Étienne Ier " le Saint " (HISTOIRE)
Publié le 22/02/2012
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l'étendue augmentait à mesure que s'affirmait le pouvoir central.
(Selon certaines estimations, les domaines royauxoccupaient les deux tiers du territoire du pays, auxquels il convient d'ajouter les gains territoriaux dus à l'extensiondu pays dont les frontières définitives ne devaient être fixées que plus tard, mais dont il faut retrancher lesdonations de plus en plus importantes.) Une partie des domaines servait à l'entretien des forteresses et de leursgarnisons.
Placés à la tête de ces organisations, les " ispan " (" comes " dans les sources de langue latine)accomplissaient également différentes tâches administratives.
D'autres organismes domaniaux dénommés " curtis "ou " curia " étaient spécialisés dans les tâches économiques.
Mais les deux types d'organismes finirent par seconfondre pour engendrer de nouvelles formes d'organisation sous le nom " comitat " royal, qui doit être distingué ducomitat nobiliaire des siècles postérieurs.
La question de l'origine du comitat (comitatus, mega civitatis) a donné lieu à de nombreuses discussions.
Autrefois,certains chercheurs y voyaient l'adoption d'un modèle franc ou bavarois, mais cette hypothèse est infirmée parl'important décalage dans le temps.
Il est plus vraisemblable que l'État slave établi en Transdanubie, sur le territoirede l'ancienne province romaine de Pannonie, et dont l'existence est attestée par les sources écrites et lestrouvailles archéologiques datant du IXe siècle, possédait une organisation de ce type, dont les Hongrois se seraientinspirés, d'où l'explication historico-linguistique du nom du chef : " ispan " — slave : " zupan ".
Toujours est-il que,par la suite, le comitat devait recouvrir l'ensemble du territoire en tant que partie intégrante de l'organisationétatique hongroise, tout en subissant, pendant ce processus, de notables modifications intérieures.
Pour modeste et primitive qu'elle fût, cette organisation n'était en rien inférieure à celles, analogues, des paysvoisins.
Elle était suffisamment forte pour consolider l'ordre politico-social et pour sauvegarder l'indépendance del'État contre les visées de son puissant voisin, le Saint Empire germano-romain et de ses provinces, alors qued'autres populations ou formations politiques avaient succombé à cette même pression : que l'on songe à ladisparition de l'ethnie slave de la région de l'Elbe ou aux difficultés des États bohémiens ou polonais.
En dernièreanalyse, ce sont ces résultats qui témoignent de l'action personnelle et du rôle historique d'Étienne Ier dansl'évolution du peuple hongrois et de l'Europe féodale.
Étienne légua deux codes législatifs à la postérité : le premier date du début et le second de la fin de son règne.Confrontées à d'autres documents, ces œuvres reflètent de façon satisfaisante les rapports politiques, sociaux etculturels de l'époque.
Les lois visaient avant tout à consolider l'Église et la religion et, par voie de conséquence, lesystème féodal alors en gestation.
Certaines dispositions éclairent les principaux traits de la structure sociale del'époque, y compris les vestiges des époques précédentes, telle la survivance d'une couche assez importanted'hommes " francs " qui, plus tard, devaient disparaître dans la masse des imposables.
D'autre part, les " servi ",également très nombreux, ne différaient guère des esclaves sur le plan juridique, mais grâce à leur rôle dans latransformation de la structure de la production, ils ne devaient pas tarder à rejoindre la catégorie des serfscensitaires.
Nous possédons peu de renseignements sûrs touchant la personne du roi lui-même.
On place sa naissance en 967-969, 975, etc., selon les sources : la première date est vraisemblablement une erreur de transcription, mais les deuxdernières n'en sont pas pour autant des certitudes.
En revanche, il est à peu près certain que son règne commençaen février 997 et qu'il mourut en août 1038.
L'année de son couronnement se situe en 1000 ou 1001, maisl'hésitation est peut-être due à une différence de calendrier : si janvier est le premier mois de l'année, les fêtes deNoël sont comprises dans l'année, mais si celle-ci commence en automne ou à la Noël, ces mêmes fêtes peuvent sesituer en 1001.
Nous pensons que le couronnement a bien eu lieu en l'an 1000, le millénaire étant une occasionfavorable pour le pape de récompenser le zèle missionnaire d'un prince régnant.
Le sens symbolique de l'acte de couronnement fut également l'objet de nombreuses controverses.
De nos jours, ilapparaît avec évidence que la couronne ne peut être considérée comme un symbole de vassalité à l'égard du papeou de l'empereur (elle est plutôt celui de la souveraineté) ; et d'ailleurs la situation politique de l'époque s'oppose àune telle interprétation.
Il serait plus juste de la considérer comme la reconnaissance de facto du rôle assezexceptionnel, pour l'époque, d'Étienne : roi et souverain effectif de son pays, il était, en même temps, propagateurdu christianisme, ce qui correspondait à la fois aux desseins de l'empereur et à ceux du pape.
D'ailleurs, le princeGéza s'était déjà concilié les bonnes grâces du premier et le mariage d'Étienne avec Gisèle de Bavière devaitconsolider ces liens.
Mariage et couronnement consacrèrent sans doute l'intégration de ces ex-païens dans lacommunauté (plutôt imaginaire que réelle) de l'Europe chrétienne du Moyen Age.
Mais, plus tard, les conflitsapparurent au grand jour : à l'époque des Konrad et des Henri avec l'Empire et, avec la papauté, au moment où semanifesta de sa part une volonté d'expansion autre que spirituelle.
L'intervention de Konrad fut repoussée parÉtienne lui-même, en 1030, et si, sous ses successeurs, l'État hongrois connut une période d'affaiblissementpassager due à des attaques extérieures et intérieures, il se révéla assez fort pour écarter les menaces pesant surson indépendance.
Au XIIe, et, encore plus, au XIVe et au XVe siècle, le royaume de Hongrie devait jouer un rôleconsidérable dans la vie politique d'Europe centrale et orientale..
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