Extrait de l'allocution télévisée du président Nixon du 8 août 1974 (Histoire)
Publié le 27/02/2011
Extrait du document
« Dans toutes les décisions que j'ai prises dans ma vie publique, j'ai toujours essayé de faire ce qui était le mieux pour le pays. A travers la longue et difficile période du Watergate, j'ai estimé qu'il était de mon devoir de persévérer, de faire tous les efforts possibles pour mener à terme le mandat pour lequel vous m'avez élu. Dans les derniers jours, pourtant, il m'a paru évident que je n'avais plus de soutien politique assez fort au Congrès pour justifier la poursuite de cet effort (...). Donc je démissionnerai de la présidence demain à midi. Le vice-président Ford prêtera le serment de président à la même heure dans ce bureau. Je quitterai ce bureau avec regret de ne pas terminer mon mandat, mais avec gratitude pour le privilège d'avoir servi en tant que votre président au cours des cinq dernières années. Ces années ont été une période importante de l'histoire de notre pays et du monde. Nous avons mis fin à la guerre la plus longue qu'ait connue l'Amérique (...). Nous avons rouvert les portes qui, pendant un quart de siècle, ont séparé les États-Unis et la République populaire de Chine (...). Au Moyen-Orient, cent millions de personnes dans les pays arabes, dont beaucoup nous ont considérés comme leurs ennemis pendant près de vingt ans, nous considèrent maintenant comme leurs amis. Ensemble, avec l'Union soviétique, nous avons fait des percées décisives qui ont entamé le processus de la limitation des armes nucléaires (...). Nous avons engagé de nouvelles relations avec l'Union soviétique. Nous devons continuer à développer et à élargir ces nouvelles relations (...).
Je vous promets, ce soir, qu'aussi longtemps qu'il y aura un souffle de vie dans mon corps, je continuerai à œuvrer pour les grandes causes auxquelles je me suis consacré au cours de mes années de mandats de représentant, de sénateur, de vice-président et de président (...). « Le Monde, 10 août 1974. Questions 1. Présentez l'auteur de l'allocution et proposez un titre pour le passage de cette allocution que vous avez à commenter. 2. Quels sont les faits, les circonstances politiques, les mécanismes institutionnels qui ont poussé le président Nixon à démissionner ? 3. Quelle a été la politique menée par Nixon pour mettre fin « à la guerre la plus longue qu'ait connue l'Amérique « ? Cette paix peut-elle être entièrement portée au crédit du président ? 4. Expliquez le jeu complexe des « nouvelles relations « entre les États-Unis, la Chine et l'Union soviétique.
«
s'abstenir de traiter la politique de Nixon (et de Kissinger) au Proche-Orient.
plan détaillé
Introduction
• La puissance de Nixon au début des années 70 : il est à la tête du plus puissant État du monde, il dirige unpouvoir exécutif qui a pris un ascendant très net sur le pouvoir du Congrès.
Sa réélection triomphale en 1972.
• Les circonstances dramatiques qui entourent l'allocution télévisée présidentielle.
Nixon s'est battu pendant prèsd'un an pour tenter de résister à un scandale et à la marée grandissante d'hostilité à son égard.
C'est un vaincu quiparle, un homme ambitieux dont la carrière politique est brutalement brisée.
• Le président déchu ne fait que de brèves allusions à sa carrière.
Il insiste particulièrement sur l'exposé de sa politique extérieure car il sait qu'elle constitue l'aspect le plus appréciéde son action politique.
I.
Une carrière exceptionnelle
1.
« Richard le gagneur »
• Une ascension fulgurante
— Des origines modestes.
Nixon est le fils d'un épicier qui a émigré en Californie.
Des études de droit.
— Un champion de l'anticommunisme.
Il est recruté par le parti républicain qui cherche un candidat capable pours'opposer au très populaire représentant démocrate de Californie.
Nixon utilise à fond le sentiment anticommunistedes Américains en ce début de la guerre froide (cf.
le climat politique qui explique le « maccarthysme ») et présenteson adversaire comme un « radical » proche des communistes : il est facilement élu.
En 1950, utilisant la mêmetactique, il triomphe aux élections sénatoriales.
En 1952, il réussit à s'imposer comme candidat à la vice-présidence,lors de la convention du parti républicain, en apportant à Eisenhower les voix, décisives, de la délégationcalifornienne.
Il profite de sa vice-présidence pour voyager et réussit à prendre une dimension vraimentinternationale en s'opposant brillamment, face à Khrouchtchev, à Moscou, devant les caméras de télévision (1959).Il est donc, tout naturellement, candidat à la succession d'Eisenhower pour les élections présidentielles de 1960.
• La traversée du désert
— La défaite, face à Kennedy, en 1960.
Il n'est battu que de 100 000 voix environ (sur près de 60 millionsd'électeurs).
Cet échec semble avoir été essentiellement provoqué par le célèbre débat télévisé où, devant 80millions de téléspectateurs, il apparut terne et mal maquillé face à un Kennedy, beaucoup moins connu, maisparaissant plus jeune et plus dynamique.
— En 1962, Nixon échoue dans sa tentative de conquérir le poste de gouverneur de Californie.
Sa carrière politiquesemble dès lors terminée.
• Un remarquable « come back ».
Nixon fait cependant preuve d'une remarquable ténacité : six ans plus tard, iltriomphe aux élections présidentielles.
Mais il a également été servi par la chance : la très lourde défaite durépublicain Goldwater, face à Johnson, en 1964, fait apparaître Nixon comme le seul « sauveur » possible du G.O.P.
;l'assassinat de Robert Kennedy, très populaire, écarte un rival redoutable dans la course à la présidence ;l'impopularité croissante de Johnson, tenu pour responsable du «' bourbier vietnamien » contraint le présidentsortant à renoncer à une nouvelle candidature : la médiocrité du candidat démocrate Humphrey, enfin, permet àNixon d'obtenir une facile victoire en 1968.
2.
L'affaire du Watergate
et la chute de « Richard le menteur »
• Une banale affaire d'espionnage politique.
En 1972, alors que sa réélection semble assurée, des adjoints de Nixonorganisent le cambriolage des bureaux du parti démocrate dans l'immeuble du Watergate.
• D'obscurs journalistes du sérieux Washington Post approfondissent l'affaire et réussissent à démontrer que certainsmembres de l'entourage du président sont à l'origine du cambriolage ou, du moins, étaient au courant.
Le journal,poursuivant son enquête, contraint certains hauts personnages à démissionner.
Ils laissent supposer que leprésident lui-même a été mis au courant, avant ou après le délit, et qu'il cache certains faits à la justice de sonpays.
• Un petit juge, chargé de l'affaire, contraint le président à lui fournir les bandes magnétiques des conversations.
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