Espagne de 1920 à 1929 : Histoire
Publié le 06/01/2019
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La crise de la monarchie parlementaire 1919-1923
La prospérité économique espagnole du début du conflit européen laisse la place à la crise dès 1916. L’insuffisance de l’appareil de production, l’arrêt des importations de biens d’équipement se combinant avec l’importance des exportations créent
une grave pénurie intérieure qui se traduit par un manque de biens élémentaires et un chômage croissant. L’impécuniosité de la France l’oblige à financer ses achats auprès des banques espagnoles dont le refinancement à la Banque d’Espagne accroît la masse monétaire, alors que les biens disponibles diminuent. Pénurie, hausse des prix, chômage sont les causes
directes des troubles de 1917. Leur répression par l’armée (62 morts à Sabadell) modifie profondément le climat politique : paralysie des autorités civiles, division des partis traditionnels que rejette l’opinion. Devant le renforcement des syndicats UGT (Union General de Trabajadores) et surtout CNT (Confederaciôn Nacional del Trabajo)

«
Le
roi Alphonse XIII, en
décembre 1922, art cours dt•
matrcltll•res de l'arrillerie.
© Press e-Sport • Larousu
Septembre 1923: à la suite d'tm
coup d'État, Miguel Primo de
Ri1·era est désigné à la tête
du gouremement par le roi
Alphonse Xlii.
© de Set.v • Tapabor anarcnrste,
rarmee apparan a
beaucoup comme le recours; d'autant
plus que les événements de Russie
inquiètent.
La paix ne fait qu'aggraver la
situation: l'effondrement des
exportations s'ajoute à la crise générale
de 1920.
La misère s'étend et crée un
climat de violence qui, surtout à
Barcelone, donne lieu aux pires excès.
Les grèves sont nombreuses et dures:
Asturies, Rio Tinto, Électricité de
Barcelone (44 jours).
Les assassinats se
multiplient: le président du Conseil
Eduardo Dato,l'archevêque de
Saragosse, le responsable CNT,
Salvador Segui.
Le pays paraît sombrer
dans l'anarchie au moment où se
produit au Maroc le désastre d' Anoual
(1921, 14 000 tués).
L'instabilité est à
son comble: de 1918 à 1923 se
succèdent trois Parlements et douze
gouvernements sans qu'aucune
ébauche de solution ne soit apportée à
un quelconque des problèmes du pays:
crise économique.
misère ouvrière,
déficit extérieur.
Le tout sur fond de
mécontentement d'une armée humiliée
par sa défaite, dont elle rend en partie
responsable l'absence de moyens
matériels, mal payée et dont le
problème vital des promotions est
rendu insoluble par un corps de
23 000 officiers (dont 499 généraux)
absorbant déjà 63 o/o de son budget.
La dictature
Se remémorant 1923, Gabriel Maura
écrit en 1930: «La situation instable
n'avait de l'avis général d'autre sotuuon
4ut: la dictature.» La seule
question est en effet: quand ?
L'occasion en fut l'annonce de la
remise du rapport du général Picasso
sur les responsabilités dans le désastre
d'Anoual.
En septembre 1923.
fort de
l'appui de l'armée et de la bourgeoisie
catalane, le capitaine général de
Catalogne, Miguel Primo de Rivera,
fait occuper le central téléphonique de
Barcelone ct lance un manifeste au roi
réclamant le renvoi des ministres.
Ces
derniers, après vingt-quarre heures
d'hésitation, sc démettent et, avec
l'accord du roi Alphonse XIII, le
général constitue un directoire
militaire de dix membres.
La nouvelle est reçue dans la plus
grande indifférence par une opinion
lassée.
Plus même, la presse libérale se
déclare satisfaite (El Sol, El Liberal)
tout comme les élites politiques et
intellectuelles (le comte Roma nones,
le futur président de la République
Niceto Alea la Zamora, Salvador de
Madariaga, José Ortega y Gasset).
Les
socialistes eux-mêmes considèrent
l'événement comme inévitable.
Arrivé
au pouvoir en raison de la paralysie du
régime, Primo de Rivera a peu d'idées,
ni programme ni équipe.
Rien de plus
exact que le portrait qu'en fait
Madariaga: «Régime à forte tendance
centralisatrice, appuyé sur l'armée,
favorable à l'Eglise et au parti clérical,
aristocratique s'appuyant sur les
latifundistes, favorable au socialisme à
Madrid mais opposé au syndicalisme à
Barcelone.» L'homme est un
concentré de contradictions refusant de
faire table rase de la tradition libérale
de sa famille mais partisan d'un ordre
autoritaire.
Rien sinon quelques
emprunts de vocabulaire ne permet
d'en faire un émule de Benito
Mussolini, même après le voyage à
Rome de 1924.
L 'iUusion de l'efficacité
La crise de 1920 est la cause majeure
de l'effondrement du parlementarisme.
Comme pour Louis Napoléon et
Benito Mussolini, la crise à son
maximum crée un climat favorable au
coup d'État dans une opinion
désorientée par l'incapacité de ses
dirigeants.
Mais comme pour les
exemples cités, le retournement de la
conjoncture se produit alors que
l'homme providentiel a pris le pouvoir.
Il va s'en attribuer le mérite.
Les résultats économiques en 1925 sont
contrastés.
Le dynamisme touche les
secteurs sensibles à la demande
extérieure: minerais non ferreux.
ou
ceux recevant l'impulsion de l'État:
sidérurgie et matériel de chemins de
fer (remise en état du réseau ferré),
ciment (spéculation immobilière à
Madrid, Barcelone; préparation des
expositions universelles de Barcelone
et Séville en 1929).
En revanche, la
faiblesse de la demande rurale fait stagner
la première industrie
nationale: le textile et surtout
l'agriculture qui occupe les deux tiers
des actifs.
Malgré quelques progrès
(vignes, oliviers) celle-ci reste très
arriérée dans le secteur majeur des
céréales.
En 1929, le pays doit encore
en importer 6,4 milüons de tonnes.
Mais en réalité, la situation n'a guère
changé.
Les maigres progrès et la
propagande officielle laissent croire à
l'efficacité du directoire et à la reprise
économique.
L'autre volet du diptyque de la
«réussite» du dictateur correspond au
règlement de l'affaire marocaine.
Au
lendemain d' Anoual, Primo de Rivera
propose la solution du retrait total: le
Maroc n'a aucun intérêt pour
l'Espagne et il faut arrêter
l'hémorragie tant financière
qu'humaine.
En juillet 1924lors d'un
voyage en Afrique il expose ses thèses
devant les généraux «africanistes»
(dont Francisco Franco).
La réception
est si violente que Sanjurjo qui
l'accompagne craint pour la vie du
dictateur, lequel se nomme haut·
commissaire ct veut appliquer son
plan.
La solution viendra de l'attaque
contre les Français par Abd el-Krim.
Battus dans le Rif, ces derniers
provoquent une conférence entre
Primo de Rivera et Philippe Pétain à
Madrid.
Une action concertée est
organisée: Manuel Goded débarque à
Alhucemas en 1925; vaincu, Abd
el·Krim se rend aux Français.
Un
gouverneur civil est nommé au Maroc
espagnol en 1927, sommet de la gloire
pour le dictateur.
L'échec des réformes économiques
Ces succès mitigés renforcent la
situation des hommes au pouvoir mais
laissent intacts les problèmes de
structures que le général à son arrivée
avait promis de régier.
La stagnation
de l'agriculture étant à la fois le plus.
»
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