Espagne de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 15/01/2019
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Reconduit pour la troisième fois à la tête du pays, au lendemain des élections de 1989, Felipe Gonzalez tente alors de relancer le dialogue avec les syndicats, rompu depuis la grève générale d’avril 1988. Après plusieurs semaines de négociations, des accords conclus avec l’UGT (proche des socialistes) et les CCOO (commissions ouvrières, dominées par les communistes) prévoient un rattrapage
salarial dans la fonction publique, ainsi qu'un droit de contrôle des deux centrales sur l’embauche. Ce succès sur le terrain social est cependant terni par un scandale politico-financier. Alfonso Guerra, vice-président du gouvernement, doit démissionner à la suite de l’implication de son frère Juan dans un trafic d'influence. Gonzâlez procède alors à un remaniement ministériel en mars 1991.
La réintégration réussie sur la scène internationale
Le début des années quatre-vingt-dix est surtout marqué par une importante évolution du rôle de l’Espagne sur le plan international. Abandonnant sa neutralité traditionnelle, le pays s’engage ainsi politiquement et militairement aux côtés des Alliés lors de la guerre du Golfe. L'Espagne

«
PAYS DU MONDE
1990-1994
----- renforce
également ses relations avec
les pays d'Amérique centrale et
d'Amérique latine en instaurant, à
partir de 1991, des conférences ibéro
américaines annuelles, qui donnent
naissance à une Communauté ibéro
américaine des nations (CIN).
Mais
c'est principalement en direction de la
Communauté européenne que les
efforts du gouvernement sont les plus
soutenus.
Le traité de Maastricht est
facilement ratifié par le Parlement en
octobre 1992, tandis que Felipe
Gonzâlez lance un plan de
convergence qui doit, par la lutte
contre l'inflation et par la réduction du
déficit budgétaire, permettre à
l'Espagne d'intégrer la future Union
économique et monétaire prévue par le
traité.
Cette réintégration réussie de
l'Espagne sur la scène internationale
connaît son apogée en 1992 avec la
tenue de l'Exposition universelle à
Séville, l'organisation des jeux
Olympiques à Barcelone, le choix de
Madrid comme capitale culturelle
européenne pour un an, et avec les
cérémonies célébrant le 5' centenaire
de la découverte de l'Amérique par
Christophe Colomb.
La récession
Mais la fin de ces festivités est marquée
à la fois par l'arrêt de la trêve décidée
par I'ETA et par l'apparition d'une
profonde récession, qui fait resurgir
tous les déséquilibres fondamentaux de
l'économie espagnole: un taux
d'inflation relativement élevé et un
déficit extérieur important.
ainsi qu'un
chômage en constante augmentation,
dépassant les 21 % dès la fin de 1992.
Aggravée par la chute des
investissements étrangers, qui avaient
joué un rôle important dans la
croissance des années quatre-vingt,
cette crise conduit le gouvernement à
infléchir sa politique dans un sens
beaucoup plus libéral.
Les réformes
entreprises ne réussissent cependant
pas à enrayer la récession et le
gouvernement est obligé de dévaluer la
peseta à plusieurs reprises en 1992 et
en 1993.
Certaines mesures, en
particulier la réduction sensible des
allocations chômage, alimentent les
dissensions au sein du PSOE (Parti
socialiste) entre les« rénovateurs J>,
favorables à un certain néolibéralisme
et soutenus par Gonzâlez, et les ------
DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES
ET ÉCONOMIQUES 1990
1991
1992 1993
Nombre d'habitants (en millions) 38.9
39 39,1
39.1
Produit national brut (en dollars US/habitant) 11030 12480
13970 13650
PIB en volume (en % de variation par ra pport à
rannée précéd ente)
3,6 2.2
0,8 -1.0
Part du PIB réalisée (en%) pa r
l'agriculture 4 -
--
l 'in dus trie 36
- -
-
les services 60
- - -
Solde de la bal a nee commerciale (en milliards de
dollars) -
29,5
-30.8 -30,8 -16,1
Solde financier des administrations publiques
(excédent ou déficit en% du PlB) -
4,1 -4.9
-4,2 -75
Prix à la consommation (en% de variation par
rapport à l'année précédente)
6,7 5.9
5,9
4,6
Taux
de chômage (en% de la population active) 16,3 16,3 18,4 2
2,7
Taux d'intérêt à
court terme
long terme
Sources: Banque mondiale; OCDE.
partisans d'Alfonso Guerra, fidèles à la
tradition socialiste.
Ces déchirements
se révèlent d'autant plus graves que le
Parti populaire, principal adversaire du
PSOE, connaît une forte progression
dans les sondages, grâce à un
recentrage effectué sous l'impulsion de
son dirigeant, José Maria Aznar.
Celui-ci entend faire de sa formation
un parti de centre droit, débarrassé de
son héritage franquiste.
Afin de résister
à cette tendance, qui risque de
provoquer à terme le déclin électoral
du PSOE (affaibli, en outre, par
l'affaire Filesa, qui met au jour les
mécanismes du financement occulte du
parti), Felipe Gonzâlez décide alors la
tenue d'élections législatives anticipées
le 6 juin 1993.
Corruption et crise politique
Bien qu'ayant perdu la majorité
absolue au Parlement, le PSOE
parvient à demeurer le premier parti
d'Espagne avec 38,6 o/o des voix.
Cette
victoire relative est due principalement
à la personnalité de Felipe Gonzâlez,
pour lequel ont voté de nombreux
électeurs non socialistes.
Le nouveau
gouvernement doit désormais s'allier
aux partis nationalistes modérés de
Catalogne et du Pays basque, qui
obtiennent, en échange de leur appui,
l'adoption de plusieurs mesures 15,2
13,2 13,3 11,7
1 4 ,6 12.8 12.6
10,1
renforçant J'autonomie de ces deux
communautés autonomes.
Mais Felipe
Gonzâlez doit faire face, au printemps
1994, à la plus grave crise qu'il ait
connue depuis son accession au
pouvoir en 1982.
Deux affaires
impliquant l'ex-gouverneur de la
Banque centrale, Mariano Ru bio,
accusé de trafic d'influence et de délit
d'initié, et le directeur général de la
Guardia civil, Luis Roldân, à qui l'on
reproche de s'être enrichi au moyen de
commissions prélevées lors de
l'attribution de marchés publics,
viennent successivement ébranler son
gouvernement.
La fuite spectaculaire
de Roldân et ses déclarations à la
presse entraînent la démission de
plusieurs ministres et obligent Felipe
Gonzâlez à venir s'expliquer sur ce
scandale au Parlement.
Alors que
certains réclament une opération
« Mains propres » analogue à celle qui
se déroule en Italie, ces affaires jettent
un profond discrédit sur le PSOE, ainsi
qu'en témoignent sa nette défaite aux
élections européennes de juin 1994
face au Parti populaire (qui remporte
ainsi sa première victoire depuis
l'instauration de la démocratie) et la
perte de la majorité absolue aux
élections provinciales d'Andalousie..
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