Extrait d'un discours prononcé le 24 janvier 1937 par V. Basch, président de la Ligue des Droits de l'Homme
Publié le 08/04/2011
Extrait du document
« Le Rassemblement populaire n'est pas autre chose que l'union naturelle, élémentaire, due à un irrésistible réflexe de toutes les forces de gauche, dressées contre l'assaut d'un fascisme non plus camouflé, mais ouvertement, cyniquement avoué. C'est, en réalité, non en juin 35, mais en février 34, que s'est constitué le Rassemblement populaire comme riposte au 6 février. Il est organisé avec la résolution de ne pas se dissoudre avant que ses mots d'ordre soient réalisés. Il a rédigé un programme sur lequel pût se constituer une majorité et un gouvernement stables. C'est ce programme qui a triomphé aux élections et qui a permis la constitution du gouvernement à la tête duquel est un homme dont ses adversaires, eux-mêmes, reconnaissent la haute, la lumineuse, la pénétrante intelligence toute fleurie d'humanisme et l'extraordinaire subtilité dialectique, et dont nous, ses amis, nous savons le désintéressement et la noblesse d'âme. La victoire remportée, le Rassemblement populaire a continué l'œuvre de conciliation et de collaboration des partis et des grandes associations professionnelles et philosophiques qui a été et reste sa tâche propre. Il ne fut pas toujours aisé de maintenir cette collaboration. Il n'y a pas si longtemps que nos adversaires ont pu espérer que notre bloc allait s'effriter, nos troupes se débander, que la cascade des cabinets allait recommencer, et que la transformation sociale, courageusement entreprise par le ministère de Rassemblement populaire, allait être suspendue. Mais une fois de plus, l'espoir de la réaction a été déçu. Si, sur tel point de sa politique extérieure, quelques-uns d'entre nous n'étaient pas d'accord avec le gouvernement, non quant (1) Fondée au moment de l'affaire Dreyfus, la Ligue des Droits de l'Homme défend les principes de liberté et de justice ; elle a adhéré au « Front Populaire «.
au but poursuivi, mais quant aux moyens employés par lui, tous les partis et tous les groupements adhérant au Rassemblement lui conservaient leur fidèle attachement. Aujourd'hui, même sur ce point délicat, la pleine harmonie est faite ; j'ai reçu la mission de proclamer, au nom du Rassemblement populaire unanime, que jamais le bloc qu'il forme n'a été plus solide et plus cohérent, qu'il est résolu à rester uni à travers tous les remous de la vie nationale et internationale et à travailler avec le gouvernement Léon Blum à la réalisation de la paix, pour marquer publiquement et solennellement notre accord. « Cité dans C. Sahuc : La fête de la réélection d'A. Février, Lyon, s.d. Le candidat rédigera un commentaire du document ci-dessus soit en le composant librement, soit en s9aidant des indications suivantes : 1. expliquez toutes les allusions faites ici aux étapes de la formation du Front populaire et à sa composition ; 2. à partir des éléments contenus dans le texte, reconstituez les grandes lignes de ce « programme qui a triomphé aux élections « ; 3. quel est ce point de désaccord en politique extérieur évoqué au début du quatrième paragraphe ? Est-ce la seule difficulté que rencontre alors le gouvernement de Front populaire ? 4. l'optimiste de V. Basch vous paraît-il justifié ?
«
• Le triomphe du Front populaire lors des élections législatives de mai 1936 avait suscité un immense espoirpopulaire.
Le gouvernement de Léon Blum, constitué un mois plus tard, prend aussitôt une série de mesuresspectaculaires qui entretiennent cet enthousiasme.
Mais les multiples difficultés rencontrées par la suite tempèrentles optimismes de beaucoup, éveillent critiques et réticences dans les rangs même de la majorité.
• Une élection partielle tenue à Lyon, en janvier 1937, donc six mois après le début de l'expérience du Frontpopulaire, et la réélection du candidat de la gauche donnent l'occasion à Victor Basch, président de la Ligue desDroits de l'Homme, de prononcer un discours où il s'efforce de dissiper les déceptions et les amertumes.
• Le texte évoque la naissance du Front populaire et la constitution du gouvernement Blum.
Il en rappelle, demanière très allusive, l'œuvre accomplie jusque-là.
Il s'efforce ensuite de minimiser les difficultés qui affectent lacohésion de la majorité.
I.
La naissance du Front populaire
1.
« L'assaut d'un fascisme avoué »
• La montée des droites extrémistes.
Les Jeunesses patriotes ; les Croix-de-Feu ; le Françisme ; les « Chemisesvertes » de Dorgères, etc.
Elles se déclarent en effet ouvertement hostiles au régime parlementaire des « voleurs ».
• Le 6 février est, selon la gauche, une tentative de coup d'État contre le régime républicain.
• En fait, la gauche surestime, à l'époque, la menace réelle de ces mouvements : il s'agit souvent plus d'un «bonapartisme » que d'un fascisme à proprement parler.
Mais cette réaction s'explique parce que les hommes degauche sont sous le coup de l'émotion suscitée par les succès fascistes en Europe et notamment la récenteaccession d'Hitler au pouvoir en Allemagne (cf.
épreuve 9 sur le 6 février).
2.
« Un irrésistible réflexe de défense de toutes les forces de gauche »
• Les premières tentatives d'union de la gauche.
Le Comité Amsterdam-Pleyel (Henri Barbusse et Romain Rolland), en1932.
Le Front commun lancé par Gaston Bergery et Jacques Doriot (communiste mais désavoué par son parti) en1933.
• La réplique au 6 février.
Les contre-manifestations de gauche.
Celle du 12 février : les deux défilés séparés dessocialistes et des communistes se rejoignent ; les cris « Unité ! Unité ! » fusent.
• Le Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes (mars 1934) rassemble des intellectuels communistes(Langevin), socialistes (Rivet) et radicaux (Alain).
• Le Rassemblement populaire (1935).
La nouvelle stratégie « frontiste » adoptée par le Komintern et le P.C.F.
quiabandonne la tactique « classe contre classe ».
L'adhésion des radicaux sous la pression de l'aile gauche du parti.En juin 1935, un « Comité d'organisation du Rassemblement populaire » est mis sur pied.
L'union des gauches estscellée par le grandiose défilé unitaire du 14 juillet 1935.
• Le Front populaire groupe les trois grands partis de gauche
et une centaine d'« organisations professionnelles et philosophiques » dont parle Basch : Ligue des Droits del'Homme, Comité des Intellectuels antifascistes et les confédérations syndicales, C.G.T.
et C.G.T.U., dont laréunification est accomplie en mars 1936, au congrès de Toulouse, etc.
3.
La victoire
• La majorité du Front populaire.
Une victoire relativement étriquée quant au nombre de suffrages.
Mais l'applicationdes accords de désistement, au second tour, en faveur du candidat de la gauche le mieux placé, porte ses fruits.
LeFront populaire emporte 378 sièges contre 200 seulement à la droite et aux modérés.
Le Front populaire disposedonc, à la Chambre des députés, d'une majorité très confortable.
• Le gouvernement est constitué autour de Léon Blum,
dirigeant du parti de gauche qui a bénéficié du plus grand nombre de suffrages et dispose du plus grand nombre desièges à la Chambre.
Il comprend des socialistes et des radicaux.
Les communistes soutiennent le gouvernement parleur vote mais refusent d'y participer : ils veulent éviter, disent-ils, d'effaroucher les classes moyennes.
La C.G.T.
serécuse également en invoquant la charte d'Amiens de 1906.
• Léon Blum.
Basch insiste avec raison sur ses grandes qualités intellectuelles et morales.
Pourtant, certainsdénonceront chez lui un caractère trop hésitant voire mou.
Et surtout Basch minimise ici la haine qu'il inspire à sesadversaires de droite : cf.
l'agression dont il fut victime, en février 1936, boulevard Saint-Germain et les.
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