523 francs délivrés à 47
colons+aide sous forme de matériaux (planches, briques) pour un montant de 600 francs.
Possibilité pour les colons de saisir l’administration en cas de di cultés économiques.
La vie du village des années 1840 au milieu des années 1850: le village et ses alentours se
peuplent progressivement, 1844-1846= de 234 à 440 habitants=>population agricole,110
hommes, 281 Francais, 17 Espagnols, 9 Allemands + 130 domestiques ruraux.
Les populations
pratiquent l’entre-soi (mariages endogamiques).
Développement de la commune à partir des
années 1850: travaux sanitaires, multiplication des exploitations, dont 8 de 200 hectares fondées
par les colons.
Démocratisation progressive du village dans les années 1850-1860: prise de pouvoir local par les
anciens concessionnaires, remplaçant les grands propriétaires.
Les lieux collectifs sont de lieux
de rencontre.
une vie municipale marquée par des con its de personnes, mais aussi des con its
de groupes dans cette petite société inégalitaire, touchant les intérêts des habitants européens.
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Au marge du village, des indigènes: 1851=des mesures destinées à faciliter le travail des
ouvriers kabyles et arabes dans les propriétés européennes.
Une telle politique, selon
l'administration devait avoir pour conséquence d'asseoir la domination française en di usant
ses techniques agricoles et en répandant le « bien-être » dans le pays début de la di usion du
droit foncier français parmi les Indigènes.
Les Indigènes avaient le droit, sous certaines
conditions, de devenir concessionnaires, ou du moins d'en faire la demande=> mais elles sont
souvent déclinées (Ex ancien propriétaire local, Abdel Kader ben Saïd, 1853).
Conservation de la
hiérarchie des chefs préexistante= des khalifas, des bachagas, des aghas et des cheikhs.
CHAPITRE 3: VITICULTURE ET DÉMOCRATIE (1860-1914)
Village de Draria => campagne paisible où vivaient côte à côte colons et colonisés, Européens et
Indigènes.
Des populations croissantes et fort hétérogènes: Entre 1861 et 1910, la population totale de la
commune passe de 838 à 1 718 personnes=> moteur de la croissance est la population
musulmane, appelée « sujets français ».
Les Français connaissent une augmentation régulière qui
s'explique tout d'abord par la croissance naturelle, mais également par les naturalisations, le droit
du sol.
La répartition spatiale de la population a également changé.
Dans les années 1850, le
village regroupait l'essentiel des populations européennes.
Seules quelques familles de grands
colons vivaient dans la campagne, dans des fermes isolées.
La création d’un peuple « algérien »: les mariages entre Européens d'Algérie se multiplient=>
«peuple algérien », excluant habitants arabes et berbères, est fantasmé et célébré par les
chantres du mouvement littéraire qui naît au début du xx siècle.
La loi de 1889 qui fait des enfants
étrangers nés en Algérie des citoyens.
La famille est une unité de production dont le mode de vie
est frugale: consommation exceptionnelle de viande pendant les fêtes, travail et sobriété.
La révolution viticole dans les années 1860-1880: La culture de la vigne double en super cie dans
le département d'Alger entre 1854 et 1860, et le vin rouge de Draria acquiert une certaine
notoriété (Alexandre Dauphin, habitant de Draria, a obtenu une médaille d'argent pour son vin
rouge).
Origine de ce développement du vignoble au Sahel:1863=maladie du phylloxera des
vignes françaises, vignoble de la métropole ravagé—> développement de la viticulture en Algérie
avec l’arrivée de paysans en crises, apportant leur savoir-faire.
Vigne = la source principale de
la fortune publique = attire les capitaux.
La culture de la vigne nécessite de nombreux bras =>
répartition des tâches existe entre la main-d'œuvre salariée européenne et celle fournie par
les Indigènes.
1914= la vigne représente 54% du territoire.
Une démocratie coloniale: exclusion des habitants musulmans, en marge géographique (hameau
d’Oued Roumane) et politiquement=> 1870, Draria redevient une commune indépendante, de
plein exercice.
Les intérêts des Indigènes, bien que représentés par deux édiles, étaient loin
d'occuper la première place dans les préoccupations des élus locaux.
Mais ces derniers ne
pouvaient cependant pas tout à fait les ignorer.
C'est dans cette balance des intérêts de chaque
groupe que réside la situation coloniale.
La question scolaire: les personnels des écoles sont nommés par le recteur, qui représentait le
ministère.
Le préfet, après avis des conseils municipaux, ouvre les établissements primaires
publics=> insu sance en nombre des écoles, mais surtout en matériel: fermeture de certains
établissements.
Lois ferry 1883= instruction primaire obligatoire.
A Draria, le conseil municipal
lance une demande pour bâtir une école arabe-française dès 1881, à Kaddous=> érigée qu’en
1886, nancée par 78 pourcent par l’Etat (42000 francs), fréquentée par peu de garçons
musulmans.
Rupture au XXe siècle=les rapport des Musulmans à l’école évoluent—> de la
réticence à fréquenter les établissements aux demandes de construction d’établissements.
Question des infrastructures, qui se pose d’autant plus que le village connait un accroissement de
la pop considérable.
Le matériel installé se détériore: danger car insalubrité, 1897-1898 vingt cas
de èvre typhoïde.
Manque d’eau potable, concurrence entre usage ménager et agricole.
=> globalement, manque de moyens nanciers de la commune pour mener à bien ces
projets d’utilité publique+école: vente par lots de terrains à la périphérie pour attirer de
nouveaux contribuables et pour créer de nouvelles ressources à l’avenir
L’administration coloniale et les « sujets français »: les propriétaires musulmans n’étaient pas tous
démunis: ils peuvent saisir l’administration et la justice.
Ex: Protestation d’Ali ben....
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