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Fénelon prélat encensé, puis déchu

Publié le 29/08/2013

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Aristocrate d'une exquise politesse et de belles manières, François de La Mothe-Fénelon, doté de grandes qualités humaines et animé d'une foi sincère, connaît tous les honneurs à partir d'août 1687. Mais, huit ans plus tard, ses prises de position religieuses et politiques lui vaudront la disgrâce et l'exil.

F

rançois de Salignac de La Mothe-Fénelon a commen­cé sa carrière sous les meil­leurs auspices. Né dans le Péri­gord le 6 août 1651, il a été ordonné prêtre en 1676. Entré en relation avec le duc Paul de Beauvillier, gendre du ministre Colbert et proche conseiller du roi, dont il est devenu le direc­teur de conscience, il a été nommé en août 1689 précep­teur du jeune duc Louis de Bourgogne, fils du Grand Dau­phin et petit-fils de Louis XIV.

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l'objet de tous les honneurs et bénéficie de la pleine confian­ ce de Louis XIV.

C'est alors que tout bascule.

li prend le parti du quiétisme, doctrine mysti­ que condamnée par son ami Jacques Bénigne Bossuet, évê­ que de Meaux, l'un des prélats les plus écoutés du pouvoir .

Dès lors, « l'Aigle de Meaux » et le «Cygne de Cambrai » vont s'affronter ; et la position particulièrement en vue des deux protagonistes va amener le roi à se mêler de cette affai­ re qui fait scandale .

Bossuet signale les dangers de cette déviance du christianisme dans une brochure que le souverain se fait lire dans son carrosse, avant de reprocher à madame de Maintenon d'avoir favorisé la nomination de Fénelon à l'archevêché de Cambrai et plaidé pour qu'il soit sacré à Saint-Cyr ...

par Bossuet ! La marquise, qui s'inquiète de l'influence exercée dans son école par la grande prêtresse du quiétisme, Jeanne-Marie Guyon , ne se fait pas trop prier pour désavouer Fénelon .

« Prenez garde ! J'ai la peste ! » Le 1 °' août 1697, le prélat est prié de quitter la Cour.

Exilé dans son diocèse de Cambrai, il se voit retirer ses titres et pensions .

A cette disgrâce s'ajoute, en mars 1699, la con­ damnation par le pape Inno­ cent XII de son Explication des maximes des saints sur la vie inté­ rieure, qu'il a écrite deux ans plus tôt pour justifier ses posi­ tions et répondre à ses détrac­ teurs .

Cette même année 1699, la défaveur de Fénelon est aggravée par la publication des Aventures de Télé maque .

Ce roman sur l 'éducation d 'un jeune prince est lu comme une dénonciation du régime de Louis XIV, lequel ne peut accepter la description d'une cité idéale critique implicite de son gouvernement.

Dans son exil, Fénelon conti­ nue, dans de nombreux écrits critiques et réformateurs, à manifester la même liberté d'esprit, à militer en faveur d'une monarchie s'appuyant sur la justice et tempérée par les conseils .

Le roi lui interdit de revenir à Paris et étend sa disgrâce à ses proches , ce qui lui inspire un « Prenez garde ! J'ai la peste ! » humoristique , ainsi que cette fière déclara­ tion : « Mon zèle , quoique ignoré du roi, suffira pour ma consolation le reste de ma vie ».

A ceux qui lui conseillent de faire amende honorable , il ré­ pond : « Je serais bien malheu ­ reux et indigne de mon minis- APÔTRE 'DE LA TOLÉRANCE Aimable, proche du peuple, l'abbé de Fénelon fait preuve de compassion et d'indulgence.

Il prêche pour une éloquence s'appuyant sur la douceur, la simplicité et la volonté d'émouvoir, et non sur l'exigence d'alarmer ou d ' édifier -ce qui permet de comprendre son attrait pour le quiétisme, qui prône un abandon total à Dieu.

Au jeune Jacques Stuart, prétendant au trône d'Angleterre , il conseille « d'accorder à tous la tolérance civile, non en approuvant tout comme indifférent, mais en souffrant avec patience tout ce que Dieu souffre, en tâchant de ramener les hommes par une douce persuasion ».

Il montre la même modération lors de la querelle des Anciens et des Modernes.

Cette aménité , cette aversion pour l'excès se retrouvent dans son œuvre littéraire, au style limpide et aux idées sages, comme celles qu'il exprime dans son ouvrage majeur , les Aventures de Télémaque, dans lequel il critique l'absolutisme et milite pour la paix.

Mais Sa Majesté le Roi-Soleil prendra ombrage de ces conseils de tempérance ...

tère, si ma conscience ne suffi­ sait pas pour me déterminer .

» Désormais, l'archevêque vit dans la piété, se contente de peu.

Se consacrant à ses ouailles, il témoigne aux pau­ vres et aux malades une com­ passion et une générosité qui lui valent l'admiration et l'ado­ ration des habitants de son diocèse .

Durant la guerre de la Succes sion d'Espagne , il hé­ berge les soldats, nourrit la population , fait envoyer ses blés à Paris.

li ne sera cepen­ dant jamais rappelé à la Cour et mou rra le 7 janvier 1715 dans sa bonne ville de Cambrai .. »

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