ETUDE CRITIQUE : FAIRE L’HISTOIRE DE LA GUERRE D’ALGERIE.
Publié le 09/04/2024
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ETUDE CRITIQUE : FAIRE L’HISTOIRE DE LA GUERRE
D’ALGERIE.
Trente ans après l’indépendance algérienne, on pouvait encore se demander si
la guerre d'Algérie faisait partie de l'histoire de la France, ou même si elle
n’avait jamais eu lieu.
En Algérie, tout au contraire, celle-ci semblait avoir
recommencé, à moins qu'elle n'eût jamais entièrement cessé.
D'un côté de la
Méditerranée, une absence de mémoire collective, une volonté officielle
d’amnésie.
De l'autre, une hyper-commémoration obsessionnelle, allant jusqu'à
la résurgence du passé dans l'actualité.
Beaucoup d’historiens s’accordent à
reconnaitre que les mémoires de ce conflit sont « plurielles et cloisonnées », et
ne peuvent donner lieu à une « mémoire nationale consensuelle ».
Chaque
groupe entretient sa mémoire et la transmet en déformant la réalité historique.
Or, la guerre d’Algérie est aussi un enjeu de politique nationale en France et
surtout en Algérie et de politique internationale entre les deux pays.
Ces deux situations opposées étaient l'une et l'autre défavorable à l'élaboration
d'un savoir historique répondant aux besoins de mémoire des deux peuples sur
cette guerre cruelle.
Et pourtant, dans les deux pays, le recours à l'histoire est de
plus en plus ressenti comme nécessaire pour aider à en guérir les séquelles et
pour éviter d'en répéter les malheurs.
Alors comment les mémoires plurielles de la guerre d’Algérie complexifientelles le travail de l’histoire et ont-elles pu le ralentir ?
Tout d’abord, la guerre d'Algérie fut une guerre de libération qui donne
naissance à une nouvelle nation.
En effet, le FLN (Front de libération nationale)
principale force politique indépendantiste prend la tête de l'Algérie indépendante
en 1962.
Il restreint tout de suite les libertés démocratiques en instituant un
régime à parti unique .
L'Algérie devient une sorte de dictature.
Certains faits
sont tus comme la répression du FLN envers les Harkis(l’histoire des harkis ,
membres des troupes supplétives de l’armée française est tragique : seuls 40 000
d’entre eux (sur 300 000) ont pu gagner la France, tandis que nombre de ceux
qui sont restés ont été assassinés.
De retour en France, souvent de façon illégale
et avec la complicité d’officiers français, ils sont cantonnés dans des camps
précaires et « oubliés ».
Jusqu’à ce que, dès 1975 et à plusieurs reprises depuis,
les enfants de harkis se révoltent pour dénoncer le sort réservé à leurs parents
par la France , cf doc 1) ou les autres partis indépendantistes comme le MNA de
Messali Hadj.
La Guerre de 1954-1962 est nommée guerre de libération et
comme une révolution fondée sur l'opposition entre 2 communautés antagonistes
: les Algériens et les Français.
Le pays se couvre de monuments à la gloire des
martyrs morts (combattants du FLN).
A partir de 1965, les commémorations se
multiplient : en 1982, le monument national des martyrs à Alger est inaugurée.
L'Etat organise ainsi ce que l'Historien Guy Pervillé appelle une « hypercommémoration obsessionnelle »
L'histoire et les historiens algériens sont au service du pouvoir.
En occultant le
MNA de Messali Hadj, le FLN veut apparaître comme l'acteur unique ayant
mené le peuple à la victoire.
Le FLN fonde ainsi sa légitimité en imposant une
version officielle de l'histoire.
La Révolution est présentée comme ayant menée
par le peuple uni derrière le parti FLN.
Les historiens les plus sérieux estiment
que les pertes algériennes s'élèvent à 300 000 personnes mais le parti FLN
impose le mythe du « un million et demi de martyrs ».
Les manuels scolaires se
font l'écho de cette histoire manipulée par le pouvoir en place Si depuis 1972, le
FLN mène une politique de rassemblement d'archives , le travail des historiens
est très encadré .
L'ex-militant FLN Mohammed Harbi s'exile en 1975 après
s'être échappé de prison et publie en France ses archives de militant
indépendantiste.
Depuis les années 1980, l'émergence de mémoires plurielles sont sur
surveillance de l'Etat.
Le discours officiel est remis en cause.
En effet, dans les
années 1980, les émeutes en Kabylie marquent un tournant dans le rapport des
Algériens avec leur histoire.
Les Kabyles – de culture berbère- contestent la
politique d'arabisation menée par le FLN depuis 1962 et le discours tenu par le
parti sur l'histoire du pays.
Les jeunes qui se soulèvent en....
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