Fénelon prélat encensé, puis déchu
Publié le 29/08/2013
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Aristocrate d'une exquise politesse et de belles manières, François de La Mothe-Fénelon, doté de grandes qualités humaines et animé d'une foi sincère, connaît tous les honneurs à partir d'août 1687. Mais, huit ans plus tard, ses prises de position religieuses et politiques lui vaudront la disgrâce et l'exil.
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«
0 ] a.
l'objet de tous les honneurs et
bénéficie de la pleine confian
ce de Louis XIV.
C'est alors que
tout bascule.
li prend le parti
du quiétisme, doctrine mysti
que condamnée par son ami
Jacques Bénigne Bossuet, évê
que de Meaux, l'un des prélats
les plus écoutés du pouvoir .
Dès lors,
« l'Aigle de Meaux »
et le «Cygne de Cambrai »
vont s'affronter ; et la position
particulièrement en vue des
deux protagonistes va amener
le roi à se mêler de cette affai
re qui fait scandale .
Bossuet
signale les dangers
de cette
déviance du christianisme dans
une brochure que le souverain
se fait
lire dans son carrosse,
avant
de reprocher à madame
de Maintenon d'avoir favorisé
la
nomination de Fénelon à
l'archevêché de Cambrai et
plaidé pour qu'il soit sacré à
Saint-Cyr ...
par Bossuet ! La
marquise, qui s'inquiète de
l'influence exercée dans son
école
par la grande prêtresse
du quiétisme, Jeanne-Marie
Guyon , ne se fait pas trop prier
pour désavouer Fénelon .
« Prenez garde !
J'ai la peste ! »
Le 1 °' août 1697, le prélat est
prié de quitter la Cour.
Exilé
dans son
diocèse de Cambrai,
il se
voit retirer ses titres et
pensions .
A cette disgrâce
s'ajoute, en mars 1699, la con
damnation par le pape Inno
cent XII de son Explication des
maximes des saints sur la vie inté
rieure, qu'il a écrite deux ans
plus tôt pour justifier ses posi
tions et répondre à ses détrac
teurs .
Cette même année 1699,
la défaveur de Fénelon est
aggravée par la publication
des Aventures de Télé maque .
Ce
roman sur l 'éducation d 'un
jeune prince est lu comme une
dénonciation du régime de
Louis XIV, lequel ne peut
accepter la description d'une
cité idéale critique implicite
de son gouvernement.
Dans son exil, Fénelon conti
nue, dans de nombreux écrits
critiques et réformateurs, à
manifester la même liberté
d'esprit, à militer en faveur
d'une monarchie s'appuyant
sur la justice et tempérée par
les conseils .
Le roi lui interdit
de revenir à Paris et étend sa
disgrâce à ses proches , ce qui
lui inspire un « Prenez garde !
J'ai la peste ! » humoristique ,
ainsi
que cette fière déclara
tion : « Mon zèle , quoique
ignoré du roi, suffira pour ma
consolation
le reste de ma vie ».
A ceux qui lui conseillent de
faire amende honorable , il ré
pond : « Je serais bien malheu
reux et indigne de mon minis-
APÔTRE 'DE LA
TOLÉRANCE
Aimable, proche du peuple, l'abbé de Fénelon fait preuve
de compassion et
d'indulgence.
Il prêche pour
une éloquence s'appuyant sur
la douceur, la simplicité et la volonté d'émouvoir, et non sur
l'exigence d'alarmer ou
d '
édifier -ce qui permet de
comprendre son attrait pour le quiétisme, qui prône
un abandon total à Dieu.
Au
jeune Jacques Stuart,
prétendant au trône
d'Angleterre , il conseille
« d'accorder à tous la tolérance civile, non en
approuvant tout comme
indifférent, mais en souffrant
avec patience tout ce que Dieu souffre, en tâchant de
ramener les hommes par une
douce persuasion ».
Il montre la même modération
lors de la querelle des Anciens
et des Modernes.
Cette
aménité , cette aversion pour
l'excès se retrouvent dans son œuvre littéraire, au style
limpide et aux idées sages,
comme celles qu'il exprime
dans son ouvrage majeur , les
Aventures de Télémaque, dans lequel il critique l'absolutisme et milite pour la paix.
Mais Sa Majesté le Roi-Soleil
prendra ombrage de ces
conseils de tempérance ...
tère, si ma conscience ne suffi
sait pas pour me déterminer .
»
Désormais, l'archevêque vit
dans la piété, se contente de
peu.
Se consacrant à ses
ouailles, il
témoigne aux pau
vres et aux malades une com
passion et une générosité qui
lui valent l'admiration et l'ado
ration des habitants de son
diocèse .
Durant la guerre de la
Succes sion
d'Espagne , il hé
berge les soldats, nourrit la
population , fait envoyer ses
blés à Paris.
li ne sera cepen
dant jamais rappelé à la Cour
et mou rra le 7 janvier 1715 dans
sa bonne ville de Cambrai ..
»
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