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Extrait du Journal du Septennat de Vincent Auriol, Président de la République 1946-1953 la situation en France en juin 1947 (histoire)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document



De ce conseil, je sors accablé et presque découragé. La séance a été terrible, non certes par le débat, qui a été très élevé, mais par tout ce que nous avons appris. Tous les ministres font un louable effort et c'est avec une grande conscience qu'ils gèrent chacun leur département et ensemble les affaires de l'État. Mais les grèves des cheminots, les grèves qui s'allument un peu partout, dans les tramways... les mineurs, puis les difficultés créées par le plan Marshall et l'attitude de l'Union Soviétique et de l'Est, les complications qui ont suivi le discours de Truman, tout cela est exploité dans les usines et provoque à chaque instant des conflits sociaux. La conséquence est une situation financière alarmante. Les gens apeurés retirent leurs fonds, les avances de la Banque de France qui menacent notre monnaie, la nécessité de mesures pour colmater les fuites monétaires et financières et, par là même, les répercussions sur le coût de la vie — tout cela crée une situation épouvantable et les communistes attisent le feu partout.
A côté de cela, des difficultés à Madagascar, dans les territoires de l'Union française — tout paraît se conjuguer contre nous alors que la France n'est pas encore sortie de l'abîme de ruines où elle se débat. Je me demande si nous parviendrons à vaincre ces difficultés.
Si ce pays était uni, oui. Voici que, en face des communistes, de Gaulle s'agite à son tour. Impossible de compter sur lui. J'ai fait des approches pour lui demander de suspendre son activité hostile, mais il demeure muré dans son orgueil et il est seul. Qui l'emportera? J'espère toujours que ce sera la République, je continue à lutter pour cela en donnant des conseils peut-être parfois avec un peu trop de vivacité, mais qu'importe! La situation est telle que, pour ma part, je ne veux rien négliger pour créer un climat nouveau.
Vincent Auriol, Journal du Septennat, 1970.

QUESTIONS


Le candidat soit réalisera un commentaire composé, soit rédigera un commentaire organisé de ce texte en s'aidant des questions suivantes :
1° Présentez l'auteur, sa fonction, son rôle.
2° Que nous apprend ce texte sur la situation internationale?
3° Que nous apprend ce texte sur l'évolution de la situation politique de la France en 1947?
4° D'après le texte, quels sont les problèmes que la France affronte dans les domaines économique, social et colonial?

« III La situation politique intérieure française en 1947 1 La fin du tripartisme : le parti communiste dénonce « les guerres coloniales » et plus particulièrement celled'Indochine menée contre le Vietminh communiste; le 22 mars, le vote de crédits militaires à l'Assemblée entraîneune abstention du groupe communiste.

Quelques semaines plus tard, le g.

mai, les ministres communistes dugouvernement Ramadier refusent de voter les mesures économiques et sociales demandées.

Ils sont « démissionnés» le lendemain par le Président du Conseil.

Renvoi considéré comme provisoire, mais qui devait durer plus de 30 ans! 2 Le durcissement politique— à l'initiative du général de Gaulle, un Rassemblement du Peuple français est formé en avril 1947 qui dénonce lerégime, en appelle au nationalisme et à l'anticommunisme, organise de grandes manifestations (il fera une percéespectaculaire aux élections municipales d'octobre 1947),— de son côté, le Parti communiste, étroitement lié à Moscou, entre dans l'opposition.

Dans le nouveau contexte deguerre froide, il dénonce le plan Marshall et l'asservissement de l'Europe (à l'automne 1947 il soutiendra « l'agitationmais non la subversion »). 3 La naissance de la troisième France— Il n'y a plus de majorité stable et cohérente à l'Assemblée nationale après l'éclatement du tripartisme.— En novembre 1947, la formation du gouvernement Robert Schuman (le socialiste Jules Moch à l'Intérieur) inaugure« la troisième Force », coalition fragile axée sur le MRP et allant des Indépendants aux radicaux, UDSR et socialistes. IV Les problèmes français du printemps 1947 1 Les problèmes coloniaux— la guerre d'Indochine : elle a commencé en novembre 1946; les opérations militaires se poursuivent, sans grandsuccès 96 notable décisif;— l'insurrection a Madagascar (mars 1947) : plus de 500 morts Européens et près de 2 000 Malgaches.

La répressionest « exemplaire : 89 000 morts annoncés par l'État-major »,— problèmes sous-jacents en Afrique du Nord (Tunisie, Maroc, Algérie).

L'Union française paraît menacée dedislocation à plus ou moins long terme (dès le 9 avril le sultan du Maroc dénonce à Tanger le protectorat français). 2 Les problèmes économiques et sociaux— crise financière : inflation, charges accrues, fuite des capitaux, menaces sur la monnaie...,— crise économique : de nombreux goulots d'étranglement (main-d'oeuvre, matières premières, énergie) freinent laproduction.

Il y a rationnement et marché noir.

La tentative déflationniste de baisser autoritairement les prix de 10% en janvier et mars 1947 a échoué.

L'hiver a été rude.

On manque de blé.

La ration de pain quotidien tombe à 250grammes au printemps, puis 200 en septembre (contre 275 en pleine guerre, en 1942).

Le président du Conseil estsurnommé « Ramadiète »!,— crise sociale : émeutes pour le pain dans le Centre; grèves parties de la base mécontente et « coiffées » par laCGT pour obtenir des améliorations matérielles (ex.

chez Renault). Conclusion — 1947 : année charnière de la IV' République, surtout sur le plan politique (intérieur comme extérieur, les deuxétant étroitement liés).— On comprend les inquiétudes du Président de la République dès le printemps.

Mais il exagère alors la portée du «complot communiste » qui « attise le feu partout ».

C'est à l'automne que l'agitation politique et surtout sociale(grèves insurrectionnelles) connaîtra son paroxysme.. »

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